Art de la guerre monétaire et économique

Le Royaume-Uni paie cher sa signature triple-A

Le Royaume-Uni paie cher sa signature triple-A 

Conserver sa signature triple-A a un coût. Si les Etats-Unis en paient le prix en termes politiques, le Royaume-Uni – menacé lui aussi il y a un an d’une dégradation de sa note par Standard & Poor’s – en fait les frais de manière plus durable sur le plan économique, car les mesures d’austérité pèsent sur la demande et sur la croissance.

Dans la lignée des trimestres précédents, le produit intérieur brut britannique est ressorti en hausse de 0,2% entre avril et juin, faisant apparaître une quasi-stagnation de l’économie au cours des neuf derniers mois. L’office national de la statistique a beau expliquer que le tsunami japonais, les congés pris à l’occasion du mariage royal et les conditions météorologiques historiquement clémentes ont eu un impact négatif de 0,5 point de pourcentage sur la croissance trimestrielle, cette dernière n’en demeure pas moins décevante. Alors que la production de richesses se situe désormais au-dessus de son pic d’avant la crise en Allemagne et aux Etats-Unis, elle reste, au Royaume-Uni, 3,9% en deçà de ce niveau, en dépit d’une dépréciation de 25% de la livre sterling et de taux d’intérêt quasiment nuls. Même la zone euro, dont les pays du sud sont en pleine récession ou connaissent une stagnation économique, affiche de meilleures performances.

Etats-Unis et Royaume-Uni font face aux mêmes défis. Ils affichent chacun un déficit budgétaire équivalent à 10% de leur PIB et subissent une explosion de leur dette publique à la suite de la crise. Tous deux avaient, auparavant, misé sur l’abondance du crédit pour alimenter leur croissance. Il leur faut donc désormais réduire à la fois la dette publique et celle des ménages. La dette privée a commencé à refluer mais il reste un long chemin à parcourir : en janvier dernier, le niveau de la dette des ménages britanniques par rapport à leurs revenus avait reculé à 155%, après avoir culminé à 171%, selon les chiffres de la Banque d’Angleterre ; il reste toutefois très supérieur aux 105% observés en moyenne dans les années 1990. Aux Etats-Unis, l’endettement des ménages est parallèlement passé de 137% à 122%.

Idéalement, l’effort des ménages devrait pouvoir être compensé par la dépense publique. Cependant, l’ampleur du problème et la détermination des gouvernements à conserver coûte que coûte leur signature triple A les contraignent à la rigueur: soit les investisseurs imposent l’austérité au travers d’une crise de la dette, soit les gouvernements la choisissent délibérément, comme ce fut le cas au Royaume-Uni. Les Etats-Unis doivent choisir à présent. Dans un cas comme dans l’autre, le prix à payer sera probablement plusieurs années de croissance poussive des deux côtés de l’Atlantique.

Richard Barley/Wall Street Journal juil11

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