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Prêteur de dernier recours pour éviter la faillite de l’Euroland par Serge Laedermann

Prêteur de dernier recours pour éviter la faillite de l’Euroland par Serge Laedermann

BCE. L’établissement imprime la monnaie et représente à cet égard le seul débiteur digne de confiance pour les marchés déstabilisés.

La Banque Centrale Européenne (BCE) n’a pas le droit de prêter aux gouvernements en difficulté. En créant l’institution, les politiciens n’ont pas pensé à ce scénario catastrophe qui consiste à avoir un prêteur de dernier recours.

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 Comme martelé ici dans ces mêmes colonnes depuis des mois, il s’agit pourtant de la seule solution pour sauver l’Euro et éviter que l’Italie et l’Espagne ne se retrouvent prochainement en défaut de paiement. Quant à la Grèce, il ne faut pas tourner autour du pot de Retsina, elle l’est déjà.

La recapitalisation des banques européennes, à une large échelle, ne vise qu’à amortir les dettes d’autres états souverains en difficulté dont la valeur devra être revue à la baisse. Pour l’instant ce sont des dizaines de milliards qui partent en fumée, mais ce ne sont que des hors d’œuvres à côté de ce qui nous attend dans le cas d’une restructuration de la dette élargie à plusieurs états.

La BCE imprime la monnaie et sa garantie est la seule véritable en temps de grande crise puisque le risque de défaut est de facto impossible. Certes, elle peut être contrainte à faire fonctionner la planche à billets, mais c’est un moindre mal. Aujourd’hui plus personne ne veut investir dans la dette souveraine, qu’elle soit AAA comme la France qui a acheté son rating dans un paquet Bonux, ou plus spéculative comme celle de la péninsule ibérique. Pourquoi? Simplement parce que ces états ne rembourseront jamais et que le bas peuple comme le plus haut commence à s’en rendre compte. Il reste trois mois à l’axe franco-allemand pour élargir le cahier des charges de la BCE et en faire le prêteur de dernier ressort sous peine de voir l’Euroland se morceler et partir en faillite. Il va sans dire que nous plongerions en récession, voire en dépression, et qu’une génération au moins sera nécessaire pour s’en relever.

Pourquoi le dollar et la livre sterling sont-il si faibles face à l’euro? Simplement parce que la Réserve Fédérale américaine et la Banque d’Angleterre usent tant et plus de cette «facilité» sous des formes comptables diverses et de plus en plus élaborées, de manière à cacher la crotte sous le tapis. Mais le constat est là, ces deux devises majeures se dévaluent continuellement.

D’après mon bookmaker favori Sarkozy a déjà perdu l’élection présidentielle, mais on ne peut que saluer ses efforts pour sauver le système en faisant des pieds et des mains pour convaincre Angela d’agir au plus vite. La Chancelière sait qu’elle sera également écartée du pouvoir, mais différer les décisions en attendant le prochain gouvernement peut s’avérer suicidaire. Fin de règne également à la BCE, puisque le Sieur Trichet passe (enfin) la main. Celui qui restera comme le fossoyeur de la croissance européenne, en ayant fait remonter les taux d’intérêts à chaque début de crise, aura au moins progressé. Son anglais s’est en effet étoffé, même si du côté prononciation ça reste du gros rouge frenchy. Cet élargissement des compétences de la BCE, il en aura parlé, il ne se sera jamais battu pour l’obtenir. Il est le premier coupable de l’outil à moitié obsolète qu’il laisse à son successeur. Dans la galère européenne il faut écoper tous les jours, mais on peut s’en sortir à condition d’avoir les bons outils et d’être réactifs.

Dans cet environnement la bourse ne peut évoluer que dans une fourchette, certes large, mais une fourchette quand même. Là aussi il faut réitérer ce qui a été écrit il y a quelques mois. Les actions représentent aujourd’hui l’actif le meilleur marché et les opportunités de faire des affaires sont légion. Le S & P 500 se traite à 13 fois les profits, l’EuroStoxx 10 fois et notre SMI national à 14 fois. Les actions dont les dividendes (assurés) dépassent les 4% ne se comptent plus, celles dont le prix n’excède pas 6 ou 7 fois les bénéfices annuels non plus. Cela signifie que la croissance quasi nulle de l’économie est dans les prix. Peu de gens le savent, mais statistiquement les actions remontent à chaque début de récession. Ainsi, dans un mois nous pouvons fort bien assister au traditionnel rallye de fin d’année qui commence invariablement le 24 novembre, comme cela est écrit ici depuis des lustres. On peut considérer que cette affirmation est une «boutade», mais elle s’est avérée exacte 9 fois sur 10. Votre banquier ne va jamais vous conseiller d’acheter des actions en période trouble, et naturellement celle-ci ne fait pas exception. Il faudra donc attendre 10% de hausse supplémentaire pour voir ressortir ci et là quelques avis positifs, c’est classique. Octobre est souvent un mauvais mois pour les actions et comme les indices viennent de tester le haut de leur fourchette, on peut s’attendre à un repli sur les supports inférieurs. Cela fait maintenant une demi-douzaine de fois que nous assistons à ces allers-retours sur fond de crainte et d’espoir, et cela devrait continuer ces prochaines semaines. Il s’agit en vérité d’une belle occasion pour accumuler les titres de sociétés qui vous plaisent et qui sont sous-évaluées. Il ne faut pas se précipiter, mais acheter les jours de grande faiblesse quand personne n’ose mettre ne serait-ce qu’un doigt de pied dans l’eau. Oui, c’est contre la nature humaine d’investir quand la peur règne autour de vous, mais c’est comme ça qu’on fait des affaires. Il faut savoir s’échapper de la foule. En parlant de troupeau, ceux qui ont acheté de l’or à plus de 40.000 francs suisses le kilo doivent commencer à flipper. Ils ne doivent aujourd’hui leur gain qu’à la grande manipulation de la BNS qui a décidé de fixer elle-même le cours du franc suisse pour gommer les pertes du mois d’août, pertes qui s’avéraient simplement inavouables politiquement. L’opinion générale sur cette affaire est que finalement «c’est bien joué» de la part de nos grands argentiers. Il pourrait bien s’agir cependant d’une victoire à la Pyrrhus. Le risque induit par cette brillante manœuvre est de devoir «bouffer» tous les euros qui se présenteront à 1.20, ce qui au vu de la «stabilité» européenne ne représente pas un si petit risque que cela. Indépendamment de cela, on va en faire quoi de tous ces euros?

Serge Laedermann  Associé, GFA Geneva Financial Adviser oct11

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