Analyse Technique

L’Edito : Cycle boursier, cycle de crédibilité, cycle politique par Bruno Bertez

L’Edito : Cycle boursier, cycle de crédibilité, cycle politique par Bruno Bertez

 

  Le comportement des marchés boursiers nous impose le suivi de notre article précédent intitulé « du cycle boursier au cycle de crédibilité ».

 Cet article s’articulait autour de trois idées-force:

 1)      dans une perspective de court terme, tout était possible, aussi bien la poursuite de la tentative de rebond que la franche cassure à la baisse

2)      dans une optique de cycle, celui qui avait été initié par le Quantitative Easing n°2 était terminé et l’on jouait les prolongations

3)      le cycle boursier conditionnait l’attitude des régulateurs, la baisse reconstituait selon nous, en quelque sorte, leurs marges de manœuvre, les justifications et donc les possibilités de nouvelles actions stimulantes.

 

PLUS DE BERTEZ EN SUIVANT :

 

La semaine a été coûteuse. L’indice phare des actions, le S&P500, a chuté de 2,2%. C’est, si nous ne nous trompons pas, la 8ème semaine de baisse consécutive. Le pétrole a décroché.

 

 Le complexe du risque, le risque-on, a été sévèrement étrillé. Il faut noter que la détérioration a touché la dette risquée, la dette à haut rendement. On a même connu un début de dislocation en raison du poids des cessions des titres de Maiden Lane.


source DShort

Le complexe défensif, le risque-off, n’a bénéficié que modérément de l’escarpolette. Aussi bien le dollar que les emprunts à 10 ans n’ont connu qu’un modeste regain de faveur.



Source DShort

On aurait pu mieux faire compte tenu de la chute des actions et de la chute de la confiance en Europe. La discorde entre la BCE et le bloc allemand est maintenant ouverte. Les pseudo-solutions en cours sont contestées et de moins en moins crédibles.

source Der Spiegel

Le mouvement boursier a été suffisamment net et prononcé pour fournir des indications techniques négatives. Ceci explique que les vendeurs se soient enhardis. Le fait que, vendredi dernier en clôture, on casse le niveau des 1280 sur le S&P500, a évidemment joué un rôle important.  Nous avions attiré votre attention sur ce niveau que nous considérions comme clé dans notre dernier article.

La confirmation du risque de baisse accentué sera fourni si l’on enfonce la zone 1256/1249. Ensuite si l’on peut dire, ce sera l’aventure, c’est à dire la porte ouverte à tous les excès.

N’oublions pas que les marchés sont triplement fragiles. D’abord parce qu’ils sont chers, ensuite parce que l’économie réelle traverse une passe délicate, enfin, parce nous arrivons à l’échéance du Quantitative Easing n°2.

SOURCE DSHORT

source NYT

Heureusement, les régulateurs ont des atouts dans leurs manches, sinon des munitions pour intervenir. Ils maintiennent l’interprétation du ralentissement comme un soft patch, un ralentissement transitoire; ils n’ont donné aucun indice sur un futur QE3.

Cela signifie que, sous ces aspects, il suffit qu’ils changent d’avis ou de communication pour influencer les anticipations des marchés. Par exemple, un discours plus alarmiste serait perçu comme une promesse implicite d’action future.

A ce stade, la baisse ne gêne pas les régulateurs, au contraire. Elle permet de reclasser le papier, d’évacuer l’écume de la spéculation, de calmer les anticipations inflationnistes et de museler les marchés de l’anti-dollar.

Bernanke parie à ce stade sur un repli modéré suivi d’un plateau. Cela est possible: n’oublions pas que la fin de QE2 ne signifie pas la fin des largesses. Le bilan de la Fed ne va pas se contracter en raison des remplois.

 

Source Barrons/Wall Street Journal 

Le retournement de l’activité a surpris par son ampleur, comme l’illustre l’effondrement des indices de surprise économique de Citigroup(cf Graphique ci dessus), que ce soit dans les marchés émergents ou les principales économies, où ils sont retombés à des niveaux que nous n’avions plus vus depuis le 1er semestre 2009

Nous attirons votre attention sur la très rapide dégradation du moral des opérateurs. Le sentiment négatif mesuré par le dernier AAII Sentiment Survey est éloquent: les baissiers font un bond de 14,2% à 47,7, les haussiers chutent de 5,8% à 24,4, les neutres plongent de 8,5% à 27,9%. Autant dire que nous ne sommes déjà plus très loin de ce que l’on appelle les niveaux extrêmes de sentiment baissier. Habituellement, à partir de ces niveaux, on tente des reprises techniques.

This week’s AAII Sentiment Survey:

  • Bullish: 24.4%, down 5.8 percentage points
  • Neutral: 27.9%, down 8.5 percentage points
  • Bearish: 47.7%, up 14.2 percentage points

 Historical averages:

  • Bullish: 39%
  • Neutral: 31%
  • Bearish: 30%

(Chart provided by pragcap.com)

source Bespoke

 Les reprises, s’il y en a, ne devraient être que techniques à ce stade, un retour à une vraie tendance haussière serait prématurée.

En effet, il y a le cycle boursier, il y a le cycle de crédibilité des régulateurs, mais il y a aussi le cycle politique.

 source Bespoke

En termes de préparation de la réélection d’Obama, il serait prématuré d’essayer de donner dès maintenant une allure positive au marché. Ce ne serait pas soutenable. Le plus probable est un calendrier qui accepterait un creux maintenant pour une stimulation au dernier trimestre et une apparence de tendance favorable qui se développerait au cours de 2012.

BRUNO BERTEZ Le 11 Juin 2011

EDITO PRECEDENT :

L’Edito : Du cycle boursier au cycle de crédibilité par Bruno Bertez

EN COMPLEMENT : Cycle à rallonge ou rallonge de cycle ? par The Wolf

Une crise – quelle crise ?

De nombreux investisseurs ont  été surpris par le fait que la volatilité implicite n’ait pas davantage reflété cette perception d’un risque plus élevé sur les marchés. La correction des actifs risqués en février/mars s’était traduite par un vif rebond du VIX (une mesure de la volatilité implicite du S&P500) au-dessus de 30 ; mais depuis lors, les dernières corrections du marché n’ont donné lieu qu’à une seule brève incursion du VIX au-dessus de 19, à la suite du rapport sur l’emploi américain qui avait été décevant, l’indice étant depuis revenu en dessous de 18 et se trouve à Vendredi à 18.86.

D’autres mesures du risque  vont également dans le même sens  , à savoir la probabilité de défaut à cinq ans de la dette émergente(high yield), estimée à partir des CDS (moyenne arithmétique des constituants de l’indice EMBI Global Diversified). Cette mesure de risque revient sur les points bas de 2007 et laisse penser qu’il n’y a pas d’inquiétude généralisée quant aux perspectives macro-économiques. Les indicateurs avancés, tels que la courbe des taux des marchés développés, les marchés actions eux-mêmes ou les indicateurs de l’OCDE ne suggèrent pas non plus que la fin du cycle est proche. Il faut aller chercher vraiment ailleurs pour trouver trace de quelques perturbations que ce soit en termes d’indicateurs…par exemple la baisse des indices des directeurs d’achat dans le monde, notamment aux États-Unis, au Royaume-Uni et en Turquie, où ces indices ont fortement chuté ces 3 derniers mois, contrairement à l’Afrique du Sud, qui a été le seul pays à connaître une amélioration sur la période. Cependant, les indices des directeurs d’achat se situent encore au-dessus de 50, un niveau qui suggère une poursuite de l’expansion en dépit d’une évolution préoccupante.

Enfin et pour une vision plus globale si le suivi de l’ECRI indique bien un retournement de situation  celui ci  semble toujours s’inscrire dans un ralentissement de milieu de cycle.

Nouveaux  enjeux pour la construction de portefeuille – Nous observons une hausse de la volatilité des corrélations depuis une vingtaine de jours, ce qui limite la diversification recherchée d’un portefeuille d’actifs augmentant ainsi le profil de risque anticipé. Bien qu’il s’agisse d’une observation de court terme, elle nous conforté dans notre vision de moyen-long terme selon laquelle les corrélations entre classes d’actifs auront tendance à augmenter, suggérant que tout portefeuille est susceptible d’être plus risqué au cours des 5 prochaines années qu’il ne l’a été durant les 20 dernières. Cette évolution milite pour davantage de diversification au niveau des décisions d’investissement et de flexibilité dans l’allocation d’actifs et la construction de portefeuille.

 EN BANDE SON :

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