Behaviorisme et Finance Comportementale

A bonnes intentions, effets pervers Par Beat Kappeler

A bonnes intentions, effets pervers Par Beat Kappeler

Les conséquences de l’action humaine sont souvent tout autres que celles envisagées. Un exemple anodin: les services autoroutiers suisses entendent protéger les animaux. On creuse ainsi des canaux sous les autoroutes pour les grenouilles et les salamandres, et des ponts enjambent les voies pour la circulation des quadrupèdes de toutes sortes. Ces espèces renouent donc, en dessous et au-dessus des voitures vrombissantes, avec les différents secteurs de leur habitat traditionnel. Mais ô surprise, les prédateurs n’ont qu’à se poster devant les canaux et les ponts, et la proie s’engouffre directement dans leur bouche salivante. Au lieu d’être en paix, les espèces en question vivent de bien pénibles moments.

 

Malheureusement, cet exemple parfait des conséquences non intentionnées se retrouve aussi chez les humains. Les politiciens européens entendaient sauver l’euro par des aménagements de haute technicité: le gigantesque fonds FESF, l’assurance qu’il offrira aux créanciers, les concessions des banques envers la Grèce. Mais voilà qu’une simple menace de laisser parler le peuple grec a tout déstabilisé. Les mesures futures, si futées qu’elles soient, seront de plus en plus mises hors d’état de fonctionner par des soubresauts politiques. Les gouvernements irlandais et portugais sont déjà tombés, le gouvernement socialiste grec est en train de les suivre, l’Espagne a chaviré à l’autre bord de l’échiquier politique. En Finlande et en Hollande les partis opposés au sauvetage rassemblent près de 20% des voix. Les mesures techniques provoquent des mésaventures politiques qui déstabilisent le résultat escompté.

 

PLUS DINCONSEQUENCES EN SUIVANT :

Pour ce qui est de l’annonce du référendum populaire en Grèce lui-même, on ne sait pas encore s’il a provoqué des conséquences non intentionnées. Car on ne devine pas les motifs du premier ministre Papandréou. Voulait-il marchander un meilleur paquet de soutien avec les autres Européens? Voulait-il pousser l’opposition vers le soutien du paquet? Ou bien souder son propre parti derrière le vote? Ce dernier point lui a échappé en tout cas. On n’est pas loin de l’époque byzantine. En ce temps, le nouvel empereur faisait aveugler tous ses frères pour éviter que son trône soit contesté. L’effet malheureux était que les dynasties ne pouvaient pas durer car en cas d’accident, il n’y avait pas de suppléant.

 Louons en revanche les règles de la monarchie saoudienne, qui fait passer tous les 23 fils d’Ibn Saud sur le trône les uns après les autres. Le nouveau prince héritier a de ce fait l’âge tendre de 78 ans. La conséquence de ce partage du pouvoir stable à première vue est cependant précaire aussi – l’ordre des ayants droit est difficile à établir dans la génération suivante.

 Mais revenons à l’Europe qui veut sauver son euro en entier, sans aucune sortie d’un pays membre. On doit donc ficeler ces titanesques paquets d’aide FESF, qui reposent sur le triple A de l’Allemagne et de la France. De plus, la Banque centrale européenne soutient à tour de bras les taux bas en faveur des emprunts grecs, italiens, espagnols et portugais. Elle en achète beaucoup et émet de la monnaie en contrepartie. Elle monétise les dépenses étatiques. Tout cela peut avoir un jour des conséquences involontaires. Car l’Italie et l’Espagne garantissent le fonds à leur tour: c’est un circuit fermé. Et si la France perd son triple A, elle qui n’a encore rien économisé, le Fonds FESF est perdu lui aussi. Dès lors si un pays quittait l’orbite de l’Eurozone, la Banque centrale subirait des pertes sèches sur les obligations étatiques achetées, et la conséquence cumulée de tout cela serait la fin de l’euro, tout simplement. La volonté de le sauver en entier le perdra totalement.

 Les prédateurs sont donc partout, et les lapins qui veulent leur échapper ont meilleur temps de se cacher que de faire des pirouettes. On trouverait sûrement une fable de La Fontaine qui traite le sujet. Je ne les ai pas vérifiées sur ce point-là, je lis encore les communiqués des sommets européens. Le dernier, en date du 26 octobre, faisait 15 pages. Et l’arrangement des mille milliards d’euros a tenu quatre jours.

source Le Temps nov11

1 réponse »

  1. Et oui, saint Paul lui même l’a bien exprimé :

    JE FAIS LE MAL QUE JE NE VEUX PAS FAIRE
    ET JE NE FAIS PAS LE BIEN QUE JE VEUX FAIRE.

    J’ai moi même qq exemples d’actes posés dans le meilleur esprit qui ont aboutis
    à des résultats … dont je ne suis pas fier. Alors que faire ? Rien ? Tout ?

    CE QUE L’ON PEUT, et espérer que … ça tourne favorablement et comme disaient les anciens avec ces trois « ET »

    ET QUE DIEU AIT PITIÉ DE MOI ! A.C

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