Analyse d'un secteur économique particulier

Libye: les pétrolières dans les starting-blocks pour l’après-Kadhafi

Libye: les pétrolières dans les starting-blocks pour l’après-Kadhafi

Les entreprises se préparent à l’après-Kadhafi. En juin et juillet déjà, une vingtaine de sociétés françaises, parmi lesquelles Total, GDF Suez ou Veolia, ont pris le chemin de Benghazi pour évaluer les possibilités de développer leurs activités. Et le ministre italien des Affaires étrangères, Franco Frattini, a déclaré au micro de la RAI que les techniciens de Saipem, une filiale d’Eni, étaient déjà au travail depuis un certain temps pour remettre en fonction les installations.

La priorité, pour le nouveau régime, sera clairement de remettre en état de marche son industrie pétrolière, qui représentait 95% des exportations de la Libye au début de l’année. Mais la plupart des puits ayant, depuis, été mis à l’arrêt, deux années pourraient être nécessaires pour revenir à la production d’1,6 million de barils par jour qui prévalait avant février.

source Wall Street Journal

source Financial Times

PLUS DE DINTERETS PETROLIERS : 

Européens et nord-américains favoris

Les Emirats Arabes Unis ou le Qatar sont également bien placés pour tirer profit du futur régime.

Parmi les compagnies pétrolières qui étaient actives en Libye, Eni est clairement l’opérateur étranger dominant. Le Français Total et l’Espagnol Repsol sont également très bien placés. Les Etats-Unis, revenus en Libye en 2004, après près de 18 ans d’absence, sont également fortement présents via Occidental Petroleum, Hess ou Conoco Philips. On recense aussi des compagnies britanniques, russes, chinoises ou brésiliennes. Toutes sont bien entendu désireuses de reprendre le travail aussi vite que possible.

 

Mais Européens et Nord-Amériains partent favoris. “Le CNT (ndlr: Conseil national de transition, qui représente la rébellion) a indiqué à plusieurs reprises qu’il récompenserait notamment la France, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis, qui ont soutenu son combat”, note Francis Perrin, directeur de la rédaction de “Pétrole et gaz arabes”. Quant à l’Italien Eni, le poids et l’ancienneté de sa présence dans le pays devraient jouer en sa faveur, malgré les tergiversations de Berlusconi. D’autant que les considérations politiques prévaudront surtout pour les nouveaux contrats ; les anciens, eux, seront vraisemblablement honorés.

Emirats arabes et Qatar, les nouveaux amis

Les Emirats Arabes Unis et le Qatar, qui ont apporté aux rebelles un soutien militaire, diplomatique et financier, pourraient eux aussi en toucher les dividendes. “On peut imaginer que Qatar Petroleum, qui essaie de s’internationaliser, décroche certains permis d’exploration ou joue un rôle dans la commercialisation, comme il l’avait proposé quand l’opposition a essayé de relancer la production dans l’est du pays”, poursuit Francis Perrin. Le rôle des Emirats Arabes Unis pourrait, lui, concerner le transport du pétrole et les infrastructures pétrolières, via Dubai Ports World.

Chine et Russie en embuscade

“Nous n’avons pas de problèmes avec des pays occidentaux comme les Italiens, les Français ou les Britanniques, mais nous pourrions avoir des questions politiques avec la Russie, la Chine et le Brésil”, a déclaré à Reuters Abdeljalil Mayouf, directeur de l’information d’Agoco, la firme pétrolière libyenne sous contrôle des rebelles.

Mais l’urgence qu’il y aura à redémarrer toute la chaîne pétrolière du pays, qui a subi des dégâts, pourrait aider la Libye à ne pas faire la fine bouche. “Quand vous devez reconstruire tout un secteur, vous regardez la note, confirme Francis Perrin. Russes et Chinois pourraient donc avoir des atouts à jouer.”

source L’Echo aout11

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