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La réflexion du Jour : Cécité européenne Par Frédéric Lelièvre

La réflexion du Jour : Cécité européenne Par Frédéric Lelièvre (Le Temps)

 

L’avertissement de Standard & Poor’s appelle un chat un chat. Hélas, les Européens ne veulent cependant pas tirer les leçons du défaut auquel la Grèce fait, en réalité, face…

Pauvres Grecs. Bien sûr, ils ont triché avec leurs statistiques. Bien sûr, il leur manque un Etat de droit, capable de lever des impôts. Bien sûr, leur économie a besoin d’être réformée.

Il n’en demeure pas moins que leur agonie est prolongée par l’incapacité de l’Union européenne (UE) de monter un véritable plan de sauvetage, capable de leur offrir une autre perspective que 30 ans d’austérité. L’avertissement lundi de Standard & Poor’s appelle un chat un chat: le sauvetage revient à un défaut, qui n’offre guère de perspective d’avenir. Plutôt que de l’admettre, les Européens évoquent un délai avant de boucler un autre plan de secours… d’ici à l’automne!

Cet aveuglement comme cet espoir que l’Europe avance toujours par des crises, risquent au final de se retourner contre elle. Car quel Européen souhaiterait être un jour traité comme les Grecs?

EN SUIVANT ET EN RAPPEL ;  S & P considère le sauvetage de la Grèce comme un défaut

L’agence de notation  S & P a décortiqué la contribution «volontaire» des banques

Les efforts des Européens pour tirer Athènes de sa dette record conduisent, en l’état, à un défaut partiel. Dans une note publiée lundi, Standard & Poor’s (S & P) décortique le schéma proposé il y a une semaine par les créanciers privés français pour alléger le fardeau de la dette grecque. L’agence de notation estime qu’il revient, selon ses critères, à un «défaut sélectif». Car le pays a «effectivement restructuré une partie, mais non la totalité, de sa dette obligataire».

Le plan, proposé par la Fédération bancaire française et qui a été bien accueilli en Europe, comporte deux options.

 La première offre de réinvestir 70% des sommes remboursées par la Grèce au titre des obligations arrivant à échéance; les 30% restants seraient remboursés. Athènes utiliserait la moitié du montant original pour se refinancer; le solde irait en garantie dans un fonds spécial.

 La seconde option engage les créanciers privés à réinvestir 90% des montants remboursés par l’Etat grec dans de nouvelles obligations à 5 ans.

Standard and Poor’s prévient que si l’une de ces deux options devait être retenue, l’agence de notation déciderait d’abaisser la note de la Grèce pour la placer dans la catégorie «défaut sélectif», considérant de fait que le pays a «effectivement restructuré une partie, mais non la totalité, de sa dette obligataire».

Sur les marchés, l’avertissement de S & P a été perçu comme un con­tre­coup 48 heures après le déblocage de 8,7 milliards d’euros en faveur d’Athènes par les ministres des Finances. Hier, le taux à 10 ans de la Grèce a repris sa hausse. Le porte-parole du gouvernement grec a réfuté les «hypothèses et conclusions d’agences spéculatrices».

 Le président de la BCE Jean-Claude Trichet a indiqué à plusieurs reprises qu’un défaut obligerait l’institution à ne plus accepter d’obligations de l’Etat grec comme contrepartie pour ses opérations de refinancement. Compte tenu de l’extrême dépendance actuelle des banques grecques à ce mode de financement, elles pourraient, dans cette hypothèse, se retrouver à cours de liquidité en l’espace de quelques heures

Même si S & P maintient son appréciation, cela n’aura pas forcément de conséquence sur les dérivés de crédit qui assurent la dette grecque. Seul un comité ad hoc, constitué notamment de banquiers, détermine quand ces assurances pourront être activées. Leur utilisation fait redouter une contagion de la crise grecque jusqu’aux Etats-Unis, où se trouvent les émetteurs de ces assurances.

Dans les notes de méthodologie publiées ces dernières semaines, ces deux agences avaient laissé entendre que leur définition d’une participation volontaire des créanciers privés était extrêmement étroite. Pour Fitch et Moody’s, le seul fait que l’opération soit montée pour éviter la faillite de la Grèce pourrait justifier, à lui seul, le qualificatif de défaut.

source agence juil11

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