Trappe à dettes : Quelles sont les réponses possibles qu’entendent apporter les gouvernements européens à leur crise
Les pays de la zone euro planchent depuis plusieurs semaines sur leur réponse “globale” à la crise de la dette qui frappe l’Europe depuis plus d’un an.L’ambition des Européens est de parvenir à un accord lors du sommet européen des 24 et 25 mars.
Selon de nombreuses sources participant aux négociations, cet accord devrait notamment inclure une réforme de la Facilité européenne de stabilité financière (FESF) ainsi qu’un engagement des Vingt-Sept de rapprocher leurs politiques économiques, budgétaires, fiscales et sociales. La réforme de la gouvernance économique européenne ainsi qu’une nouvelle série de stress tests bancaires font également partie de cette réponse mais des résultats concrets sur ces deux dossiers ne devraient pas se matérialiser avant le mois de juin.
Voici une liste des principaux aspects de cette réponse “globale” en discussion en vue du sommet européen de mars. Voyage au coeur de la “tambouille européenne” digne du célèbre cuistot d’outreatlantique Bernanke : au menu tripatouillages et manipulations en tous genre…
Car mème les Révolutions n’arrivent pas rendre la situation des PIIGS plus “sympathiques”
Image: CMA Datavision
EN LIEN ET A CONSULTER IMPERATIVEMENT : Graphiques des dettes, notes, CDS, spreads, divergences de principales données macroéconomiques dans la zone euro
PLUS DE MANIP ET TRIPATOUILLAGES DE TAUX ET DE DETTES EN SUIVANT :
— AUGMENTER LA CAPACITÉ D’EMPRUNT DU FESF
Le FESF dispose de garanties des Etats membres de la zone euro à hauteur de 440 milliards d’euros mais seuls 250 milliards sont effectivement disponibles ave la note maximale AAA.
L’Allemagne, la France et la Commission européenne notamment se sont prononcés pour que la capacité d’emprunt effective soit relevée à 440 milliards d’euros et il s’agit à l’heure actuelle du coeur des discussions.
Plusieurs solutions ont été évoquées comme des injections de fonds de la part des pays ne disposant pas d’une note AAA afin que les pays AAA n’aient plus à garantir 120% des montants empruntés par le FESF. Ceci permettrait aussi de baisser les taux d’intérêt servis aux Etats en difficulté. En revanche, les ministres des Finances de la zone euro ont rejeté tout relèvement des garanties au-delà des 440 milliards d’euros actuels.
— RÉDUIRE LES TAUX D’INTÉRÊT DES PRÊTS DU FESF
Le FESF impose une pénalité de 300 points de base sur le taux d’intérêt auquel il prête aux gouvernements en difficulté, ainsi que 50 points de base pour couvrir les frais du prêt.
Cette marge, qui est prélevée sur les montants prêtés et permet de garantir la note maximale des prêts, doit surtout dissuader tout pays de recourir au FESF.
Certains économistes estiment cependant que cette pénalité est trop importante et empêche les pays en difficulté de se redresser.
— ACHETER DES OBLIGATIONS DE PAYS EN DIFFICULTÉ
Cette possibilité permettrait aux Etats membres de la zone euro d’intervenir plus tôt pour soutenir un pays en difficulté, comme le fait déjà la Banque centrale européenne depuis mai dernier en rachetant des obligations sur le marché secondaire.
La BCE a apporté son soutien à cette possibilité, de même que la France ou encore l’Espagne.
Selon des sources proches des négociations, l’Allemagne refuse cependant cette possibilité mais pourrait être plus ouverte à une intervention du FESF sur le marché primaire.
— PRÊTER À DES PAYS POUR RACHETER LEURS PROPRES OBLIGATIONS
Cette idée pourrait notamment être utilisée dans le cas de la Grèce, dont le plan d’aide a été mis en place avant la création du FESF et dont la dette devrait atteindre sous peu 150% du PIB.
Il ne s’agirait pas à proprement parler d’une restructuration de la dette grecque car les rachats se feraient uniquement sur une base volontaire….
— LIGNES DE CRÉDIT DITES FLEXIBLES
A l’image du dispositif créé par le Fonds monétaire international en 2009, le FESF pourrait venir en aide à des pays traversant des problèmes de liquidité.
— EUROBONDS
L’idée n’a pas totalement disparu de la table des négociations mais la ferme opposition allemande la rend très improbable à court terme.
— CONTREPARTIES DEMANDÉES PAR L’ALLEMAGNE
En échange de cet assouplissement du FESF, Berlin demande des engagements fermes de ses partenaires européens. Selon des documents de travail allemands vu par Reuters et selon plusieurs sources, l’Allemagne souhaite :
– Abolir toute règle d’indexation automatique des salaires sur l’inflation, qui existe dans plusieurs pays de la zone euro.
– L’inscription dans les constitutions nationales d’une règle limitant les déficits publics. La France et l’Espagne ont signalé qu’ils étaient disposés à étudier l’idée.
– Instaurer une règle liant l’âge de la retraite à l’évolution de la démographie en Europe.
– Un taux minimum d’impôt sur les sociétés.
– L’introduction des régimes de résolution des crises bancaires dans chacun des pays de l’UE.
– Une harmonisation accélérée des règles de reconnaissance mutuelle des diplômes et compétences professionnelles.
EN LIEN : Graphiques des dettes, notes, CDS, spreads, divergences de principales données macroéconomiques dans la zone euro: http://graphics.thomsonreuters.com/F/09/EUROZONE_REPORT2.html
EN COMPLEMENT : Tableau des notes souveraines attribuées aux pays membres de la zone euro par les agences Standard & Poor’s, Moody’s et Fitch Ratings, après l’abaissement mercredi de la note de l’Irlande à A- par Standard & Poor’s :
S&P Moody’s Fitch Dette (en $mds)*
Allemagne AAA Aaa AAA 1.498
Autriche AAA Aaa AAA 261
Belgique AA+ Aa1 AA+ 419
Chypre A Aa3 AA- 13
Espagne AA Aa1 AA+ 770
Estonie A A1 A n.a.
Finlande AAA Aaa AAA 100
France AAA Aaa AAA 1.668
Grèce BB+ Ba1 BB+ 381
Irlande A- Baa1 BBB+ 129
Italie A+ Aa2 AA- 2.085
Luxembourg AAA Aaa AAA 5
Malte A A1 A+ 5
Pays-Bas AAA Aaa AAA 400
Portugal A- A1 A+ 175
Slovaquie A+ A1 A+ 34
Slovénie AA Aa2 AA 18
Barème des notations long terme:
S&P MOODY’S FITCH
———— CATEGORIE INVESTISSEMENT ——————
AAA Aaa AAA
Obligations pour lesquelles le risque d’investissement potentiel est jugé le plus faible. Capacité à rembourser à l’échéance le principal et les intérêts si importante que même une évolution défavorable de l’activité économique ou des conditions de financement n’accroîtrait pas significativement le risque d’investissement.
AA Aa AA
Obligations pour lesquelles le risque d’investissement potentiel est jugé très faible. Capacité à rembourser à l’échéance le principal et les intérêts importante. Une évolution défavorable de l’activité et des conditions de financement est susceptible d’augmenter le risque d’investissement mais pas de manière très significative.
A A A
Obligations pour lesquelles est identifié un faible risque potentiel d’investissement. Forte capacité de remboursement à l’échéance du principal et des intérêts même si des aléas économiques et financiers peuvent conduire à une augmentation du risque d’investissement.
BBB Baa BBB
Obligations pour lesquelles un faible risque réel d’investissement est identifié. Capacité de remboursement à l’échéance du principal et des intérêts adéquate même si des aléas économiques et financiers sont davantage susceptibles de conduire à une augmentation du risque d’investissement que pour les obligations des catégories supérieures.
————— CATEGORIE SPECULATIVE ——————
BB Ba BB
Obligations pour lesquelles il existe une possibilité d’évolution du risque d’investissement. Capacité de remboursement à l’échéance du capital et des intérêts existante mais susceptible, au fil du temps, d’être affectée par des aléas économiques et financiers.
B B B
Obligations pour lesquelles le risque d’investissement existe. Capacité de remboursement à l’échéance du principal et des intérêts insuffisamment protégée contre les aléas économiques et financiers.
CCC Caa CCC
Obligations pour lesquelles est identifiée une possibilité de défaut. Remboursement à l’échéance du principal et des intérêts dépendante de conditions économiques et financières favorables.
CC Ca CC
Obligations jugées hautement spéculatives.
C C C
Note susceptible d’être utilisée en cas de dépôt de bilan ou de décision comparable lorsque le paiement de l’obligation se poursuit.
D DDD/DD/D
Obligations effectivement en situation de défaut. La note DDD de l’échelle de Fitch désigne la probabilité estimée la plus élevée de remboursement des montants concernés, la note D la probabilité la plus faible.
** Les notes de S&P et Fitch situées entre AA et CCC peuvent être complétees par un “+” ou un “-” pour préciser la position relative des titres au sein de la catégorie concernée.
*** Les notes de Moody’s situées entre Aa et B peuvent être complétées par un chiffre situé entre 1 et 3, le 1 indiquant que l’obligation est notée dans le haut de la catégorie concernée
EN BANDE SON :