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Les scénarios pour l’après-QE2

Les scénarios pour l’après-QE2 par Roy Damary

MUL

 Le Royaume-Uni a suivi les Etats-Unis dans la même impasse économique. Mais son gouvernement a décidé d’en sortir par des mesures d’austérité.

L’argument selon lequel les Etats-Unis maîtrisent l’inflation se développe comme suit:

 la hausse des matières premières et la faiblesse du dollar sont des phénomènes passagers;

 ils agissent comme un impôt sur les consommateurs;

 et n’ont pas d’incidence sur les salaires;

 les coûts de l’alimentation et de l’énergie sont exclus des données officielles;

donc le spectre dans son ensemble n’est pas à craindre.

A défaut de nous rassurer, ces justifications nous rappellent qu’il y a toujours deux angles sous lesquels le marché examine les faits et que celui développé plus haut est celui que la Fed partage précisément.

 Nous remettons en question le bien-fondé d’exclure l’énergie et l’alimentation des composantes d’inflation. Comment ne pas soupçonner cet artifice d’être la justification d’une dépendance  malsaine à la planche à billets et ne pas relever qu’il permet ainsi d’éluder une partie du problème?

Même le FMI, dont ce n’est pas souvent la posture,  est entré dans la danse en critiquant l’Amérique pour la gestion totalement aléatoire de son déficit; à l’instar d’autres membres du G20 (Japon mis à part), elle s’est engagée à le réduire de moitié d’ici 2013. Mais même en tenant compte du budget récemment voté, le pays est bien loin de l’objectif. De plus, la menace de voir le Gouvernement Fédéral cesser de payer ses fonctionnaires (différée in extremis par le compromis budgétaire), ne manquera pas de se préciser dans les semaines à venir lorsque la dette fédérale atteindra le plafond autorisé.

Nous continuons de croire que les grands axes de l’évolution future se dessineront en juin prochain  avec la fin du second assouplissement quantitatif (QE2) et imaginons deux scénarios possibles:

l Une augmentation des taux d’intérêt à long terme, qui infligerait un sérieux revers à la reprise et verrait le niveau de vie américain baisser considérablement. Un genre « d’austérité imposée par les forces du marché « que nous avions anticipé il y a quelques mois, par opposition à «l’austérité par choix politique» du Royaume-Uni.

l Les autorités américaines appréhendent l’impact que pourrait avoir des taux d’intérêt plus élevés sur leur reprise et la Fed remet le couvert par un supplément de QE(3). Cela reviendrait à s’enfoncer plus avant dans l’impasse économique où le pays s’égare depuis de nombreuses années. A force de dépenser plus qu’on ne gagne, le mur se rapproche et son contact sera d’autant plus douloureux.

Le premier scénario est sans doute le plus lucide, mais les considérations politiques et électorales rendent le second beaucoup plus probable. On peut aussi se laisser bercer par l’illusion que la traction d’une reprise nous tirera hors de l’ornière… ce qui relève pour une bonne part du fantasme.

Le Royaume-Uni offre une comparaison intéressante avec les Etats-Unis, notamment parce qu’il les a suivis dans la même impasse économique, mais son gouvernement de coalition a décidé d’en sortir par des mesures d’austérité. La Livre est faible mais pas plus que le dollar et l’inflation est à 4% (le double de l’objectif) et deux fois celle des Etats-Unis (pour peu que les données officielles américaines demeurent crédibles). Mervyn King reporte la hausse des taux d’intérêt à la seconde moitié de l’année, la raison donnée étant que la reprise ne pourrait la supporter. Ajoutons-y notre grain de sel (ou de sable dans cette belle mécanique), en y décelant un moyen bien pratique de gommer l’endettement gouvernemental.

On se passionne déjà pour l’épilogue de ces deux synopsis,  fondamentalement opposés sur la façon d’aborder les séquelles de la prodigalité passée et enfin, pour celui de l’UE qui tente de sauver la Grèce, l’Irlande et au Portugal, sans ménager le suspens.

Roy Damary bridport Investor Services, www.bridport.ch

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