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Humeurs de Loup et temps de Coyotes : Maurice Levy, cible des partageux Par Bruno Bertez

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Humeurs de Loup et temps de Coyotes : Maurice Levy, cible des partageux Par Bruno Bertez

Ainsi donc, Madame Valérie Pécresse trouve  « disproportionnée » la rémunération de Maurice Levy, patron de Publicis. Nous serions heureux de connaitre la suite du commentaire car si une chose est disproportionnée, c’est en regard d’une chose avec laquelle on la met en balance. Valérie Pécresse connait-elle les réalisations de Maurice Levy? Le parler politique est ainsi fait que ceux qui le pratiquent s’exonèrent non seulement de simple justice, mais encore du respect et de la correction.
Ces gens s’exonèrent de la justice dans la mesure où, à partir du moment où ils se permettent de juger de proportions et de peser les mérites, il convient, non seulement de les connaitre, mais aussi, dans une parole destinée au public, de les rappeler.

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Le porte-parole du gouvernement, Valérie Pécresse, a jugé “disproportionnée au regard de ce principe de modération salariale” la rémunération exceptionnelle de 16 millions d’euros que s’apprêterait à toucher,  le patron de Publicis, Maurice Lévy. “Mais cela relève des entreprises elles-mêmes et c’est pour ça qu’il faut moraliser avant tout le fonctionnement de ces entreprises et leur processus de fixation des rémunérations”, a-t-elle ajouté.

La ministre du budget a également rappelé que le candidat Nicolas Sarkozy avait proposé des mesures “pour moraliser encore davantage et rendre plus transparente la fixation des salaires des grands patrons”, citant notamment “la présence des salariés dans les comités de rémunération ou le vote des rémunérations des patrons en assemblée générale des actionnaires”.

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« Il y a quand même des inégalités qui ne sont pas supportables dans notre pays, qu’on ne peut pas accepter et ce ne sont pas ces patrons-là qui vont nous faire la leçon sur la compétitivité de l’économie française »

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   La rémunération de Maurice Levy n’est pas tombée du ciel, pas prélevée sur la communauté comme celle des politiques et des fonctionnaires, ce n’est pas une répartition, mais un partage de richesse; de richesse créée en grande partie par Maurice Levy.

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Nous avons connu Publicis et Maurice Levy quand la société était petite société française de publicité qui vivait en grande partie des budgets alloués préférentiellement, en dehors de toute véritable concurrence, avec des clients que l’on pourrait presque qualifier de captifs. Ce n’est pas réduire les mérites de Marcel Bleustein Blanchet que de le rappeler.

Maurice Levy, personne d’autre, en a fait le troisième groupe de publicité mondial. Le groupe réalise près de 50% de son chiffre d’affaires en Amérique du Nord, 32% en Europe et 12% en Asie Pacifique. Il est en passe d’être véritablement un groupe global. Publicis est considéré comme un véritable fleuron français, non seulement sur le plan de la qualité de ses prestations, mais aussi sur le plan de sa gestion.

C’est un groupe en passe de devenir global, innovant, présent sur les segments les plus dynamiques du marché; et il est, fait rare, français, avec son siège en France.

Si Publicis vaut en Bourse près de 8 mds, ce n’est ni grâce aux subsides de l’Etat, ni grâce aux politiciens, mais simplement grâce à la matière grise que la société est capable de déployer; de déployer dans les services qu’elle fournit, dans les conseils qu’elle prodigue, dans la justesse de sa stratégie.

Peu de sociétés en France ont été capables de réussir leur ascension, leur internationalisation, de produire prospérité pour leurs clients, leurs salariés, leur pays d’accueil. On ne compte plus les échecs dans pareilles stratégies; Michelin, AXA, font partie des rares exemples à citer. Et ce ne sont pas les malheureux investissements keynésiens du FSI, de la Caisse des Dépôts, d’AREVA, de l’ex-Crédit Lyonnais etc. qui vont faire de l’ombre à ces réussites.

L’erreur, et c’est presque une erreur de communication, est de croire que nous sommes dans les cas comme celui de Maurice Levy en présence de salaires. Non ce ne sont pas des salaires, aucun salaire ne vaut des millions d’euros. Il s’agit dans la réalité, fonctionnellement, de prélèvements sur l’enrichissement de la société, de partage, qui se situe au niveau capitalistique. Personne ne semble s’étonner que le créateur de Google, de Microsoft, d’Apple et de bien d’autres encore fassent des fortunes considérables, on trouve à peu près normal que leur génie, appelons cela ainsi,  produise un capital colossal. Pourquoi un entrepreneur qui joue le même rôle, produit les mêmes richesses ne pourrait-il pas lui aussi capitaliser, avoir des ressources dignes des plus grands.

Le prélèvement que les grands, les vrais, pas les gestionnaires bidons seulement capables de dégraisser, font sur leur entreprise ne sont pas de même nature que les salaires. Et donc, Madame Pécresse, il n’y a pas lieu de faire de fausses proportions car les proportions mélangent les carottes et les navets. Il n’y a aucun rapport entre ce qui revient à Maurice Levy en raison de son accomplissement à la tête de la société depuis 2003 et le salaire d’un smicard, celui d’un ministre, celui d’un président de la République, ou celui d’un candidat à la présidentielle. Lequel a créé le plus de prospérité ? la question est ouverte.

La société française préfère le suicide, le déclin, la décadence en groupe, tous ensemble, plutôt que d’accepter d’avoir des leaders, des têtes qui conduisent, s’élèvent au-dessus de la mêlée et tirent tout le pays vers le haut.

L’ennui est qu’il y a un temps pour tout, il y a des cycles. Quand la prospérité est facile, quand tout est abondant, il est évident qu’il faut songer à la répartition, il faut songer à faire bénéficier les trainards, les « left behind »; mais quand les temps sont durs, il faut au contraire accepter les inégalités, les encourager. Il faut que ceux qui conduisent la marche en avant puissent jouir de leurs réussites.

Nous sommes désolés, ce ne sont pas ceux qui reçoivent les prestations sociales, chômage, etc. qui vont sortir la France de l’ornière, ce sont les entrepreneurs, les vrais, ceux qui prennent des risques, ceux qui savent se faire mal, ceux qui voient juste.

Dans nos sociétés idiotes, les théoriciens en arrivent à marcher sur la tête, on s’enrichirait et on enrichirait le pays non pas en produisant, en innovant, en offrant, mais en consommant, en demandant, en trépignant pour avoir un peu de la manne tombée du ciel étatique. Ce pays a été jusqu’à inventer le concept pseudo économique de coût de création de la demande!

Le gouvernement de Sarkozy a été élu sur un certain nombre de principes qui allaient précisément dans le bon sens, celui de privilégier la production de richesse, le savoir, l’effort, le goût du risque. Le problème de ce gouvernement est qu’il a confondu l’élite et l’argent, la production et le clinquant, le capital façon Bolloré et le capital façon Bébéar. Rapprochement amusant soit dit en passant. A partir de cette confusion, l’image s’est brouillée, le projet s’est discrédité de lui-même. Est-ce une raison pour faire volte-face et rejoindre le groupe des envieux, des partageux, des « ôte toi de là  que je m’y mette »?

Un effort d’analyse, mesdames, messieurs, ne confondez pas l’enrichissement d’un véritable entrepreneur, excellent stratège, bon opérationnel avec les kleptocrates que vous rencontrez lors des entretiens confidentiels que vous avez avec eux pour les sauver sur le dos des citoyens.

BRUNO BERTEZ Le 28 mars 2012

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