Art de la guerre monétaire et économique

Les banques françaises ont perdu la moitié de leur valeur depuis le début de l’été

Les banques françaises ont perdu la moitié de leur valeur depuis le début de l’été

CDS : Records sur la France et ses banques

Les prix des CDS (Credit Default Swap), contrats de couverture contre le défaut de paiement, battaient des records lundi sur la France et ses principales banques, reflétant les inquiétudes des investisseurs quant à leur exposition à la crise de la dette en zone euro.

French CDS

Vers 11h00 (09h00 GMT), les «credit default swaps» (CDS) sur la France étaient à 191 points de base, ce qui signifie qu’il faut débourser 191.000 dollars par an pour assurer 10 millions de dollars de dette d’Etat française à 5 ans.

 Les CDS sur les principales banques françaises franchissaient également de nouveaux plus hauts historiques. Ils s’établissaient à 275 points de base sur BNP Paribas, 294 sur Crédit Agricole et 390 sur Société Générale. Ces trois établissements sont sous la menace d’une dégradation par l’agence de notation Moody’s Investors Service qui doit achever mi-septembre un examen de leurs notes.

Les banques européennes devront trouver des fonds propres supplémentaires si les gouvernements choisissent de leur imposer des décotes sur la valeur de leurs portefeuilles de titres de dette souveraine, estiment les analystes de Goldman Sachs. 

Dans une note a leur clientèle, ils estiment aussi que les banques dont la valorisation boursière est raisonnable seront en mesure de lever de l’argent frais, mais ajoutent qu’en Grèce, Italie, Irlande, Espagne et Portugal, les établissements bancaires pourraient rencontrer des difficultés. 

« Dans ces cas-là, le capital devra être fourni par les institutions souveraines (donnant lieu à des nationalisations partielles ou totales) ou internationales », écrivent les analystes de Goldman Sachs.  L’intermédiaire a abaissé ses objectifs de cours sur plusieurs banques européennes, dont l’italienne UniCredit  , l’espagnole Banco Santander et la grecque Agricultural Bank of Greece. 

« Selon notre scénario central dans l’hypothèse d’un choc souverain, 38 banques auraient besoin de 30 à 92 milliards d’euros de capitaux (pour satisfaire) à un niveau plancher d’un core Tier One de 5% à 7% », estiment les analystes de Goldman. 

Les banques françaises ont perdu la moitié de leur valeur depuis le début de l’été Le ministre de l’Industrie exclut toute recapitalisation. Moody’s pourrait dégrader la note des trois grands établissements

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A l’heure où les spéculations sur la faillite de la Grèce redoublent, ce sont les valeurs financières qui ont, une nouvelle fois, tiré les bourses vers le bas. En France, les titres bancaires, qui représentent 8,8% du CAC 40, ont même flirté avec leurs plus bas historiques. Lundi, l’action de la Société Générale a ainsi perdu 8,91% et clôturé à 15,57 euros alors qu’elle n’était jamais passée sous les 18 euros en vingt ans. BNP Paribas a chuté, quant à elle, de 12,35%.

 Depuis le début du mois de juillet, la plus grande banque de France a donc perdu 52% de sa valeur boursière contre 55% pour le Crédit Agricole. L’action de la «SocGen» a même reculé de 90% depuis son record de 140,54 euros atteint le 4 mai 2007. Ces chutes sont si importantes que les fonds propres de ces banques dépassent aujourd’hui largement leurs capitalisations boursières. 

Après un article fiction du Daily Mail parut le 7 août et insinuant une quasi-faillite de la Société Générale et après un prêt de 500 millions de dollars consenti par la Banque centrale européenne à un établissement resté inconnu, c’est une nouvelle rumeur qui a mis hier les banques françaises sous le feu des projecteurs. Les marchés s’attendent maintenant à une dégradation imminente de la note de BNP Paribas, du Crédit Agricole et de la Société Générale par Moody’s. Le 15 juin dernier, l’agence américaine les avait en effet placées sous surveillance et s’était donné trois mois – soit la mi-septembre – pour les réexaminer. Pour Loïc Bhend, analyste financier à la banque Bordier, «le simple fait que Moody’s n’ait pas démenti corrobore les craintes d’une dégradation. D’ailleurs, le directeur général de la Société Générale a déclaré [hier] qu’un abaissement de la note avait déjà été intégré par les marchés». Au même titre que l’agence de notation, les investisseurs reprochent aux banques françaises leur exposition à la dette des Etats périphériques en difficulté. Ces dernières seraient ainsi exposées à hauteur de 6 milliards d’euros à la dette publique grecque et, surtout, de 37 milliards à la dette publique italienne. Pour certains observateurs, le système bancaire européen ne pourrait tout simplement pas faire face à la faillite d’un pays européen.

 Hier, c’est le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, qui est monté au créneau. Selon lui, «quel que soit le scénario grec et donc quelles que soient les provisions à passer, les banques françaises ont les moyens d’y faire face». A l’instar de BNP Paribas, une semaine plus tôt, la Société Générale a elle aussi essayé de rassurer les marchés en annonçant un ensemble de mesures destinées à réduire ses coûts. La banque entend renforcer ses fonds propres de quatre milliards d’euros d’ici à 2013. Elle va notamment réduire la taille de son bilan, supprimer 2000 emplois en Russie et accélérer les cessions «d’actifs indésirables». 

Pourtant, cette annonce pourrait ne pas suffire à endiguer la spirale baissière de son cours en bourse. D’autant que depuis le début de l’été, les banques européennes peinent à se refinancer en dollars sur les marchés. «Le modèle d’affaires des banques françaises les rend plus dépendantes du marché interbancaire, explique Loïc Bhend. Car elles prêtent à long terme et se refinancent à court terme.»

 Dès lors, certains analystes évoquent désormais une possible recapitalisation des banques par l’Etat français. Eric Besson, ministre français de l’Industrie, a réagi hier en affirmant que l’éventualité d’une nationalisation partielle était «totalement prématurée et à côté du sujet».

Par Sébastien Dubas/LE TEMPS sep11

EN COMPLEMENT : BCE. L’institut d’émission européen est prêt à fournir aux banques les liquidités demandées en quantité illimitée et au taux fixe de 1,5%.

L’ensemble des dirigeants européens, y compris allemands, appellent Athènes à mettre en oeuvre «entièrement» ses réformes, a indiqué lundi Jean-Claude Trichet, alors que les marchés s’affolent sur une possible faillite de l’Etat grec.  «Tous les Européens, y compris l’exécutif allemand appellent le gouvernement grec à mettre en oeuvre entièrement ses engagements», a précisé M. Trichet en sa qualité de porte-parole du groupe des principales banques centrales, après une réunion à la Banque des règlements internationaux (BRI) à Bâle.

«Les institutions internationales, la Commission (européenne) en relation avec la Banque centrale européenne appellent le gouvernement grec de manière ferme» à tenir ses promesses de réforme, a-t-il poursuivi.

Le patron de la BCE, qui tenait sa dernière conférence de presse à la BRI, a estimé que cela était «dans l’intérêt de l’économie grecque, du peuple grec». «S’ils (le gouvernement grec) confirment très fermement tous les engagements, alors ils seront dans une meilleure situation que dans tout autre cas de figure. Mais cela dépend d’eux», a-t-il insisté.

«En raison du message très fort qui a été transmis au gouvernement grec et en raison de l’intérêt supérieur de la Grèce, nous serons en mesure d’observer quelque chose de satisfaisant» sur la situation du pays, a souligné M. Trichet, ajoutant «nous verrons le temps venu».

Des dissensions sont apparues ces derniers jours sur la situation de la Grèce, embourbée dans la crise de la dette publique.

Le ministre allemand de l’Economie Philipp Rösler a ainsi affirmé dans le journal Die Welt que «pour stabiliser l’euro, il ne doit plus y avoir à court terme d’interdiction de penser à certaines options. Parmi elles, il y a en cas d’urgence l’insolvabilité ordonnée de la Grèce».

Le ministère allemand des Finances Wolfgang Schäuble se préparerait aussi à ce scénario, selon l’hedomadaire Der Spiegel, qui affirme qu’il a élaboré deux scénarios: dans un premier cas, la Grèce garde l’euro, dans le second elle réintroduit son ancienne monnaie, la drachme.

Face aux tensions que provoque cette situation, M. Trichet a souligné que l’institut d’émission européen était prêt «à fournir aux banques les liquidités demandées» en «quantité illimitée» et à «taux fixe».  Au principal taux directeur de la BCE de «1,5%, nous allons fournir toutes les liquidités demandées par les banques», a insisté le Français, soulignant que l’institut d’émission avait «les armes nécessaires pour fournir les liquidités».

source agences sep11

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