Art de la guerre monétaire et économique

Comment le secteur privé est peu “succeptible” d’apporter 50 milliards d’euros d’aide à la Grèce

Comment le secteur privé est peu “succeptible” d’apporter 50 milliards d’euros d’aide à la Grèce

Swiss Re, Zurich Financial et Credit Suisse soutiennent le plan européen. L’accord négocié jeudi prévoit une décote de 21% des emprunts grecs

Au lendemain de l’annonce d’un second plan d’aide à la Grèce – après celui de 110 milliards d’euros consenti en 2010 –, on commence à en savoir un peu plus quant à la participation du secteur privé. Swiss Re, Zurich Financial Services (qui se dit exposé à hauteur de 27 millions de dollars à la dette grecque à fin mars) et Credit Suisse font partie des trente institutions financières qui soutiennent la proposition européenne, selon un rapport publié jeudi soir par l’Institut de la finance internationale (IIF).

C’est la première fois qu’il est décidé de mettre à contribution le secteur privé depuis l’éclatement de la crise de la dette en Europe. En plus des 109 milliards d’euros d’aide publique annoncés jeudi soir, les vingt-sept chefs d’Etat de la zone euro ont estimé que «la contribution du secteur privé pourrait s’élever à 49,6 milliards d’euros d’ici à 2014 et 106 milliards d’ici à 2019». Une participation qui devra se faire sur une base volontaire. Mais pour Nicolas Véron, économiste de l’Institut Bruegel à Bruxelles, «les grandes banques ne pourront pas dire non tant les demandes des gouvernements seront insistantes».

L’IIF, de son côté, table sur une collaboration de 90% des établissements détenteurs de la dette grecque et d’une décote totale de 21%. Si l’on s’en tient au rapport publié par l’autorité bancaire européenne (EBA) la semaine passée, cela représenterait une somme de 20,6 milliards d’euros.

EN LIENS :

UE – L’Exposition des banques d’Europe à la dette privée des pays périphériques européens donne le vertige

Votre dette grecque, votre problème…

« Une faillite d’Etat est finalement assez banale » par Kenneth Rogoff

PLUS/MOINS DE PARTICIPATIONS EN SUIVANTS :

 Selon l’IIF, les créanciers auront trois options.

La première est de rééchelonner la dette, soit en l’échangeant contre des emprunts à maturité plus longue (15 ou 30 ans), soit en reconduisant des obligations qui arrivent à maturité. Cet échange devrait permettre à la Grèce de s’assurer un refinancement de sa dette de 37 milliards d’euros d’ici à mi-2014.

La deuxième solution est de revendre leur dette directement à la Grèce – financée en l’occurrence par le fonds de soutien européen. Cette possibilité devrait alléger la dette grecque de 12,6 milliards d’euros supplémentaires et représenter un moindre mal pour les créanciers puisqu’ils pourront se débarrasser de leurs emprunts grecs à un prix plus élevé que celui des marchés (une prime de 20% est évoquée par certains).

Enfin, tous les créanciers ne vont pas contribuer pour autant. Ils peuvent toujours choisir de ne rien faire et garder leurs dettes grecques. Et si la situation devait s’améliorer pour la Grèce, ces obligations d’Etat pourraient reprendre de la valeur d’ici à leur échéance, tout en continuant à servir des taux d’intérêt très attrayants. A la clôture de la bourse, vendredi, le taux des obligations grecques à 15 ans avoisinait encore 13% – contre 14% la veille – alors que les nouvelles émissions faisant partie du plan de sauvetage devraient rapporter entre 4% et 6,8%. «Là est tout le paradoxe, explique Nicolas Véron, plus il y aura de banques qui participeront de manière volontaire, plus les passagers clandestins feront de bonnes affaires.»

UBS n’a pas souhaité s’exprimer sur son choix rappelant que son exposition à la dette grecque est «immatérielle».

 Par Sébastien Dubas/le temps juil11

EN COMPLEMENT : Sauvetage européen : la perfusion ne résout rien, mais coutera cher. par Georges Ugeux

Pour utiliser des comparaisons médicales, le patient a été mis sous perfusion, ce qui traite une crise massive d’hémorragie, mais n’attaque pas les causes de la maladie. Il est évident que la perfusion s’imposait, et que les décisions vont dans ce sens.   Non seulement, l’accord de Bruxelles ne résoud rien, mais il n’a jamais prétendu résoudre le problème.

 De quoi sommes-nous certains?

Les faits suivants semblent clairs :

  • L’intervention grecque totalisera  165 milliards d’euros soit pres de la moitié du total de la dette souveraine du pays (340 milliards).
  • Le chiffre annoncé (109 milliards) s’ajoute à une tranche de 45 milliards non versés sur le programme originel de 110 milliards.
  • Les moyens du Fonds Européen de Stabilité Financière (FESF) ne sont pas augmentes, mais ses débours pour la Grèce sont accrus.  Il est engage pour environ 300 milliards d’euros en ce moment.
  • La réduction de la dette grecque par l’ensemble des interventions n’atteindra pas 9% de la dette, selon le Financial Times
  • La Commission Européenne a annoncé que les interventions de sauvetage n’entreraient pas dans les calculs budgétaires et de dette publique.

 Qui paie ?

L’ensemble des pays de l’Eurozone garantit les dettes du FESF selon des quotas prédéfinis.

Le coût  pour la France de 15 milliards d’euros s’ajoute aux 20 milliards déjà pris en compte. La France assume 20% du risque du FESF et  verra sa dette publique indirecte augmenter de 35 milliards d’euros pour la Grèce.

 A cela s’ajoutent les quelque 100 milliards pour l’Irlande et le Portugal, soit un encours supplémentaire de 20 milliards. Au total, la France s’est engagée pour 55 milliards d’euros sur l’ensemble des programmes de sauvetage.

Pour l’Allemagne, la garantie représente 27% de l’encours soit 75 milliards d’euros. L’Italie et l’Espagne sont les deux plus importants garants après l’Allemagne et la France. Ils sont eux-mêmes en difficultés budgétaires.

Le coût pour les banques et les compagnies d’assurances est symbolique, et principalement sous forme de réductions d’intérêt. Il ne semble pas qu’un amortissement quelconque de leur portefeuille obligataire soit a l’ordre du jour. Seules apparaitront des conversions d’obligations volontaires p0ur 20 milliards d’euros.

Leur intervention sur plusieurs années sans information précise sur les conditions donne l’impression que l’on a assure « une contribution du secteur prive » sans pour autant la définir. Les 135 milliards sur 30 ans ne signifient absolument rien. Leur nature est  laisse dans l’ombre.

En bref, la situation bancaire n’est pas affectée

C’est donc le contribuable qui assume l’essentiel du poids du sauvetage.

 La perfusion grecque.

C’est donc en premier lieu d’une injection supplémentaire de 109 milliards d’euros qu’’il est question, mais surtout d’une injection immédiate de 16 milliards pour la Grèce.

Le mécanisme de rachat des obligations est intéressant. Le FESF va donc racheter « au taux du marché » de telles obligations. Il ne s’agit cependant pas de les garder, mais au contraire de les « revendre » à la Grèce sans bénéfice. Cela signifie donc qu’une partie des 159 milliards servira a racheter contre espèces  pour une vingtaine de milliards d’euros de dette grecque , permettant une suppression de 40 milliards d’obligations (en supposant un taux moyen de 50% pour les obligations rachetées ».

Ce mécanisme correspond donc à une forme d’amortissement par une série d’obligataires de l’ordre de 30 milliards. Pourquoi n’a-t-on pas simplement demandé aux banques via l’International Institut of Finance d’échanger des obligations contre d’autres types de dette grecque ? Pour éviter l’apparence d’un défaut de paiement ?

La Grèce est-elle en défaut de paiement ?

L’acceptation conceptuelle par les autorités européennes d’une forme de « défaut sélectif » ou de « défaut provisoire » est extraordinairement confuse. Il y a défaut, ou il n’y a pas défaut. Le simple fait d’accepter une forme, même atténuée, de défaut, menace sans aucun doute la crédibilité de l’Eurozone.

Sa dette pourrait a la fois diminuer d’une vingtaine de milliards par rachat des obligations décotées, mais la nouvelle injection de dette, a des conditions favorables, reste de la dette.

De facto, la Grèce est en défaut de paiement. Mais si cela devait devenir officiel, les conséquences seraient dramatiques.  On attend avec inquiétude le jugement des agences de notation. Ignorer celles-ci correspondrait à une politique de l’autruche. Il semble d’ores et déjà acquis qu’il y aura une « période » de défaut avant que les banques n’interviennent

La contagion  est-elle enrayée?

Il n’y a rien de substantiel dans les déclarations relatives a d’autres pays en difficultés  (entendez le Portugal et l’Irlande) ou en risque de contagion (entendez l’Espagne ou l’Italie).  Les marches l’ont immédiatement pressenti et l’amélioration des rendements était de l’ordre de 0,4%.

Le risque de contagion demeure comme une épée de Damoclès et, compte tenu des mécanismes mis en place, ne semble pas avoir été atténué. Or ce qui s’est passe dans les dernières semaines est une combinaison de mauvaises nouvelles et de détérioration des cours des obligations des deux pays, contraints de se financer a des taux élevés

 La Banque Centrale Européenne participera-t-elle au sauvetage?

Rien n’est demandé à la BCE, et ce, parce que chacun sait qu’elle n’est pas en mesure de l’accepter. Il paraît peu vraisemblable qu’elle reste totalement à l’écart. Mais son portefeuille grec ne devrait ni être vendu ni être augmente, en raison du problème du défaut.

Qu’adviendra-t-il de son portefeuille de 48 milliards d’euros d’obligations grecques ? Il a été annonce quelle continuerait a soutenir les banques grecques confrontées a une crise de liquidité sans précèdent.

En guise de conclusion provisoire.

C’est donc Il ne faut pas nier l’impact de l’effort effectué par les Gouvernements européens dans cette opération. Il n’a cependant pas assez de substance pour convaincre. Les marchées ont « bien accueilli » cet effort, lit-on dans les medias.

A y regarder de plus près, ce n’est pas un vote de confiance. La prime de risque grecque a  diminué se retrouvant au niveau d’il y a un mois : 20% au lieu de 25%. Cela reste une prime pour émetteur en faillite.

La réponse apportée par l’Europe est incroyablement compliquée. Elle constitue un effort louable, mais une contorsion qui n’inspire ni la transparence ni la confiance. Remplacer de la dette par une augmentation de dette n’a jamais résolu le surendettement. C’est cependant ce que l’Europe a présenté cette semaine.

La Grèce reste encore en salle d’urgences, et n’est pas prêt de sortir de la perfusion pour longtemps. Au moindre accès de fièvre, ce sera la contribuable européen qui sera sollicite.

« Calmer les marchées est essentiel. Mais les dirigeants  Européens leaders ont, au mieux, gagne du temps. On a besoin de beaucoup plus » écrivait ce matin le New York Times. Quant au Financial Times, il écrivait que « les banques européennes ont encore des montagnes à gravir »

SOURCE ET REMERCIEMENTS LE BLOG DE GEORGES UGEUX

http://finance.blog.lemonde.fr/2011/07/23/sauvetage-europeen-la-perfusion-ne-resoud-rien-mais-coutera-cher/#xtor=RSS-32280322

 

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