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Le jus d’orange secoué et sous pression comme jamais sur le marché de New York

Le jus d’orange secoué et sous pression comme jamais sur le marché de New York

Le marché du jus d’orange n’avait pas été aussi secoué en 34 ans d’existence ! Le jus d’orange concentré congelé est coté depuis 1977 sur le marché à terme de New York. Tous les ans à cette période les cours ont tendance à suivre une courbe inverse à celle des températures en Floride, parce que l’on craint les effets du gel sur la récolte du principal Etat producteur d’orange aux Etats-Unis. Cette année les cours ont commencé à grimper lorsque le thermomètre a affiché -5 degrés : on anticipe une perte de 5% de la production américaine, somme toute modeste.

Mais la hausse des cours est devenue une flambée mardi lorsqu’on a appris que les importations brésiliennes de jus d’orange risquaient d’être stoppées parce qu’elles contenaient des résidus d’un fongicide interdit aux Etats-Unis..

La livre de jus d’orange congelé concentré, livrable en mars, a atteint un sommet, mardi 10 janvier, à 2,0775 dollars sur la plate-forme Intercontinental Exchange de New York. Du jamais-vu depuis mars 2007 !

PLUS DE VITAMINE C EN SUIVANT :

Dans une lettre, datée de lundi, la Food and Drug Administration (FDA) a dévoilé avoir été alertée, fin décembre 2011, par un fabricant de boisson à base de jus d’orange de la présence de carbendazime en faible quantité. Ce fongicide n’est pas autorisé aux Etats-Unis, mais l’est au Brésil, d’où proviendraient les lots incriminés. Les autorités américaines ont décidé d’ouvrir une enquête et de suspendre toute importation de jus d’orange contenant du carbendazime au-delà d’un certain seuil.

Cette situation a immédiatement créé une tension parmi les investisseurs, inquiets d’une éventuelle limitation d’approvisionnement. Le Brésil, premier exportateur mondial de jus d’orange, fournit près du quart du jus de cet agrume consommé aux Etats-Unis. Le Brésil produisant 60% du jus d’orange dans le monde, on a craint d’abord une raréfaction de l’offre, si la récolte brésilienne était boudée aux Etats-Unis, qui importent un quart de leurs besoins, voire par la suite en Australie, qui importe 40% de son jus d’orange.

Du Carbendazime

La tension est aussi soutenue par la situation météorologique en Floride, deuxième grande zone mondiale de production d’oranges. Le froid s’est abattu sur cet Etat la première semaine de janvier, provoquant des gelées. Or, sans tenir compte des effets de ces aléas météorologiques qu’il est trop tôt pour quantifier, le ministère de l’agriculture américain a réduit cette semaine ses prévisions de récolte d’agrumes en Floride de 2 %.

Face à cette flambée des cours, l’IntercontinentalExchange a tenté de calmer le jeu. Il a imposé de nouvelles règles, exigeant un quasi-doublement du ticket d’entrée pour les contrats spéculatifs : le montant exigé pour une ouverture de position est passé de 2 450 à 5 040 dollars (1 932 à 3 975 euros). Le cours du nectar a alors plongé, perdant plus de 9 % mercredi, et se repliant à 1,881 dollar. Un recul qui s’est poursuivi jeudi. Mais le répit a été de courte durée. Vendredi, les investisseurs revitaminaient le prix du jus d’orange.

Les consommateurs, qui ont déjà diminué leurs achats d’un quart en 10 ans aux Etats-Unis, du fait de la hausse des prix, pourraient s’éloigner davantage de cette boisson par peur des pesticides. Pourtant, les traces de carbendazime retrouvées dans le jus d’orange aux Etats-Unis ont été jugées négligeables par les autorités sanitaires américaines, et elles sont de 6 à 20 fois inférieures au seuil autorisé en Europe, sans parler de l’Australie, qui a des exigences encore moins grandes.

Cette flambée du cours pourrait avoir une incidence sur des groupes comme Pepsi-Co, propriétaire de la marque de jus de fruit Tropicana, ou Coca-Cola, qui détient Minute Maid. Ils pourraient être contraints d’augmenter leurs prix. Coca-Cola a reconnu, dans un communiqué publié mercredi, avoir alerté la FDA, après avoir découvert que des planteurs brésiliens pulvérisaient leurs orangers avec du carbendazime.

Source RFI+Le Monde janv12

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