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La Semaine du Metallo : La saignée du 7 novembre

La Semaine du Metallo : La saignée du 7 novembre

Les cours des métaux de base échangés au London Metal Exchange (LME) ont grimpé de concert cette semaine à la faveur d’une baisse du dollar et de l’annonce d’injections de liquidités par la banque centrale américaine, le cuivre touchant même un nouveau plus haut depuis 2 ans.

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 Les cours des métaux industriels ont été portés en fin de semaine par l’annonce mercredi par la Réserve fédérale américaine (Fed) de son intention d’injecter 600 milliards de dollars de plus en huit mois dans l’économie pour soutenir la reprise, par le biais de rachats supplémentaires d’obligations d’État à moyen et long terme. 

La décision de la Fed a «été interprétée, du point de vue du marché des métaux de base, comme un signe que la croissance économique aux États-Unis, et par conséquent la demande en matières premières, sera aidée par tous les moyens possibles», ont relevé les experts de Commerzbank. 

Ces injections de liquidités, qui auront pour effet de diluer la valeur du billet vert, pesaient sur la devise américaine, tombé jeudi face à l’euro à son niveau le plus faible depuis plus de neuf mois (1,4282$ pour un euro). 

L’affaiblissement du billet vert soutient les cours des métaux, car il rend plus attractifs les achats de matières premières libellées en dollar pour les investisseurs munis d’autres devises. 

Le CUIVRE, baromètre du marché, est monté vendredi jusqu’à 8.769$ la tonne, son niveau le plus haut depuis début juillet 2008, soutenu par des inquiétudes sur l’offre sur fond de mouvement social dans une mine au Chili, le plus gros producteur mondial de métal rouge. 

La mine géante chilienne de Collahuasi, qui produit environ 3.5% du cuivre mondial, était paralysée vendredi par le début d’une grève suite l’échec de négociations salariales

Le  prix du cuivre se rapproche de ses plus hauts pré-crise de 2008, porté par l’annonce que deux établissements financiers veulent lancer un ETF sur le cuivre avec stockage physique, par la grève à la mine de Collahuasi (4e plus grande mine au monde représentant 3,5% de la capacité mondiale) et par la confirmation que la production à Escondida (1ere mine au monde) serait en baisse de 10% en 2011 en raison d’une baisse des teneurs.

L’industrie sidérurgique continue de souffrir de l’environnement économique ; en témoignent les résultats d’ArcelorMittal (pas mauvais en soit mais avec des objectifs pour le dernier trimestre de l’année en-deçà des attentes du marché) et le taux d’utilisation dans l’industrie sidérurgique américaine en recul, à seulement 67,2% (contre près de 90% avant crise).

L’ALUMINIUM est reparti à la hausse cette semaine, grimpant jusqu’à 2492$ la tonne jeudi, son niveau le plus fort depuis mi avril où il avait atteint 2494$, un sommet depuis fin septembre 2008. 

«Les fondamentaux (de l’offre et de la demande, ndlr) ont pris une direction positive pour les cours», a noté Gayle Berry, de Barclays Capital. 

Selon Mme Berry, les cours étaient soutenus par des fermetures de sites de production en Chine, après la mise en place de mesures visant à prévenir la pollution par des métaux lourds, mais aussi une forte hausse de la consommation mondiale et une baisse des stocks entreposés au LME. 

L’ÉTAIN est reparti à la hausse cette semaine, tout en restant à distance d’un niveau sans précédent atteint mi octobre (27 338$ la tonne). 

Les cours ont bénéficié de tensions sur l’offre alors que l’indonésien PT Timah, un des principaux producteurs mondiaux d’étain, a indiqué qu’il allait différer des exportations, de fortes pluies pesant sur les niveaux de production, a souligné Nicholas Snowdon, analyste chez Barclays Capital. 

Le groupe pourrait ainsi peiner à satisfaire ses objectifs d’exportations pour 2010, et avec de plus une production qui devrait baisser légèrement en 2011, «le marché de l’étain devrait de nouveau être en déficit en 2011, soutenant ainsi les cours», anticipait M. Snowdon. 

Sur le LME, une tonne de cuivre pour livraison dans trois mois valait 8730$ la tonne vendredi à 11h45 contre 8198$ la tonne vendredi dernier.

L’aluminium valait 2466$ la tonne contre 2340$. 

Le plomb valait 2525$ la tonne contre 2449$. 

L’étain valait 26 600$ contre 26 675$. 

Le nickel valait 24 690$ la tonne contre 22 920$. 

Le zinc valait 2529$ contre 2428$. 

EN COMPLEMENT INDISPENSABLE : Les banques multiplient les produits boursiers indexés sur les métaux

La banque JP Morgan, d’une part, et le fonds d’investissement Blackrock associé à la banque Goldman Sachs, d’autre part, se préparent à lancer des ETF sur le cuivre.

La multiplication des ETF (« exchange traded funds »), produits également appelés « trackers », adossés pour la première fois à des stocks de métaux de base, contribuera à faire grimper les cours mais risque surtout d’alimenter leur volatilité, avertissent les experts.

Matières premières : la prochaine bulle pourrait être celle des commodités

Plusieurs banques ont annoncé ces derniers jours le lancement d’instruments financiers de ce type, très prisés des investisseurs spéculatifs. La société ETF Securities a ainsi dévoilé mi-octobre le lancement prochain, sans préciser de date, de produits financiers dont la valeur sera adossée à des quantités physiques de métaux industriels (cuivre, aluminium, étain, plomb, nickel, zinc) détenus dans les stocks du LME, la Bourse des métaux londonienne. Ces produits, cotés en Bourse et associés à des certificats de possession délivrés par le LME, permettront aux investisseurs de s’engager sur le marché des métaux de base « sans avoir besoin d’acheter directement et de stocker eux-mêmes ces métaux », a expliqué le PDG d’ETF Securities, Graham Tuckwell.

La banque JP Morgan, d’une part, et le fonds d’investissement Blackrock associé à la banque Goldman Sachs, d’autre part, se préparent également à lancer des ETF sur le cuivre, tandis que la banque Crédit suisse et le courtier Glencore envisagent de créer conjointement un tel produit pour l’aluminium.

Ces instruments inédits sont susceptibles de séduire les spéculateurs en quête d’une couverture contre les soubresauts des cours et l’appréciation du dollar.

RÉTRÉCISSEMENT DE L’OFFRE ET HAUSSE DES COÛTS

Selon Deutsche Bank, les ETF pourraient absorber entre 300 000 et 400 000 tonnes par an sur le marché du cuivre : même en ne représentant qu’environ 2 % de la demande mondiale, ils pourraient accaparer jusqu’à 65 % des stocks échangés. De quoi rétrécir significativement l’offre disponible et faire grimper des cours sur un marché déjà en déficit croissant face à une demande mondiale robuste tirée par les économies émergentes.

Mais le pari que représentent les ETF pourrait surtout rendre le marché instable : « Ils devraient nourrir la hausse des prix à court terme mais les risques de retournement sur le moyen et le long terme sont élevés », prévient Dan Smith, analyste de Standard Chartered. « On estime généralement que les ETF vont faire bondir les prix, certains allant jusqu’à prédire la tonne de cuivre à 11 000 dollars au quatrième trimestre 2011 [contre 8 500 actuellement], mais une telle prévision est pour le moins naïve » car la demande s’éroderait alors sérieusement, assurent les économistes de la Société générale.

PROBLÈMES DE STOCKAGE

Par ailleurs, ces ETF souffrent de « désavantages inhérents, à commencer par le stockage » des actifs auxquels ils sont adossés, renchérit Gayle Berry, de Barclays Capital : le coût onéreux de réserves de métaux dans des entrepôts se répercutera sur la performance des ETF et en rognera les gains potentiels. La régulation du LME pour empêcher les positions dominantes pourrait aussi freiner l’activité des ETF, souligne M. Smith, notant que « paradoxalement cette difficulté se rencontrera sur les marchés déjà étroits, comme le cuivre », précisément ceux qui intéresseraient le plus les investisseurs d’ETF. Les ETF dans les métaux de base s’inscrivent dans le sillage du succès des mêmes produits adossés aux métaux précieux : depuis leur apparition en 2003, les ETF sur l’or n’ont cessé de grossir jusqu’à représenter fin septembre un niveau record de 2 070 tonnes.

Pour Dan Smith, la différence est pourtant importante : « Le stockage de l’or est bien moins coûteux et les métaux précieux sont conservés pour leur valeur intrinsèque », dormant dans des chambres fortes, alors que la valeur des métaux de base dépend avant tout de la demande du monde industriel.

source afp/oct10

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