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Un Scénario économique très vraisemblable :  » La crise financière de 2015. Une histoire évitable »

Un  Scénario économique très vraisemblable : » La crise financière de 2015. Une histoire évitable »

Et si la crise des subprimes n’était que le prélude à un cataclysme économique d’une ampleur inégalée qui éclaterait, disons… le 26 avril 2015 ?

Voici, résumé en quelques lignes, le scénario catastrophe élaboré par la société de consultance Oliver Wyman qui abouti à cette date fatidique. L’objectif de ce scénario est d’identifier les éléments déclencheurs d’une nouvelle crise et de tenter de les maîtriser avant qu’ils ne nuisent au système.

Deux spécialistes nous racontent la crise financière de 2015. Seront-ils écoutés par les dirigeants politiques?

Barry Wilkinson et Mark Weil sont tous deux associés de la filiale londonienne de Oliver Wyman, un cabinet de conseil international spécialisé en stratégie, gestion des risques, organisation et leadership. Ils viennent de publier une étude d’économie-fiction sous le titre «La crise financière de 2015. Une histoire évitable»*.  Barry Wilkinson avait déjà rédigé en 2008 un ouvrage intitulé «Le crédit structuré: dominos et dynamite».

EN LIEN : So starts a 28-age report by consulting firm Oliver Wyman, ominously titled: “The Financial Crisis of 2015: An Avoidable History.”

Le ton est divertissant – tout au moins au début -, le contenu l’est moins.

L’essai d’une trentaine de pages raconte un scénario tout à fait vraisemblable de catastrophe financière à venir et met en garde contre les dangers des décisions règlementaires hâtives et excessives.

PLUS DE BIG KRACH EN SUIVANT :

L’histoire commence en 2011 dans un Occident qui se remet de la crise de 2008, où de nouvelles règles ont été mises en place pour protéger l’économie des abus perpétrés lors de la crise précédente, où les taux d’intérêt sont bas et où des financiers novateurs et ambitieux, à la recherche de profits substantiels, se sentent sous-utilisés.  Ces talents inemployés se réfugient dans la banque de l’ombre et dans les marchés émergents. Pour éviter le système bancaire, sous haute surveillance en Europe et aux Etats-Unis ils apparient directement investisseurs et investissements par l’intermédiaire d’instruments financiers complexes et vont porter leurs aptitudes dans des pays où la règlementation financière est plus clémente. Le marché des dérivés trouve une seconde jeunesse dans des contrées en pleine expansion.

 

 

source zerohedge (graphiques réels)

 Dans un premier temps, les pays émergents profitent de la hausse du prix des matières premières qui éponge les excédents de liquidité et lancent une série de grands projets coûteux. Ils vivent au dessus de leurs moyens comme d’autres au cours de la décennie précédente. Les nouveaux maitres du monde acquièrent peu à peu les grandes banques occidentales, proies faciles dont on a volontairement diminué la taille pour éviter le risque systémique.

–>La forte hausse du prix des matières premières provoque une inflation rampante en Chine, premier importateur mondial de ces produits. La Chine décide de relever ses taux et d’apprécier sa devise afin de maitriser l’inflation. L’économie chinoise ralentit. La demande en matières premières chute, l’offre est surabondante. Les prix s’effondrent.

Dans un second temps  la forte hausse du prix des matières premières provoque une inflation rampante en Chine, premier importateur mondial de ces produits. La Chine décide de relever ses taux et d’apprécier sa devise afin de maitriser l’inflation. L’économie chinoise ralentit. La demande en matières premières chute, l’offre est surabondante. Les prix s’effondrent   et la bulle éclate. Les rendements s’effondrent, les financements s’assèchent, les projets en cours sont arrêtés et des millions de gens sont à la rue.

La Fed et la Banque d’Angleterre ont du, de leur côté, relever leur taux pour juguler l’inflation. Dans la dernière phase de la crise, les dettes souveraines de certains pays deviennent intenables. Elles doivent être renflouées ou restructurées.
Pendant cette période qui s’étend de 2013 à 2015, le pouvoir économique et politique connaît un rééquilibrage inédit depuis le 2e guerre mondiale et le transfert entre l’Empire britannique et les USA

 Les états européens et américains ne sont plus en mesure de payer les intérêts en encore moins de rembourser. Ils deviennent la source ultime de risque systémique.

Ironie de l’histoire : l’imposante exposition des banques aux dettes souveraines construite pour répondre aux exigences de liquidité imposées par la récente réglementation bancaire, entraîne, une nouvelle fois, le secteur au bord de l’abîme. Nous sommes le 26 avril 2015, Garland Brothers, l’ une des plus anciennes banques au monde qui depuis fin 2011 a installé ses quartiers généraux à Singapour est sur le point d’annoncer sa faillite.


 
Pour Oliver Wyman, les ingrédients de nouveau cocktail explosif (purement fictif pour l’instant) sont donc : le « shadow banking » (activités bancaires exercées hors du cadre réglementé des banques), des bulles spéculatives dans les pays émergents et une crise de la dette souveraine

Le rapport «stress teste» le système financier actuel. Les auteurs déclarent ne décrire que l’un des scénarios possibles et suggèrent aux institutions financières et politiques de tester plusieurs scénarios avant de définir leurs stratégies.

Mark Veil insiste sur l’importance de mettre en place des réglementations raisonnables qui laissent le système financier jouer son rôle et ne conduisent pas les opérateurs à explorer des solutions excessives hors du cadre imposé. Selon lui, pour être productives, les  décisions politiques ne doivent être ni opportunistes, ni impopulaires. Barry Wilkinson s’est rendu à Davos pour faire entendre ce point de vue par les hommes politiques et les financiers.

 The financial crisis of 2015. An avoidable history, Barrie Wilkinson and Mark Weil, Oliver Wyman

source Nicolette de Joncaire/Agefi+Stephan Wuille/Crack en actions/echo jan11

 http://blogs.lecho.be/lescracks/2011/02/prochain-cataclysme-financier-le-26-avril-2015.html

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4 réponses »

  1. « l’imposante exposition des banques aux dettes souveraines construite pour répondre aux exigences de liquidité imposées par la récente réglementation bancaire »
    Quelqu’un peut-il m’expliquer ce que cela signifie? Est-ce que ça un rapport avec les fait que la FED prête à un taux proche de 0% pour que les banques US puissent acheter de la dette avec un taux de 3-4%?

    • Pour faire court et simple cela a rapport avec la nouvelle réglementation bancaire Bale 3 et le renforcement des fonds propres des établissements bancaires et ceci afin de prévenir tout risque systémique…Jusqu’à présent la dette obligataire émanant des états souverains européens étaient considérées comme l’une des plus sures au monde: nous parlons alors de dettes « senior » censées ne faire courir aucun risque aux préteurs , aux créanciers et donc dans ce cadre là non soumise en terme d’exigence de fonds propres des banques en contrepartie à une même sévérité….Une remise en cause comme actuellement de « l’infaillibilité » de certains états européens remet en cause de facto bien sur aussi ce schéma théorique et fait donc remonter par conséquence le risque systémique d’un cran puisque du même coup le ratio de fonds propres des banques devrait ètre de 16 ou 20 % pour répondre par exemple a la menace grecque ou pire encore espagnole…

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