Art de la guerre monétaire et économique

« Si ils (Les pays occidentaux) imposent des sanctions sur les exportations de pétrole iranien, alors pas une goutte de pétrole ne pourra transiter par le détroit d’Ormuz ».

 « Si ils (Les pays occidentaux) imposent des sanctions sur les exportations de pétrole iranien, alors pas une goutte de pétrole ne pourra transiter par le détroit d’Ormuz ». C’est dans ces termes que Mohammad Reza Rahimi, le premier vice-président d’Iran, a menacé mardi de fermer le détroit d’Ormuz, le point de passage obligé pour un tiers du pétrole mondial acheminé par voie maritime. Cette mesure aurait pour effet de faire flamber les cours. Les Iraniens ont déjà brandi cette menace par le passé, mais jamais de façon aussi radicale.

On ne sait pas quelle est la portée réelle de ce message. Le président Ahmadinejad est très contesté par les plus hautes instances de son pays, et il se pourrait qu’il ne s’agisse que d’une démonstration de force pour redorer son image.

Dans le cadre des sanctions destinées à faire abandonner à l’Iran son programme nucléaire, la France, l’Allemagne et le Royaume Uni veulent imposer un embargo sur le pétrole iranien en Europe, mais plusieurs pays, dont la Grèce, sont réservés. Les ministres des Affaires Etrangères de l’UE doivent débattre de cette question le 31 janvier prochain. Une sanction qui aurait des conséquences économiques importantes pour l’Iran . Avec plus de 2,5 millions de barils par jour, l’Iran est le troisième exportateur mondial, derrière l’Arabie saoudite et la Russie. Le pétrole représente 80% de ses exportations et 60% de ses recettes budgétaires.

Le gouvernement américain affirme que le Détroit D’Ormuz, large de 6,4 km, est le point de passage le plus important du monde pour le pétrole. 13 à 15 pétroliers supertankers le franchissent quotidiennement pour se rendre vers les pays d’Asie. Cependant, des navires militaires américains patrouillent la zone et il semble peu probable que l’Iran puisse mettre sa menace à exécution.

Cependant, dans l’après-midi à Londres, l’ICE February Brent, l’indice de référence, a gagné plus de 1 dollar pour passer à 109,17 dollars.

. »Fermer le détroit est très facile pour les forces armées iraniennes, c’est comme boire un verre d’eau, mais aujourd’hui, nous n’avons pas besoin de le fermer car nous contrôlons la mer d’Oman et nous pouvons contrôler le transit » maritime et pétrolier, a expliqué l’amiral Habibollah Sayyari, commandant de la marine iranienne, à la télévision en langue anglaise Press-TV. « Nous cherchons à établir la sécurité et la stabilité dans la région. (..) Le transit peut continuer » à travers le détroit, a-t-il poursuivi. 

« Utiliser la force militaire pour fermer le détroit est le dernier recours que garde l’Iran, mais beaucoup d’observateurs doutent qu’il s’y résoudra, au risque de perdre le soutien de la Russie et de la Chine », commentait Olivier Jakob, analyste du cabinet suisse Petromatrix.

Et pourtant. Bien loin des manœuvres de la marine iranienne dans le golfe Persique, un événement inattendu s’immisce dans la partie: les difficultés des raffineries européennes de Petroplus. Etranglés financièrement, ses cinq sites – Coryton, Anvers, Petite-Couronne, Ingolstadt et Cressier – distillent 670 000 barils par jour. S’ils venaient à être arrêtés, «cela permettrait à l’Europe de compenser plus facilement un embargo sur le brut iranien», estime Olivier Jakob, patron du bureau d’analyse Petromatrix. Ce dernier admet certes que l’arrêt des achats «mettrait en péril l’activité des raffineries grecques».

 Il n’empêche. Si l’on ajoute aux difficultés de Petroplus les arrêts de raffineries sur la côte Est des Etats-Unis – en raison du marasme économique – ce sont au total 1,4 million de barils qui ne sont plus traités chaque jour, des deux côtés de l’Atlantique. Alors que le brut de Libye afflue de nouveau, au rythme de 1,2 million de barils. Diluant ainsi un peu plus la menace iranienne.

Source:Financial Times/Express.be dec11

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