Agences de Notation

A Chaud!!! Le Lundi 31 Octobre : Quand la Troika fait le choix de la « Déflation Laval » Par Bruno Bertez

A Chaud!!! Le Lundi 31 Octobre : Quand la Troika fait le choix de la « Déflation Laval » Par Bruno Bertez

Il serait facile et certainement justifie de railler les cocoricos qui ont accompagné l’accord européen de la semaine dernière. L’absence de modestie de retenue des participants qui se sont exprimés au sortir de la réunion et le lendemain autorisent la sévérité.

Une fois de plus, les décisions ont été présentées comme des remèdes miracles, des panacées alors que tout, presque tout , restait à préciser, finaliser,implémenter pour reprendre le terme anglais qui a été très employé ces dernières heures.

C’est se donner des verges pour se faire fouetter que de claironner un résultat si laborieux, si partiel et si fragile. Les commentateurs même bien disposés sont agacés, quant aux détracteurs et dieu sait si ils sont nombreux , ils utilisent cette imprudence pour ajouter la moquerie a la critique.

Dans tous les cas, au mieux le plan européen ne pouvait que faire gagner un peu de temps, un temps précieux il est vrai, mais même ce répit semble t il ne sera pas accordé.

   Pour rester sur la forme avant d’en venir au fond, nous dirons que les fautes de communication ont été multiples et que compte tenu de l’importance des enjeux elles ont été criminelles. Les conseils en communication sont nuls, il faut oser le dire quand il s’agit de la chose financière. 

La situation est trop grave pour laisser ces gens interférer de quelque manière que ce soit dans une matière qui demande autant de compétence, de doigté et ….. de retenue.

Nous avons acquis la certitude que les lendemains ne chanteraient pas dès que nous avons eu en mains la presse internationale. Influencée par la forme, par les rodomontades, la presse n’a eu qu ‘un souci : éreinter les leaders européens.

Souvenez-vous cela avait été la même chose quant au sortir d’un Sommet les grands de ce monde avaient osé s’auto congratuler par un incroyable : « We saved the world from chaos. »

PLUS DE BERTEZ EN SUIVANT :

S’agissant des hommes ou femmes politiques puisque maintenant il faut préciser, nous leur donnerions un conseil soit vous parlez vrai, avec vos tripes, et cela doit se sentir, soit vous laissez parler des techniciens  austères, mais compétents. La chose financière, la chose de marchés est affaire de spécialistes hypers sophistiqués, hyper informés et d’autant moins enclins à l’indulgence qu’ils n’apprécient pas les critiques que leur lancent les politiques.

 Et puis il y a les orgueils personnels et nationaux. Ce n’est pas un hasard par exemple si le Spiegel allemand a été sévère puisque l’impression a été donnée que Merkel avait finalement été défaite par Sarkozy.

 Au fond, la situation est grave. On voulait protéger l’Italie, placer un pare -feu efficace et des le lendemain les taux Italiens ont passé la barre psychologique des 6%.

source Wall Street Journal

« Vendredi, pour la réouverture d’une ligne à 10 ans, l’Italie a dû offrir un rendement de 6,06 %, le niveau le plus important jamais atteint depuis la création de la zone euro. Sur l’émission à 3 ans, le Trésor a dû consentir un rendement de 4,93 %, le plus haut depuis novembre 2000 sur cette maturité. Au total, la demande a atteint 6,93 milliards d’euros, par rapport à un objectif de 7,5 milliards. »

On voulait faire passer le jubilée grec, la remise de dettes pour unique et dès le lendemain diverses rumeurs ont circulé qui ont accrédité l’idée que d’autres pays en difficulté pourraient eux aussi tenter d’obtenir un jubilée.

Papandreou qui n’est jamais en reste sur les bévues a lancé son idée de faire un referendum !

source Wall Street Journal

En France, grisés par leurs perspectives électorales, les socialistes ont décidé de gêner la mise en place du plan, un plan qui repose sur la foi et la confiance, en critiquant l’éventuel soutien chinois.

Chinese New Year Dragon London China Town

Et puis il y a les sarcasmes et donc les doutes sur la participation volontaire des banques au jubilé, volontaire comme on dit plaisamment avec un revolver sur la tempe etc etc  nous oublions certainement beaucoup d’autres éléments.

« Le caractère «volontaire» de la restructuration de la dette grecque implique d’étonnantes contorsions. Cette approche permet de contourner les’Credit Deflault Swaps’, dont l’utilité pour les banques est sérieusement remise en question. Par ailleurs, un investisseur privé peut théoriquement acquérir aujourd’hui un emprunt grec aux environs de 45% de la valeur faciale, décliner l’offre d’échange et espérer un remboursement à 100%. Malgré cette perspective alléchante, cette stratégie n’est pas recommandée en raison du risque élevé d’assister à un véritable défaut! »

Ce qui nous parait le plus important n’est pas là. Ce qui nous fait peur c’est l’idée qui fait son chemin , la thèse qui circule et qui démontre, chiffres et textes  à l’appui que la voie suivie par la Troïka est une impasse.

La voie suivie par la Troïka est celle de la déflation interne, ou si l’on veut de la dévaluation interne.

L’austérité, conçue comme réduction du déficit, la baisse des salaires sont censées rendre le pays concerné plus compétitif et en quelque sorte substituer à  la demande interne une demande externe qui améliorerait les comptes.

La voie suivie par la Troïka repose sur l’espoir, la prévision que malgré la déflation interne la croissance va, après une période délicate, repartir. Hélas, tout cela s’avère maintenant douteux pour ne pas dire faux.

source Wall Street Journal

L’incertitude, le poids des dettes, le fardeau fiscal sont tels qu’une spirale régressive s’enclenche qui balaie toutes les prévisions de redressement. Les remèdes, présentés autrement, sont tels qu’au lieu de permettre au malade de se ressaisir, il s’enfonce dans la maladie. C’est la grande découverte du FMI , c’est ce qui ressort d’un note manifestement fuitée, leakee.

En l’absence de possibilité de dévaluation, avec des agents économiques paralysés par l’incertitude et le poids des dettes, le pays sous traitement des bons docteurs de la Troïka ne guérit pas, son mal empire. On dit que c’est en raison de ce constat- d’échec il faut bien le dire que les Européens se sont résolus a accepter la remise de dettes grecque.

Les remarques encore gentillettes des agences de notation après l’accord européen de la semaine dernière vont dans ce sens, elles flirtent avec ce thème, mais sans plus. C’est la raison pour laquelle nous disons qu’elles sont gentilles.

New York Times cartoon

Image: New York TImes Syndicate

Dès que l’Europe s’est aventurée sur la voie de l’austérité, nous-mêmes avons développé ce thème, avançant l’argument que la manoeuvre était idiote-nous ne sommes pas tenu à la diplomatie- et qu’elle allait aggraver le mal qu’elle prétendait soigner.

C’est une évidence élémentaire de la science économique que si l’Etat veut deleverager, se désendetter en même temps que les agents prives on va a la catastrophe récessionniste, surtout en régime de changes fixes! L’activité se contractant, les rentrées fiscales s’amenuisent au lieu de gonfler, les ratios de dettes augmentent au lieu de baisser. Au lieu d’une dévaluation interne qui relance la croissance on a une déflation cumulative.

Nous insistons sur cette analyse, parce que c’est le moment d’y revenir et d’y prêter la plus grande attention. Il y a deux poids lourds sur la sellette européenne : l’Italie et la France. L’Italie plus que la France, mais si la situation Française est moins obérée que l’Italienne, les conséquences d’une erreur seraient bien plus catastrophiques. Donc en fait la situation de la France est plus importante.

Le problème de la solvabilité Italienne est étroitement lié a celui de sa croissance insuffisante. On a beau en parler personne à ce stade n’a encore trouvé le moyen d’accélérer la croissance anémique de ce pays.

S’agissant de la France, il ya encore un peu de croissance, même si on vient de la réviser sévèrement en baisse. Mais avec les mesures d’austérité à répétition, avec les coups de rabots dans la dépense publique,  avec la montée de l’incertitude fiscale restera t il encore un peu de croissance dans quelques mois? Que restera t il du moral des menages et des patrons de PME après les ponctions et surtout avec la perspective de changements électoraux  peu favorables au revenu des classes moyennes? Nous ne serions pas étonnés si un comportement frileux, retentionniste , se développait et se généralisait. Si les menages et PME adoptent un comportement de précaution en même temps que l’Etat cherche à contrôler son endettement, gare ! 

Si, au lieu de s’améliorer,  la situation du pilier numéro deux de  l’EFSF se détériore,  c’en est fini du grand pari du fonds a levier, c’en est fini de la voie de la préservation de l’euro par austérité et la correction des déséquilibres.

Nous pensons que ce sont ces idées qui font leur chemin et qu’il ne serait pas impossible que certains modifient leurs analyses.

Jusqu’a présent l’analyse dominante était que c’était la réticence allemande qui empêchait de trouver des solutions ;sous entendu  si les Allemands y mettaient un peu de bonne volonté tout irait bien.  Mais si on déplace le focus et qu’on le fixe sur la France à la lueur des enseignements de ces deux  dernières années et de l’échec de la Troïka , on s’aperçoit que le problème ce n’est pas l’Allemagne et sa bonne ou mauvaise volonté mais la France.

 Dans la voie suivie, a-t-elle les moyens de participer aux plans qu’elle-même demande ?

Vous savez qu’Obama va confesser séparément Sarkozy et Merkel à l’occasion du prochain sommet. Vous savez aussi que les Américains sont persuadés que l’Europe fait fausse route en choisissant l’austerité et en refusant d’engager la BCE.  On peut d’ores et déjà imaginer le contenu des conversations respectives.

BRUNO BERTEZ Le 31 Octobre 20111

A CHAUD!!!!!! PRECEDENT :  A chaud!!!!! Le Lundi 24 Octobre : I can’t get no… satisfaction…par Bruno Bertez

EN LIEN : L’Edito du Jeudi 27 Octobre 2011 : Après les solutions avortées, un accouchement difficile, le bébé sera fragile par Bruno Bertez

EN BANDE SON :

2 réponses »

  1. Dimanche 2 mai 2010 : chute du domino grec.

    Après une semaine de discussions, la zone euro a validé, dimanche 2 mai, l’accord négocié entre Athènes, le FMI, et la Commission européenne pour aider la Grèce à éviter la faillite. Au total, les Grecs se verront prêter 110 milliards d’euros sur trois ans sous forme de prêts bilatéraux.

    http://www.euractiv.fr/economie-finance/article/2010/05/02/fmi-zone-euros-pretent-110-milliards-deuros-grece_67164

    Dimanche 28 novembre 2010 : chute du domino irlandais.

    Après l’Irlande, l’Europe craint l’effet domino.

    Comme prévu, les pays de la monnaie unique s’apprêtent ce dimance soir à donner un feu vert définitif à un plan de renflouement de 85 milliards d’euros pour Dublin. Mais ils cherchent à aller au-delà. Avec l’espoir de contrer durablement la défiance des investisseurs et d’empêcher la chute d’autres ¬dominos dans la zone euro.

    http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2010/11/28/04016-20101128ARTFIG00207-apres-l-irlande-l-europe-craint-l-effet-domino.php

    Mardi 3 mai 2011 : chute du domino portugais.

    Un plan de sauvetage de 78 milliards d’euros pour le Portugal.

    Le premier ministre démissionnaire, José Socrates, a annoncé aux Portugais, mardi 3 mai dans la soirée, que son gouvernement était parvenu à un « bon accord » avec les délégations de l’UE et du FMI chargées de négocier le programme d’aide financière demandée par le pays pour un montant de 78 milliards d’euros sur trois ans.

    http://www.lemonde.fr/economie/article/2011/05/03/le-portugal-conclut-un-accord-avec-l-ue-et-le-fmi-sur-un-plan-d-aide-financiere_1516514_3234.html

    2011 ? Ou alors 2012 ? Chute du domino italien.

    Les investisseurs internationaux n’ont plus du tout confiance dans la capacité de l’Italie à rembourser ses dettes.

    http://www.bloomberg.com/apps/quote?ticker=GBTPGR10:IND

  2. Mardi 1er Novembre
    Ce qui se passe ce jour sur les marchés suscite de notre part quelques remarques :

    1- Les marchés étaient en chute avant l’annonce de Papandreou ; c’est la pratique habituelle des commentateurs de mettre en relation telle nouvelle avec tel mouvement des marchés sans se poser la question de savoir ou sont les causes et les effets. A notre avis le facteur déterminant de la chute de ce jour se trouve avant la nouvelle grecque, dans l’échec a restaurer une vraie confiance dans l’action européenne.
    La poursuite de la dégradation Italienne est un meilleur indicateur car toute l’action des européens est centrée sur ceci: comment éviter la contagion Italienne

    2-La bévue de Papandreou n’est pas une cause en elle-même, c’est une conséquence de la dégradation politique en Grèce, conséquence de la dislocation du pays dont la Troïka n’a pas voulu tenir compte. Cela prouve leur étroitesse d’esprit, leurs insuffisances de synthèse. L’humain, le social, sont à ce stade plus déterminant que les chiffres, les abstractions, les statistiques; nous ne cessons de répéter qu’il faut pour traiter les problèmes retourner au réel, rien que le réel, tout le réel.

    3- La réaction des politiques qui consiste a dire :  » Nous faire cela à nous , après tout le mal que l’on s’est donné » est inepte , contreproductive et ne peut que produire du négatif. L’important ce n’est pas le rôle de martyr que se donnent les politiques, l’important c’est le retour de l’incertitude, la perte confiance et de crédibilité qui en découle. Et c’est cela qu’il faut traiter.

    4- Nous nous rapprochons du moment décrit par les anglo saxons, celui ou il faudra accepter l’inacceptable c’est a dire l’engagement total de la BCE et des allemands ou se résigner à la dislocation de l’euro, ou son repli sur une version plus ramassée

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