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Marchés : Résultats plutôt décevants au 4ème trimestre pour les Entreprises US

Marchés : Résultats plutôt décevants au 4ème trimestre pour les Entreprises US

Les résultats du 4ème trimestre laissent déjà entrevoir un PIB us en demi-teinte. En effet, ce trimestre a marqué pour la première fois une inversion de tendance dans les profits qui étaient systématiquement meilleurs qu’anticipés. Il a aussi montré que les volumes de vente n’ont pas correspondu aux attentes.

Les chefs d’entreprise sont restés en autres très prudents sur le premier trimestre 2012 en révisant substantiellement leurs chiffres d’affaires et bénéfices à la baisse.

source Bespoke

600 sociétés du Russell 3000 ont publié leurs résultats à fin janvier selon le consensus FactSet représentantquasiment la moitié de la capitalisation boursière. L’échantillon reste biaisé vers le haut par le nombre de sociétés technologiques et vers le bas par le secteur de consommation cyclique.

Il est impossible de parler de parutions sans s’étendre sur les exploits d’Apple qui a réalisé 8.6 Mds$ de chiffred’affaires de mieux qu’attendu (46Mds sur le seul trimestre). Les profits ont de ce fait été 3.9Mds de meilleurs qu’attendus (12.9Mds). La société veut récidiver au premier trimestre et rehausse les attentes de 3.4 mds pour le CA et 1.4 Mds pour les profits. A elle seule, Apple représente pratiquement 10% des profits des 600 sociétés. Il est évident que ces résultats influencent fortement l’ensemble du consensus et ne représentent pas la tendance générale.

PLUS DE RESULTATS EN SUIVANT :

Les financières décevantes. L’informatique en forme

Les chiffres du 4ème trimestre ont été fortement impactés négativement par les résultats des financières qui étaient en moyenne 13% en dessous des attentes. Hors financières, les résultats restent malgré tout en dessous des attentes si on exclut Apple et sont révisés de la même manière pour le premiertrimestre 2012.

L’analyse sectorielle montre deux secteurs qui ont fait nettement mieux qu’attendu à savoirl’informatique et les industriels menés par Carterpillar et Boeing. Tous les autres secteurs sont en ligne ou en dessous du consensus et notamment le secteur des télécoms et de la consommation cyclique.

Malgré tout, les sociétés ont réussi à maintenir une croissance positive de 7% au 4ème trimestre qui reste plus qu’honorable dans l’environnement actuel. Ces mêmes sociétés restent bien portantes avec un matelas de cash de 1172 Mds de $ pour les non financières, et ont partiellement utilisé leur cash pour racheter leurs propres actions.

L’Europe plus décevante que les Etats Unis

Le mouvement de révisions pour 2012 affecte également l’Europe de façon encore plus marquée en raison du problème spécifique du secteur financier. Mais les produits de base sont fortement revus à la baisse alors que le marché a flambé sur ce secteur dans l’espoir d’une reprise de la demande. Les sociétés de télécoms souffrent d’une concurrence accrue et de la baisse des prix. Le trublion françaisFree a lancé le 4ème réseau Mobile avec des prix que nos voisins ont du mal à imaginer : communications illimitées, data quasi illimitées, appels vers 40 pays à l’étranger illimités, le tout pour… 19€95, soit moins que la moitié des 3 opérateurs. Ceux-ci ont dû s’aligner la mort dans l’ame.

Apple a mis à jour le vrai visage de l’économie du futur, tournée vers l’innovation, le savoir et productivité.

En fait Apple a phagocyté des pans entiers de l’économie et notamment l’industrie du home entertainement japonaise (vous vous souvenez des walkmans ??), l’industrie photographique (Kodak vient de déposer son bilan) et il reste seule la photographie professionnelle. Il a mis en quasi faillite le géant Nokia ainsi que Blackberry. Il a réduit les sociétés de télécoms à de simples fournisseurs d’accès qui luipaient des redevances ! Il menace fortement l’industrie du jeu électronique. Il a mordu sérieusement sur la vente des PC et les logiciels de Microsoft. Sa prochaine incursion dans la télévision réduira les fabricants à des simples fournisseurs de hardware et fusionnera le monde de l’internet et de la télévision.

Le succès de cette réussite ? Un mot la résume : la SIMPLICITE. Rien n’est laissé au hasard dans le design, et tout doit être intuitif en un seul geste.

Des innovations majeures à la portée de la main

L’automobile est aujourd’hui au même stade de développement que le Walkman. Des ingénieurs trop fiers du secteur développent des interfaces de navigation et d’assistance qu’ils sont les seuls à comprendre, au lieu d’articuler une voiture autour d’une tablette Apple qui obéit « au doigt et à la voix ».

« Allez chez John » déclenche le navigateur pour aller à son adresse déjà stockée. Appeler John ou toucher l’écran déclenche un appel téléphonique. « Mozart » déclenche des propositions vocales de symphonies disponibles. La vitesse GPS est confrontée avec celle du cadran pour les radars et les incidents sont affichés sur l’écran en langage clair et non en icônes barbares. Si je me demande quand j’aifait le voyage chez ma tante, il me suffit de consulter les données stockées dans la tablette.

C’est un exemple parmi d’autres de ce que la technologie met à la portée de nos mains. A l’ère où tout le monde s’affiche sur Facebook, les citoyens n’ont toujours pas de carte de santé universelle qui stocke l’intégralité de leurs données médicales sur le net: ordonnances, radios, scanners, analyses, visites médicales, compte-rendu d’intervention… C’est un projet d’investissement à 100Mds + dont le taux de rentabilité sociale, financier et qualitatif est énorme, pour des gouvernants qui passent des nuits blanches à essayer de combler le trou de leur sécurité sociale.

A l’heure où tout le monde parle de relocalisation pour stimuler l’emploi, on fait fausse route si l’on veut que les petites mains chinoises qui assemblent l’Iphone soient remplacées par des petites mains américaines. Les vrais emplois à valeur ajoutée seront pour ceux qui créeront les robots qui remplaceront ces petites mains qui deviennent d’ailleurs de plus en plus chères. Le textile est condamné à être plus robotisé et éventuellement rapatrié. Cette évolution sociale nécessite le réexamen du système éducatif pour encourager l’innovation. Et maintenant que Wall Street licencie des brillants cerveaux qui ont failli faire exploser la planète, peut être vendront-ils leur savoir vers l’innovation aussi rémunératrice mais bien plus utile. Le dégonflement rapide des bonus est un signe

L’Iran pourrait venir sur le devant de la scène

Il va sans dire qu’une autre grande inconnue de 2012 est la géopolitique avec l’Iran qui risque de déstabiliser l’économie du pétrole. Une attaque sur les installations nucléaires par l’Otan serait suivie d’une avalanche de missiles sur Israël en provenance de la Syrie, du Liban et de Gaza. La réplique inévitable mettrait tout le Moyen Orient en ébullition.

Matières premières : un frein à la reprise durable

Il est inquiétant de voir que le baril de pétrole, accroché toujours au dessus des 100$, risque de tuerdans l’oeuf toute velléité de reprise de la croissance. L’indice CRB reste également trop corrélé avec les marchés. Heureusement l’Amérique a un océan de gaz naturel à des prix ridicules qu’il faudra apprendre à utiliser efficacement. La recherche pétrolière s’accélère quelque peu dans le monde et les énergies renouvelables continuent d’arriver sur le marché. Gare à l’effondrement des prix du pétrole le jour où la demande sera en dessous de l’offre. Ce sera le gage d’une croissance longue et saine.

Les valorisations des marchés toujours attractives

Les valorisations restent historiquement très faibles avec 12.4x les résultats attendus de 2012 pour le S&P 500 et un dividende qui dépasse les taux obligataires et qui est prévu en hausse. Nous avons révisé les BNA du premier trimestre de 10%, de 15% aux 2ème et 3ème trimestres et de 20% au 4èmetrimestre.

Cela donne une baisse des profits de 6.8% en 2012 contre 9.4% prévu par le consensus. Nous retenons des croissances normatives de 5% en 2013 et 2014. Le CAGR reste à un modeste 1.9%. Ce scénario central donnerait un S&P à 1372 points, supérieur à notre précédente estimation de 1324. Dans un scénario de choc systémique, nous restons entre 1065 et 1187.

Pour le marché européen, nous retenons une baisse des profits de 5.3% en 2012 contre un consensus à 10% dans notre scénario central et retenons un rebond de 6% en 2013. Le taux moyen de croissance des profits sur 8 ans ressort à -0.1%. L’objectif de cours est à 289 points, soit une hausse de 13% sur le niveau actuel. Le scénario de crise retient une baisse de 16.5% des profits en 2012 et une croissance normative de 3% en 2013, soit un CAGR de -2.9%. Le marché serait à 236, soit une baisse de 8% qui s’ajoute à la baisse de 2011.

J.Chahine facset fev12

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