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Bank Wash : Des Banques Européennes lessivées en bourse et sous haute pression mais toujours en mal de liquidités

Bank Wash : Des Banques Européennes lessivées en bourse et sous haute pression mais toujours en mal de liquidités

 
 
La BCE assure que les banques européennes ne sont pas aussi mal en point qu’après la faillite de Lehman Brothers, mais ses récentes opérations alimentent les inquiétudes sur la solidité du secteur. En cause, la peur que certaines banques n’arrivent plus à se financer – pour prêter de l’argent mais aussi payer les dépenses courantes – comme ce fut le cas juste après la chute de la banque d’affaires américaine le 15 septembre 2008.
 
source Bespoke
 
 
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 Ces craintes ont été exacerbées par un prêt de 500 millions de dollars accordé par la Banque centrale européenne (BCE) à un établissement dont le nom reste secret. Ce prêt d’une durée de sept jours et consenti à un taux de 1,1% est le premier depuis que la BCE a réactivé, en mai dernier, son offre en dollars auprès des banques européennes.

En plus des investisseurs qui se débarrassent de leurs titres financiers, la Fed de New York a lancé un nouveau pavé dans la marre ce jeudi. Selon des propos rapportés par le Wall Street Journal, cette dernière craindrait que les filiales américaines des banques européennes ne rapatrient leurs capitaux sur le Vieux Continent. Le risque serait alors qu’elles ne puissent plus respecter leurs engagements financiers aux Etats-Unis, entraînant dans la tourmente le secteur bancaire américain. 

De son côté, Jérôme Schupp responsable de la recherche chez Syz & Co relativise. «500 millions est un montant plutôt faible et la BCE a prouvé, en 2008, qu’elle pouvait gérer une situation de stress en ne laissant aucun établissement européen couler», souligne-t-il. Pour Edouard Crestin-Billet, chef stratégiste pour le groupe Mirabaud, «le risque systémique est toutefois grandissant en Europe. Car les banques détiennent des obligations d’Etats eux-mêmes confrontés à des difficultés de financement.» 

Pour les observateurs, c’est la preuve que les banques rechignent à se prêter entre elles tandis que le spread Euribor-OIS, indicateur de référence des tensions du marché interbancaire, est à son plus haut niveau depuis 2009.

. «Les banques n’ont plus confiance en leurs voisines, ce qui rend plus compliqué le refinancement à court terme», explique Jérôme Schupp. D’après lui, la situation n’est cependant pas comparable à celle qui prévalait à l’automne 2008. «Il y a trois ans, le marché interbancaire était complètement asséché», fait-il remarquer.

Les banques de la zone euro ont effectué jeudi pour 90,5 milliards d’euros de dépôts d’urgence auprès de la Banque centrale européenne, soit un record pour la semaine, selon des statistiques publiées vendredi.

Des dépôts élevés sont le signe que les banques sont réticentes à se prêter entre elles et qu’elles préfèrent confier leurs surplus de liquidités à la BCE, qui les rémunère pourtant chichement à 0,75%.

«Nous prenons ces signaux au sérieux», a déclaré l’économiste en chef de la BCE, Jürgen Stark, dans une interview au Handelsblatt publiée vendredi. La situation actuelle n’est toutefois «pas comparable à celle de l’automne 2008 après la faillite de Lehman Brothers», la banque d’investissement américaine dont le dépôt de bilan avait déclenché la crise financière mondiale, a-t-il assuré. En octobre et novembre 2008, les dépôts des banques de la zone euro auprès de la BCE dépassaient parfois allègrement les 200 milliards d’euros.

M. Stark a également assuré que le prêt exceptionnel de 50 milliards d’euros sur 6 mois consenti le 4 août par la BCE aux banques de la zone euro pour détendre la situation ne serait pas renouvelé dans l’immédiat.

«Les banques ont un discours ambigu en affirmant qu’il n’y a aucune raison de s’inquiéter alors qu’elles vont se refinancer auprès de la BCE et sont de moins en moins enclines à se prêter entre elles», déplorait un analyste sous couvert d’anonymat.

Le déficit de liquidités des banques européennes par rapport aux crédits qu’elles accordent est un autre facteur d’inquiétude qui plombe les valeurs bancaires européennes, et en particulier les françaises.

«Structurellement les banques européennes sont en déséquilibre, en déficit de liquidité» avertit Christophe Nijdam, analyste bancaire pour AlphaValue. Le ratio de prêts sur dépôts des banques européennes, c’est-à-dire le rapport entre l’argent qu’elles prêtent et celui qu’elles ont en dépôt, est de 130% en moyenne, contre 90% pour les consoeurs américaines et 80% chez les asiatiques, selon lui.

Et les banques françaises seraient «les plus mauvaises élèves au niveau européen» sur ce point, selon M. Nijdam.

Quoi qu’il en soit, les rumeurs ont concerné les banques suisses ce vendredi. Alors que la Fed a communiqué avoir procuré 200 millions de dollars de liquidités à la Banque nationale suisse (BNS) dans le cadre d’une ligne de swap pour les banques étrangères, UBS et Credit Suisse ont dû démentir en être les bénéficiaires. «UBS n’a pas fait usage des facilités offertes par la Fed via la BNS», précise le démenti.

source agences+le temps aout11

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