Changes et Devises

Les Grecs renoncent au référendum, mais donnent des idées aux Allemands

Les Grecs renoncent au référendum, mais donnent des idées aux Allemands

Un guignol. C’est l’image que donne George Papandreou après avoir affolé mardi les bourses et l’Union européenne avec son référendum sur le plan d’austérité grec, puis en se disant prêt à le retirer ce jeudi en échange d’un soutien de la droite à ce plan.

 

 Tout était bâclé, bricolé dans ce qu’on appelle à tort le « drame » grec: c’est d’un mauvais vaudeville qu’il s’agit. Ne pas mentionner la possibilité d’un référendum aux partenaires européens avec qui Papandreou négociait depuis des mois était déjà énorme. Le premier ministre n’avait pas davantage assuré ses arrières à l’interne, comme on l’a constaté ce matin quand son ministre des finances l’a ouvertement désavoué. Si encore le premier ministre avait mis sa tête sur le billot, affirmé haut et clair qu’il ne resterait pas une seconde de plus au cas où les Grecs refuseraient le plan d’austérité, il aurait au moins montré un peu de panache. Mais non, il cherchait juste à sauver sa peau, à se cacher derrière le peuple ou à forcer la main du Parlement. 

Au  fait, quelle aurait été la question du référendum: « Acceptez-vous les sacrifices demandés? » Que nenni! Les partenaires européens se sont vite chargés de la reformuler: « Voulez-vous sortir de la zone euro? » Tel est le vrai enjeu, dont George Papandreou ne semble même pas avoir mesuré l’ampleur avant de lancer son idée. En admettant que les Grecs veuillent courir ce risque, les conséquences seraient rapides et concrètes, comme le résume la NZZ: création d’une nouvelle monnaie qui, rapidement, ne vaudrait pas pipette, explosion des taux d’intérêt et de l’inflation, annulation probable des trois milliards d’euros d’aide que reçoit la Grèce chaque année, ruée sur les banques et faillites en série. La Grèce sombrerait probablement dans un chaos généralisé, vu le niveau d’anticipation dont font preuve ses dirigeants. 

Cette perspective a dû réveiller le premier ministre. Le choc entre « les marchés » et le « berceau de la démocratie » est donc reporté, alors que certains voyaient déjà dans le référendum grec une « vengeance de la politique ». En l’occurrence, la politique ne s’est vengée de rien du tout, elle a brûlé le peu de crédibilité qui lui restait. La démocratie directe ne s’improvise pas. Elle ne fonctionne que dans un cadre clair, avec des règles précises et une certaine pratique – trois conditions non remplies dans le cas grec.

 Mais il en restera quelque chose. Les Grecs ont inspiré les Allemands, dont le sentiment anti-UE est très fort. La presse de boulevard et plusieurs politiciens demandent que les citoyens votent sur les mesures d’assistance à la Grèce, où Berlin joue comme d’habitude les chefs pompiers. Si la graine de la démocratie directe devait germer en Allemagne dans le climat actuel, on peut compter sur les autorités pour que les conditions techniques citées plus haut soient remplies. Et craindre le résultat populaire.

Publié : le 3 novembre 2011 par Jean-Claude Péclet

SOURCE ET REMERCIEMENTS : BEQUILLES

http://peclet.wordpress.com/2011/11/03/les-grecs-renoncent-au-referendum-mais-donnent-des-idees-aux-allemands/

5 réponses »

  1. Je me permets une petite remarque :
    il faudrait écrire :  » la nomenclatura grecque renonce au référendum »
    plutot que : « Les Grecs renoncent au référendum ».

    Ces temps ci, on confond trop souvent l’avis du peuple et celui de leurs dirigents, souvent divergents…

    Ils n’ont vraiment aucune pudeur.Quel mépris du peuple !
    Comment revenir sur cette annonce de référendum ?
    C’est scandaleux, c’est historique .Nos « démocraties » montrent leur vrais visages.
    Et çà donne des leçons de morale à l’Afrique …

    EN Grèce l’hivert sera chaud !

  2. Processus « et laine » pour se tenir au chaud :

    D’abord, on négocie dur.
    Ensuite, on accepte les termes définis après ces négociations longues et ardues. –
    Après quoi … bien, on se protège et surtout sa réputation vis à vis de l’histoire
    (les grecs en ont une TRÈSSSS longue) en faisant un 180° pour en appeler au peuple.
    Bien entendu, une levée de bouclier suit cette volte face, QUI N’A AUCUNE CHANCE D’ABOUTIR
    vu qu’elle intervient APRÈS LA SIGNATURE DE L’ACCORD;
    Mais l’honneur est sauf. Mieux vaut passer pour un rêveur et un incompétent
    que pour le bourreau du peuple. Suivra donc, une retraite … ORDONNÉE et un salut aux armes de la part
    de tous les défenseurs de la démocratie. Papandreou sera un héros, et les autres des salauds !
    Au suivant de se « dé…… » avec la suite et les mouvements sociaux …..
    QUI FERONT DE TOUTE FAÇON CAPOTER LE PROCESSUS, D’UNE MANIÈRE OU D’UNE AUTRE.
    Et on n’a pas fini de rire ? Non, non, c’est pas ce que je voulais écrire. Pfiouuuu ! A.C

    • Ceux qui nous gouvernent peuvent se croire géniaux et revendiquer des QI de 150 et plus.
      Mais le vulgaire comme moi peut revendiquer un QI de 100.Et ce petit QI de100 me suiffit pour flairer l’arnaque.
      Les grecs ne sont pas stupides.Il y a de quoi se sentir trahis.Papandreou a gagné son bras de fer politique.Mais c’est une victoire à la Pyrrhus

      • « Les Grecs ont inspiré les Allemands », et si ceux là s’y mettent…
        Déjà un bruit court : les allemands ont déjà fait imprimé leurs nouveaux deuchmarks.Le plus surprenant dans une imprimerie anglaise !
        Un bruit comparable avait déjà courru en 2009, fausse rumeur alors.

  3. Mwai, j’ai du mal avec la sévérité pour les grecs et la complaisance pour les allemands… Sachant que la bonne santé allemande se faut aussi sur le dos de la compétitivité dégradée des pays du sud de l’euro.
    J’ai aussi du mal avec la pseudo analyse de la sortie de l’euro, de toute façon avec les plans actuelles, c’est reculer pour mieux sauter.

Laisser un commentaire