Analyse d'un secteur économique particulier

Main basse sur la ville et razzia sur la chnouf : Anticipations d’un retour des banques américaines

Main basse sur la ville et razzia sur la chnouf : Anticipations d’un retour des banques américaines

Les établissements américains bénéficient de la cession d’actifs en Europe pour accroître leurs parts de marché. La hausse des cours a atteint plus de 15% pour certaines institutions US au cours des cinq derniers jours.

The Art of War

Le secteur bancaire américain serait-il en train de renaître? Qui plus est, sur les cendres de leurs concurrentes européennes? C’est ce que suggèrent les bons résultats trimestriels récemment publiés.

 Sur cinq ans au 30 décembre 2011, les cours de Bank of America (BAC), Goldman Sachs (GS) ou encore Citigroup (Citi) ont dévissé, respectivement, de 87%, 52% et 94%.

source Bespoke

Mais les résultats du quatrième trimestre 2011 publiés la semaine dernière montrent un tout autre tableau du secteur: sur les cinq derniers jours, BAC a repris plus de 14%, GS a bondi de 16,4%, tandis que Citi, dont les résultats étaient plutôt en demi-teinte, s’est apprécié de près de 4%.

Bank of America est nettement sorti du lot et a surpris le marché en publiant un bénéfice net de 1,6 milliard de dollars contre une perte de même ampleur un an plus tôt, en raison de l’absorption des pertes accumulées par Countrywide Financial, racheté lors de la crise financière de 2008. Mieux encore que cet indicateur  purement conjoncturel, l’établissement américain est parvenu à renforcer la structure de son capital et se présente dès lors comme l’une des banques les mieux positionnées au vu des exigences internationales en matières de fonds propres. La stratégie du CEO, Brian Moynhian, en poste depuis trois ans, a consisté en un recentrage stratégie autour de cœurs de métier, une réduction importante des frais de personnel via la suppression de 7000 postes sur les derniers mois de 2011 (objectif de suppression de 30.000 emplois d’ici les prochaines années), ainsi qu’une réduction structurelles des risques. Ce, tout en augmentant les investissements dans l’investment banking et les prêts aux petites et moyennes entreprises. Sur le marché des options, les calls sur BAC sont particulièrement recherché, comme l’indique le ratio put/call.Au niveau des produits structurés, on observe une hausse de 15% environ du cours d’un convertible à barrière sur BAC émis par Vontobel Financial Products en novembre dernier. Il est vrai que le produit avait presque immédiatement perdu le même pourcentage, sous l’effet des craintes autour du marché obligataire européen et de la paralysie du marché de l’emploi comme celui de l’immobilier résidentiel.

Le récent rebond des titres américains coïncident avec le mouvement de vente en masse d’actifs stratégiques par les banques européennes, dont le marché interbancaire est pratiquement à l’arrêt.

Actifs rachetés précisément par leurs consœurs américaines. Les banques de la zone euro sont en effet encore loin d’avoir assainis leur bilan, constitué pour une part importante d’actifs obligataires émis par les pays de la zone euro. Elles sont donc contraintes de céder leurs actifs alors qu’elles sont dépourvues de tout pouvoir de négociation les prix de vente.

Vikram Pandit, CEO de Citigroup, a déclaré la semaine dernière que les établissements du Vieux continent étant en train de réduire leur périmètre d’activité, «les autres banques internationales vont devoir se substituer à elles». Même Goldman Sachs, dont les résultats se sont pourtant traduits par une perte, parvient à tirer parti de ce rapport de force avantageux. A l’instar de ses compatriotes, la banque ne rencontre aucune difficulté pour lever des fonds sur le marché monétaire ou via les covered bonds.

Levi-sergio Mutemba/agefi janv12

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