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Trappes à Dettes /Grèce, Portugal, Irlande: la crise menace toujours

Grèce, Portugal, Irlande: la crise menace toujours….

Les apparences sont parfois trompeuses. Ces derniers jours, les pays européens en difficulté budgétaire — Grèce, Irlande, Portugal et, dans une moindre mesure, Espagne et Italie — ont remporté un franc succès en émettant des emprunts sur les marchés. Pourtant, la crise de la dette étatique est loin d’être terminée, comme le montre la hausse du rendement de la dette de chacun de ces États européens dits « périphériques ».

PLUS DE DETTES EN SUIVANT :

Comment expliquer ce paradoxe d’emprunts publics réussis haut la main alors que la prime exigée par le marché augmente depuis le début du mois d’août? Il faut tout simplement vérifier le prix payé par chaque État emprunteur, s’intéresser à la hauteur des sommes qu’ils ont obtenues et bien distinguer le court terme et le long terme. Au bout du compte, on constate que si l’Italie et l’Espagne semblent mériter à nouveau la confiance des marchés, c’est loin d’être le cas de la Grèce, de l’Irlande et du Portugal.

Highest Default Probabilities
Entity Name Mid Spread CPD (%)
Venezuela 1317.59 58.57
Greece 883.44 51.67
Pakistan 806.60 42.20
Argentina 768.75 39.81
Ukraine 546.84 31.15
Ireland 390.44 28.00
Portugal 351.93 25.69
Iraq 419.20 24.95
Dubai/Emirate of 424.14 24.95
California/State of 284.74 21.7

TOP10 des probabilités de défaut sur dette au 16 sep10

Demande soutenue

Au cours des quinze derniers jours, les pays périphériques ont facilement levé de l’argent en plaçant des titres de dette sur le marché. Leur « bid-to-cover ratio » ou taux de soumissions satisfaites, c’est-à-dire le rapport entre les titres demandés par les investisseurs et ceux qui ont été effectivement émis par l’État, a souvent été élevé.

Mardi, le Grèce a vu la demande affluer, le bid-to-cover ratio atteignant 4,5 pour ses bons du Trésor à six mois. Le 9 septembre, l’Irlande a fait face à une demande quasiment dix fois supérieure à l’offre pour une émission de bons du Trésor à 5 mois. La veille, le Portugal avait émis des obligations du Trésor à 11 ans, ce qui avait suscité une demande 2,6 fois supérieure à l’offre.

Mais les montants obtenus, les taux et les échéances de ces titres montrent que ces « succès » sont tout relatifs et que les investisseurs n’accordent pas la même confiance à chaque État. En voici un exemple. Jeudi, l’Espagne a émis pour 4 milliards d’euros d’obligations à 10 et à 30 ans rémunérées à des taux moyens de 4,14 % et 5,08 %. La veille, le Portugal s’est contenté de placer 750 millions d’euros à un an, à un taux de 3,37 %. Lisbonne doit donc payer une prime considérée comme élevée pour une échéance aussi brève. D’autant qu’en septembre, une émission comparable avait été réussie à un taux inférieur, à savoir 2,76 %. Et le montant que le Portugal lève à ce prix est relativement faible…

Un autre exemple? Lundi, l’Italie a émis des obligations à 5 ans et à 30 ans, à des taux de 3 % et 5 % respectivement, pour un total de 5,5 milliards d’euros. Le lendemain, c’était au tour de la Grèce d’arriver sur le marché… Athènes a placé des titres à six mois pour un montant de 1,17 milliard d’euros à un taux de 4,82 %.

Hausse des rendements

Les différences de coûts exigés par le marché, les échéances des emprunts et les sommes obtenues montrent clairement que les investisseurs n’accordent pas la même confiance à la Grèce et au Portugal qu’à l’Espagne et à l’Italie, ces deux derniers États obtenant des conditions de refinancement nettement plus favorables que les deux premiers. L’Irlande? Sa dernière apparition sur le marché remonte au 9 septembre et avait porté sur des titres d’un montant total de 400 millions d’euros, soit très peu, à 7 mois maximum, soit à très court terme.

Le manque de confiance des marchés à l’égard de la Grèce, de l’Irlande et du Portugal se marque aussi dans les rendements de leurs titres de référence à long terme, directement déterminés par les transactions des investisseurs.

Actuellement, le taux d’intérêt des obligations irlandaises à dix ans est proche de 6 %. Le rendement des titres de dette grecs de même échéance dépasse 11 %. Quant au Portugal, ses obligations de référence sont rémunérées à plus de 5,5 %. À titre de comparaison, le Bund allemand, référence du marché, affiche un taux d’intérêt de 2,40 %. Depuis la fin du mois de juillet, l’écart entre celui-ci et les taux grecs, irlandais et portugais a bondi de 150, 120 et 100 points de base respectivement. La situation s’est donc compliquée…

Ceci explique sans doute pourquoi la Banque centrale européenne (BCE) continue à acheter des obligations publiques sur le marché, respectant son engagement à soutenir les titres de ces pays en difficulté budgétaire. Mais pour que ceux-ci s’en sortent vraiment, il faudra qu’ils parviennent à émettre à nouveau des dettes à plus long terme, en espérant que les taux seront raisonnables et la demande présente. Pour ce faire, il faut convaincre les marchés que les efforts budgétaires entrepris ces derniers mois vont porter leurs fruits. C’est dans ce but que le ministre grec des Finances, George Papaconstantinou, s’est lancé mercredi dans une tournée à la rencontre des investisseurs internationaux. Un long travail de persuasion commence…

source L’Echo sep10

EN COMPLEMENT INDISPENSABLE :  C’est la santé économique de la Belgique qui suscite à nouveau les inquiétudes dans le chef d’esprits pusillanimes . « Pourtant la lettre B de Belgique ne se retrouve pas dans l’acronyme PIIGS » note un journaliste du Business Insider faisant référence aux pays d’Europe les plus fragilisés par le poids de leur dette.

« La Belgique rencontre des problèmes budgétaires comme d’autres Etats européens en difficulté mais doit faire face à quelque chose de plus grave : une rupture potentielle », ajoute le site.

Sous le titre «La crise souveraine à laquelle vous ne faites pas attention : la Belgique », Business Insider remarque que les prix des CDS à 5 ans sur de la dette belge s’envolent.

 

 
Rappelons que les CDS permettent de s’assurer contre un défaut de paiement moyennant une prime calculée en points de base. Plus le risque est élévé, plus la prime est chère, bien entendu.

Une multiplication par près de 3 du spread des CDS à 5 ans sur la dette belge- et cela en l’espace de trois mois-  à 150,2 points de base (fin juin 2010).

Cette semaine, le spread tourne autour de 140 points de base avec une probabilité de 11,36% de défaut dans les 5 années à venir. A titre de comparaison le CDS de l’Espagne atteint 230 points de base et celui du Portugal près de 350 points de base. Mais il est vrai que le CDS belge a tendance à revenir à son plus haut de juin dernier atteint dans la foulée des élections et de la percée historique de la N-VA. A tenir à l’oeil, donc.

Stephane Wuille crack en actions/echo sep10

La Belgique battue par le Brésil par Geert Noels

 

Geert Noels,CEO et chief economist d’Econopolis.

Il y a deux ans, la prime d’assurance contre la faillite de l’Etat brésilien était encore trois à quatre fois supérieure à celle de notre pays. Or la semaine passée, nous avons, pour la première fois dans l’histoire, dépassé le niveau du pays sud-américain. 

Le Brésil dispose d’atouts formidables. Avec une dette de 60 % et un déficit de 3 % du PIB, il remplit les critères de Maastricht. En outre, son économie est très verte : l’éthanol et la force hydraulique fournissent la plus grande partie de son énergie alors que le pays possède plus de réserves pétrolières que l’Europe tout entière. Sans le Brésil, nous ne pourrions même pas commencer la journée car c’est aussi le plus grand producteur mondial de cet autre or noir : le café. De plus, sa population est jeune et en croissance et il organisera la Coupe du monde de football en 2014 et les Jeux Olympiques en 2016. 

Face à tous ces atouts macro-économiques, la Belgique d’aujourd’hui n’a pas grand-chose à faire valoir. Il n’est donc pas étonnant que les investisseurs jugent la qualité du Brésil supérieure à celle de notre pays

La population belge n’est pas inquiète mais les investisseurs, oui  

Tandis que la qualité du Brésil s’améliore, la qualité de la dette belge se dégrade. Une étude récente de l’OCDE a montré que le sauvetage des banques belges a requis une garantie d’une valeur égale à 26 % du PIB (*). Or, la transparence de ce cautionnement qui nous pend au-dessus de la tête est très faible. Peut-être parce que si elle était plus grande, un certain nombre d’habitants du royaume s’en inquiéteraient «inutilement». 

Mais si la population n’est pas inquiète, les investisseurs, eux, le sont, comme le montre la hausse de la prime des CDS – credit default swaps, c’est-à-dire l’assurance qui permet de se couvrir contre la faillite d’un Etat – relatifs à la dette belge. Les méchants spéculateurs seront certainement montrés du doigt comme si eux seuls se faisaient du souci à propos des 25 milliards d’euros (ou sont-ce déjà 28 milliards d’euros ?) – et de la politique de l’autruche autour de cela – d’économies indispensables. 

Tandis qu’en Allemagne, on diminue les allocations familiales et qu’en France, on compte retarder l’âge de la retraite – dans ces pays, on veut vivre selon ses moyens – en Belgique, on fait croire à la population que personne ne sera appauvri par les efforts budgétaires. 

Eviter la défaite contre le Mexique  

Pourtant, un jour ou l’autre, quelqu’un devra admettre que nous sommes déjà en train de nous appauvrir depuis des années. Les emplois qualitatifs disparaissent dans le secteur manufacturier et ont aussi été perdus suite à la crise bancaire. La Belgique n’a ni réserves naturelles, ni réserves pour les pensions. Nous voulons laisser les frais de santé croître de 4,5 % au-dessus du taux de l’inflation alors que la croissance économique s’élèvera à un tiers de ce pourcentage dans les prochaines années ! 

Lorsqu’on aligne tous ces éléments, il est surprenant que la prime d’assurance de la Belgique ne soit pas beaucoup plus élevée que celle du Brésil. «Mieux» encore : si à la fin de l’année, la prime d’assurance belge reste inférieure à celle du Mexique, ce sera un grand succès. 

(*) OECD Journal : Financial Market Trends, Volume 2010, Issue 1 © OECD 2010. 

source trends/sep10

Réactions : trends@econopolis.be

5 réponses »

  1. En ce moment même (vendredi, 16heures), le Portugal, l’Irlande et la Grèce agonisent.

    Les investisseurs internationaux n’ont plus aucune confiance dans la capacité de ces trois Etats de rembourser leurs dettes.

    Depuis le 10 mai 2010, la Banque Centrale Européenne rachète des milliards d’euros de dettes souveraines du Portugal, de l’Irlande et de la Grèce, pour tenter de faire baisser les taux d’intérêt de ces trois Etats : malheureusement, cette tentative désespérée échoue.

    Depuis le 10 mai 2010, ces trois Etats empruntent à des taux d’intérêt de plus en plus exorbitants.

    Depuis le 10 mai 2010, les taux d’intérêt de ces trois Etats ne cessent de monter : les graphiques suivants sont terrifiants :

    Si le Portugal lançait un emprunt à 10 ans, il devrait payer un taux d’intérêt de 6,078 % !

    http://www.bloomberg.com/apps/quote?ticker=GSPT10YR:IND

    Si l’Irlande lançait un emprunt à 10 ans, elle devrait payer un taux d’intérêt de 6,303 % !

    http://www.bloomberg.com/apps/quote?ticker=GIGB10YR:IND

    Si la Grèce lançait un emprunt à 10 ans, elle devrait payer un taux d’intérêt de 11,550 % !

    http://www.bloomberg.com/apps/quote?ticker=GGGB10YR:IND

  2. A l’image du Portugal dont l’Industrie n’est plus competitive du tout, de l’Irlande qui avait mis ses oeufs dans le meme panier, de l’Espagne (idem pour l’immobilier), de la Grece, la France va devoir mettre en place une cure d’austerite, l’Europe va s’effondrer. Rester dans la zone Euro sera dangereux, des pays comme l’Allemagne reviendront surement au mark et ainsi limiter la casse…. declin assure de l’Europe. Les USA ce n’est pas gagne non plus, le monde souffrira avec l’effondrement des marches mais moins dans les pays emergeants sauf la partie pauvre de la population qui deviendra plus pauvre encore en raison de l’inflation….. une question de temps, le compte a rebours a deja commence…….

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