Zone Euro : les Marchés victimes pathétiques d’illusion monètaire par The Wolf
Il est facile et étonnament complaisant que de se laisser emporter par les signes d’amélioration manifestes à la périphérie dela zone euro. Les spreads des CDS et les spreads obligataires se sont resserrés par rapport aux emprunts d’État allemands. Les spreads obligataires se sont resserrés de 60 pb par rapport à leur sommet de mi-novembre pour s’établir à 400 pb en fin de semaine dernière. Cependant, comme l’a fait observer un analyste sell-side, ce resserrement des spreads n’a pas empêché le taux de rendement à 10 ans des emprunts d’Etat du Portugal d’atteindre cette semaine son plus haut niveau depuis son entrée au sein de la zone euro, à 7,50%.
les spreads obligataires par rapport aux emprunts d’État
allemands et les spreads des CDS

L’essentiel de cette amélioration des spreads s’explique par l’optimisme croissant des investisseurs à l’égard de l’élargissement de la FESF, qui sont ainsi confiants quant à la résolution prochaine de la crise de la zone euro. Le “PUT BCE” pouvant ainsi enfin fonctionner à fond et l’alea moral se matérialiser pleinement grace a la garantie non consentante des contribuables allemands….
Pourtant, les investisseurs ne semblent ne pas avoir conscience que des taux de rendement plus élevés ne peuvent que conduire à la détérioration de la solvabilité budgétaire des pays concernés. Le piège de la dette traduit le fait que la solvabilité budgétaire est une fonction de la différence entre les taux d’intérêt à long terme et la croissance nominale du PIB, qui détermine l’évolution de la dette publique existante par rapport au PIB. Elle est également une fonction du solde budgétaire primairesous-jacent (solde qui exclut le service de la dette), dans la mesure où il déterminel’accroissement de la dette future. Avec un taux de 7%, la solvabilité budgétaire devient bien plus difficile à contenir et pourrait nécessiter davantage d’austérité…. D’autres pourraient donc bientot suivre la voie non royale du Portugal….
Il convient de garder à l’esprit que la véritable cause de la crise de la dette souveraine en zone euro réside dans l’incohérence d’avoir un coût du capital unique à travers un vaste ensembled’économies disparates. Un doublement voire un triplement de la taille du FESF ne permettrait donc pas d’apporter la solution définitive à ce problème. Cette incohérence devrait s’observer en 2011 en alimentant des tensions inflationnistes en Allemagne et dans les pays du centre de l’Europe. La possibilité de pressions déflationnistes dans les pays périphériques dépendra de la mesure dans laquelle le consommateur allemand pourra faire office de moteur pour les pays exportateurs du sud de la zone euro….
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