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John Mauldin et la nouvelle décennie perdue

John Mauldin et la nouvelle décennie perdue 

 «La France est en route pour devenir la prochaine Grèce», «Le Japon est un moustique écrasé sur le pare-brise»  «Les États-Unis ont le choix entre des choix difficiles et des mauvais choix; la Grèce n’a pas de bon choix à faire».

 De passage hier à Genève, le commentateur américain prévoit que l’inévitable deleveraging des dix prochaines années entraînera une croissance anémique. Que l’euro implosera, car les solutions proposées à la Grèce (et demain à la France) sont «mathématiquement irréalisables». Mais la véritable menace qui pèse sur l’économie reste «qu’une Lexus coûtera moins cher qu’une Kia d’ici dix ans», prévient l’auteur de newsletters à succès.

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Source: Nomura

PLUS DE MAULDIN EN SUIVANT :

 Des cahots sur la route vers un avenir radieux

Moins de gouvernement et moins de dette pour une décennie perdue (seulement). L’avenir selon John Mauldin.

L’avenir est un mélange de formules-chocs et de voies sans issue, selon John Mauldin, le commentateur texan habitué des plateaux de TV, de passage hier à Genève à l’invitation de Notz & Stucki. Parmi les formules-chocs, «La France est en route pour devenir la prochaine Grèce», «Le Japon est un moustique écrasé sur le pare-brise» ou «Les États-Unis ont le choix entre des choix difficiles et des mauvais choix; la Grèce n’a pas de bon choix à faire».

Pour ce qui est des voies sans issue, «les plans d’économies proposés à la Grèce ne sont qu’un aller simple vers une dépression de plusieurs années», «un redressement de l’Irlande est mathématiquement impossible à réussir». Seule solution: réduire l’endettement public, ce qui se produira outre-Atlantique dès 2013. C’est la «fin du supercycle de la dette», affirme l’auteur d’une newsletter «à un million de lecteurs». Or, historiquement, un deleveraging provoque un ralentissement de la croissance.

Tout cela à cause d’un phénomène: l’endettement public, qui a atteint des niveaux trop élevés – 369,7% du PIB US fin 2009 – et qui n’est même plus rentable: un dollar d’endettement public générait 4 à 5 dollars de croissance du PIB dans les années 1950; contre 40 cents aujourd’hui.

Historiquement, les dettes excessives par rapport au revenu s’étant toujours soldées par un défaut – à part l’Empire britannique à son apogée –, il ne faut pas s’attendre à une autre issue cette fois. L’euro va probablement imploser – «tant mieux» et à plus long terme, un recul des dépenses publiques provoquera un ralentissement de la croissance.

 Mais la véritable menace, selon Mauldin, vient du Japon. «Quand sa population vieillissante arrivera à la retraite, elle dépensera son épargne et personne ne voudra plus prêter de l’argent au Japon. Lequel n’aura plus qu’une solution: faire marcher la planche à billets». Les Japonais seront tellement forts dans l’émission de monnaie qu’«une Lexus deviendra moins chère qu’une Kia d’ici la fin de la décennie», prévient l’auteur de «Endgame».

Mais cette décennie perdue laissera la place «à des temps excitants, marqués par d’éblouissantes avancées dans le domaine des biotechs». Les années 2020 seront celles des «systèmes vasculaires recréés à partir de cellules souches» et d’ici là, une bulle considérable se formera sur les valeurs biotechs. John Mauldin concède qu’il est déjà acheteur, pour se trouver «à la bonne extrémité d’une bulle, pour une fois».

Sébastien Ruche/agefi juin11

EN COMPLEMENT :Une récession pas comme les autres

Publié le 7/06/2011 Par David Descôteaux, de Montréal, Québec/Contrepoint

 À lire les mauvaises nouvelles qui s’accumulent, en provenance des États-Unis et d’Europe, avez-vous l’impression que nous sommes en reprise économique? Ou que le ciel s’apprête à nous tomber sur la tête ? 

Le prix des maisons chute à des bas historiques, les chômeurs se multiplient, des gouvernements se retrouvent au bord de la faillite… 

Et après ça, on nous répète que la récession est finie. Que la reprise est « enclenchée ». 

Vous avez le choix. Soit vous prenez la pilule bleue, et vous vous réveillez demain avec l’assurance que nous vivons une récession comme les autres. Encore un peu de dépenses des gouvernements, de « stimulus », et tout va rentrer dans l’ordre. Les citoyens vont recommencer à consommer et à s’endetter, et la roue va continuer de tourner. 

Ou vous prenez la pilule rouge. Et je vous parle du livre Endgame de l’auteur et financier John Mauldin. Mais je vous avertis : la réalité qu’il décrit – et il est loin d’être seul à en parler – n’est pas jojo.

 

La facture arrive

Nous ne vivons pas une récession comme les autres. Mauldin et son coauteur Jonathan Tepper affirment que les pays développés se trouvent au bout d’un « supercycle de dette ». Depuis 60 ans — et particulièrement ces 20 dernières années — un nombre important de consommateurs, de banques et de gouvernements partout dans le monde développé, se sont endettés comme si demain n’existait pas.

 Les chiffres parlent d’eux-mêmes. La dette des pays du G7 a triplé depuis 1974. Au sommet de la crise, un ménage américain trainait une dette équivalente à près d’une fois et demi son revenu annuel. Près du double d’il y a 25 ans! Nous avons suivi la même tendance au Canada, où les citoyens battent des records d’endettement personnel.

 Aujourd’hui, la facture arrive. Ou plutôt, elle est arrivée aux alentours de 2008.

Qui va sauver les gouvernements ?

Les gouvernements tentent d’éviter ce ralentissement économique en creusant d’énormes déficits et en s’endettant. Mais ça ne règle pas le problème. Les dettes ne disparaissent pas, elles ne font que changer de mains. Depuis trois ans, l’endettement des ménages américains a diminué quelque peu, mais il en reste beaucoup à faire. D’autres dettes – notamment celles de plusieurs banques dans le monde – ont été cachées, ou transférées sur le dos des gouvernements et des contribuables. Or ces gouvernements atteignent aussi leur limite d’endettement. Ils devront à leur tour se serrer la ceinture et réduire leurs dépenses. Ce qui se passe en Grèce nous offre un aperçu. D’autres pays suivront le même chemin.

 Vous croyez que le Canada, avec son « plus meilleur système bancaire du monde », est à l’abri ? Avec l’endettement record des citoyens et la bulle immobilière qui ne cesse de gonfler ? J’ai plutôt l’impression que nous sommes en retard de quelques années sur le scénario que vivent bien des pays en ce moment.

 Nous tous – consommateurs, banques, gouvernements – avons agi comme des adolescents depuis des années, écrit Mauldin. Devant des choix difficiles, nous avons constamment choisi celui qui allait nous procurer du plaisir instantané, et qui reporterait la douleur à plus tard.

 Mais on ne peut étirer l’élastique indéfiniment.

 Nous passerons à travers cette crise. Comme à travers toutes les autres. Mais la route va être tortueuse. La croissance économique risque d’être plus faible, les récessions plus fréquentes, et inévitables.

 C’est ce qui arrive quand on reporte constamment à plus tard les décisions difficiles.

SOURCE ET REMERCIEMENTS : CONTREPOINTS

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