Carmignac Gestion

Pour Eric Le Coz (Carmignac Gestion), la résolution de la crise passe par une appréciation du yuan

Pour Eric Le Coz (Carmignac Gestion), la résolution de la crise passe par une appréciation du yuan

 Chez Carmignac Gestion, l’atmosphère est plutôt détendue. La firme de gestion a pourtant encaissé des retraits de 4 milliards d’euros depuis le début de l’année. Mais l’hémorragie a cessé. Et ce, depuis l’été. « Nous avons collecté 30 milliards d’euros ces deux dernières années. Aussi, nous n’avons pas paniqué devant ces retraits. Et aujourd’hui, nous ne connaissons plus de décollecte », assure Eric Le Coz, directeur général. « La collecte reprend un peu. Mais l’aversion au risque reste importante car les investisseurs ne se préoccupent plus de leurs placements. Ils s’inquiètent surtout de savoir si leur banque sera toujours là demain ». 

Le désendettement de nos économies tourne à plein régime.

À l’origine de ces retraits, la performance de Patrimoine, le plus grand fonds de la firme de gestion. Depuis l’été, elle est redevenue positive, mais elle avait évolué à contre-courant des marchés depuis le début de l’année. Eric Lecoz explique que la société s’est montrée trop prudente et trop tôt. « Mais lorsque la crise de la dette s’est emballée en Europe et que l’économie américaine a montré des signes de ralentissement, nous étions préparés. Il nous a suffi de diminuer notre exposition en actions et d’allonger la duration des obligations ».

Méfiance sur l’euro

Le gestionnaire indique que la performance du fonds depuis cet été tient à son exposition limitée aux actions européennes et, de manière générale, aux actifs libellés en euros. « La baisse de l’euro a contribué à notre performance. Mais on l’anticipait. Nous avons cette conviction tant qu’une solution durable ne sera pas trouvée à la crise de la dette », souligne-t-il. « On peut espérer une résolution rapide de cette crise. Mais il ne faut pas que cela occulte ce qui se dessine: on a devant nous une récession en Europe et aux Etats-Unis beaucoup plus probable qu’il y a trois ans. On se dirige vers une période de croissance insuffisante, où les entreprises embauchent moins et où les ménages se replient sur eux-mêmes. Le désendettement de nos économies tourne à plein régime ». Tout ceci engendre des pressions déflationnistes dans la zone euro, selon lui.

Et il estime la réponse politique à la crise de la zone euro insuffisante. « Chaque fois qu’on connaît un pic de crise, on colmate la brèche du bateau, mais on ne sort jamais celui-ci de l’eau pour le réparer. Le parlement allemand doit voter les changements pour le fonds de stabilité mais c’est déjà dépassé. Le FMI doit apporter sa deuxième tranche de soutien… C’est aussi dépassé. Le politique ne marche pas à la vitesse des marchés financiers », constate-t-il.

La Chine peut aider l’euro… en appréciant le yuan

Et la solution ne viendra pas du rachat des dettes européennes par les pays émergents, Chine en tête, selon lui. « Ce n’est pas très intelligent. Le meilleur moyen d’aider l’Europe, c’est de laisser s’apprécier le yuan. Nos débouchés sont nos exportations vers ces pays, pour être plus compétitifs, il faut que le yuan se réévalue ». Le gestionnaire plaide aussi pour une politique monétaire européenne qui favorise une dévalorisation de l’euro.

26 – 29 septembre 2011 par Interview Jennifer Nille, à Paris/L’Echo

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