Art de la guerre monétaire et économique

L’Edito : Atlas serait-il allemand ? Par Bruno Bertez

 L’Edito : Atlas serait-il allemand ? Par Bruno Bertez

A la suite d’une guerre, Atlas a été condamné à porter la voûte céleste sur ses épaules. Toute personne qui y verrait une analogie avec la situation du géant allemand ferait preuve de mauvais esprit. Petite parenthèse à titre de distraction et clin d’œil à ceux qui dénigrent l’or : Atlas n’a été exonéré qu’une seule fois de son fardeau, c’est quand il a eu l’autorisation d’aller ramasser des pommes d’or. Tiens, tiens, l’or serait-il important ?

  A l’heure où nous écrivons, lundi matin 25 juillet 2011, l’enthousiasme qui a saisi les marchés lors de la conclusion du deuxième plan de sauvetage grec commence à retomber.

 Le fait accompli produit ses effets. Le soufflé retombe. La réaction initiale des bourses a été une réaction de soulagement. Ceci a été provoqué par le plan lui-même, par l’exagération de la communication des gouvernements et, il faut bien le dire, par la superficialité des commentaires des médias.

 Le plan lui-même méritait un coup de chapeau. Cela est vrai car les mesures qu’il envisage sont supérieures aux attentes des marchés tant en montants de capitaux annoncés qu’en extensions. Le risque de liquidité est écarté temporairement. Peut-être même pour quelques mois.

 La communication des gouvernements a été emphatique, elle va de l’exagération à la mauvaise foi, en passant par les contre-sens. On aurait vécu un moment historique, nous serions dans un tournant de l’Histoire, nous assistons à la création d’un véritable Fonds Monétaire Européen, nous avons posé les fondations de la construction d’une nouvelle Europe…

 Les titres des médias ont été autant de pousse-au-crime. Influencés par les propagandes des hommes politiques, limitant leurs travaux à la lecture des titres des dépêches d’agences, incapables de comprendre en profondeur les problèmes, les enjeux et les pseudo-solutions, les médias ont donné une image totalement fausse et incomplète de ce qui s’était passé et de ce qui avait été décidé. Ils sont passés à côté de l’essentiel. Ils ont confondu l’arbre et la forêt.

En particulier, ils n’ont pas vu ce qui n’a pas été décidé. Le fait est que le plan européen, pour être crédible et efficace, c’est-à-dire pour être un plan visant à infléchir la réalité et non à modifier les perceptions, devait :

1) s’attaquer aux trois grands problèmes, liquidité, solvabilité, croissance

 2) aux trois horizons court terme, moyen terme, long terme. Seule la liquidité et le court terme ont été traités. Le reste n’est que promesse ou parole creuse.

 Ne voulant pas la mort du pécheur, nous ne nous attarderons pas sur cet aspect des choses. Nous nous servirons cependant d’un titre de la presse anglo-saxonne du vendredi soir, à titre de fil conducteur de nos réflexions. Ce titre est le suivant, parlant du plan : « it’s a good start ». Traduction, c’est un bon début.

PLUS DE BERTEZ EN SUIVANT :

« it’s a good start ».

Nous contestons totalement ce jugement. Pourtant, c’est l’un des meilleurs et des plus mesurés émis par la presse.

 Premièrement, ce n’est pas un début, car il y a un an et même un peu plus, il y a déjà eu un premier grand plan. Si début il y a, c’était l’an dernier. 

Deuxièmement, ce n’est pas un « bon » début. C’est une nouvelle étape, mauvaise, négative, catastrophique, sur la voie de la destruction de la construction monétaire européenne.

 Les choix qui ont été faits engagent l’Europe dans une voie comparable à celle qu’ont suivie les Américains en 2008, une voie à sens unique, une voie d’où l’on ne revient pas. En tous cas pas autrement que, soit par une catastrophe hyper-inflationniste, soit par une dépression.

 

 Le fameux « it’s a good start » que nous avons repris ci-dessus est totalement justifié, mais il est justifié dans une optique cynique qui salue la reddition européenne et ses premiers pas sur la grande route de l’inflationnisme. Cette grande route de l’inflationnisme qui plait tant à la communauté spéculative mondiale.

 Les marchés ont aimé, ils ont apprécié, ils ont salué le plan européen, et pour cause: ce plan traduit la victoire des marchés sur les citoyens, la victoire de la finance sur l’économie productive.

 Barroso ne s’est même pas rendu compte de l’énormité de son aveu lorsqu’il a déclaré vendredi dernier : « pour la première fois depuis le début de la crise, nous pouvons dire que les politiques et les marchés ont marché ensemble ». Bêtise ou naïveté ? C’est peut-être un peu plus complexe.   

Nous y voyons la manifestation par l’homme politique Barroso de sa fierté d’avoir compris ce que voulaient les marchés et d’y avoir accédé. Les politiques européens sont tellement étrangers aux modes de fonctionnement des marchés que quand ils les comprennent et s’y soumettent, ils en sont fiers. Barroso a dit la vérité, il a vu juste, au moins sur un point, les gouvernements ont fait ce qu’il fallait pour plaire aux marchés. Ils se sont soumis à leurs exigences, ont plié devant leur chantage, lequel a débuté, à grande échelle, avec l’attaque et la menace de contagion à l’Italie.

« NDLR : L’un des grands concepts que l’on peut retenir du livre de George Soros, L’Alchimie de la Finance, est sa théorie de la réflexivité. Au risque de simplifier à l’extrême, le principe de la réflexivité veut que ce soit la réalité qui détermine la façon de voir les choses et la façon de voir les choses qui, à son tour, influe sur la réalité, etc. En d’autres termes, un environnement réflexif est, pour l’essentiel un cercle vicieux ou vertueux et la zone euro se trouvait enfermée dans un cercle vicieux avant l’annonce de jeudi…..Et la voilà désormais entrée dans un cercle virtueux celle qui plait au marché.. »

 Le bon vieux Issing, ancienne tête toujours pensante de la Buba et de la BCE, ne s’y est pas trompé. Voici son commentaire : « on a sauvé les investisseurs sur le dos des citoyens ».

 Nous reviendrons plus loin sur l’utilisation des termes « investisseurs » et « marchés ». Revenons à Issing. « Si la Grèce reste dans l’Union, à la faveur d’une restructuration de sa dette et grâce à l’assurance de soutien et grâce au refinancement de la BCE, ce sera la fin de l’Union Monétaire ».

Issing pense exactement comme nous : « it’s a good start », c’est un bon début, mais ce début, c’est le début de la fin.

 Nous vous avons promis un détour sur le vocabulaire. C’est à tort que l’on utilise les termes unifiant « investisseurs » et « marchés ». En réalité, ils recouvrent des réalités, non seulement différentes, mais conflictuelles.

Il y a deux sortes d’investisseurs :  ceux qui investissent de l’épargne, ce sont les vrais investisseurs, et les autres qui pratiquent ce que nous appelons le capitalisme financier, le capitalisme d’arbitrage, ceux-là n’investissent que leurs dettes, des dettes qu’ils contractent gratuitement auprès des Banques Centrales. Ce sont ces derniers que nous regroupons sous l’expression « communauté spéculative mondiale », à la faveur de l’argent gratuit des Banques Centrales et de la non-rémunération des épargnants, ils jouent, spéculent, font du trading. En particulier sur les emprunts souverains.

Cette dichotomie se retrouve au niveau des marchés. Il n’y a pas un marché, mais deux marchés.

 Le marché du capitalisme d’arbitrage a pris le pouvoir, il a phagocyté celui du capitalisme d’investissement. Il l’a évincé. Il a imposé sa loi non seulement à l’épargne et aux entreprises, mais maintenant aux gouvernements. C’est à celui-là que l’Europe a cédé.

 The Telegrah qui n’est pas un organe financier mais qui a d’excellents éditorialistes compétents a titré : « taxpayers versus investors ». Voilà qui est juste. Et encore une autre citation  rapportée par le même Telegraph. Elle vient de Hans-Werner Sinn, patron de l’institut allemand réputé IFO : « les marchés financiers réagissent très positivement aux accords d’hier. Dans la mesure où ceux-ci recouvrent un conflit entre les contribuables européens et les investisseurs, cet accord est une mauvaise nouvelle pour les citoyens ».

 Nous sommes plus sévères et plus pessimistes que les commentateurs dont nous avons parlé ci-dessus.

Les commentateurs, généralement, se placent dans une vision statique ; nous nous plaçons dans une vision dynamique, évolutive. Sous cet aspect, cet accord est beaucoup plus dangereux que ce qui apparaît, même chez les analystes les plus clairvoyants et les plus efficaces. On a vu qu’il était injuste, qu’il était immoral, mais en plus, il est dangereux par l’engrenage dans lequel il place l’Europe. L’analyse instantanée statique, l’analyse du présent est insuffisante, elle est mystifiante et elle est volontairement trompeuse. L’accord s’inscrit dans une continuité, c’est à dire dans le passé, et il s’inscrit dans l’avenir, dans le futur. Il faut donc s’interroger sur ce qui peut se passer après.

Pourquoi en sommes-nous arrivés là où nous en sommes ? Parce que dès la première crise, celle de l’an dernier, on a fait les mauvais choix. On a soutenu les banques, on a nié la réalité de leur situation, on les a refinancées, on a pris en garantie des collatéraux pourris, on a acheté des obligations junks. Voilà ce qui s’est passé et voilà ce qui fait que la semaine dernière, on n’avait plus le choix, il n’y avait plus de bonne solutionL’an dernier, on a mis le doigt dans l’engrenage. Un engrenage effrayant qui broie tout. On a tout engagé, tout corrélé. On a même créé de la transitivité là où il n’y en avait pas. On a mis tout ensemble, les difficultés des banques, leur insolvabilité, les difficultés des Etats souverains sur-endettés, le bilan de la Banque Centrale, la BCE, laquelle a mis à son actif des assets sans valeurs, croyant que ce n’était que temporaire. 

 L’engrenage dont il est question, c’est le Ponzi généralisé.

 Le bilan des banques est douteux ; les banques accumulent les dettes souveraines douteuses ; la Banque Centrale accepte de refinancer les banques et les souverains et ainsi elle rend son propre bilan douteux et perd à la fois son indépendance et ses marges de manœuvre. La solidarité dans la catastrophe du ménage à trois Banques/Souverains/BCE s’est nouée l’an dernier. Au lieu de se dénouer, cette solidarité se resserre car on a commis l’erreur d’analyse qui consiste à croire que la crise est temporaire, on a refusé de considérer que la crise était là pour longtemps, que c’était une crise de solvabilité et qu’elle allait s’aggraver.

 Le problème, c’est que la chose monétaire, la matière financière, tout cela est complexe. Non seulement complexe, mais volontairement rendue obscure pour les citoyens et leurs représentants. Cela a permis, comme nous l’avons écrit, de faire prendre les fameuses vessies pour les non moins célèbres lanternes.

 La troïka européenne constituée par les banques, les gouvernements, la Banque Centrale, se paie le luxe de jouer les pompiers alors que c’est elle qui a mis le feu. Et dans le bon vieux système du tiers payant généralisé,  ce sont les autres, les citoyens qui paient. En Europe, les Pouvoirs ont l’habitude de battre leur coulpe sur la poitrine des autres, singulièrement celle des citoyens.

 Petite digression.

 L’un des plus gros vices de nos systèmes est constitué par l’irresponsabilité de nos dirigeants. Non seulement nos systèmes ne savent pas sélectionner leurs élites, mais en plus, ils ne savent pas les sanctionner quand ils ont failli. A titre de début, à titre de « good start », nous proposons déjà que l’on punisse les mensonges. It’s a good start, n’est-ce pas ?

 Quand Christine Lagarde dit qu’il n’y aura pas de restructuration de la dette grecque, quand Noyer dit qu’il n’y aura pas de plan B, quand Trichet dit qu’il n’acceptera jamais de collatéral douteux, ils doivent être interpellés.

Quand le traité de Maastricht prévoit une clause de « no bail-out » et que l’on organise des bail-out à répétition sous de faux noms, les politiques doivent rendre des comptes.

Quand Juncker, patron de l’Eurogroupe, déclare le 5 mai 2011 « when it became serious, we have to lie ». Traduction: quand cela devient grave, nous devons mentir, Juncker doit être jugé.

Plus l’Europe s’appauvrit, plus le vocabulaire s’enrichit qui permet de masquer les choses et tordre la réalité. Ainsi on invente sans cesse de nouveaux mots, les faillites deviennent restructurations, les restructurations deviennent des défauts, les défauts deviennent temporaires et partiels. 

Le mensonge des dirigeants est une violation des règles fondamentales de nos systèmes. C’est le mensonge qui alimente le recours à la violence. Ce qui ne se règle pas par l’arbitrage de la vérité se règle par le recours à la force.

 Nous reprendrons pour terminer une autre citation de l’indispensable Issing : « les hommes politiques qui prétendent sauver l’Union Monétaire avec pareilles mesures se révèleront être les fossoyeurs de l’euro stable ».

Dans sa présentation au public, le plan européen est un plan en trompe l’œil. Il présente les résultats comme acquis. On aurait clôturé la crise de liquidité, on aurait écarté définitivement le risque de contagion, on aurait posé les bases solides d’une Europe future. Voilà ce qui est mis en avant.

Nous laisserons de côté deux attrape-nigauds démagogiques, le premier est la soi-disant participation du secteur financier au sacrifice, et le second, c’est le plaidoyer en faveur de mesures pour relancer la croissance.

Le plan est présenté comme bouclé. Les risques ont disparu. Tout est assuré. Définitivement assuré. Circulez, il n’y a plus rien à voir. On a fait face à la crise grecque, au passage on a corrigé les erreurs de tir sur l’Irlande et le Portugal et on a sécurisé l’Italie, l’Espagne et la Belgique dans la foulée. Le tout avec 440 billions d’euros. Estimation généreuse car tout n’est pas déployable.

 

Ce qui a été passé sous silence, c’est le fait que ce résultat miraculeux, nous pesons nos mots, a été obtenu sans coût correspondant. Les Européens ont en effet négligé d’augmenter la masse de manœuvre du fonds de soutien, la masse de manœuvre de l’EFSF. Ils vendent aux marchés et aux électeurs les bénéfices des décisions qu’ils ont prises, mais ils omettent de signaler que le fonds qui va couvrir les besoins qui découlent des mesures et des décisions, ce fonds reste inchangé. Inchangé alors qu’il était déjà insuffisant avant les nouvelles décisions.

 On retrouve la constante des manipulations politiques. Cette constante manipulation s’articule de la façon suivante : on met en avant les bénéfices, le positif, et on escamote, on passe sous  silence, on oublie de parler du coût que cela représente. On entretient l’illusion du free-lunch généralisé dont bien entendu le monde politique se pose comme grand dispensateur.

 

Pour isoler de la contagion comme on le prétend, l’Italie, l’Espagne, la Belgique, compte-tenu des caractéristiques de rating, le fonds, l’EFSF, doit être porté à 1,4 trillion.

Dans la négociation de la semaine dernière, dans le soi-disant accord présenté aux marchés et aux citoyens, on a reporté à plus tard la question centrale, la question fondamentale des ressources dont il fallait doter le fonds. Tout s’est passé comme si on avait établi un plan de bataille, comme si on avait acheté des canons et des fusils, mais que l’on avait reporté à plus tard la question des munitions. Une telle lacune se comprend bien sûr. Elle se comprend parce que la question du volume et du financement de l’EFSF, c’est ce qui divise.

L’accord est un accord sur ce qui rassemble à savoir le résultat et les objectifs ; le désaccord sur le chiffrage et la répartition des charges, pour tout cela qui est essentiel, on verra plus tard.

 Le lièvre, ce lièvre géant a été levé en incidente par Goldman Sachs. Mais GS n’a pas poussé beaucoup plus loin ses analyses, en tous cas pas dans ses écrits destinés au public. D’autres l’ont fait. Ils ont abouti à la conclusion que le fonds, pour être suffisant, devait, sur des bases moyennes, raisonnables, non-catastrophistes, être porté à 1,4 trillion, voire 1,7 trillion.

Un membre du Conseil des gouverneurs de la BCE a suggéré que la taille du FESF devrait être limitée à 1 500milliards d’euros, un montant qui correspondrait à 52 % de l’endettement public des payspériphériques (l’Italie y compris).

 Avec de tels montants, sera t’on au moins assuré contre toutes les catastrophes ? Non, car si l’on croit aux engagements solennels pris par les politiques européens, le fonds est un fonds à tout faire, tous azimuts. Ils ont visé très large (rappelons-le, sans munitions). Non, car il faudrait pouvoir faire face à un choc exogène qui gèlerait les marchés, un choc du type « Dubaï World » qui, vous vous souvenez, a précipité la première crise grecque. Et puis, personne ne sait combien il faudrait pour faire face à une dégradation effective du rating de la France. Regardez les spreads obligataires, ce n’est pas si improbable que cela. Personne n’imagine la réaction de l’Allemagne et de ses citoyens si le fardeau qu’elle avait à soutenir devenait colossal. Il ne faut pas l’oublier, tout le système repose sur les garanties fournies par le core, le cœur sain de l’Europe. Combien faudrait-il pour faire face à un ralentissement de la croissance mondiale ou à une recrudescence des pressions déflationnistes. Combien faudrait-il si, par malheur, les taux directeurs mondiaux, c’est à dire les taux américains, venaient à monter.

 La troïka européenne constituée des banques, des gouvernements, de la BCE, a mis le doigt ou plutôt a mis les doigts du public, vos doigts, dans un engrenage terrible. La performance passée de cette troïka ne plaide pas en faveur de ses qualités de prévisions et d’anticipations. La route de ses erreurs d’appréciations est longue.

 

Les responsables européens ont, comme le disent les Américains, joué la ferme, « bet the farm ». Ils ont bluffé. Ils oublient, ou ils ignorent, que les marchés sont comme Chrysale, ils vivent de bonne soupe et non de beaux langages. Si, à la faveur des circonstances, à la faveur du flux des nouvelles, les marchés venaient à trouver une occasion de dévoiler le bluff des responsables européens, ils le feraient. Ils le feraient car c’est leur fonction systémique objective. Une fonction que les marchés remplissent sans état d’âme, sans intentionnalité, sans morale. Les marchés sont là pour mettre en acte, les lois du système. Et les marchés sont gros, ils sont puissants. Leurs ressources sont illimitées. Ils n’ont pas de frontière. Souvenez-vous de ce qui s’est passé pour la livre britannique.

 

              Le ‘casse de la BoE’

Soros est né en 1930 à Budapest. Quand les nazis ont envahi la ville en 1944, sa famille, juive, a survécu en utilisant des faux documents. Il a ensuite suivi des études d’économie à Londres avant de partir aux Etats-Unis. Il est alors allé travailler à Wall Street pour fonder en 1973 sa propre entreprise.Aujourd’hui, en plus de ses activités philanthropiques au travers de l’Open Society Fund et du regard permanent qu’il porte sur l’économie et les marchés, George Soros reste avant tout célèbre pour avoir été « l’homme qui fit sauter la banque d’Angleterre ». 

Le 16 septembre 1992, le « Black Wednesday », Soros vendit à découvert 10 milliards de livres sterling. La pression sur la devise fut telle que la Banque d’Angleterre la sortit du Système monétaire européen. Il retira plus d’un milliard de dollars de cette opération.

Face aux marchés, face à leur puissance de feu illimitée, l’EFSF, les Trésors nationaux et les capacités contributives des citoyens seraient vite épuisés. Et il ne resterait comme dernière ligne de défense… que la BCE. Seule la BCE a un pouvoir d’intervention illimitée. Trichet et Merkel, dans les négociations, ont cru jouer aux plus fins et protéger la BCE en envoyant au casse-pipe les citoyens fantassins. Ils ont commis une erreur historique et là le mot historique est adapté. Ils ont mis la BCE en dernière ligne de défense certes, mais ils l’ont mis  face à un risque d’anéantissement total. Le dispositif décidé la semaine dernière place au bout du compte, au bout du chemin, la BCE sur la ligne de passage du rouleau compresseur de la crise de la dette.

 

Un mot sur les marchés. Nous n’avons pas de conviction, mais nous sommes légèrement haussiers.

Après la reprise de soulagement provoquée par le bail-out de la Grèce, il peut y avoir hausse du même genre sur la solution au problème du plafond de la dette américaine. Et puis, il y aura peut-être des chiffres économiques un peu meilleurs au cours de l’été après le deuxième trimestre calamiteux.

 

Enfin, le Dollar Index donne l’impression de vouloir baisser. A 74,62, il a cassé un seuil significatif la semaine dernière et il ne serait pas étonnant que le dollar se permette une petite incursion vers le bas. Vous savez que la baisse du dollar est toujours considérée comme bonne pour les bourses. Une hausse du S&P500 dans la zone des 1380 au cours de l’été n’est pas exclue. Le complexe du risk-on pourrait tenter un petit galop.

BRUNO BERTEZ Le 25 Juillet 20111 

L’EDITO PRECEDENT:

L’Edito : Les contradictions explosent Par Bruno Bertez

EN BANDE SON :

7 réponses »

  1. En 1992, nous étions des millions de citoyens à dire cette simple phrase :

    « Les pays européens ne peuvent pas avoir la même monnaie. »

    Dans le camp d’en face, les génies de l’économie et les génies de la finance disaient :

    « Les pays européens peuvent avoir la même monnaie. »

    Malheureusement pour nous, les génies de l’économie et les génies de la finance ont réussi à convaincre 51,04 % de citoyens à voter « oui » à la monnaie unique. En 1992, lors du référendum sur le traité de Maastricht, 51,04 % de citoyens français ont voté « oui » à la monnaie unique.

    Dix-neuf ans après, nous pouvons faire le bilan : une catastrophe.

    Dix-neuf ans après, nous répétons ce que nous disions à l’époque :

    « Les pays européens ne peuvent pas avoir la même monnaie. »

    Le naufrage du Titanic « ZONE EURO » va donc continuer.

    Trois dominos sont déjà tombés : Grèce, puis Irlande, puis Portugal. Mais ces trois dominos n’étaient que les biscuits apéritifs : la Grèce, l’Irlande et le Portugal n’étaient que des amuse-gueule.

    Les dominos suivants sont l’Italie et l’Espagne : nous allons maintenant passer aux hors d’oeuvre.

    Bon appétit, tout le monde.

    Et, surtout, bon courage.

  2. Mardi 26 Juillet 2011 :

    Dette des Etats : Italie et Espagne se financent au prix fort.

    L’Italie et l’Espagne étaient actifs sur les marchés ce mardi et ont subi de plein fouet la hausse des coûts de financement.

    Le Trésor italien a émis des obligations à six mois pour un montant de 7,5 milliards d’euros. Les taux d’intérêts sont en forte hausse par rapport au dernier placement : 2,269 %, contre 1,988 % à l’occasion de la précédente émission de même échéance.

    1,5 milliard d’euros de titres à deux ans ont également été levés, avec des taux qui se sont envolés à 4,038 %, contre 3,219 % lors de la précédente émission.

    Le Trésor espagnol a pour sa part levé 2,885 milliards d’euros de bons à 3 et 6 mois. Tout comme l’Italie, l’Espagne subit tout autant l’envolée des taux d’intérêts.

    Les taux sont montés à 1,899 % pour l’émission à 3 mois (contre 1,568 % lors de la dernière émission de cette échéance le 21 juin).

    Les taux sont montés à 2,519 % pour l’émission à 6 mois, contre 1,776 % le 21 juin dernier à l’occasion de la précédente émission de même échéance.

    Le répit n’aura donc été que de courte durée sur le marché de la dette des Etats. Et ce, malgré l’accord sur la Grèce entériné entre les ministres des Finances de la zone euro vendredi dernier.

    La Banque d’Italie a annoncé que « cette hausse des taux illustre les inquiétudes et les doutes des investisseurs quant aux mesures prises lors du sommet européen de Bruxelles ».

    http://www.oblis.be/fr/dette-des-etats-italie-et-espagne-se-financent-au-prix-fort-12885

  3. Mercredi 27 juillet 2011 :

    L’agence de notation Standard and Poor’s dégrade la note de la Grèce.

    L’agence de notation Standard and Poor’s a annoncé mercredi avoir abaissé de deux crans, de CCC à CC, la note de la dette de la Grèce.

    L’agence estime que la restructuration de la dette grecque proposée dans le nouveau plan d’aide au pays équivaudrait à un défaut sélectif de paiement.

    Le risque d’un futur défaut de paiement de la Grèce est susceptible de rester élevé, précise Standard and Poor’s dans un communiqué.

    La dégradation est assortie d’une perspective négative, ce qui signifie que Standard and Poor’s pourrait à nouveau abaisser la note grecque dans les mois à venir.

    http://www.boursorama.com/international/detail_actu_intern.phtml?num=df370e3789d542f5152151d087d666fe

  4. Ce qui s’est passé depuis jeudi est très clair : les investisseurs internationaux n’ont pas du tout été rassurés par le sommet européen.

    En zone euro, les dominos vont continuer à tomber : l’Italie et l’Espagne sont les prochains dominos.

    Jeudi 21 juillet 2011 : réunion des chefs d’Etat et de gouvernement européens.

    Vendredi 22 juillet 2011 : les taux des obligations de l’Italie et de l’Espagne repartent à la hausse.

    Lundi 25 juillet 2011 : les taux des obligations de l’Italie et de l’Espagne sont en hausse.

    Mardi 26 juillet 2011 : les taux des obligations de l’Italie et de l’Espagne sont en hausse.

    Mercredi 27 juillet 2011 : les taux des obligations de l’Italie et de l’Espagne sont en hausse.

    Italie : les taux obligataires s’envolent.

    Les taux obligataires italiens se sont de nouveau envolés mercredi 27 juillet lors de l’émission par le Trésor de 942 millions d’euros de titres à échéance dix ans, signe des inquiétudes persistantes des investisseurs, a annoncé la Banque d’Italie.

    Le Trésor italien, qui a presque atteint le maximum prévu fixé à 1 milliard d’euros, a placé ces obligations à dix ans indexées sur l’inflation en zone euro à un taux de 4,07 %, contre 2,51 % lors de la dernière opération similaire le 27 mai 2011.

    (Dépêche AFP)

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