Behaviorisme et Finance Comportementale

USA/Enquête sur le point d’aboutir : Vers une affaire importante de délit d’initié

USA/Enquête sur le point d’aboutir : Vers une affaire importante de délit d’initié

Les Etats-Unis mettent la touche finale à une enquête pour délit d’initié qui pourrait être la plus importante de l’histoire du pays et s’apprêtent à lancer des poursuites qui risquent de secouer la finance américaine à peine remise de la crise, selon le Wall Street Journal. Clôturant une enquête de trois ans, la justice américaine, la police fédérale (FBI) et l’autorité boursière américaine (SEC) pourraient lancer des poursuites avant la fin de l’année dans cette affaire, affirmait le quotidien samedi, citant des sources proches du dossier.

PLUS DINSIDER EN SUIVANT :

L’affaire impliquerait des dizaines de consultants, analystes, banquiers d’affaires, opérateurs de fonds spéculatifs qui auraient permis de générer des dizaines de millions de dollars de profits illégaux se livrant à un délit d’initié, à savoir en divulguant ou utilisant des informations confidentielles sur des sociétés cotées.

Goldman Sachs cité

Les enquêteurs examinent notamment si des banquiers de Goldman Sachs, un des plus grands noms de Wall Street, auraient dévoilé des informations liées à des fusions dans le secteur de la santé à des investisseurs. Le bureau du ministre de la Justice de New York, le FBI, la SEC et Goldman Sachs n’ont pas commenté ces informations.

L’enquête pourrait dévoiler «une culture du délit d’initié dans les marchés financiers américains, y compris de nouvelles manières de faire passer des informations confidentielles à des opérateurs boursiers à travers des experts liés à des secteurs ou des entreprises particulières», détaille le quotidien. Parmi les nombreuses entreprises visées, les enquêteurs examinent les pratiques de Primary Global Research, un cabinet californien qui met en relation des experts avec des investisseurs à la recherche d’informations sur les secteurs de la technologie et de la santé.

Cette affaire survient un an après celle du fonds spéculatif Galleon dont le fondateur Raj Rajaratnam est accusé d’avoir profité d’informations confidentielles pour réaliser 20 millions de dollars de profits boursiers ,doit être jugé plus tard cet automne ainsi qu’une ancienne employée, Danielle Chiesi, qui plaide non coupable.

Le fondateur d’un fonds d’investissements à risque qui a appartenu par le passé aux banques Bear Stearns puis JPMorgan Chase, Mark Kurland, a déjà été condamné à 27 mois de prison dans le cadre de cette affaire, où sont également impliqués des cadres d’Intel, IBM et McKinsey. Un ancien administrateur de Goldman Sachs, Rajat Gupta, fait lui l’objet d’une enquête.

Autre exemple de ce type d’affaires, un médecin français de 50 ans, Yves Benhamou, a été arrêté début novembre aux Etats-Unis. Il est accusé d’avoir été rémunéré comme consultant par un fonds spéculatif pour lui donner des informations confidentielles sur des essais cliniques qu’il supervisait pour le compte du laboratoire de biotechnologies Human Genome Science.

Si des poursuites sont lancées, ce pourrait être un nouveau coup dur pour la finance américaine, à peine remise des turbulences financières de 2008 et 2009.

Goldman Sachs pourrait, si elle est l’objet d’accusations, voir son image un peu plus écornée, alors qu’elle a déjà été poursuivie cette année par la SEC pour avoir trompé des investisseurs en leur vendant des produits dérivés adossés à des prêts hypothécaires risqués (subprime).

L’affaire a été réglée à l’amiable mi-juillet pour 550 millions de dollars, un record.

L’enquête en cours pourrait montrer que les délits d’initiés sont courants dans les marchés financiers américains. Interdit par la règlementation de contrôle des marchés financiers, un délit d’initié est commis par une personne qui vend ou achète des actions en se basant sur des informations privilégies, dont ne disposent pas les autres investisseurs.

LIEN WSJ http://online.wsj.com/article/SB10001424052748704170404575624831742191288.html?mod=WSJ_hp_LEFTTopStories#articleTabs%3Darticle

L’enquête pourrait montrer que les délits d’initiés sont courants dans les marchés financiers américains. Interdit par la règlementation de contrôle des marchés financiers, un délit d’initié est commis par une personne qui vend ou achète des actions en se basant sur des informations privilégies, dont ne disposent pas les autres investisseurs.

Difficile pour l’heure d’y voir clair sur les tenants et les aboutissants de ce dossier. Toujours selon le Wall Street Journal, il comporterait au moins trois aspects.

I. La transmission d’informations non publiques à des fonds spéculatifs et à des fonds de placement par des analystes indépendants et des consultants travaillant pour des entreprises offrant du « réseau d’experts ».

II. Des fuites qui auraient pour origine Goldman Sachs à propos de transactions financières incluant des fusions dans le secteur de la santé.

III. L’obtention par des fonds spéculatifs et des sociétés de trading d’informations non- publiques concernant des opérations de fusion en préparation dans le secteur de la santé et de la technologie. Il s’agirait notamment du rachat de Schering-Plough par Merck en 2009 et de MedImmune par AstraZeneca en 2007.

A l’automne dernier, la SEC a envoyé une trentaine d’assignations à des hedge funds et à d’autres investisseurs. 

Le FBI perquisitionne trois fonds spéculatifs

La police fédérale américaine (FBI) a perquisitionné les bureaux de trois fonds spéculatifs dans le cadre d’une vaste enquête pour délits d’initiés, a indiqué  une source proche du dossier, tandis qu’un porte-parole de l’un des fonds a confirmé l’opération.

 Les fonds visés sont Level Global Investors et Diamondback Capital, situés dans le Connecticut (Est), et Loch Capital, dans le Massachusetts, a précisé cette source ayant requis l’anonymat.

 «Des agents du FBI ont visité nos bureaux dans le cadre de ce que nous estimons être une enquête plus vaste dans le secteur des services financiers discutée dans les médias ce week-end», a confirmé Andy Merrill, un porte-parole de Level Global. Level Global Investors et Diamondback Capital sont tous deux dirigés par des anciens gérants du fonds spéculatif SAC Capital Advisors, qui serait particulièrement dans la ligne de mire du FBI, indiquait le Wall Street Journal. Loch Capital est dirigé par deux frères, Timothy et Todd McSweeney, liés à un gestionnaire de fonds arrêté l’an dernier dans le cas d’une autre affaire de délit d’initiés, celle du fonds Galleon, précisait le quotidien financier. Le FBI a refusé de confirmer les noms des sociétés visées. «Le FBI exécute des mandats de recherche autorisés par la justice», s’est contenté d’indiquer Richard Kolko, porte-parole de l’antenne du FBI de Manhattan, sans plus de détails.

Délits d’initiés: première arrestation aux Etats-Unis

Les autorités américaines ont procédé à une première arrestation, celle d’un employé d’un cabinet de consultants financiers, dans le cadre d’une vaste enquête de délit d’initiés révélée durant le week-end.

«Don Ching Trang Chu, alias Don Chu, a été arrêté hier pour des soupçons de complot liés à son travail dans un cabinet d’expertise financière», ont annoncé le procureur fédéral de Manhattan Preet Bharara ainsi que Janice Fedarcyk, l’une des dirigeantes du bureau new-yorkais de la police fédérale (FBI).

Don Ching Trang Chu, accompagné de son avocat, James DeVita, le 24 novembre à New York, avait prévu de s'envoler pour Taïwan le 28 novembre.

Don Ching Trang Chu, accompagné de son avocat, James DeVita, le 24 novembre à New York, avait prévu de s’envoler pour Taïwan le 28 novembre.AP/Louis Lanzano 

« Des jeunes castors zélés »

D’après le Wall Street Journal, des agents du FBI ont tenté de faire pression sur un expert, John Kinnucan, patron du cabinet de conseil spécialisé sur la technologie Broadband Research, une des sociétés concernées par l’enquête, pour qu’il enregistre une conversation avec l’un de ses clients, le fonds spéculatif SAC Capital Advisors.

Fin octobre, John Kinnucan a envoyé un courriel aux clients pour leur dire qu’il avait reçu la visite de deux « jeunes castors zélés » du FBI. M. Kinnucan précisait qu’il n’avait pas cédé aux injonctions des agents, qui voulaient lui faire porter un micro au cours de ses conversations avec les clients de la société.

 «M. Chu est accusé d’avoir fait en sorte que des personnes travaillant dans des entreprises cotées fournissent des informations importantes encore non publiques à des fonds spéculatifs clients, dans le but de réaliser des transactions boursières lucratives». M. Chu avait prévu de s’envoler pour Taïwan le 28 novembre. Lundi, le FBI avait perquisitionné les bureaux de trois fonds spéculatifs dans le cadre de cette enquête.

Le Wall Street Journal, qui a révélé l’affaire, affirmait par ailleurs que les autorités avaient envoyé des dizaines de lettres d’assignation à comparaître à des cabinets d’experts, des fonds spéculatifs et des firmes d’investissement pour demander notamment des informations sur des opérations boursières.

M. Chu était employé du cabinet d’experts Primary Global, situé à Mountain View en Californie (ouest). 

Il est présenté sur le site internet du cabinet(www.pg-research.Com)comme un « expert sur l’Asie » et « un vétéran de 25 ans du secteur des transmissions de données » et notamment des télécommunications sans fil. 

Selon les autorités, il faisait « la liaison entre le cabinet et des consultants et sources aux Etats-Unis et ailleurs ». 

« Les clients du cabinet, qui comprennent des fonds spéculatifs, lui paient des dizaines de milliers de dollars chaque année pour avoir accès à ses services et son réseau de consultants », précise leur communiqué. 

Le document cite en particulier la relation de M. Chu avec Richard Choo-Beng Lee, qui travaillait pour un fonds spéculatif. 

En 2009, M. Chu aurait notamment organisé une rencontre entre l’employé d’une entreprise et M. Lee, qui aurait ainsi bénéficié d’informations confidentielles sur les résultats trimestriels d’une société. 

Ce n’est là qu’une des opérations menées ces trois dernières années par les autorités US. Le FBI, la SEC et le procureur de New York, Preet Bharara, sont en passe de boucler un dossier démontrant que les délits d’initié sont devenus une pratique courante à Wall Street. Une situation que Preet Bharara dénonçait en ocrobre dernier lors d’une allocution

Les fonds visés par le FBI ont des clients à Genève

 Des banques suisses ont investi dans les hedge funds perquisitionnés lundi, mais elles minimisent leur exposition

L’enquête de trois ans pour délit d’initié, qui pourrait être la plus importante de l’histoire des Etats-Unis selon le Wall Street Journal, commence à affecter le monde de la gestion alternative genevoise. 

Pictet, Lombard Odier, UBP 

Lombard Odier, Pictet et l’Union Bancaire Privée (UBP) font partie des banques genevoises dont les fonds de fonds ont pris des participations dans les fonds perquisitionnés. D’après nos calculs, l’exposition d’UBP atteignait plusieurs dizaines de millions de dollars à fin 2009. UBP déclare qu’aujourd’hui «les montants concernés sont minimes». Avant d’ajouter: «Nous n’avons pas d’autres commentaires à ce sujet.» 

Lombard Odier assure «avoir vendu l’intégralité de sa position dans Level Global car la liquidité de ce hedge fund n’était plus en adéquation avec la philosophie d’investissement». En ce qui concerne Diamondback, la banque reconnaît avoir une «position résiduelle», mais qui «est en diminution pour les mêmes raisons». La banque ajoute que «d’autres hedge funds sont concernés par ces décisions d’investissement prises il y a quelques mois et celles-ci n’ont aucun lien avec l’enquête extrêmement large menée actuellement par la justice américaine». 

Au 30 septembre 2010, un fonds de fonds de Pictet avait investi pour quelque 13 millions de dollars dans Diamondback. La banque ne fait pas de commentaires mais souligne qu’à sa «connaissance Diamondback coopère pleinement avec les autorités compétentes, et le fonds continue d’être géré normalement». 

«Excellents fonds» 

«Il est probable que d’autres fonds de fonds genevois aient également investi dans les fonds américains qui ont été perquisitionnés», explique un expert du secteur. Pour lui, cela ne signifie pas pour autant que les montants seront perdus. L’inquiétude porte plutôt, selon lui, sur l’impact sur les marchés en cas de débouclage brutal de positions de la part des deux hedge funds – 9 milliards de dollars sous gestion selon Reuters – si ces derniers doivent faire face à des demandes de remboursement. 

Selon un autre expert, il s’agit «d’excellents fonds, gérés de manière très professionnelle, ce que toutes les procédures de «due diligence» menées après Madoff ont confirmé». Cela explique qu’il y en ait beaucoup à Genève. Le spécialiste serait très étonné qu’il y ait eu des fraudes. Pour lui, «perquisition n’est pas inculpation».

par Sébastien Dubas et Mathilde Farine/le temps

EN COMPLEMENT :   La Chine face à une situation grave

Le gouvernement chinois a annoncé qu’il allait renforcer la lutte contre les délits d’initiés face une «situation grave» alors que le marché des capitaux en Chine est devenu plus «opaque et complexe», dans un communiqué publié sur son site internet.

«L’effort de répression contre les délits d’initiés est confronté à une situation grave» alors que «le marché des capitaux chinois est devenu plus opaque et complexe depuis le lancement de contrats à terme sur indice boursier», selon le texte du Conseil des affaires d’Etat, la plus haute instance du gouvernement chinois. «Les relations entre acteurs du marché sont complexes, les méthodes de transaction nombreuses, les façons d’opérer cachées, ce qui rend très difficile le travail d’enquête et les sanctions», constate le pouvoir central.

Plusieurs fois par le passé, les petits porteurs d’actions ont perdu des plumes sur les bourses chinoises alors que les investisseurs institutionnels ou ceux liés à l’Etat réalisaient de bonnes affaires ou évitaient des pertes grâce à des informations obtenues avant les autres. Pour lutter contre le phénomène, le gouvernement annonce un système de contrôle renforcé basé sur une collaboration entre la Commission de régulation des opérations en bourse, le Ministère de la sécurité publique, celui de la supervision et la commission qui gère les actifs de l’Etat. Reste à savoir si la campagne annoncée sera suivie d’effet.

«La Chine ne manque pas de mesures qui ciblent les transactions illégales. Mais la clé est de savoir si elles sont mises en oeuvre efficacement», a déclaré un analyste financier basé à Pékin.

source afp nov10

2 réponses »

  1. Tout cela est tellement évident ! Mais, que va-t-il encore une fois en sortir ? Quand on dit que Goldman Sachs a écopé d’une amende record, c’est une plaisanterie : à peine une semaine de bénéfices !
    Alors, sérieux cette fois, au lieu de faire semblant de sévir ?

  2. Quand on considère toutes les familles mises à la rue par la faute de ces combines, il y a, pour moi, assez de raisons pour condamner les coupables au pilori ou à la potence. Jouer ainsi avec les gens est un crime même si ces professionnels se réfugient derrière des arguments de légalité ! Si ceux qui écrivent la loi trouvent que certaines astuces perverses restent dans la légalité, il y a quelque chose qui ne va pas ! Encore un délit d’initiés en plus : entre ceux qui font les lois et ceux qui en profitent ! Perversité suprême que de manipuler la loi à son avantage ! On a guillotiné le Roi pour moins que ça ! A leur tour, maintenant !

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