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La Suisse réussit à s’enrichir… en empruntant

La Suisse réussit à s’enrichir… en empruntant

Comme dans les années 1970 mais sans que cela soit le fruit d’une décision politique, les rendements de certains placements à court terme en francs suisses sont devenus négatifs. Placer de la devise helvétique à trois mois, ou moins, sur l’euromarché, «coûte» à son détenteur l’équivalent de 004% de son avoir au lieu de lui rapporter un intérêt positif, aussi ténu soit-il. Cette bizarrerie est «une conséquence des achats massifs de francs suisses par des étrangers désécurisés par la crise de l’euro»

source Financial Times

Les investisseurs étrangers sont prêts à payer des intérêts pour acheter de la dette suisse.

C’est une première dans l’histoire de la Confédération. Pour ses dettes à court terme, la Suisse verse un intérêt négatif : ceux qui lui prêtent de l’argent s’appauvrissent. Et les investisseurs se bousculent au portillon pour acheter des emprunts suisses.

Fritz Zurbrügg, directeur de l’Administration fédérale des finances n’a jamais vu ça. Il y a trois mois un emprunt fédéral a été lancé avec un taux négatif de 1%. Loin de décourager les investisseurs, ce prêt à 6 mois à la Suisse a été sursouscrit. La Confédération n’avait besoin que de 600 millions, mais les offres des investisseurs se montaient à 8,8 milliards de francs.

La sécurité à tout prix

L’explication est simple. La Suisse bénéficie de son statut de havre de sécurité. Aujourd’hui, plus aucun investissement n’est sûr. Les investisseurs institutionnels sont donc prêts à payer un intérêt pour être sûr de revoir leur argent.

Selon Fritz Zurbrügg, le cas de la Suisse n’est pas unique.Les rendements des obligations allemandes venant à échéance dans un an sont devenus négatifs fin novembre

Grosses économies pour la Suisse

Il n’y a pas que les taux à court terme qui sont intéressants pour la Suisse. Les emprunts à moins d’une année pèsent 10 milliards. Cependant, le gros des créances, 80 milliards, est constitué d’engagements à plus d’une année. Les emprunts suisses les plus fréquents, à 10 ans, ne sont plus rémunérés qu’à 0,72%, un record international.

 Le résultat de cette situation est qu’en 2011, la Suisse va massivement économiser sur les intérêts de la dette. Sur les 2,9 milliards qui ont été budgetés, 300 millions seront économisés.

Et sur les créances à court terme qui totalisent 10 milliards cette année, la Suisse pourrait gagner quelques millions alors qu’elle aurait dû en débourser 150.

La dette suisse fond

Conséquence de cet état de grâce, la dette de la Confédération diminue, de 130 milliards il y a 10 ans à 109 milliards fin 2011. Ainsi, la charge d’intérêt sera de 2,6 milliards cette année contre 4 milliards en 2006.

Nicolas Rossé/tsr info.ch dec11

2 réponses »

  1. Illustration remarquable de la différence entre un cercle vicieux et un cercle vertueux. CQFD. A.C

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