Heures moins fastes pour l’industrie de la défense américaine
Des coupes de près de 350 milliards sur dix ans dans le budget du Pentagone sont déjà prévues Le Congrès doit décider d’ici fin novembre de mesures supplémentaires .
source Financial Times
source Wall Street Journal
Les grands groupes américains de défense se sont préparés à la fin des budgets fastes du Pentagone, mais les plus petites entreprises pourraient avoir du mal à se remettre d’un tour de vis trop important.
PLUS DE COUPES BUDGETAIRES EN SUIVANT :
Depuis l’entrée des Etats-Unis dans le conflit en Afghanistan en 2001, le budget de la défense a doublé et devrait atteindre 553 milliards de dollars en 2012, auxquels s’ajoutent 118 milliards pour les opérations en Irak et Afghanistan. «Toutes les entreprises spécialisées dans la défense s’en sont très bien sorties», indique Guy Ben-Ari un spécialiste du Centre pour les études stratégiques et internationales (CSIS).
Mais les rumeurs sur une possible réduction du budget consacré à l’armée américaine ont débuté en 2008 et les grandes entreprises ont alors «commencé à s’organiser pour s’adapter», ajoute-t-il.
Northrop Grumman s’est ainsi séparé en 2010 de ses chantiers navals et Lockheed Martin a cédé en octobre 2010 son activité de services Enterprise Integration Group pour 815 millions de dollars.
Les grandes entreprises ont aussi «accumulé des réserves», «diminué leurs dépenses de recherche et développement» ou n’ont pas versé de «dividendes très importants» à leurs actionnaires, observe Guy Ben-Ari.
Certaines ont supprimé des postes, d’autres ont cherché à se diversifier, souligne l’analyste Joseph Campbell, de Barclays Capital.
Dernier exemple en date: General Dynamics a annoncé le 16 août qu’il allait acheter une entreprise de services informatiques spécialisée dans la santé pour 960 millions de dollars.
Aussi, quand les Etats-Unis sont parvenus à un accord sur la dette égratignant de près de 350 milliards de dollars sur dix ans le budget du Pentagone, qui planchait déjà sur des économies de 400 milliards de dollars sur douze ans, l’industrie de la défense ne s’est pas offusquée.
Les coupes prévues «vont mettre la pression» sur les grands groupes et les places financières «vont s’agiter sur le fait que les perspectives sont médiocres», a remarqué Joseph Campbell. Mais «ce n’est la fin de rien du tout.»
L’impact sur les petites et moyennes entreprises est beaucoup moins prévisible.
La diminution d’un tiers du budget de la défense après la fin de la Guerre froide avait conduit à une réduction de deux tiers du nombre de sociétés dans le secteur dans les années 1990, a rappelé Cindy Williams, spécialiste du budget de la défense au MIT (Massachusetts Institute of Technology).
Les petites entreprises dont l’activité principale repose sur le Pentagone pourraient se retrouver en mauvaise posture si leur contrat n’est pas renouvelé.
Le secteur ne va vraisemblablement pas enregistrer une nouvelle vague de fusions-acquisitions, selon Cindy Williams. «Au niveau des sous-traitants il est plus probable que certaines entreprises fassent faillite.»
Mais l’ampleur des coupes budgétaires est encore très incertaine.
Outre la réduction de 350 milliards de dollars prévue dans l’accord, une commission du Congrès doit décider d’ici fin novembre d’économies supplémentaires. Faute d’accord, un mécanisme automatique se mettra en oeuvre, taillant 600 milliards de dollars supplémentaires pour la défense. Et si plusieurs PME mettent la clé sous la porte, «c’est tout un pan de la capacité industrielle des Etats-Unis», critique pour le pays, qui pourrait se perdre, s’inquiète Guy Ben-Ari.
source echo aout11