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A plus de 2.000 USD, l’once d’or serait-elle surévaluée ?

A plus de 2.000 USD, l’once d’or serait elle surévaluée ?

Le métal jaune a beau flirté avec des niveaux « extrêmes », on ne peut pourtant pas encore, au vu des fondamentaux et des ratios de valorisation historiques, parler de bulle…

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Alors que les cours de l’or, qui avancent à marche forcée en direction du cap symbolique des 1.500 USD/once, enchaînent les records (1.471,8 USD est le dernier en date), la question qui taraudent les détenteurs du métal précieux est de savoir si le marché n’est pas en proie à une bulle spéculative.

Pour remettre les choses en perspective, il est bon de rappeler que le rally de l’or est entré dans sa dixième année. Ce qui est totalement inédit puisque les précédents cycles haussiers du métal jaune n’ont jamais dépassé quatre ans. Quant aux gains engrangés par l’or (+475 %), ils sont certes spectaculaires, mais n’arrivent pas encore à la cheville de ceux (+720 %) réalisés lors de période 1976-1980.

un niveau extrême…

Sur base de cette simple comparaison historique, on pourrait arriver à la conclusion que l’or n’est pas encore surévalué. Mais il n’en reste pas moins, selon Michael Lewis, le gourou des matières premières auprès de la Deutsche Bank, dans une zone que l’on peut qualifier d’ »extrême ». En termes réels, c’est-à-dire en tenant compte de l’indice des prix à la production US, le prix de l’once d’or a, en effet, déjà dépassé son sommet historique (1.455 USD). Il en va presque de même si l’on se focalise sur le ratio cours de l’or/produit intérieur brut global: pour être considéré comme excessif, le cours de l’or doit atteindre 1.500 USD. Ce qui est virtuellement chose faite.

…mais pas encore de bulle

Par contre, exprimé en fonction de l’indice US des prix à la consommation (1.880 USD), des métaux de base (2.100 USD), des revenus par habitant (2.390 USD), du pétrole (2.890 USD), ou du S&P500 (2.960 USD), l’or dispose encore d’une sérieuse marge de manœuvre avant que l’on puisse parler de bulle.

Si, à l’instar de Michael Lewis, on prend comme référence la moyenne de tous ces indicateurs, on peut considérer qu’à 2.060 USD/once le métal jaune sera surévalué.

facteurs de soutien multiples

Il lui reste donc encore une significative marge de manœuvre qui, au vu des fondamentaux positifs en vigueur sur le marché, devrait être mise à profit par les investisseurs.

Les particuliers (mais aussi les institutionnels) misent massivement sur l’or physique par le biais des fonds indiciels et assimilables sur l’or: ETF et ETC ont acheté, en moyenne, 325 tonnes d’or par an au cours des cinq dernières années. Tout comme d’ailleurs les banquiers centraux dont la détention d’or s’est, pour la première fois depuis la fin des années 80, accrue de 500 tonnes en 2009 et de 400 tonnes en 2010.

Plusieurs facteurs, de nature à stimuler durablement les cours de l’or, justifient cette euphorie.

1-Il y a, tout d’abord, la tendance baissière du dollar US qui fait les frais d’une Réserve fédérale américaine (Fed) toujours soucieuse d’injecter des liquidités dans les circuits monétaires. Or, on sait que les cours de l’or et du dollar évoluent généralement en sens opposés!

La faiblesse du dollar a eu une influence importante en mars

En mars 2011, l’or exprimé en dollar américain s’est apprécié de 1,48% alors que le SPM Gold Index n’a augmenté que de 0,89%. La dépréciation du dollar a eu une influence directe sur l’appréciation du cours de l’or. En effet, sur les 12 devises qui composent le SPM Gold Index, l’or exprimé dans cinq d’entre elles a eu une performance négative sur le mois. La divergence la plus importante a été observée contre l’euro et la livre sterling. Mesuré dans la monnaie unique l’or a perdu plus de -1,5% de sa valeur alors que contre la livre sterling, il s’est apprécié de plus de +3% sur la même période. Au 31 mars, le SPM Gold Index se situe à 1,5% de son pic historique alors que l’or exprimé en dollar américain est tout proche de le casser (0,3%). 

Sur le premier trimestre de l’année, le SPM Gold Index est en baisse de -0,46% alors qu’exprimé en dollar américain l’or est en hausse de près de +0,81%. On peut donc conclure que la faiblesse du dollar a artificiellement poussé le cours de l’or à la hausse.

2-Ensuite, les taux réels étant encore très bas, voire même négatifs, dans beaucoup de pays, les pressions inflationnistes incitent les investisseurs à se réfugier sur les actifs qui, comme l’or, ne voient pas leur valeur s’éroder en période de hausse des prix.

Historiquement l’or se porte bien en période de taux négatifs comme actuellement 

 3-Principal catalyseur de ces pressions inflationnistes, le baril de pétrole Brent pointe à 124 USD, soit quasi au milieu de la fourchette (90-150 USD) considérée comme négative pour la croissance mondiale.

Chart

Le cours du pétrole ayant augmenté proportionnellement plus que l’or depuis le début de l’année, le ratio cours de l’or/cours du Brent pointe désormais à 12, soit en dessous de sa moyenne historique (environ 16). Pour revenir à cette moyenne, il faudrait, à prix du pétrole inchangé, que l’or remonte à 2.060 USD! À noter qu’au plus fort de la crise du crédit en 2008, le ratio or/pétrole avait grimpé jusqu’à 25. Sous cet angle, le métal jaune en garde sous pédale…

And even gold isn't keeping up with oil

4-Non content de jouer les refuges contre l’inflation, l’or peut également se targuer d’être un bon rempart contre la montée du risque géopolitique perceptible, notamment, au Moyen Orient.

5-Enfin, l’équilibre entre l’offre et la demande sur le marché de l’or reste précaire, la production étant minée par des coûts de fonctionnement élevés, alors que la demande (surtout à des fins d’investissement) reste vive.

Preuve que les mines d’or, elles-mêmes, sont confiantes dans le potentiel d’appréciation de l’or, elles ne se couvrent plus contre un scénario inverse en pratiquant des ventes à terme… Les prévisions prudentes des analystes tablent d’ailleurs sur un cours de l’or à 1.600 USD/once pour le premier trimestre 2012.L

Luc Charlier/ L’Echo avril11

EN COMPLEMENT : Importance des positions spéculatives sur l’or

4 réponses »

  1. Si on regarde l’excellent graphique des prix de l’or en $ réels, sur les quarante dernières années, il y a eu une seule année( 1980) où il était plus haut qu’aujourd’hui. Ca vous donne envie d’acheter??

  2. il y a encore de la marge avant qu’il dépasse le niveau du début des années 80…. et la situation économique et financière est 100 fois pire aujourd’hui !

  3. les « experts » ont prevu un plafond pour 2012… qui etait deja enfoncé en juilet 2011. Les  »experts » sont donc priés de nous lacher les basques avec leurs conneries, tout le monde fonce sur l’or puisque le dollar ne vaudra bientot pas plus qu’un billet de monopoly a la vitesse ou il est imprimé. le plafond, il sera plutot à 3000 qu’à 2000$…
    mais les « experts » le savent tres bien, ils veulent seulement que leurs plus gros clients en profitent, les particuliers sont priés d’aller jouer ailleurs…

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