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L’Égypte tente d’éviter une crise de la dette publique

L’Égypte tente d’éviter une crise de la dette publique

 L’intervention du FMI reste en suspens

Le Tourisme et la construction sont  les deux gros employeurs du pays , et ils se sont fortement contractée fragilisant  ainsi l’économie égyptienne . Les recettes du tourisme ont  chuté de 12,5 milliards $ en 2010 à 8,8 milliards $ en 2011. … Conséquence l’Egypte a maintenant une augmentation de son déficit public  et est confronté à l’épuisement rapide de ses réserves de change qui devrait conduire à une dévaluation de la livre égyptienne , déclenchant ainsi  l’inflation. ….. Le taux de chômage, selon les chiffres officiels est passé de 9 pour cent avant la révolution à 12 pour cent aujourd’hui , mais le niveau réel pourrait être encore plus élevé encore …. La croissance du produit intérieur brut pour l’année arrèté à Juin 2011 a été de 1,8 pour cent et il est prévu à 1,3 pour cent pour le reste de  l’année .

source Financial Times

Economistes ou simples commerçants cairotes avaient prévenu, il y a un an, alors que le soulèvement de la place Tahrir forçait le président Moubarak à la démission. Le véritable défi de «l’après» viendrait de l’économie. Et des finances publiques.Après des mois marqués par la chute du tourisme et une croissance de l’activité au plus bas ­depuis une décennie, les autorités du Caire prennent des mesures d’urgence pour contenir la dollarisation de l’économie et enrayer tout problème bancaire.

PLUD DEGYPTE EN SUIVANT :

Mardi, l’agence de notation Standard & Poor’s évaluait le risque représenté par le système financier égyptien au niveau 8, sur une échelle de 1 à 10. Une fragilité similaire à celle du Liban ou de la Tunisie.

Le Caire, coupé des marchés

La Banque centrale a autorisé les établissements à mettre de côté un peu moins de réserve en face des dépôts de leurs clients. But de cette nouvelle mesure? Inciter ces banques à souscrire davantage aux emprunts gouvernementaux. Ces prêts représentent déjà le tiers de leurs actifs, proportion qui a doublé en cinq ans.

Les besoins du Caire continuent de s’accroître. Le déficit public a atteint 9,5% du produit intérieur brut (PIB) au cours des 6 derniers mois de 2011. Il représentait 8,1% du PIB au cours de l’exercice 2010, celui ayant précédé la révolution. «Seul un tiers des objectifs – ambitieux – de recettes fixées pour le budget en cours sont remplis, et ceci alors qu’elles sont gonflées par le soutien du Qatar et de l’Arabie saoudite», note Jean-Michel Saliba, économiste chez Bank of America Merrill Lynch à Londres.

La dernière décision de la Banque centrale vise également à refroidir les taux d’intérêt affrontés par le gouvernement. En moyenne, pour un prêt sur douze mois en monnaie locale, le Caire doit accepter un taux de pratiquement 16%, un record.

Les milieux financiers internationaux répondent aux abonnés absents: ils se sont séparés en masse de leurs emprunts égyptiens après la chute d’Hosni Moubarak. Et les révisions répétées des capacités de remboursement du pays par les agences de notations ne les incitent guère à revenir.

Fonte des réserves

Infographie. A court de devises

Le gouvernement fait face à un autre problème: la fonte des réserves en devises du pays. «Le ralentissement de [leur] diminution nécessitera l’approbation du programme du Fonds monétaire international, la concrétisation des programmes d’aides [étrangers] ou la stabilisation de la situation politique», prévient l’économiste de Bank of America.

Lundi, le responsable régional du FMI a indiqué que les négociations sur le déblocage d’un prêt de 3,2 milliards de dollars pourraient aboutir «ces prochains mois». Pour l’instant, la première force politique du pays, issue de la confrérie des Frères musulmans, se refuse à soutenir cette demande d’aide. Les autorités ont également sollicité un milliard de dollars auprès de la Banque mondiale et 500 millions auprès de la Banque africaine de développement. Des appels du pied sont également faits en direction de la diaspora: selon le journal Al Ahram, les Egyptiens de l’étranger se verront proposer un emprunt – rémunéré à environ 3% – dont le total représentera 2 milliards de dollars.

Un effonfrement boursier

Après une année 2011 terrible qui a vu s’ effacé près de la moitié de la capitalisation boursière de l’indice égyptien de référence EGX30  , l’indice a augmenté de près de 40 pour cent cette année …. Mais même après les gains de cette année, les entreprises de l’indice se négocient à  seulement 6,3 fois le bénéfice estimé pour 2012, selon Bloomberg, ce qui représente 1.3 fois leur valeur comptable à comparé au 1,9 fois d’avant la révolution.

Source : Pierre-Alexandre Sallier/le temps +The Wolf/Financial Times mars 2012

EN COMPLEMENT : L’Egypte doit mobiliser des fonds étrangers pour crédibiliser sa reconversion économique»

La dégradation de l’économie égyptienne menace la transition politique, selon Ahmed Galal, directeur du Forum de recherches économiques du Caire et ancien économiste de la Banque mondiale

L’Egypte et ses 82 millions d’habitants ne font plus rêver les investisseurs. Instabilité politique, crise de liquidité, baisse de 30% des recettes du secteur touristique et hausse du prix des importations. Le pays le plus peuplé du Moyen-Orient cumule les difficultés économiques. Un an après la révolution, il enregistre un taux de croissance de l’ordre de 1,5% contre 5 à 7% sous l’ancien régime. Au cœur des inquiétudes, la fonte des réserves en devises de la Banque centrale d’Egypte qui sont passées de 36 milliards de dollars en janvier 2011 à 16,3 milliards de dollars un an plus tard. Une diminution qui, cumulée avec un déficit budgétaire de 8,7% du PIB, laisse craindre que le pays ne puisse plus payer ses importations.

Pour soutenir ses réformes économiques, l’Egypte se tourne à nouveau vers le FMI pour solliciter un prêt de 3,2 milliards de dollars, et vers la Banque mondiale pour un milliard supplémentaire. Une mesure nécessaire, selon Ahmed Galal, directeur du Forum de recherches économiques du Caire et ancien économiste de la Banque mondiale, pour inscrire la reconversion économique de l’Egypte dans un cadre international et instaurer un rapport de confiance avec les investisseurs étrangers.

Le Temps: L’économie de l’Egypte post-Moubarak se dégrade de mois en mois et inquiète au point de menacer la transition politique?

Ahmed Galal: L’Egypte n’est pas en train de s’écrouler, mais son économie ne va pas bien. Le déficit budgétaire augmente, le taux de chômage est au plus haut, celui de la croissance accuse une forte baisse. Cette combinaison de facteurs ne permet pas à l’Egypte d’aller mieux. Le pays a un besoin urgent de capitaux étrangers pour fonctionner. Alors comment fait-on? Ces douze derniers mois, nous avons eu quatre gouvernements. A chaque fois, ils ont été chassés après quelques semaines au pouvoir. Dans ces conditions, comment mettre en place des mesures de reconversion économique? C’est impossible. Il est donc primordial que la transition politique se fasse au plus vite.

– Quelle stratégie économique prônez-vous pour l’Egypte dans le court et le moyen terme?

– Il faut d’abord identifier les problèmes de l’ancien régime. Le modèle économique développé sous Moubarak a totalement ignoré la redistribution des ressources. Seuls les instigateurs de ce modèle – et ils sont nombreux – ont bénéficié de cette croissance, contrairement aux 93% d’Egyptiens restants. Dans l’immédiat, le pays se doit de trouver des ressources additionnelles pour réactiver l’économie tout en évitant les erreurs du passé.

– L’un des facteurs qui a conduit à la révolution est la corruption du gouvernement. Comment restaurer la confiance désormais?

– C’est la responsabilité des partis qui se présentent aux élections. Ils se doivent de donner clairement le détail de la direction qu’ils entendent donner à l’Egypte. Comment le pays sera géré? Quels seront les progrès? Qui en bénéficiera? Quelles seront les mesures qui garantiront tout cela? Si le discours et le programme politique sont clairs, cela génère la confiance. Il s’agirait alors d’un engagement crédible.

Comment expliquez-vous que le pays, avec les énormes ressources dont il dispose, continue d’importer plus que ce qu’il n’exporte?

Si le pays n’utilise pas tout son potentiel c’est parce qu’il ne sait pas gérer ses ressources. Dans l’ancien régime, les mesures étaient faites pour servir les besoins d’une minorité. On peut espérer que cela profite à tous dans le futur. Une des faiblesses de l’Egypte est le taux de productivité extrêmement bas de sa force de travail. Les enseignants vont à l’école, non pas pour enseigner mais pour convaincre les élèves de prendre des cours privés. Ils touchent deux salaires pour cela. Pourquoi un professeur n’enseigne-t-il pas normalement? Parce qu’il n’en a pas envie. Cet exemple est valable à tous les niveaux de l’économie égyptienne: les producteurs, les consommateurs, les exportateurs ou les employés du gouvernement.

La dévaluation de la livre égyptienne suscite beaucoup d’inquiétudes sur la reconversion économique de l’Egypte.

– La Banque centrale d’Egypte a fait un travail décent jusqu’à la révolution. Le pays avait alors 33 milliards de dollars de réserves internationales. La livre égyptienne était stable de manière générale, proche de 6 livres pour 1 dollar. Trois mois après la chute de Moubarak, tout s’est effondré: les investisseurs étrangers sont partis, les 12 milliards de dollars générés chaque année par le tourisme se sont envolés. Seul le trafic commercial du canal de Suez a été épargné, ce qui n’a pas permis de compenser la hausse du prix des importations des denrées alimentaires notamment. A la révolution, la Banque centrale d’Egypte a fait un choix. Soit elle acceptait une modification du taux de change, soit elle utilisait les réserves internationales dont elle dispose encore pour acheter des produits et compenser le déclin de la devise. Elle a opté pour la compensation jusqu’au jour où la réserve a atteint 16,3 milliards de dollars. Je ne pense pas que la Banque centrale puisse encore soutenir la livre de cette manière. Elle doit accepter l’argent du FMI et s’assurer le soutien financier de pays étrangers. C’est une nécessité à court terme. L’Egypte est en transition. Les progrès ne débuteront qu’après des élections. Cela prendra des années, mais je suis optimiste.

source le temps mars 12

3 réponses »

  1. Une fois la proie lâchée, que reste t-il ? Heu, je ne vois qu’une ombre ?
    Tiens, elle est ENTIÈREMENT voilée ! Étonnant non ?
    Non ? Ah ! bon !

  2. Il leur reste les pays du golfe pour les aider a survire avant écroulement complet, tout comme la Tunisie d’ailleurs.
    Ils n’ont nul besoin des touristes (dixit un Tunisien que j’ai connu) etc., ils vont découvrir ce qu’est l’économie, tout comme beaucoup de Français qui ont fait confiance à leurs politicards depuis plus de 30 ans, nous serons sous peu à leur niveau mais pas de pays du golfe pour nous aider.

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