Cycle Economique et Financier

Dissident Hoenig frappe (encore) sur la Fed

Dissident Hoenig frappe (encore) sur la Fed

Le président de la Fed de Kansas City, qui s’est opposé à la politique monétaire de la Réserve fédérale américaine l’année dernière, a prononcé une allocution devant la London School of Economics mercredi dernier

Tom Hoenig, qui aurait voulu que la Fed hausse les taux d’intérêt en 2010, a souligné mercredi que la Fed a fortement contribué à la création de la bulle immobilière.

On peut lire à la page 6 de la transcription de son allocution:

«Au printemps 2003, on craignait que l’économie américaine allait tomber dans un malaise semblable à celui du Japon. La reprise pataugeait. La déflation était possible. Le chômage était trop élevé. Bien que nous savions que les bas taux d’intérêt de l’époque allaient supporter une expansion économique, le taux directeur a été abaissé à 1% en juin 2003 et a été gardé à ce niveau pour un an comme police d’assurance. Suite à cette décision, une période d’expansion du crédit aux États-Unis et dans le reste du monde a commencé. Un boom immobilier a été observé. Les conséquences de cette politique sont aujourd’hui bien connues.»

PLUS DE HOENIG EN SUIVANT :

La politique de la Fed menace la stabilité économique mondiale

La politique monétaire particulièrement généreuse menée actuellement par les Etats-Unis menace la stabilité économique de ce pays, mais aussi du monde entier, a estimé mercredi un des dirigeants de la banque centrale Thomas Hoenig

L’histoire enseigne « que des épisodes prolongés d’une politique monétaire accommodante menée dans le but de fortifier la croissance à court terme ont souvent pour conséquence de perturber fortement l’économie »,

« Alors que les Etats-Unis continuent d’assouplir leur politique monétaire pour soutenir leur reprise économique, nous voyons une fois encore des signes témoignant que le monde est en train de créer de nouveaux déséquilibres économiques et de favoriser l’inflation »,

 Hoenig s’oppose depuis plus d’un an à la majorité de ses collègues.

Plaidant « non pas pour une politique restrictive » mais pour que la Fed commence à reprendre les liquidités qu’elle a injectées dans le circuit financier pour soutenir l’économie, il veut que la banque centrale remonte assez rapidement à 1% son taux directeur, quasi nul depuis décembre 2008.

Il est totalement opposé au nouveau programme de rachats de bons du Trésor lancé par la Fed en novembre et par lequel la banque centrale prévoit de créer des dollars par centaines de milliards d’ici à la fin juin.

« La politique monétaire menée actuellement aux Etats-Unis et dans une grande partie de la planète est plus accommodante maintenant qu’elle ne l’était au plus fort de la crise », remarque-t-il, alors qu' »il reste établi que les Etats-Unis et une grande partie du monde bénéficient d’une croissance viable ».

EN COMPLEMENT : Fed/ attaque de faucons et riposte de colombes

Charges de Fisher, Plosser et Bullard en faveur d’une politique monétaire plus ferme aux Etats-Unis.

La révolte gronde à la Réserve fédérale des Etats-Unis. Mardi soir, Richard Fisher, l’un des décideurs de la Fed, a plaidé pour une politique monétaire moins accommodante. Il a ainsi ajouté sa voix aux prises de position récentes de plusieurs autres membres de l’institution américaine en faveur d’un abandon des mesures de soutien à l’économie qui sont en vigueur jusqu’en juin, en principe. Ces partisans d’une attitude plus stricte sont qualifiés de faucons, tandis que les adeptes d’une politique monétaire souple, telle que celle qui prévaut en ce moment, sont appelés les colombes.

Charles Polsser plaide carrément en faveur d’une hausse des taux

Dans un entretien accordé à Fox Business et retranscrit par Reuters mercredi, Richard Fisher, qui figure parmi les onze responsables de la Fed qui disposent du droit de vote au comité de politique monétaire (FOMC: Federal Open Market Committee), a déclaré: « Je voterai contre toute extension future du programme. Je ne peux pas imaginer une situation où je pourrais soutenir l’injection de liquidités supplémentaires dans l’économie. »

Revendre des actifs

La semaine dernière, d’autres dirigeants de la Fed avaient plaidé pour un durcissement de la ligne de conduite actuelle, étant donné l’embellie que connaît l’économie américaine. Le président de la Fed de Philadelphie, Charles Plosser, qui dispose également du droit de vote au FOMC, a estimé vendredi que la banque centrale américaine devrait songer à vendre des actifs acquis dans le cadre du programme d’assouplissement quantitatif en cours et à relever ses taux d’intérêt directeurs.

Contre-attaque

 Vendredi dernier, le président de la Fed d’Atlanta, Dennis Lockhart, qui ne fait pas partie des onze décideurs, s’est d’ailleurs dit prêt à durcir la politique monétaire si la hausse de l’inflation continuait. Le lendemain, James Bullard, président de la Fed de Saint-Louis, qui n’a pas non plus de droit de vote, a carrément réclamé une révision du QE2, sans attendre d’atteindre les 600 milliards de dollars d’achats en juin.

Face à ces revendications des faucons, d’autres responsables de la Fed ont contre-attaqué. Charles Evans, président de la Fed de Chicago et colombe notoire au sein des membres du FOMC dotés du droit de vote, a affirmé lundi: « 600 milliards représentent à peu près le bon chiffre. »

Le président de la Fed de Boston, Eric Rosengren, sans droit de vote, a ajouté que le chômage élevé et la faible inflation sous-jacente signifiaient que le soutien monétaire restait nécessaire.

Les arbitres du débat, Ben Bernanke, président de la Fed, Janet Jellen, vice-présidente, et William Dudley, président de la Fed de New York, qui sont les trois membres du FOMC les plus influents, n’ont, à ce jour, pas laissé transparaître la moindre volonté de modifier la politique monétaire actuelle. Une victoire des faucons semble donc impossible actuellement.

Philippe Galloy mars11  L’Echo

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