Cycle Economique et Financier

Out of control : L’inflation pourrait atteindre 5% en Grande-Bretagne cette année

Out of control :  L’inflation pourrait atteindre 5% en Grande-Bretagne cette année

 

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EN LIEN :Rapport Trimestriel BOE

 La banque centrale devrait relever ses taux fin 2011. Le renchérissement inquiète moins que dans les pays émergents

L’inflation a une «bonne chance» d’atteindre 5% dans le courant de l’année 2011 en Grande-Bretagne, selon la Banque d’Angleterre. Un niveau qualifié d’«inconfortablement élevé» par le gouverneur de l’institution Mervyn King. Dans son rapport trimestriel publié mercredi, la banque centrale prévoit que la hausse des prix reviendra dans sa cible de 2% en 2013 seulement.

L’institution, qui avait gardé ses taux d’intérêt inchangés la semaine dernière, à 0,5%, a également révélé des perspectives de croissance «plus faibles» pour le premier semestre que ce qu’elle avait prévu en février. Mais elle s’attend ensuite à une reprise plus rapide dans la deuxième partie de l’année. L’inflation élevée en Grande-Bretagne – elle a atteint 4% en mars – s’explique par plusieurs facteurs. «Comme tous les autres pays, elle est gonflée par la hausse des matières premières, avance Adrien Pichoud, économiste à la banque Syz & Co. A cela s’ajoute la faiblesse de la livre, contrairement à la zone euro où l’appréciation de la monnaie unique permet d’amortir la hausse des prix des biens importés et en particulier du pétrole.» Troisième facteur, l’augmentation de la TVA, entrée en vigueur en janvier, tend à renforcer la hausse des prix.

Alors que la Banque centrale européenne a relevé ses taux d’intérêt en avril et pourrait procéder à un nouveau tour de vis en juillet, les experts anticipent une première hausse des taux d’intérêt d’ici à la fin de l’année du côté de Londres. «C’est la quadrature du cercle pour la Banque d’Angleterre: le taux d’inflation dépasse son objectif, mais elle doit tenir compte du fait que l’économie est encore en convalescence et que de nombreux prêts hypothécaires sont proposés à taux variables», explique Hélie d’Hautefort, directeur général d’Overlay Asset Management, filiale de BNP Paribas Investment Partners. La livre a grimpé de 0,5% à 1,6488 dollar après la publication du rapport. Pour l’expert, la devise britannique évolue cependant peu face au billet vert depuis quelques mois. Face à l’euro, elle réagit surtout aux nouvelles concernant la dette souveraine des pays en difficulté.

La question de l’inflation ne concerne pas seulement la Grande-Bretagne. Elle est revenue au-devant de la scène d’abord dans les pays émergents, puis dans la zone euro. L’office allemand des statistiques a également confirmé hier l’inflation à 2,4% en avril, son niveau le plus élevé depuis l’automne 2008. En Chine, le renchérissement s’est maintenu au-dessus de 5% en avril, selon des chiffres publiés hier.

Malgré des chiffres qui dépassent les objectifs d’inflation de plusieurs banques centrales, c’est surtout dans les pays émergents que le phénomène est inquiétant, selon Adrien Pichoud. «Dans ces régions, la hausse des matières premières s’ajoute aux tensions inflationnistes propres à ces économies, causées par le dynamisme de la demande intérieure», souligne-t-il, rappelant que, là, les banques centrales ont plus que raison d’intervenir et ne l’ont d’ailleurs pas toujours fait assez rapidement.

Par Mathilde Farine /Le temps mai11 

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