Art de la guerre monétaire et économique

Corruption: la Belgique n’est plus la meilleure élève

Corruption: la Belgique n’est plus la meilleure élève

 Pas de quoi crier au scandale. 8,7 sur 10, ça reste un très bon score. Mais c’est quand même moins bien qu’en 2008, la Belgique avait alors obtenu 8,8 sur 10, soit 0,1 point en plus avec les lauriers du « moins corrompu ». Aujourd’hui, ce sont les Pays-Bas et la Suisse qui le lui ont ravi avec un score équivalent (8,8/10). La Belgique est troisième au classement que Transparency international a rendu public.

Source The Economist

Pour hiérarchiser les pays selon leur indice de corruption, cette organisation basée à Berlin a interrogé 3.000 chefs d’entreprise des pays développés ou en développement. « On leur a d’abord demandé avec quels pays ils traitaient.La deuxième question posée était de savoir s’ils avaient déjà été témoins d’échange de pots-de-vin dans ces pays », explique Stéphane Stassen, directeur des programmes de Transparency international Belgium.

PLUS/MOINS DE CORRUPTION EN SUIVANT :

Voilà pour la méthode. sur le fond, il est intéressant de comprendre pourquoi la Belgique est redescendue dans le classement. Laxisme? « La Suisse et les Pays-Bas ont sans doute fourni plus d’efforts en vue d’améliorer leurs techniques de lutte contre la corruption », déduit Stéphane Stassen.

Cette responsabilité incombe tout autant au privé qu’au public car elle perturbe l’économie en général. Comment ça se passe? Un fonctionnaire peut recevoir un pot-de-vin de la part d’une entreprise en échange d’assurances quant à l’iossue d’un appel d’offres ou pour se soustraire à une réglementation.

 Du côté de la corruption privée, un responsable des achats d’une compagnie peut préférer traiter avec l’entreprise X car elle se montre toujours plus généreuse que Y. « C’est évidemment dommageable pour l’entreprise de l’employé corrompu qui peut ainsi perdre de l’argent en payant des commandes plus cher », déplore l’analyste. Et vis-à-vis de la compagnie Y, c’est également « une distorsion de la concurrence », regrette Rudi Thomaes, patron de la Fédération des entreprises de Belgique (FEB) et secrétaire général de la Chambre de commerce internationale (ICC Belgique). Il se réjouit donc du résultat honorable de la Belgique mais tient « à rester vigilent ».

« Le problème qu’il y a, et il ne vaut pas uniquement pour la Belgique, c’est que même si un cadre légal est mis en place, rares sont les suites qu’on lui donne. Par manque de budget ou parce qu’il n’y a pas de politique réelle pour lutter contre la corruption, les pays n’enquêtent pas assez et ne punissent donc pas », explique Stéphane Stassen. Et d’ajouter: « Et puis, même au sein de l’Europe, l’échange d’informations entre les services de police étrangers n’est toujours pas assez efficient pour permettre une meilleure lutte contre la corruption ».

Ce sont surtout les pays en voie de déveleppement qui sont les plus touchés. La Chine aussi végète à l’avant-dernière place. Alors que le pays multiplie ses échanges commerciaux à l’international, notamment avec l’Afrique, également sujette aux pots-de-vin. « Ça laisse craindre le pire… », commente Stéphane Stassen.

Une histoire de culture?

 L’Afrique a en effet la réputation d’avoir une certaine propension à fermer les yeux sur les échanges suspects.

De là à dire que le Bakchich est culturel…

« C’est aller trop loin. »,considère l’analyste qui a travaillé plusieurs années sur le continent africain. « Dans l’histoire, quand un homme allait rencontrer un haut placé, il lui faisait un don symbolique, des noix par exemple.. Mais cette pratique culturelle a été détournée par le colonialisme d’abord, ensuite par la présence d’agents commerciaux étrangers sur le territoire », explique-t-il.

Et d’ajouter: « d’ailleurs, dans la plupart des systèmes de valeur du monde, la corruption est mal vue. »

L’influence du pot-de-vin se fait surtout sentir dans le secteur du gaz et du pétrole. L’Afrique et particulièrement le Nigeria y sont plus sensibles.

Le pays a accumulé des amendes pour un montant total de 3,2 milliards de dollars. Un montant énorme mais somme toute dérisoire au regard du montant et du nombre de transactions enregistrées dans le secteur.

 SOURCE : L’ECHO par Focus Anaïs Sorée nov11

EN COMPLEMENT :  Les entreprises russes et chinoises perçues comme les plus corruptrices

Les entreprises russes et chinoises sont perçues comme les plus corruptrices à l’export, selon l’étude de l’ONG Transparency International . Ces deux pays dont, selon l’ONG, les entreprises ont investi 120 milliards de dollars (environ 85 milliards d’euros) à l’étranger arrivent en queue d’un classement qui comprend 28 pays.

Le rapport de Transparency relève néanmoins les efforts des pouvoirs publics, tant en Chine qu’en Russie, pour lutter contre les velléités de corruption de la part de leurs firmes. D’après l’indice établi par l’ONG, dont le siège est à Berlin, la Russie recueille la note de 6,1 et progresse par rapport à une précédente évaluation, en 2008 (5,9/10), tandis que la Chine stagne à 6,5. Le podium des pays comptant les entreprises les moins corruptrices est formé par les Pays-Bas (1er, 8,8/10), la Suisse (2e, 8,8/10) et la Belgique (3e, 8,7/10).

CONSTRUCTION ET  TRAVAUX PUBLICS

Au pied du podium se trouve l’Allemagne (4e, 8,6/10), tandis que la Grande-Bretagne (8,3/10), les Etats-Unis (8,1/10) et la France (8/10) se classent respectivement 8e (ex æquo avec Singapour), 10e et 11e de ce classement. Selon l’ONG, le secteur de la construction et des travaux publics est le plus affecté par le phénomène, suivi par celui des services et celui de l’immobilier. L’agriculture est l’activité la moins polluée par les tentatives de corruption, souligne également Transparency International.

 Transparency International réalise de nombreuses études sur le sujet, dont la plus connue est « l’index de perception de la corruption dans le monde », qui doit être publié le 1er décembre.

 source AFP | 02.11.11

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Corruption: portrait-robot des «sociétés écrans»

Un rapport de la Banque mondiale et de l’ONU se penche sur les «sociétés écrans» utilisées dans les cas de corruption La Banque mondiale décrypte les montages utilisés dans 150 cas de détournement

Simples sociétés anonymes, «trusts», fondations… Publié lundi, et titré «The Puppetmasters» («Les Maîtres des marionnettes»), un rapport de la Banque mondiale et de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime se penche sur les structures juridiques opaques utilisées dans les grandes affaires de corruption.

Les deux organisations ont passé au crible 150 dossiers de ce type, des «affaires» impliquant au total plus de 56 milliards de dollars. Leur enquête décrypte comme les agents publics corrompus et leurs associés mettent à profit les carences juridiques «propices à l’opacité de ce type de structures pour dissimuler leurs liens avec les avoirs détournés».

Parmi les cas étudiés, celui du contrat pour l’impression des passeports kényans – finalement signé en 2002 avec «une coquille vide inconnue basée aux Royaume-Uni», Anglo-Leasing and Finance Ltd. – apparaît comme l’un des plus révélateurs aux yeux des auteurs du rapport. Tout comme l’affaire dans laquelle a été impliquée en mars 2010 la filiale russe de Daimler.

Les banques suisses en deuxième position

Se penchant sur ces 150 dossiers, les enquêteurs ont classé les structures opaques utilisées en fonction de leur pays de domiciliation. Résultat, les Etats-Unis tiennent la première place, hébergeant une centaine de structures de ce type. Arrivent ensuite les îles Vierges britanniques, avec 91 sociétés écrans; Panama avec 50 entités et le Liechtenstein avec 28 de ces structures. La Suisse arrive en vingtième position, ayant hébergé 7 structures impliquées dans ces affaires.

Quels sont les montages juridiques favorisés? Les sociétés anonymes classiques représentent la grande majorité. Sur les 800 véhicules identifiés dans ces affaires, plus de 600 présentent une telle forme; alors que 43 sont organisés sous forme de «trusts» et 40 sous forme de fondations.

Les chercheurs de la Banque mondiale et des Nations unies ont également étudié la domiciliation des comptes bancaires de ces sociétés écrans. En tête de classement figurent les Etats-Unis, où 107 de ces structures déposent leur argent. La Suisse avec 76 structures de ce type y disposant d’un compte arrive en deuxième position; devant le Royaume-Uni.

Appel au pouvoir politique

«La transparence de [ces] structures juridiques doit devenir une priorité nationale et internationale», écrit Emile van der Does de Willebois, responsable de l’équipe StAR («Stolen Assets recovery») au sein de la Banque mondiale. «Il est important que les gouvernements renforcent leurs services d’enquêtes», interpelle ce dernier.

Le rapport «Puppetmasters» de la Banque mondiale et de l’ONU (anglais, PDF)

source le temps nov11

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