Art de la guerre monétaire et économique

Les fonds monétaires US ont réduit leurs prêts en Dollars aux établissements bancaires français d’un tiers depuis mai.

 Les fonds monétaires US ont réduit leurs prêts en Dollars aux établissements bancaires français d’un tiers depuis mai.

Privées de financements en dollars, les banques françaises sont contraintes de réduire la voilure en abandonnant des activités de crédit sur lesquelles elles étaient en pointe, un retrait forcé dont seront tentées de profiter les banques américaines, laminées par la crise de 2008.

 

Depuis quelques mois, les banques françaises ont du mal à se financer en dollars. Les chiffres l’attestent: les fonds monétaires américains, grands pourvoyeurs de billets verts, ont réduit leurs prêts aux établissements français d’un tiers depuis mai.

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L’attitude de la Réserve fédérale (Fed), qui a tardé à alimenter les banques européennes en dollars, et le pilonnage des actions des établissements français, dont l’exposition à la dette grecque reste limitée, nourrit le soupçon d’une stratégie américaine délibérée consistant à profiter de la crise de la dette dans la zone euro pour ravir des parts de marché à l’Europe.

Certes, toutes les banques de la zone euro subissent la défiance des investisseurs américains. Mais les françaises ont plus à perdre car elles occupent des positions historiquement fortes sur les marchés internationaux, où les transactions se font en dollars.

C’est le cas par exemple des crédits à l’export: crédit pour l’achat d’avions, d’entreprises à l’étranger, de matières premières, etc.

Dernier en date, le Crédit Agricole a annoncé mercredi son intention de réduire de 50 milliards son endettement d’ici décembre 2012. BNP Paribas et Société Générale ont pris des engagements similaires, qui impliquent l’arrêt pur et simple de certaines activités ou des cessions d’actifs.

«L’accès au financement long terme est contraint et le financement court terme a diminué, en particulier en dollars», a constaté sobrement la banque mutualiste.

Problème: si les banques françaises ne peuvent plus prêter autant en dollars, leurs clients iront se servir à un autre guichet.

Le PDG d’Airbus Thomas Enders s’est inquiété récemment que les compagnies aériennes ne puissent plus financer leurs achats d’avions auprès des banques européennes. Mais «de grandes banques américaines et chinoises restent très actives», a-t-il relativisé.

Pour l’ancien directeur général du Crédit Agricole, Georges Pauget, la crise de liquidité qui affecte les banques françaises est l’occasion rêvée pour les banques américaines, laminées par la crise de 2008, de reprendre «la place qui a été la leur».

«C’est très clairement la victoire de la vision américaine», a-t-il ajouté à propos des mesures décidées par le Crédit Agricole ou la Société Générale, sous la pression des marchés, pour réduire la taille de leur bilan.

Pour Thomas Alonso, analyste de Macquarie Research, «si un ou plusieurs acteurs importants se désengagent, cela ouvre des possibilités pour des groupes comme JPMorgan ou Citigroup, surtout en financement export et en crédit-bail».

Ce d’autant plus que, selon lui, ces banques «ont déjà fait le nécessaire» pour se conformer au nouveau cadre réglementaire dit Bâle III en 2013, perspective qui a, pour partie, déclenché la cure d’amaigrissement des banques françaises.

«Elles ne se priveraient donc pas de saisir une opportunité», prévient-il.

Pour le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, si les banques françaises devaient se retirer des marchés de financement en dollars, «nous irions vers moins d’internationalisation, un retour à une régionalisation partielle des activités de banque de gros». «Ce serait bien regrettable», ajoute-t-il.

Source agence oct11

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