Risque Nucléaire / Japon : La révolte contre le «système Fukushima»
Sur Internet, dans la presse mais aussi dans la rue, la population de l’Archipel questionne le comportement de ses élites
PLUS DE RISQUE ET DE KLEPTOCRATIE EN SUIVANT :
Une annonce incompréhensible de plus: pour beaucoup d’habitants de Tokyo, la décision prise jeudi par le gouvernement japonais de ne pas élargir la zone d’évacuation autour de la centrale nucléaire endommagée de Fukushima prouve combien le fossé est béant entre le peuple et les élites.
«Depuis le début, toutes leurs décisions ont été prises avec retard», ont aussitôt réagi, sur le site web du journal Asahi, des dizaines d’internautes dans des termes proches. Les mesures de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) dans l’un des villages situés au sein de l’actuelle zone d’exclusion de 20 kilomètres ont pourtant démontré que les niveaux de radiation y atteignent le double des seuils d’évacuation. De quoi pointer du doigt l’aveuglement des autorités nipponnes soupçonnées, avant tout, de chercher à éviter la panique.
Cette mise en cause des élites politiques et administratives de l’Archipel n’est pas nouvelle. Depuis que la crise financière a fait éclater la bulle spéculative des années 90, transformant le «miracle» japonais en dépression économique permanente, la population vit de plus en plus mal les abus d’un système hiérarchisé, où la pratique des «amakudari» (les «anges du ciel», terme pour désigner les nominations de protégés issus de grandes dynasties) est rampante, où les promotions se font souvent par cooptation et où les scandales sont étouffés.
Les cas d’ingénieurs ou de scientifiques marginalisés pour avoir révélé les dysfonctionnements de Tepco, la firme énergétique propriétaire de la centrale de Fukushima, furent nombreux. «Personne ne pouvait jusque-là contester le lobby du nucléaire au Japon», explique Paul Jobin, un universitaire aujourd’hui basé à Taïwan, qui a consacré de longues recherches aux «gitans de l’atome», ces journaliers employés dans les centrales.
Les deux exutoires favoris de cette colère anti-système sont aujourd’hui les blogs et le courrier des lecteurs des grands journaux. Beaucoup de contributeurs y rappellent les liens problématiques entre l’élite politique du pays et les grands groupes industriels comme Toshiba ou Hitachi, producteurs et exportateurs de centrales. Les images de précédentes contaminations massives, comme celle causée par la présence de rejets massifs de plomb dans l’eau à Minamata, dans l’île de Kyushu, sont publiées côte à côte avec celles des bâtiments déchiquetés de la centrale de Fukushima. «Le Japon reste une société camisole de force», souligne un correspondant étranger, paraphrasant le titre d’un livre à succès du sociologue Masao Miyamoto (Ed. Picquier).
Rien ne permet pour autant d’affirmer que cette catastrophe sans précédent va provoquer le sursaut dont le Japon a tant besoin. Le vieillissement accéléré de sa population, et le discrédit de l’actuel gouvernement, pourtant issu du Parti démocrate resté des décennies dans l’opposition, compliquent la donne. Le fait que le premier ministre Naoto Kan, très critiqué pour son manque de charisme au cœur de la crise, envisage de nationaliser ou de démanteler Tepco, la firme électrique controversée propriétaire des réacteurs de Fukushima, plutôt que de pointer du doigt ses responsables est interprété comme une nouvelle tentative de clore le débat naissant. Un des gestes les plus décriés, sur le Web nippon, est la décision du directeur de la firme, Masataka Shimizu, 66 ans, de ne pas se rendre sur les lieux du drame depuis que le tsunami du 11 mars a broyé le site nucléaire, la région ainsi qu’une bonne partie de ses habitants.
Par Richard Werly Bruxelles /le temps avril11
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La situation ne s’améliore pas à Fukukishima.
Elle est toujours très sérieuse selon l’Agence Internationale de l’Energie. Dans la mer, le taux d’iode radioactif ne cesse d’augmenter. De 3’355 fois la dose normale avt hier, elle est passée hier à 4’385 fois! Ce n’est toujours pas dangereux pour Tepco. Pour preuve, personne n’a encore trouvé de poissons rouges de 4 m de long. Ce n’est peut-être qu’une question de temps
Des traces minimes d’iode 131 de Fukushima ont été trouvées dans du lait dans l’état de Washington aux USA
Lundi, 381 personnes de Tepco et 69 ingénieurs de Toshiba, d’Hitachi et de Kandenko ont travaillé sur le site. Après l’irradiation de 3 employés, la semaine dernière, les entreprises rencontrent de plus en plus de difficultés pour recruter du personnel afin de remplacer ceux qui ont dépassé leurs doses d’irradiations et doivent quitter la centrale. Si vous êtes intéressés, le salaire est de 122$ par jour.
Les experts de l’AIEA (Agence Internationale de l’Energie Atomique) rejoignent les mesures révélées par Greenpeace. Tous les deux ont relevé des taux de radioactivité deux fois supérieur au niveau d’alerte à 40 km de Fukushima. Ils demandent l’élargissement de la zone de sécurité. De son côté, le gouvernement japonais préfère ne pas suivre les recommandations de l’AIEA. Pour le moment, les habitants ont été évacués dans un rayon de 20 km.
La vidange des 600 tonnes d’eau fortement contaminée de cesium et d’iode, sous le réacteur no 1, n’a pu être entièrement réalisée car le condensateur est plein. Les ingénieurs n’arrivent toujours pas à faire fonctionner les pompes de refroidissement des réacteurs 1, 2 et 3 et continuent de les arroser.
Le CEO de Tepco, Tsunehisa Katsumata, a annoncé qu’il ne savait pas quand la catastrophe allait être maîtrisée. Il a reparlé de la possibilité d’installer les réacteurs sous des sarcophages en béton, comme à Tchernobyl.
Le premier ministre japonais a annoncé le démantèlement de la centrale de Fukushima une fois la catastrophe maîtrisée.
Plus les taux de contamination augmentent, plus la colère monte chez les Japonais. Une manifestation antinucléaire s’est déroulée devant le siège de Tepco tandis que sur le net, c’est la déferlante contre le gouvernement et le propriétaire de la centrale.
En Suisse, une lettre piégée, envoyée à SwissNuclear (lobby du nucléaire suisse), a explosé hier matin, blessant superficiellement deux employées
BILLET PRECEDENT : Risque Nucléaire/Japon : Taux d’iode très élevé au large de Fukushima