Behaviorisme et Finance Comportementale

Beat Kappeler, la pensée stimulante d’un homme libre

Beat Kappeler, la pensée stimulante d’un homme libre

« Dans mon dernier livre, je décris un fameux séminaire auquel j’ai participé en 1975 à Paris. La jeune gauche française était réunie autour de Mitterrand. Ils étaient tous là: Delors, Attali, Cheysson, Aubry, Fabius Ils développaient l’idée que l’Etat avait le pouvoir de relancer la demande. Un peu plus tard, les premières années Mitterrand ont démenti ces velléités de façon spectaculaire. Il y a eu trois-quatre dévaluations. L’écart entre les salaires se creusait. La part des salaires dans le PIB français diminuait. En tant que jeune secrétaire économique, cela m’a beaucoup impressionné. Quand Thatcher arriva au pouvoir en 1979 et décida d’inverser la politique économique britannique pour tout miser sur l’offre, le keynésianisme était politiquement mort. Il était prouvé que le keynésianisme, administré politiquement, ne marchait pas. Il entraînait le surendettement des Etats. Keynes lui-même avait refusé tout effort de relance dans l’Angleterre de l’entre-deux-guerres quand le taux de chômage était sous les 12%. En Occident, on prétendait relancer l’économie avec un chômage à 4%… C’était du keynésianisme vulgaire! »

 Ancien syndicaliste, l’économiste prendra ce samedi sa retraite de chroniqueur hebdomadaire au «Temps». Intellectuel atypique qui se réclame du courant libertarien, il commente les enjeux qui le tourmentent: l’Europe, l’Etat et la démocratie

Merci, Beat Kappeler!

 Beat Kappeler appartient à ce petit cercle des chroniqueurs qui ne laissent jamais indifférent son lectorat. D’une infinie amabilité, il a tout au long de ses contributions démontré un esprit vif, indépendant et d’une grande perspicacité intellectuelle. Il a parcouru la Suisse, raconté ses grandes et petites mutations, dénoncé les faux compromis, les collisions d’intérêts. Sa pensée est celle d’un homme libre, érudit, profondément attaché aux valeurs libérales non partisanes. Méfiant à l’égard des idéologies, observateur des idées politiques, féru en économie, Beat Kappeler aura reçu d’innombrables prix pour ses travaux et ses écrits. . 

 Propos recueillis par Pierre Veya, François Modoux et Emmanuel Gehrig

PLUS DE BEAT KAPPELER :

1. «J’ai été plus constant que le patronat et le syndicat»

Le Temps: De secrétaire syndical à chroniqueur libertarien, votre parcours d’économiste est atypique. Quelles ont été les étapes de votre formation intellectuelle?

Beat Kappeler: Jusqu’à l’âge de 20 ans, j’ai étudié dans des écoles catholiques strictes. A 20 ans, je me suis dit que jamais je n’adhérerais à une doctrine qui se dit sans faille et de nature monolithique. Au tournant de 1968, ça m’a préservé de tomber dans une secte de gauche, socialiste ou communiste. J’ai partagé beaucoup de valeurs de 68, mais je n’ai pas adhéré à une nouvelle Eglise. Même du temps où j’étais secrétaire syndical, j’ai été libertarien dans le sens où j’ai été favorable à la participation la plus large possible des employés au capital et au bénéfice de l’entreprise. Avec Helmut Hubacher et Lilian Uchtenhagen, j’ai ensuite été de ceux, parmi les socialistes, qui ont défendu des concepts anglo-saxons pour moderniser le capitalisme. Contre l’avis de l’économie privée, nous défendions le contrôle et même l’interdiction des cartels – c’était révolutionnaire; un droit des sociétés anonymes égalitaire –, toutes les voix ont le même poids; la transparence sur les résultats des entreprises; une ouverture du commerce mondial. Pour ces positions qui les chicanaient, les porte-drapeaux de l’économie m’ont fait la réputation d’un économiste dangereux…

»Plus tard, l’économie privée a intégré ces valeurs anglo-saxonnes tandis que les ténors du syndicalisme sont retombés dans les années 1920 et se sont tournés vers une gauche radicale. Voyez encore aujourd’hui le Parti socialiste suisse, qui a inscrit dans son dernier programme l’objectif de dépasser le capitalisme. De mon temps à l’Union syndicale suisse (USS), c’était impensable: nous nous inscrivions clairement dans le prolongement du programme réformiste adopté par le Parti social-démocrate allemand à Bad Godesberg en 1959. Bien que j’aie aussi parfois changé ou nuancé mes positions, j’ai été un peu plus constant que le patronat et les syndicats.

Le monde syndical avait aussi exploré la voie originale des coopératives. N’était-ce pas une autre alternative au capitalisme?

La concurrence importe plus que la propriété. On peut avoir des coopératives comme Migros et Coop, mais elles ne doivent pas être investies d’un pouvoir monopolistique de planification centrale. A ma grande déception, beaucoup de coopératives ont sombré assez vite, avant et pendant mon temps syndical. On a perdu toutes les imprimeries, tous les journaux. Coop a glissé vers une gestion «neutre», sans implication de secrétaires syndicaux contrairement aux années 1930-40. Les quelques coopératives de production ont aussi le plus souvent abandonné, ou ont été fusionnées avant de disparaître. D’autres, comme Swiss Life, jadis Rentenanstalt, ont été fondues en sociétés anonymes sans que la gauche s’y oppose. J’ai regretté ces échecs. Cette économie parallèle et socialisante avait ceci de salutaire qu’elle mobilisait les leaders de gauche, syndicalistes ou socialistes, dans une double fonction: défendre les travailleurs tout en étant investi de la responsabilité de gérer une entreprise. Aujourd’hui, les secrétaires syndicaux croient être des purs, mais ils ne connaissent pas les exigences de l’autre bord. Le monde complexe de l’entreprise – la gestion, les clients, les fournisseurs, la logistique – leur est étranger. Au fond, les syndicats se sont refondus en Eglise: un mouvement à l’idéologie marquée mais fermée.

Votre décision de tourner le dos au syndicat a été mal comprise. A-t-elle entretenu chez vous une envie d’en découdre avec les «camarades»?

– Comme secrétaire syndical, j’ai été un homme d’état-major, sans responsabilité syndicale ni légitimité à représenter une branche en particulier. J’ai toujours dit ce que je pensais, mais je n’avais pas de levier pour contrer le virage à gauche des dirigeants. Quand j’ai vu que les conceptions étaient irréconciliables, je suis parti, à la fin de 1992. Sans prétendre que le clivage droite-gauche est suranné ou n’existe plus, je pense avoir senti, il y a vingt ans déjà, que cette opposition ne recouvrait plus toutes les réalités sociales. L’environnement et la technologie de l’information ont par exemple beaucoup changé la donne. J’ai pris la liberté de ne plus me définir par rapport à ces deux camps qui ne sont plus tout à fait pertinents.

En quoi les années Thatcher vous ont-elles influencé?

– Ça m’a réveillé! Et j’en ai fait une cause de mon départ de l’USS. En 1991, le syndicat m’avait demandé de préparer un projet de relance pour un petit creux conjoncturel qui affectait l’économie suisse. J’ai refusé et j’ai démissionné. Je ne croyais plus à ce réflexe de tout miser sur une relance amorphe par des millions de consommateurs et par les milliards de l’Etat. L’expérience britannique sous Thatcher m’avait ouvert les yeux sur l’importance des conditions de l’offre. Le temps était venu de penser aux braves PME qui se battent, ont besoin de clarté et d’impôts bas, doivent pouvoir engager et licencier facilement. L’offre du côté de la force de travail devait aussi être soignée. Il fallait laisser travailler les salariés plus longtemps que les lois ne le permettaient; il était prioritaire de bien former les travailleurs (l’apprentissage dual, la formation continue). On a délaissé cette dimension en Espagne, en Italie, en France. Mais avec un bac, vous ne produisez pas des turbines!

Comment en êtes-vous arrivé à ne plus croire au keynésianisme, à une stimulation de l’économie par la demande?

Dans mon dernier livre, je décris un fameux séminaire auquel j’ai participé en 1975 à Paris. La jeune gauche française était réunie autour de Mitterrand. Ils étaient tous là: Delors, Attali, Cheysson, Aubry, Fabius… Ils développaient l’idée que l’Etat avait le pouvoir de relancer la demande. Un peu plus tard, les premières années Mitterrand ont démenti ces velléités de façon spectaculaire. Il y a eu trois-quatre dévaluations. L’écart entre les salaires se creusait. La part des salaires dans le PIB français diminuait. En tant que jeune secrétaire économique, cela m’a beaucoup impressionné. Quand Thatcher arriva au pouvoir en 1979 et décida d’inverser la politique économique britannique pour tout miser sur l’offre, le keynésianisme était politiquement mort. Il était prouvé que le keynésianisme, administré politiquement, ne marchait pas. Il entraînait le surendettement des Etats. Keynes lui-même avait refusé tout effort de relance dans l’Angleterre de l’entre-deux-guerres quand le taux de chômage était sous les 12%. En Occident, on prétendait relancer l’économie avec un chômage à 4%… C’était du keynésianisme vulgaire!

2. «La zone euro doit rétrécir pour se renforcer»

Vous devenez eurosceptique après avoir défendu le marché commun et l’adhésion de la Suisse à l’EEE. Que s’est-il passé?

– J’ai tenu 200 conférences en faveur de l’EEE! Et j’avais un drapeau européen derrière mon bureau au syndicat… Là aussi, je dois dire que ce n’est pas moi qui ai changé, mais l’Europe. La Communauté européenne (CE) a changé de cap quand elle a adopté le Traité de Maastricht. Je l’ai lu attentivement et j’ai découvert la disparition progressive du principe des décisions unanimes et l’introduction de la monnaie unique à des conditions irréalistes. Cela m’a convaincu de l’inanité du processus et m’a guéri de l’envie que la Suisse y participe.

Combattiez-vous le principe d’une zone monétaire européenne?

– Tout de suite après ma sortie de l’USS, en 1993, j’ai été chargé de mener une étude scientifique sur le franc suisse et l’euro en me basant sur le Traité de Maastricht et les études disponibles de la CE. Je me suis référé aux travaux théoriques de Robert A. Mundell, couronnés du Prix Nobel d’économie. C’est lui qui a mis en évidence les deux conditions préalables au fonctionnement d’une zone monétaire. Or elles n’étaient pas réunies dans le cas de l’euro.

»La première condition est la garantie de mobilité à l’intérieur de l’espace monétaire. La mobilité des travailleurs en Europe a fonctionné dans les années 1950 et 1960, mais elle n’existe que marginalement aujourd’hui entre le sud et le nord de la zone euro.

»La deuxième condition est l’existence d’un centre budgétaire fort, qui garantit des transferts financiers solidaires entre les régions de force économique inégale. Ce mécanisme de péréquation existe par exemple à l’intérieur des Etats-Unis, de la Suisse ou de l’Allemagne. Mais le budget européen n’est pas taillé pour assumer ces transferts à l’intérieur de la zone monétaire; les moyens mobilisés sont insuffisants et presque entièrement consacrés aux subventions agricoles et aux efforts européens de recherche.

Pourquoi cette erreur congénitale à la naissance de l’euro?

A l’origine, on a relativisé la grande disparité des membres appelés à rejoindre le club de l’euro, y compris la Grèce, le Portugal ou l’Espagne. On vantait la convergence. La croissance, le niveau de vie, les taux d’intérêt: tout allait converger. Mais seuls les taux ont convergé. Le Sud, à l’époque déjà déficitaire, a pu s’endetter au taux allemand. Dans ces pays, on a permis une ruée sur l’endettement privé et public sans le rappel correctif des marchés via les taux d’intérêt. Cela les a perdus. Un groupe de 150 économistes avait mis en garde et prévu ce qui se passe aujourd’hui, mais les dirigeants politiques, par aveuglement idéologique, ne les ont pas écoutés.

Au moment de créer le grand marché unique, n’était-il pas pertinent de chercher à diminuer les frictions découlant de l’existence de monnaies distinctes?

Sur un marché unique, la dévaluation compétitive est un risque. C’est pourquoi on avait créé le Système monétaire européen. Son objectif était de limiter les fluctuations entre monnaies. Il a connu son breakdown en 1992 avec la dévaluation de la livre sterling. Le système était imparfait. Mais regardez en 2008: la Grande-Bretagne dévalue à nouveau la livre sterling de plus de 20% en quelques semaines sans que cela crée des difficultés insurmontables. Une dévaluation, si elle est bien administrée, fait moins de dégâts qu’une monnaie unique lancée sur de mauvaises bases. L’Union européenne aurait bien survécu avec un tel système à plusieurs monnaies, le marché unique aussi. Il y avait des garde-fous naturels contre la tentation de dévaluations compétitives excessives: cette option n’est jamais gratuite, l’inflation augmente, le risque de troubles sociaux surgit. C’est pourquoi je pense que l’UE peut survivre sans monnaie unique. C’est d’ailleurs déjà le cas avec la Grande-Bretagne, le Danemark et la Suède qui n’ont pas rejoint l’euro.

Mais le risque existe toujours qu’une monnaie forte s’impose à tous. Le deutsche mark ne serait-il pas devenu la monnaie de référence?

– C’est possible, bien qu’une banque centrale indépendante ait des moyens techniques d’agir contre ce risque d’internationalisation de sa monnaie. Notez que la surévaluation d’une monnaie peut avoir un effet correctif positif. Les Allemands seraient freinés dans leurs exportations, comme la Suisse l’est actuellement. Ça éviterait quelques excès et ça mettrait en valeur les autres économies. L’inflation interne du pays à la monnaie forte serait limitée, idem pour la surexploitation de ses capacités de production. Regardons la crise actuelle: la Suisse a subi ce choc pratiquement toute seule; la Suède n’est pas épargnée depuis peu. Avec le recul, on se dit qu’il aurait fallu commencer par une zone euro limitée à quelques pays forts, l’Europe du Nord. On aurait incité, par une saine émulation, les autres Etats à rejoindre la zone monétaire.

L’UE peut-elle vivre durablement sans monnaie unique?

– Oui et mieux qu’avant, car les quatre grandes libertés – circulation des biens, des personnes, des capitaux et des services – existent. Comme zone économique, l’UE s’est incontestablement renforcée en créant le grand marché unique. Après une période de turbulences, avec la sortie souhaitable de la zone euro de la Grèce, du Portugal, et pourquoi pas de l’Espagne et de l’Italie, l’Union et son marché unique vont survivre. Leurs institutions sont fortes et bien enracinées. Je n’approuve pas ceux qui collent le destin de l’UE à l’existence de l’euro tel qu’il est aujourd’hui.

L’Organisation mondiale du commerce (OMC) échoue à corriger les distorsions de concurrence entre Etats; le retour au protectionnisme menace. Etes-vous désillusionné comme économiste libéral?

– Je regrette beaucoup l’échec de l’OMC. C’est lamentable que l’on ne réussisse pas à étendre le champ du libre commerce aux services et à l’agriculture, et qu’on remplace cette ambition par le bilatéralisme rampant.

L’avenir européen se joue-t-il entre davantage d’intégration politique sur le modèle américain, ou au contraire un brutal retour en arrière?

Aux Etats-Unis, l’Etat fédéral ne garantit pas les finances des Etats membres! Leur union est donc très forte mais bien moins envahissante que dans l’UE, c’est une différence incroyable! L’Europe peut faire un pas en direction d’une union des transferts. Avec l’émission, presque bénigne, d’eurobonds, ou en introduisant des taxations communes. Mais ce ne serait qu’un premier petit pas. On ne peut pas imaginer une union de transferts approfondie entre des pays qui traitent très différemment leurs retraités et leurs chômeurs. En Suisse, si un canton a beaucoup de chômage, il obtient des prestations de la Confédération. Mais si le canton de Bâle-Ville payait ses chômeurs trois fois plus que Zurich, les contribuables zurichois n’accepteraient plus de payer pour les chômeurs bâlois. C’est précisément la tension qui existe entre la Grèce et l’Allemagne. Si les Allemands qui prennent leur retraite à 67 ans doivent subventionner les Grecs qui le font à 58 ans, ça ne marche pas. L’union des transferts nécessite une harmonisation de toutes les conditions du marché du travail et des systèmes sociaux, comme cela a été fait aux Etats-Unis ou en Suisse. Mais nous l’avons fait en cent cinquante ans! Si on le faisait maintenant très vite en Europe, la rébellion serait programmée.

– Alors, quelle perspective pour l’Union européenne?

– Je souhaite que les pays qui n’ont pas passé le test de l’euro quittent la zone monétaire. L’euro doit rétrécir pour se renforcer. Ce serait une réponse crédible par rapport à un dollar dégringolant. Maintenant, ce qui est souhaitable correspond rarement à la réalité. La Banque centrale européenne (BCE) s’est fourvoyée en inondant de crédits les banques de toute l’Europe et en rachetant tant d’obligations faibles dans tous les pays d’Europe qu’elle ne peut plus rebrousser chemin. Toute sortie de l’euro la ruinerait. Donc elle va finir par imprimer de la monnaie, comme on le fait aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne. La BCE est encore en train de chercher l’excuse justifiant cette démarche. Dès qu’elle le pourra, elle dira aux Etats en difficulté: ouf, on peut vous aider et monétiser les dettes. A terme, il existera un fort risque inflationniste. D’ailleurs, on distingue les premiers signes de cette répression financière. Aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne et maintenant en Allemagne, l’inflation dépasse les taux d’intérêt sur les obligations d’Etat à 10 ans. On prend ainsi le chemin d’un soulagement de la dette des Etats. Je ne pense pas qu’on aura une hyperinflation. Si on imagine une période de 5-6% d’inflation pendant huit ans, la situation fiscale des Etats sera très nettement améliorée, aux dépens des retraités et des épargnants.

La Suisse sera-t-elle contaminée?

– Nous sommes dedans. Ces masses monétaires flottantes sont là. Dès qu’une certaine confiance se fera jour, les banques prendront cet argent qui sommeille encore sur les comptes des banques centrales. Elles le prêteront à l’économie privée pour acheter des matières premières, des immeubles, des actions. L’inflation en cascade finira par se répercuter sur les prix au détail. Bien sûr, les banques centrales pourraient avoir le courage énorme de revendre au libre marché toutes les obligations et tous les paquets hypothécaires qu’elles ont achetés. Elles encaisseraient l’argent puis le détruiraient, augmentant ainsi les taux d’intérêt. Si elles avaient ce courage, l’histoire se présenterait autrement. Mais je n’y crois pas. L’option d’une sortie par davantage d’inflation est le scénario le plus probable. C’est ainsi qu’ont été amorties les dettes américaines de la Seconde Guerre mondiale. Il y a eu un accord explicite entre le Ministère des finances et la Banque centrale américaine (Fed) pour comprimer les taux et augmenter l’inflation. Et quand le président de la Fed, en 1948-49, trouvait qu’on pouvait arrêter ce processus, il a été viré comme un malpropre par le président Truman.

Vous avez critiqué la Banque nationale suisse (BNS) quand elle a arrimé le franc à l’euro en fixant un taux plancher. Ecririez-vous aujourd’hui la même chose?

– J’avais pris un pari que j’ai pour l’instant perdu. Je trouvais la date de la décision problématique, et c’était le motif de mes critiques. La BNS n’a pas attendu le verdict de la Cour constitutionnelle de Karlsruhe sur la constitutionnalité du plan de sauvetage de l’euro auquel l’Allemagne devait participer. En anticipant d’un jour cette décision cruciale, elle a pris un risque insensé. Deuxièmement, je pensais qu’il y aurait une fuite massive du dollar si la commission parlementaire bipartisane chargée de limiter le déficit criant des Etats-Unis ne réussissait pas à trouver, jusqu’au 23 novembre, un accord convaincant. Elle a effectivement échoué, mais les investisseurs n’ont pas tourné le dos au dollar car la situation financière de l’Europe s’était entre-temps beaucoup dégradée. Les conditions d’un échec pour l’action de la BNS en faveur du franc n’étaient donc pas remplies. En revanche, l’autre critique que j’ai adressée à la BNS en mai 2010 reste valable. Elle a eu tort d’intervenir seule contre la politique frivole du dollar. Une action conjointe avec les banques centrales d’Etats qui avaient le même souci aurait été plus efficace; on aurait dû débourser beaucoup moins d’argent pour stopper le glissement défavorable au franc.

3. «Je suis pour l’Etat arbitre, qui fixe les règles»

Dans vos chroniques, vous vous êtes illustré comme un pourfendeur impitoyable de l’Etat alors que vous défendez son rôle de régulateur. Pourquoi avez-vous été si dur?

– Je suis pour l’Etat arbitre, mais pas pour l’Etat qui joue sur le terrain, en stimulant la demande, en intervenant partout, en ne libéralisant pas les réseaux comme la technique l’exige. Il y a bien sûr des défaillances des marchés, mais il y a aussi beaucoup de défaillances de l’Etat. Les acteurs politiques le prouvent tous les jours en adoptant des règlements opaques. Pensez aussi à la cacophonie autour du sauvetage de l’euro, à l’accumulation inconsciente des dettes, à l’instauration de régimes de retraite pratiquement tous pas viables.

»Ces mauvaises expériences, qui remontent toutes à ces vingt à trente dernières années, m’ont fait réfléchir. Je vois une césure avec les années 1970, où le poids de l’Etat était bien plus mince, les défis moins importants. Bien sûr, il y avait aussi des politiciens ineptes, mais il s’est tout de même passé quelque chose qui justifie ma méfiance. J’ai aussi passé de la politologie européenne qui part du principe que la politique cherche le bien commun à la politologie du public choice, qui postule que la recherche de l’intérêt commun ne guide pas les acteurs politiques, mais que ceux-ci sont des êtres humains comme tous les autres, mus par l’égoïsme et l’intérêt personnel exactement comme les acteurs privés. Si l’on analyse l’action des politiciens sous cet angle, on comprend qu’ils cherchent à tout prix à maximiser les votes, les subventions ou encore la durée de leur mandat. Je vois deux remèdes: il faut limiter la compétence de la politique sur la vie des gens et donner voix au chapitre au plus grand nombre avec la démocratie directe et la compétition fédéraliste. Sinon, l’Occident court à sa perte.

– Mais le peuple n’est pas toujours raisonnable!

– Oui, mais alors il est responsable de ses errements. En fait, la Suisse prouve que les gens réfléchissent. Ils arrivent à saisir les éléments fondamentaux de la vie publique comme par exemple la très simple liaison de cause à effet, à savoir que si on vote des dépenses, on doit aussi voter des impôts. C’est tellement simple, et c’est démontré tous les trois mois, toutes les années.

Mais le pouvoir du peuple ne doit-il pas avoir certaines limites? Pensons à la votation sur les minarets, il y a tout de même un sérieux problème!

Le peuple est assez raisonnable pour ne pas tomber dans les extrêmes ou pour corriger le pire. Je suis opposé à ces limitations de la démocratie directe défendues par des gens bien-pensants.

Peut-on tolérer que le peuple refuse les normes du droit international impératif?

Si les élites politiques, culturelles et économiques n’arrivent pas à inculquer et défendre ces valeurs, alors tout est cuit. Cela force les élites dirigeantes à se mouiller, et c’est très bien. Eclairer, guider, argumenter, pour que le peuple trouve ses propres limites, c’est leur rôle. En Suisse, les fédérations et les associations, qui agissent entre le citoyen et l’Etat, ont les moyens de faire ce travail.

Qui, dans l’économie, se mobilise contre un durcissement excessif de la politique migratoire préconisé par des milieux qui ne craignent pas d’attiser la xénophobie? Ne joue-t-on avec le feu, car la prospérité de la Suisse s’est largement construite avec les talents et les fortunes des immigrés?

Même à l’intérieur de l’UDC, il y a des voix comme celle de l’industriel Spuhler qui apportent des nuances. Cela dit, je me dresse fortement contre l’apostrophe xénophobe qualifiant l’attitude critique consistant à montrer que la forte immigration de ces dernières années produit aussi des effets négatifs. Pensez seulement aux conséquences sur le marché du logement ou sur le marché du travail. Attaquer sur la prétendue xénophobie, c’est empêcher toute discussion. Ne pas vouloir reconnaître ces effets négatifs et en débattre, c’est une marque de mépris pour le petit peuple qui les subit bien plus fortement que les élites.

Peut-on être libéral et ne pas soutenir sans restriction la liberté de l’individu de s’établir où il veut?

Mon grand père maternel, qui était peintre en bâtiment, est arrivé d’Italie en Suisse en 1901. A cette époque, c’était «viens et débrouille-toi!». Il n’a pas touché un sou de l’Etat, il a dormi parfois dans les églises avant de reprendre son travail le lendemain, il n’avait aucun droit aux assurances sociales. Cette époque est révolue. En 2000, la Suisse a inscrit dans sa Constitution la garantie à une «existence digne» pour tous les résidents sur son territoire. On a introduit là une garantie dynamique de prestations qui va au-delà des seules calories minimales mais nécessaires pour survivre. Toute la discussion et les décisions sur l’aide aux requérants d’asile et sur les normes d’assistance sociale sont influencées par cette norme généreuse. Tant que cette disposition existe, il est tout simplement impossible d’être en faveur d’une immigration illimitée. Sur ce point sensible, l’élite politique a fait choisir le peuple sans lui dire la vérité…

– Parlons de l’écologie. Les acteurs privés et l’économie libérale considèrent la nature et ses ressources comme des biens gratuits et illimités, ce qui justifie leur pillage. Qui doit donner le signal que nous allons ainsi au désastre?

C’est la problématique des coûts du travail externalisés par les acteurs. C’est une des quatre défaillances du marché. Il faut internaliser ces coûts cachés. L’Etat est requis en tant qu’arbitre. C’est à lui de poser les règles. Il y a beaucoup à faire, dans les domaines de l’énergie, des transports, de l’aménagement du territoire.

L’Etat n’est pas neutre, il est toujours livré aux lobbies. Est-il à la hauteur de cette mission?

Il y a des lobbies de tous les côtés, cela ne me choque pas. Ce qui est choquant, c’est l’Etat acteur. C’est là qu’il n’est pas neutre. L’objectif, c’est une libéralisation des réseaux avec un bon arbitrage visant à l’internalisation des coûts par les acteurs privés de ces réseaux. Ce n’est pas contradictoire, cela va de pair.

– Mais l’économie ne veut pas reconnaître les coûts externes. Ce n’est jamais le bon moment, c’est toujours trop cher…

– Il y a fatalement une conjuration générale contre l’internalisation des coûts. Je ne défends pas la position d’une organisation économique quelconque. Le patronat freine, mais de mon temps au syndicat, j’ai entendu dire qu’il ne fallait pas accepter ceci ou cela parce que ça tuerait les places de travail…

Le Conseil fédéral a lancé l’idée d’une réforme fiscale écologique. Est-elle souhaitable quand bien même le projet a été très mal accueilli à peu près partout?

– Pour moi, cette réforme est souhaitable si elle arrive à internaliser les coûts mais sans alourdir la charge fiscale. On augmente certains coûts par des taxes, puis on redistribue cette manne dans les poches du citoyen, par exemple via l’assurance maladie, comme cela se fait déjà pour des montants faibles. Si on imposait ainsi le carburant des avions ou l’essence, on pourrait rembourser des montants importants par tête. L’effet fiscal serait neutre et pourtant les prix relatifs changeraient beaucoup afin d’aiguiller le consommateur dans la bonne direction.

»Outre la résistance des lobbies qui veulent profiter du statu quo, un motif d’échec des efforts dans cette direction est le manque de coordination des politiques au niveau fédéral. Chacun bricole une politique sectorielle dans son coin, mais celles-ci n’ont aucun rapport entre elles. Ce déficit de cohérence est typique de la gouvernance suisse.

4. «Je crois avec ferveur dans le bon sens du peuple»

Vous ne croyez plus à la concordance politique. Qu’est-ce qui ne joue plus dans le modèle helvétique?

– La concordance n’est rien d’autre que le désir de tout le monde d’être dans le gouvernement. La vraie concordance, ce serait un contrat de législature avant l’élection du gouvernement, et l’élection ensuite sur la base de ce programme. Je le professe depuis longtemps. Ça donnerait enfin une cohérence à l’action gouvernementale. J’ajoute souvent que les groupes parlementaires auraient la responsabilité d’exclure celui, parmi leurs membres, qui s’oppose aux décisions concrétisant le programme de législature. Il ne faudrait pas régler ce point au niveau législatif, mais au niveau des partis.

»Aujourd’hui, nous avons un gouvernement collectif, mais composé un par un, et sans mandat. Il est étrange que, dans ce système, le plus grand parti, l’UDC, qui ailleurs serait le leader de la majorité et fournirait le premier ministre, est mis à l’écart. Ce n’est pas de la démocratie. Je préfère un système où l’UDC devrait assumer la responsabilité gouvernementale, montrer si ses concepts marchent ou pas, et que le citoyen puisse en juger quatre ans plus tard. Aujourd’hui, l’UDC peut crier dans la rue qu’elle ferait tout autrement, mais elle ne doit jamais rien prouver.

Ce serait un changement de nature du gouvernement. Aujourd’hui, il est faible, car on a voulu donner l’essentiel du pouvoir au parlement. Dans beaucoup d’autres pays, c’est l’inverse. Quel est le juste équilibre pour un pays fédéraliste?

– Le parlement est faible dans certains pays à démocratie parlementaire parce que constitutionnellement, si le gouvernement est mis en minorité, le parlement est dissous. Il obéit à l’exécutif sinon il perd ses prébendes. En Suisse, ça ne jouerait pas. Le parlement disposerait toujours d’une certaine liberté. Et puis il y a la démocratie directe, qui est une soupape, et peut apporter des correctifs. Je crois avec ferveur dans le bon sens du peuple, jusqu’à preuve du contraire.

En quoi la protection des minorités et ce qui contribue au «vivre ensemble» de la Suisse seraient-ils mieux protégés dans un régime d’alternance classique?

– Ça ne changerait rien. Déjà aujourd’hui, rien n’est prescrit pour garantir la composition la plus souhaitable pour respecter les régions linguistiques sans être prescrit. Ce serait toujours la responsabilité des partis de continuer à veiller à la juste représentation des régions. Cela dit, la meilleure défense des régions, c’est le fédéralisme. Le vrai danger, c’est l’élection directe par le peuple. Il ne faudra vraiment pas céder à cette tentation populiste. Ce serait malsain d’avoir deux pouvoirs constitutionnellement légitimés par le peuple. Ça passe au niveau cantonal, où le gouvernement est la pointe de l’administration, rien de plus, mais ça ne passe pas au niveau fédéral.

L’inquiétude monte en Europe à propos du prétendu déclin économique, politique, culturel, technologique et scientifique aussi, du modèle occidental. Surfaite, ou à prendre au sérieux?

Le déclin n’est pas moral, il est financier. L’Occident s’est endetté à un point où il perd sa marge de manœuvre à l’intérieur et souvent à l’extérieur des pays. On a vu Klaus Regling, le chef du fonds de stabilité EFSF de l’UE, se prosterner en Chine pour avoir des sous, ou le Portugal priant l’Angola de souscrire à un emprunt. C’est tout simplement fou!

»Du point de vue culturel et technologique, je ne crois pas au déclin de l’Occident. Ce dont on se plaint – le prétendu échec de l’école attesté par les mauvais résultats PISA – peut être corrigé en cinq ans, dix ans. Ce n’est pas un mal incurable.

»La Chine semble avoir trouvé une formule à toute épreuve, la liberté plus ou moins forte des marchés, combinée avec une dictature savante du bureau politique, mais la Chine n’a pas encore dû fournir les preuves de la validité de ce modèle. Si elle est établie, elle vaut pour l’Asie, mais pas pour l’Europe.

»L’idée du tout à l’Etat, de l’endettement comme preuve d’un Etat fort et aussi les restrictions du marché du travail, que je tiens pour une tare de l’Occident, tout cela, ce sont des choses qu’on peut changer. Je flaire même un accord tacite des travailleurs eux-mêmes pour être à nouveau plus libres, pouvoir faire des heures supplémentaires, gérer leurs horaires à leur guise.

Peut-on être libertaire sans composante humaniste?

La position libertaire est celle qui respecte l’homme le plus. Elle ne le freine pas, elle permet des solutions qui permettent d’amortir les chutes et les défaillances de marché, mais elle maintient le principe que chacun doit subvenir à ses besoins. D’une humanité suprême, elle respecte une constante anthropologique: l’homme est mu par ses intérêts. Pas comme un Homo economicus stupide qui compte chaque soir son argent; mais par son intérêt personnel, qui peut concerner son statut économique, l’intérêt de gérer sa vie. C’est ça la force qui fait avancer les gens.

– Mais que fait-on avec les plus faibles?

On a inventé des assurances sociales. Elles sont allées trop loin, mais il y a entente pour que dans les pays riches on ne laisse pas mourir quelqu’un devant un hôpital ou sous un pont. Ce qu’il faut, c’est éviter tout ce qui favorise le freerider (le profiteur). Affirmer une protection générale sans contrepartie, ça ne va pas! Les systèmes d’assurance conçus comme des clubs fermés – chacun contribue en échange de quoi il a droit à une prestation – doivent être maintenus. La démarche fausse, c’est de garantir un revenu minimum. Ça, c’est le monstre sociétal! On garantit quelque chose à tout le monde sans demander de contrepartie, tout en espérant que les gens feront le nécessaire… Le revenu minimum garanti, c’est profondément anti-solidaire.

– A contrario, est-il souhaitable de limiter la possibilité des gens de gagner de l’argent?

– Non, il ne faut pas limiter par principe. C’est la seule responsabilité des actionnaires. On discute aujourd’hui de la possibilité que les actionnaires, à l’avenir, puissent intervenir année par année. J’y suis favorable. La réforme précédente, pour laquelle j’œuvrais dans une commission d’experts, voulait enlever aux avocats siégeant dans 40 ou 70 conseils d’administration pour des investisseurs cachés en «assemblée générale» de dire qu’ils n’y étaient pour rien. Ainsi, on responsabilisait le conseil d’administration pour des tâches exclusives. Mais aujourd’hui, ils s’en servent – pour les bonis d’eux-mêmes.

EN COMPLEMENT:

« Ceci me conduit à l’autre idée constante de mon argumentaire. On peut très bien être un peu différent et vivre néanmoins dans une même nation, si l’on s’accorde la liberté. Le fédéralisme est constitutif et nécessaire à la survie de la Suisse. Dans les cantons des deux Appenzell, où j’ai grandi, on considérait la formation de l’Etat fédéral souvent comme un pas de trop! Ce besoin de fédéralisme s’impose d’autant plus pour l’Europe. Elle ne doit régler que le strict nécessaire. Outre la liberté, ses parties contractantes profiteraient beaucoup de «l’émulation des solutions». Si le Danemark ne limite pas trop les licenciements et n’impose pas les salaires, la France le fait fortement. Or le Danemark jouit d’un plein-emploi relatif, comme la Suisse d’ailleurs. On voit bien quelle solution est la bonne. La même émulation devrait s’appliquer aux assurances sociales, aux banques, aux budgets, à la monnaie. 

Plus directement, pour les questions économiques, mon point de vue préféré est de refuser toute considération de «jeu à somme nulle». Si l’Occident est devenu riche et que l’Afrique est restée pauvre, ce n’est pas le résultat d’un pillage, mais de la productivité technique et sociétale. Si l’Allemagne est riche et la Grèce surendettée, les mêmes facteurs l’expliquent. Si certains travaillent beaucoup, ils n’enlèvent pas du travail aux chômeurs et il ne faut pas réduire le temps de travail. Au contraire, dans un pays où l’on travaille beaucoup, le pouvoir d’achat met au travail tout le monde. Si quelqu’un veut réduire sa charge de travail, il peut le faire, avec la conséquence pécuniaire individuelle. 

Et ma conviction fondamentale derrière tout cela est que les individus savent mieux que des fonctionnaires ou des politiciens ce qui leur profite. La liberté tout court est un idéal qui est trop délaissé pour des soucis de sécurité immédiate ou des motifs d’égalité superficielle. »

 A lire

Beat Kappeler a consigné ses réflexions sur l’économie suisse, son évolution ces 50 dernières années et son avenir, dans un livre paru en allemand l’automne dernier: Wie die Schweizer Wirtschaft tickt. Die letzten 50 Jahre und die nächsten… (Verlag Neue Zürcher Zeitung, 2011).

Le site de Beat Kappeler

4 réponses »

    • Bonjour Alexandre

      Merci Beaucoup pour le lien…..Juste une observation coppock me parait beaucoup plus fiable en tant que signal d’achat qu’en tant que signal de vente…C’est pourquoi il m’était apparu très important à partir de mars 2009 de foncer sur les actifs à risque et cela en dehors de toute considération macroéconomique sur la tenabilité du système…L’objectif étant pour le petit et moyen investisseur de rattrapper les pertes occasionnées lors du bear market sanglant….Les gros et la smart et hot money en ont largement profités, pas sur que les petits aient su tirer avantage de la situation…
      Dans la situation actuelle ou les marchés sont drogués par la planche à billet et en proie à une volatilité accrue il apparait judicieux de vendre dans les périodes de hausse comme actuellement et d’acheter ou de se renforcer dans les période de baisse, en ayant pris bien soin préalablement de diversifier ses actifs au maximum …et ceci en attendant une nouvelle grande purge…

  1. Merci du fond du coeur, ce type est vraiment brillant (et ceci venant d’un Suisse libertarien qui est passablement désabusé par les classes médiatique et politique de son pays).

  2. Faute avouée est à moitié pardonnée. Allez, allez en paix
    ET N’ÉCRIVEZ PLUS ! Amen ! lol

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