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Immobilier : L’ambivalence de la propriété

immobilier : L’ambivalence de la propriété

Les taux d’intérêt encore très avantageux en comparaison historique conduisent, en Suisse également, à la multiplication des «bons conseils» recommandant d’acquérir son logement. Plusieurs initiatives populaires sur lesquelles les citoyens devront encore se prononcer cherchent à faciliter par la voie légale et fiscale l’accès à la propriété. Et il n’y a guère de thème qui semble receler autant de potentiel puisque 76% des Suisses rêveraient de posséder leur logement. Les appels mesurés à la prudence de la Banque nationale et, dernièrement, de l’Administration fédérale des contributions, ne sont pourtant pas le fait de rabat-joie.

 L’expérience américaine récente illustre les risques liés au subventionnement de la propriété. Elle relativise aussi la signification de la propriété comme investissement. Hernan Winkler, de l’Université de Californie à Los Angeles, estime que la proportion artificiellement élevée de propriétaires aux Etats-Unis pourrait actuellement contribuer jusqu’à 2% du taux de chômage. La perte de mobilité est non seulement induite par des coûts de transaction plus importants, mais aussi par la réticence de vendre à perte si nécessaire.

En temps normal, la propriété de son propre logement est tout au plus un moyen de préserver de la valeur, à la manière d’un compte d’épargne immunisé de l’inflation. Il est faux d’y voir une forme d’enrichissement.

Le pourcentage de propriétaires aux USA :

   Et dans différents pays :

SOURCE ET REMERCIEMENTS : AUX INFOS DU NAIN

La recherche montre qu’ajustées pour l’inflation, les valeurs immobilières aux Etats-Unis n’ont pas progressé depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Ce n’est qu’avec le passage de diverses réglementations incitatives, stimulées par la politique monétaire expansive de la Réserve fédérale, que les prix ont rapidement pris l’ascenseur. Avant que la bulle n’éclate et que ce soit le nombre de saisies qui explose.

Bien sûr, les distorsions publiques sur le marché hypothécaire ne permettent pas de conclure que posséder son logement n’est pas un objectif louable. Mais comme dans d’autres domaines, l’immixtion politique dans les choix de financement a un coût. La Suisse a peut-être l’une des plus fortes proportions de locataires dans le monde avancé. Mais ce paramètre a priori peu rutilant se reflète peut-être aussi en partie dans un taux de chômage deux fois et demi inférieur à la moyenne de l’OCDE.

Pierre Bessard/agefi mai11

1 réponse »

  1. Excellent article. C’est impressionnant de savoir que malgré tout ce que l’on a pu faire comme pub sur l’immobilier que celui-ci n’a pas évolué aux USA depuis la seconde guerre mondiale.

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