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Espagne: les saisies immobilières et les créances douteuses augmentent les pertes bancaires (Moody’s)

Espagne: les saisies immobilières et les créances douteuses augmentent les pertes bancaires (Moody’s)

Espagne: pic des créances douteuses

Le taux de créances douteuses des banques espagnoles a de nouveau atteint en août, pour le deuxième mois consécutif, le plus haut niveau depuis environ 15 ans, selon des données diffusées hier par la Banque d’Espagne. Les créances douteuses des établissements bancaires ont totalisé 102,502 milliards d’euros en août, soit 5,61% du total des créances, contre 5,47% en juillet.

Avertissement de Moody’s sur les banques espagnoles

L’agence de notation estime que les saisies massives d’hypothèques aggravent les pertes des établissements.

Les banques espagnoles ont lancé un nombre record de saisies d’hypothèques immobilières en pleine crise économique, aggravant ainsi leurs pertes, a averti hier l’agence de notation Moody’s.

PLUS DE CRISE BANCAIRE EN SUIVANT :

Le nombre de saisies d’hypothèques présentées devant la justice a augmenté de 126% en 2008 par rapport à l’année précédente, et de 59% en 2009, a souligné l’agence basée à New York.

Au premier trimestre 2010, 27.561 saisies d’hypothèques ont été recensées. Un record depuis le début de la crise économique en 2007, selon le rapport établi par le service des investisseurs de Moody’s.

Une économie faible, un marché immobilier en berne et un taux de chômage particulièrement élevé ont poussé les banques espagnoles à engager de nombreuses saisies, augmentant la gravité de leurs pertes et resserrant les liquidités.

Le taux de chômage en Espagne est supérieur à 20%, soit le plus élevé de la zone euro, et les derniers chiffres estimaient à 4,017 millions le nombre de demandeurs d’emploi.

«Moody’s pense que le nombre élevé de saisies d’hypothèques qui ont été présentées à la justice espagnole depuis 2007 sous-estime le nombre de propriétés dont des entités financières espagnoles ont repris possession», a déclaré le vice-président de Moody’s, Alberto Barbachano, auteur de ce rapport.

Chaque saisie d’hypothèque pourrait concerner plusieurs biens immobiliers, selon M. Barbachano, qui estime que les prêteurs d’hypothèques sont devenus plus à même d’accepter la propriété du débiteur comme moyen de paiement

EN COMPLEMENT :  600 logements bradés à moitié prix par la banque Banesto

  La banque Banesto, filiale de Santander, a annoncé jeudi la mise en vente de 600 logements à 50% du prix moyen du marché, alors que le pays continue de souffrir de l’éclatement de sa bulle immobilière en 2008 et compte encore un million de logements invendus.

La banque veut ainsi « faciliter l’accès au logement aux citoyens dans un moment de difficile conjoncture économique », explique-t-elle dans un communiqué. . Un premier lot de 50 logements (de seconde main) situés dans différentes régions d’Espagne est mis à prix à moins de 50.000 euros chacun, précise Banesto, qui offre « des conditions spéciales de financement », avec des mensualités de 140 à 170 euros par mois pendant les trois premières années.

« Si la moyenne nationale du prix par mètre carré en logement de seconde main se situe au deuxième trimestre 2010 à 1.850 euros, dans ce premier lot il sera juste au-dessus des 900 euros », explique la banque, qui dit être « la première à mener une action de ce type dans le secteur immobilier ». Banesto proposera ensuite 6 lots de 75 logements pour moins de 75.000 euros chacun. Pour Madrid et Barcelone, les villes les plus chères du pays, un lot de 120 logements à moins de 120.000 euros sera mis en vente.

L’Espagne a subi en 2008 l’éclatement de la bulle immobilière qui s’était formée au cours des précédentes années de très forte croissance dans ce secteur et de construction à tout va. Les ventes s’étaient alors effondrées et les prix avaient marqué le pas, alors que l’économie du pays entrait en récession. Mais des signes de reprise se font sentir depuis début 2010: le PIB a crû au premier trimestre de 0,1%, puis de 0,2% au deuxième.

Les ventes de logements en Espagne ont ainsi bondi au mois d’août de 29,6% par rapport au même mois de 2009, enregistrant leur huitième mois consécutif de hausse et confirmant la reprise du secteur. Elles sont stimulées par des prix en baisse (-3,6% au deuxième trimestre selon le ministère du Logement) et des taux d’intérêt plus avantageux. Mais on estime qu’il reste encore en Espagne un million de logements invendus.

source afp oct10

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Les banques espagnoles craignent pour leurs marges nettes  

Lancés dans une guerre des dépôts, les établissements les plus centrés sur le marché domestique s’attendent à un exercice 2011 délicat 

Un vent de pessimisme pèse sur les résultats trimestriels des banques espagnoles. Faisant office chaque trimestre de baromètre du secteur, Banesto a ouvert le bal début octobre. Son bénéfice net sur les neuf premiers mois de 2010 est tombé à 450,6 millions d’euros, soit une baisse interannuelle de 18,6% «après un renforcement significatif des provisions génériques» (418 millions), souligne la banque. Elle accuse notamment une dépréciation de 128 millions de son portefeuille immobilier qui correspond à une nouvelle norme de la Banque d’Espagne exigeant de provisionner plus rapidement et rigoureusement la perte de valeur de ces actifs et dont l’effet se ressent dans tous les bilans ce trimestre. 

Plus largement, les provisions lestent les résultats. Caja Madrid a ainsi mis de côté 1,1 milliard d’euros depuis janvier. Son bénéfice net chute de 69%, à 232 millions. Sa grande rivale, la Caixa, a elle destiné 1,54 milliards d’euros aux provisions et gagné 1,23 milliards depuis janvier (-12,9%). Les profits de Banco Sabadell reculent de 27% (340 millions). Elle a provisionné 814 millions de côté depuis janvier (+38%). Concluant la salve des résultats de la semaine dernière, Bankinter accuse un bénéfice en repli de 27% (149 millions d’euros) mais affiche le taux d’encours douteux le plus faible du secteur (2,7%) contre une moyenne de 5,6% pour les banques et caisses en août. 

Le secteur s’inquiète surtout aujourd’hui de l’impact sur ses marges nettes d’intérêt d’une reprise souffreteuse alliée à la bataille acharnée de captation de dépôts que les banques se livrent. Et ce, alors que le marché interbancaire leur reste hostile. «La pression sur les marges devrait continuer», soulignent les analystes de KBW. Côté production, Daragh Quinn, analyste chez Nomura, estime que «l’Espagne pourrait se diriger vers une chute de jusqu’à 10% des volumes de prêts» d’ici à 2015. 

Mais les banquiers se veulent rassurants sur la santé du secteur en s’appuyant notamment sur les tests de résistance de cet été. Les ratios de fonds propres durs de ces banques vont des 7,2% de Caja Madrid aux 8,7% affichés par La Caixa. Les plus centrées sur le marché domestique espèrent en outre pouvoir bientôt profiter des fusions entre caisses d’épargne pour gagner des parts de marché.

Par Elodie Cuzin/ agefi, à Madrid le 25/10/2010

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