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La semaine du Chercheur d’Or : le filon du 16 octobre

La semaine du chercheur d’or : le filon du 16 octobre

Les prix de l’or et de l’argent, toujours soutenus par l’affaiblissement du dollar, ont brillé cette semaine à de nouveaux records, tandis que les platinoïdes accéléraient leur ascension, le palladium grimpant à son plus haut niveau depuis juin 2001.

PLUS DE GOLD EN SUIVANT :

 OR 

L’or a grimpé jeudi jusqu’à 1387,35 dollars l’once sur le marché au comptant, un niveau sans précédent. 

Le métal jaune continuait d’être solidement soutenu par la dépréciation persistante de la monnaie américaine, alors que s’avivent les spéculations du marché sur de nouvelles mesures d’assouplissement monétaire de la Réserve fédérale américaine (Fed) pour soutenir l’économie. L’onde de choc des “minutes” de la Fed, publiées mardi soir, continue de se faire sentir et induit un flux quasi-interrompu de records.

Depuis un mois, l’once d’or a gagné plus de 10% en dollars, soit presque 130 dollars ! En revanche, en euros, la hausse se limite à 4,7 euros et 0,5%. On notera que dans le même intervalle, la dépréciation du billet vert face à la monnaie unique européenne se limite à 8,1%.

Un affaiblissement du billet vert rend plus attractifs les achats d’or pour les investisseurs détenant d’autres devises, mais c’est également un facteur d’inflation contre laquelle les acteurs de marchés aiment à se couvrir en acquérant des actifs tangibles dont le métal jaune. 

«Les prix de l’or et de l’argent continuent de bénéficier de l’intérêt des investisseurs cherchant à se protéger contre les incertitudes de l’économie et la volatilité des marchés financiers», observaient les analystes de Barclays Capital. 

Ces derniers mettent en avant «un cocktail de facteurs positifs, dont les anticipations d’assouplissement quantitatif (de la politique monétaire de la Fed)», mais aussi l’élimination par les groupes aurifères de leurs contrats de ventes à prix fixes, et des taux d’intérêts bas qui encouragent les acquéreurs à emprunter pour acheter de l’or.

 A titre d’exemple après l’annonce d’AngloGold relative à la fermeture de son hedge book en date du  15 septembre. L’opération devait initialement s’étaler sur l’ensemble de la fin de l’année ; or, AngloGold vient de choisir de l’accélérer,probablement en raison de l’augmentation du cours de l’or…

“Nous pensons que la récente force des métaux précieux [or mais aussi l’argent] découle d’un arbitrage des investisseurs vers les actifs réels, alors que de nouvelles phases d’assouplissement quantitatif sont attendues”, commentait vendredi Deutsche Bank

«Le seuil psychologique des 1400 dollars est désormais en vue. Si le dollar reste faible, il ne devrait pas être si difficile à franchir», relevaient quant à eux les experts de Commerzbank. 

 Signe de l’appétit toujours vif des investisseurs spéculatifs, le plus gros fonds d’or coté dans le monde, l’américain SPDR Gold Trust, a vu le niveau de ses participations bondir de plus de 19 tonnes sur la seule journée de jeudi, la plus grosse hausse quotidienne depuis plus de quatre mois selon Commerzbank. Les ETF sont considérés comme le baromètre des investisseurs ‘longs’ pour le métal jaune.

Après bien des séances qualifiées nommément de “folles” pour le métal jaune, le négociant suisse en métal fin MKS Finance notait “sur le front des échanges physiques, nous avons constaté une demande croissante de la part d’investisseurs fortement haussiers qui parient sur une nouvelle progression des prix”,

D’un point de vue technique, les analystes de ScotiaMocatta constataient hier soir, à la clôture du marché spot, que leur objectif de 1.369 dollars avait été dépassé. Aucune inversion de la tendance haussière ne semble se profiler, notent-ils. Un support est identifié à 1.355 dollars, puis des résistances à 1.375 et ensuite, potentiellement, 1.448 dollars

Selon les chiffres réunis par le GFMS dans son dernier rapport, l’extraction minière devrait ajouter cette année 2600 tonnes d’or aux quelque 160 000 tonnes de métal sorties du sol au cours des siècles et toujours en circulation. La refonte de vieil or (bijoux, pièces…) devrait de son côté en fournir 1700 tonnes de plus.Ces quantités seront absorbées en premier lieu par la joaillerie, qui pourrait en transformer 1800 tonnes. De leur côté, les investisseurs occidentaux craignant l’implosion du système monétaire devraient en acheter quelque 1500 tonnes, avant tout par le biais de fonds de placement ETF.

Sur le London Bullion Market, l’once d’or a fini à 1367,50 dollars vendredi au fixing du soir contre 1341,50 dollars le vendredi précédent.

“Serait-ce la nouvelle bulle spéculative ?”, indiquait Pictet & Cie cette semaine, en se référant au cours des métaux précieux. L’argent n’est d’ailleurs pas en reste, avec une hausse de 190% depuis deux ans.

ARGENT 

L’argent a également poursuivi son irrésistible ascension, montant jeudi jusqu’à 24,92 dollars l’once, un niveau sans précédent depuis mars 1980. 

Profitant de son double statut de métal précieux et de métal industriel, il était lui aussi porté par un intérêt soutenu des investisseurs spéculatifs. 

Le métal gris a terminé à 24,42 dollars l’once à la fermeture de vendredi, contre 22,37 dollars une semaine auparavant. 

PALLADIUM/PLATINE 

Les platinoïdes ont encore accéléré leur progression cette semaine, le palladium montant jusqu’à 605,13 dollars jeudi, son plus haut niveau depuis juin 2001. 

Outre le soutien d’un dollar bon marché, le palladium bénéficiait d’inquiétudes sur l’approvisionnement, après que le groupe Norilsk Nickel, premier producteur mondial de palladium, a annoncé que les stocks étatiques russes de ce métal seraient probablement épuisés l’année prochaine, a rapporté le cabinet spécialisé Johnson Matthey. 

Le platine se trouvait également soutenu par des tensions sur l’offre, entretenues par un mouvement de grève en Afrique du Sud, premier pays producteur mondial. 

Sur le London Platinium and Palladium Market, l’once de platine a fini à 1.691 dollars vendredi contre 1.683 dollars vendredi dernier. 

L’once de palladium a terminé à 591 dollars contre 572 dollars une semaine plus tôt

EN COMPLEMENT INDISPENSABLE : Alors bulle ou pas bulle ? Notre dossier de la semaine

Les bulles se forment à l’automne. Elles prennent de l’expansion en hiver. Et elles explosent au printemps.

C’est ce que nous ditle stratège Martin Roberge, de la firme Dundee Securities, dans un rapport de recherche qui tente de faire le point sur ce qui se passe au pays du métal jaune : le Canada

Martin Roberge n’écarte pas la possibilité de voir l’or et les titres aurifères devenir une véritable folie. Il tient à préciser que nous ne sommes pas encore là.

Mais avec le prix de l’or qui atteint un nouveau sommet presqu’à tous les jours temps-ci, on peut certainement commencer à se sentir dans les premières étapes de la formation d’une bulle, dit-il.

«Ultimement, nous aimerions voir le prix de l’or subir une grosse correction. Ne serait-ce que pour voir à quelle vitesse ça repart à la hausse. Mais comme nous le savons tous, quand tout le monde s’attend à une correction, elle ne se produit jamais.»

Malgré cela, il estime qu’il sera difficile d’éviter la formation d’une bulle. Toutes les caractéristiques sont là: liquidités excessives, assouplissement quantitatif, extrapolation de fausses hypothèses, mentalité de meute, peur de rater une occasion, etc.

Il a cependant une suggestion à faire aux compagnies aurifères pour diminuer la volatilité et prévenir une fin en queue de poisson au cycle actuel:

«Compte tenu que les boomers qui prennent leur retraite vont souhaiter du rendement et qu’une baisse de la production d’or par les géants miniers est attendue au cours des prochaines années, les compagnies aurifères ont avantage à retourner du capital aux actionnaires sous la forme d’une hausse du dividende.»

Une bonification significative du dividende attirerait non seulement une nouvelle classe d’investisseurs, mais ça garderait aussi les «shorts sellers» à l’écart, peut-on lire dans sa note de recherche que vous pouvez consulter en cliquant ici.

« L’inflation revient, le cours de l’or monte. La déflation prédomine et les banques centrales pratiquent le quantitative easing, le cours de l’or monte. Le contexte actuel réussit donc particulièrement bien à l’or, qui semble être l’actif tout-terrain. En revanche, considéré en euro ou en franc suisse, la performance récente de l’or est moins brillante, puisqu’elle affiche par exemple une baisse de 10% en franc suisse depuis le début du mois de juin », estime Pictet & Cie quant à lui dans sa lettre mensuelle.

« La tendance de fond des prix de l’or reste toutefois intacte. Avec une hausse de plus de 100% depuis 2003 quelle que soit la devise considérée, l’or demeure un actif que nous continuons de privilégier dans nos allocations », affirme le gestionnaire

Bien des investisseurs s’attendent bien sur à ce que le métal jaune affiche de nouveaux records à l’image de John Paulson, fondateur du fonds spéculatif éponyme, qui défendait le 30 septembre dernier que les prix de l’or pourraient atteindre un niveau de 2.400 dollars à l’horizon 2012 voire 4.000 dollars en cas d’emballement des cours« , notait Amundi. Le gestionnaire recommandait pour sa part de « conserver cet axe de diversification sans le renforcer pour le moment ».

« Au-delà des cibles de prix, la logique sous-tendant cette projection est aujourd’hui partagée par un grand nombre d’acteurs de marché. Elle repose sur le fait que la proactivité de la Fed en matière d’expansion monétaire est de nature à déstabiliser à moyen terme les anticipations d’inflation. »

« Récemment encore, le simple rappel par cette institution de sa vigilance sur les risques pesant sur les prix et/ou la croissance à fortement pesé sur les taux longs et le dollar. Cette posture de la Fed aura été une puissante incitation au rachat de titres du Trésor par les économies émergentes mais aussi d’Asie mature, comme le Japon ou la Corée, dans le but de contrer une appréciation indésirable de leur monnaie domestique. »

« Ceci étant, l’attractivité de l’or dépasse très largement ces considérations sur une éventuelle résurgence de l’inflation. · l’instar de ce que nous n’avons cessé de défendre, l’or doit d’abord être regardé comme l’un de ces rares actifs de réserve liquides. Cette dernière propriété signifie que celui-ci pourrait continuer de progresser même dans le cadre d’un scénario adverse à savoir l’apparition de tensions déflationnistes durables.

De fait, reste-t-il un argument qui puisse encore être opposé au consensus actuel sur l’or ? »

« A  moyen terme, il est très difficile d’en trouver pour toutes les raisons précitées. A court terme, son talon d’Achille tient peut-être dans le consensus actuel. La demande est déjà bien présente. A près de 2.100 tonnes, le stock d’actif or détenu par les plus importants ETFs représente les réserves d’or détenues par la Chine et la Suisse réunies. Au sein des acteurs d’horizon d’investissement plus court, les positions spéculatives nettes acheteuses, telles que celles comptabilisées par le Chicago Board Options Exchange sont déjà très écartées de leur moyenne de long terme -2,5 fois l’écart historique usuel. »

« Cette analyse aurait, certes, pu être tenue plus tôt en 2010 au détail près que l’environnement a connu un changement substantiel au cours du 3ème trimestre 2010 : une baisse de visibilité macroéconomique induite par l’amollissement de la croissance. Sans surprise aucune, ceci devrait conduire à un surcroît de demande pour l’or où les actions aurifères alimentent une dynamique de prix déjà soutenue, au risque d’inciter des investisseurs plus court-termistes d’alléger les positions sur cette thématique. »

« Quel pourrait être le déclencheur d’un repli tactique ?

Un sentiment de marché plus versatile qui se focaliserait sur la structure de la prime de risque de long terme du secteur des valeurs aurifères. Cette dernière est, certes, plus large que celle des actions monde à la condition, toutefois, de maintenir l’hypothèse que le rythme de croissance moyen des bénéfices dans les années à venir sera comparable à ce qu’il fut au cours de la décennie passée. »

Une progression qui fait craindre à certains le risque d’une bulle spéculative. «Le marché de l’or est étroit et opaque», selon Philippe Delienne, président de la société de gestion Convictions Asset Management. À ses yeux, ce sont les hedge funds qui font augmenter la demande en investissant dans des ETF or physique (produits financiers qui répliquent l’évolution d’indices), des acquéreurs dont les achats d’or sont passés de 330 tonnes en 2008 à 1429 tonnes en 2009. Si l’on exclut ces fonds, la demande d’or a en réalité plutôt baissé (2858 tonnes contre 3627 en 2008). Pour d’autres, il est encore trop tôt pour parler de bulle. Jean-Bernard Guyon, directeur général de Global Gestion, société de gestion de portefeuille, estime que des risques existent, mais qu’il faudrait des circonstances exceptionnelles, «la faillite de la Grèce ou du Portugal», par exemple. «Je crois qu’on ne pourra commencer à parler de bulle qu’à partir d’une valeur aux alentours de 1500 dollars l’once», commente-t-il.

Pour Dominique Casaï fondateur d’Uram Il est faux de parler d’un phénomène de bulle spécultative sur l’or. Et d’enchainer que ce jugement vient surtout de ceux qui n’ont rien vu venir et qui n’ont pas participé à la hausse; il faut bien se justifier! Et d’argumenter :

« Comme le rappelle le Conseil Mondial de l’Or dans l’étude qui vient d’être publiée, le développement de la tendance haussière actuelle du cours du métal jaune ne présente absolument pas les mêmes caractéristiques statistiques que les bulles historiques telles que celle du marché immobilier américain, celle des valeurs technologiques, celle du marché japonais ou encore celle de l’or dans les années 1970. De plus, le métal jaune n’a même pas encore atteint le niveau de 1980 en termes réels.

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 En outre, comme nous l’avons déjà souligné, les stocks d’or de la Fed couvraient à cette époque plus que la masse monétaire, alors que le dollar n’était plus convertible en or. Pour que ces mêmes conditions soient réunies aujourd’hui, il faudrait que le cours du métal jaune soit supérieur à 7000 dollars l’once.

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En réalité les investisseurs ont actuellement une allocation en or très limitée.Lors de la récente conférence annuelle du London Bullion Market Association, le responsable d’une importante caisse de pension publique américaine rappelait que les institutions de prévoyance sont très hésitantes à détenir de l’or en raison de leur culture financière. D’ailleurs, la pondération de l’or dans les caisses de pension américaines est actuellement inférieure à 0,3% de leurs actifs. Cette position est toutefois en train de changer, en raison du rôle unique de l’or en matière de diversification de portefeuilles. »

Mais alors quel est le juste prix de l’or ?

La flambée actuelle concrétise-t-elle l’émergence d’une bulle spéculative? Ou sommes-nous parvenus au terme du cycle haussier? Eléments de comparaison historiques pour y voir plus clair. Et pour retenir les leçons du passé. Et c’est  Jean François Owczarczak Directeur de Management Joint Trust SA qui s’y colle

L’or exprimé en dollars est en hausse de près de 25% depuis le premier janvier 2010.  Cette performance s’ajoute à celle des onze dernières années pendant lesquelles son prix a été multiplié par cinq depuis son point le plus bas atteint en août 1999, soit autour de 255 dollars l’once.  Face à cette progression soutenue, certains se permettent déjà des projections les plus optimistes et évoquent, sur fond de dévaluation compétitive et de faillite du système monétaire, des prix de 3000, 6000, voire 10.000 dollars l’once. D’autres, plus sceptiques dénoncent un  «carry trade» intempestif contre le dollar créant une bulle sur les actifs à risque alors que la reprise n’est nullement confirmée.  Ils pronostiquent un «deleveraging» rapide similaire à celui intervenu en 2008 (-30% sur l’or de mars à novembre).  Les deux points de vue sont défendables, mais il reste difficile d’évaluer le juste prix de l’or. On peut ainsi légitimement se poser la question sur le réalisme du prix actuel, soit environ 1370 dollars.

D’après l’analyse de Management Joint Trust SA (ci-après MJT), spécialisée depuis 1969 dans l’étude des prix sur les marchés financiers selon sa méthodologie propriétaire 3T (Trend- Targets- Timing), les graphiques analysant l’évolution des prix long terme de l’or sur une période de 10 et 3 ans sont en exagération.  Les prix ont atteint les objectifs long terme identifiés à la hausse. Une période de correction à la baisse devrait donc se profiler.

Pour confirmer cette analyse, MJT étudie l’anatomie d’une bulle spéculative .  Tout d’abord, en comparant les onze dernières années de hausse sur l’or  (depuis son point bas de 1999) avec les onze années qui ont précédé le point haut du S&P500 en mars 2000, le «Bull market» des actions des années 1990.  La progression est quasiment identique, le S&P500 étant lui aussi multiplié par cinq entre 1989 et 2000.  Cette comparaison semble indiquer que même par rapport à l’un des mouvements de marchés les plus forts, le cours de l’or aux niveaux actuels est probablement pleinement valorisé. 

Cette analyse doit cependant être complétée car l’or est historiquement sujet à de grandes exagérations spéculatives. Ainsi, MJT ne peut exclure qu’une véritable «bulle» se matérialise.  En effet, la forte exposition médiatique actuelle peut rappeler «le miracle japonais» de la fin des années 1980, la bulle Internet de la fin des années 1990 ou un pétrole projeté à 250 US dollar le baril en 2008.

Les dangers d’une évaluation virtuelle

Pour simuler l’éventualité d’une bulle, MJT a  créé un indice retraçant la progression des prix sur les onze années qui ont précédé chacune des grandes bulles spéculatives de ces quarante dernières années (or et l’argent en 1980, le Nikkei 225 en 1990, le S&P500 et le Nasdaq en 2000, le pétrole en 2008).  MJT a ensuite rebasé cet indice sur le prix de l’or en 1999.  Sa progression moyenne permettrait d’envisager un mouvement sur l’or à plus de 3’000 US$ l’once.  Chacune de ses envolées s’est cependant terminée en catastrophe, corrigeant en moyenne de 66% dans les deux années qui ont suivi. Ainsi, les niveaux actuels représentent une belle opportunité pour capitaliser sur la performance récente de l’or sans pouvoir exclure cependant un phénomène de bulle. Ces bulles sont dangereuses et peuvent être assimilées au jeu des chaises musicales: le dernier acheteur lorsque ces mouvements se retournent est mathématiquement le grand perdant.

Outre le public, les acteurs majeurs de cette partie sont certains managers très aguerris dans le domaine des «hedge funds» (George Soros ou John Paulson par exemple), des gouvernements capables de changer les règles (taxes sur les transactions, limitation des opérations sur marges, interdictions en tout genre voire confiscation des stocks en cas de crise majeure) ou certains ETFs («Paper Gold») dont la rumeur prétend qu’ils sont actuellement à découvert (risque de contrepartie type AIG). 

Le jeu n’en vaut probablement pas la chandelle, la prudence voudrait que l’on se satisfasse d’une valorisation historique déjà très élevée. Mais que vaut une froide prudence face à la hausse ininterrompue du thermomètre boursier?

Le financier George Soros avait déjà fait la remarque en février, à Davos. A ses yeux, l’or reste «la bulle par excellence». Un constat répété le mois dernier. En dépit du fait que, durant l’intervalle, le fonds spéculatif qu’il dirige a doublé ses avoirs dans le SPDR Gold Trust. Ce jugement est lié à la théorie de la «réflexivité» que le milliardaire développe dans ses ouvrages. Selon lui, sur un marché, le prix d’un actif dépend certes d’éléments fondamentaux comme l’offre ou la demande. Mais, en retour, le prix et la perception qu’en ont les investisseurs peuvent influencer ces mêmes fondamentaux. Aux yeux de Soros, l’or valide au mieux ce constat: les investisseurs en achètent précisément à cause du fait qu’il s’apprécie et qu’ils le voient continuer de monter. La hausse des prix contribue donc à créer sa propre demande.

Alors si cela vous tente : Les parts de fonds «ETF» investis en or remplacent l’achat de lingots

Oubliez les Vreneli sous le matelas ou les lingots placés dans un coffre. La plupart des participants à la ruée vers l’or actuelle n’ont jamais tenu une once de métal en main. Leurs achats sont effectués par la souscription de parts de fonds de placement appelés ETF. Chacun de ces certificats représente la valeur d’une portion d’un stock d’or. Traité à New York, le plus gros de ces véhicules, appelé SPDR, ou «spider», veille sur plus de 1287 tonnes de métal, environ le tiers des réserves dormant dans les coffres de Fort Knox.

Le troisième plus gros ETF est celui de la Banque cantonale de Zurich, qui en détient 184 tonnes, soit un encours de 7,6 milliards de francs. Non loin derrière se trouve celui de Julius Baer, qui dispose de 88 tonnes sous le pied. Au total, selon le décompte de l’agence Bloomberg, les principaux fonds ETF de la planète ont accumulé pour leurs souscripteurs un stock de 2100 tonnes de métal, du jamais vu. Ceci correspond à environ 7% de l’ensemble des lingots dormant dans les coffres des banques centrales.

Zones d’ombre

Cette même appellation «ETF» réunit des produits très différents. L’or des deux fonds helvétiques mentionnés est ainsi sous le contrôle unique des deux banques en assurant la gestion. Leurs clients ont le droit d’exiger le remboursement de leurs parts en métal sonnant et trébuchant, pour peu qu’ils en prennent au moins 12,5 kilos soit 525 000 francs suisses

A l’inverse, des véhicules comme le gigantesque SPDR ont des structures de «trust» plus complexes, faisant appel à plusieurs dépositaires. Le «rapport Solari» rédigé par l’analyste américaine Catherine Austin Fitts énumère certains problèmes: conflit d’intérêts – les dépositaires sont également des acteurs majeurs sur le marché new-yorkais de l’or – mais aussi possibilité d’emprunter le métal auprès de banques centrales, au lieu de le ségréguer dans des coffres.

D’autres s’interrogent sur le plongeon des cours que pourrait provoquer une liquidation de ces fonds. «Il est très facile de rentrer sur le marché de l’or par ce biais mais il pourrait être plus difficile d’en sortir tous en même temps», prévient Didier Julienne, l’ex-responsable de Norilsk. Ce dernier rappelle qu’il n’existe «aucun précédent historique sur le comportement de ces fonds en cas de sortie massive des investisseurs». Ces produits ETF n’ont en effet connu qu’une seule réalité: celle de cours en ascension.

Infographie. Qui détient les lingots?

EN LIEN : Vidéo: La nouvelle ruée vers l’or

Etonnant. Voici un petit clip made in Taiwan expliquant le comment et le pourquoi de la nouvelle ruée sur l’or. Sous-titré en anglais.

http://www.youtube.com/watch?v=cQyibfXonU0&feature=player_embedded

source agences/le temps/agefi/echo oct10

EN RAPPEL : La semaine du Chercheur d’or : le filon du 10 octobre

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