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« Capitalisme d’arbitrage » :Les algorithmes pourraient se substituer aux traders

« Capitalisme d’arbitrage » :Les algorithmes pourraient se substituer aux traders

Des études ont montré qu’ils étaient tout à fait capables de générer de meilleurs résultats par leur qualité d’exécution.

EN LIEN :  Trading à haute fréquence : Cash Investigation / la finance “folle” ou le “capitalisme” d’arbitrage en pleine prédation

La prise de pouvoir du trading automatique sur les marchés mondiaux a été si rapide et si écrasante qu’elle ne semble plus connaître de limites. Sa part dans la totalité des transactions de Wall Street a déjà atteint 75%. Elle est estimée à 50% pour les marchés européens! Selon l’idéal des concepteurs d’algorithmes, le comportement des marchés se rapproche ainsi d’une rationalité parfaite, dépourvue de tout élément arbitraire issu d’interventions humaines. La qualité d’analyse et d’exécution des ordinateurs pourrait ainsi se supplanter aux traders humains. Comme au jeu d’échecs, où l’intuition et la créativité des champions ne parviennent plus à s’imposer face à la profondeur de calcul des machines (pour lesquelles de nouveaux algorithmes ne cessent pourtant d’être programmés en vue de les rendre encore plus fortes).

Les rares expériences opposant des ordinateurs aux traders humains sont arrivées à la conclusion que les machines généraient des résultats supérieurs, en particulier si elles bénéficient de l’avantage de la vitesse. Par conséquent, les ordinateurs semblent pouvoir offrir la garantie du choix d’instruments et de timing le plus approprié, avec un fractionnement automatique des prises de position permettant de les insérer de manière parfaitement neutre dans le flux des transactions. Nous ne sommes plus dans le monde des paris directionnels de traders.

Le gestionnaire alternatif Man donne un signal important. Il proclame sa confiance dans la supériorité des ordinateurs par rapport aux humains dans le domaine du trading, puisque sa nouvelle structure très sophistiquée, conçue pour des marchés très liquides, lui permet d’automatiser une part de transactions atteignant environ 80% sur la base d’algorithmes. Dans ce scénario, les concepteurs de ces algorithmes représentent ainsi les traders humains du futur, en cherchant à intégrer des milliers d’éléments d’analyse statistique exprimant toujours mieux les facteurs restant aujourd’hui intangibles

 

L’entrée dans une période d’interaction mais la coexistence débouchera logiquement sur une automatisation totale.

PLUS DE TRADING AUTOMATIQUE EN SUIVANT :

Les marchés financiers sont aujourd’hui marqués par une interaction permanente entre les traders humains et les transactions effectuées par ordinateur sur la base d’algorithmes. Une période de transition inédite, de durée indéterminée, qui devrait avoir pour aboutissement logique, au fil des améliorations apportées aux routines automatiques, la prise de pouvoir totale des machines. Car dans les dispositifs d’études visant à simuler les effets sur les marchés financiers et sur les performances des intervenants, les humains n’arrivent à conserver leur avance que dans des conditions où le temps de réaction des ordinateurs a été ralenti. L’étude «Studies of interactions between human traders and Algorithms» de l’Université de Bristol (UK) note également que «les faits établis jusqu’à présent indiquent que ralentir les machines améliore la dynamique des marchés, mais nous ne disposons pas encore d’assez de données expérimentales pour pouvoir l’affirmer.»

De toute manière, cette configuration semble toujours moins correspondre à la réalité. «Trading algorithmique» et «trading haute fréquence» sont d’ailleurs souvent mentionnés de manière quasi-synonyme dans la même phrase. Pour ceux qui font une différence, celle-ci réside moins dans la vitesse d’exécution que dans le fait que le trading algorithmique cherche la meilleure manière de prendre les positions demandées par le donneur d’ordre humain, tandis que le trading haute fréquence décide lui-même de manière autonome de la prise de positions basée sur des calculs de probabilité qu’un titre baisse ou monte. En adoptant ce système, les transactions et prises de position générées automatiquement sur la base de modèles d’analyse statistique relèvent du trading quantitatif.

Quelles que soient les variantes et leurs définitions, la vitesse d’exécution en est un composant essentiel. La situation actuelle est ainsi marquée par la lutte entre les plateformes pour une exécution des ordres aussi rapide que possible, qui ne se situe même plus au niveau des milli-, mais à celui des nanosecondes. Les problèmes techniques survenus lors de l’entrée de Facebook au Nasdaq montrent d’ailleurs que les plateformes n’ont pas d’autre choix pour toujours garantir l’égalité de traitement de tous les investisseurs. Au-delà de celles-ci, ces exigences de vitesse ont également conduit à la mise en place, à la demande de plusieurs sociétés actives dans le trading, d’une nouvelle ligne de communication transatlantique en fibre optique pour 300 millions de dollars, qui devrait entrer en service l’année prochaine. Simplement pour gagner 5,2 millisecondes sur les 64,8 actuelles et se rapprocher encore un peu plus de la vitesse de la lumière.

Une autre étude publiée en avril 2009 examinant les différences de comportement entre les moteurs de trading algorithmique et les traders humains sur le marché actions allemand souligne d’une autre manière l’importance capitale de la vitesse pour les systèmes automatisés. Ils ont constaté que les algorithmes excellent dans les domaines suivants: faire correspondre de manière optimale les paramètres des acheteurs et des vendeurs tant au niveau des limites qu’en termes de volumes de titres disponibles, notamment en passant des ordres d’une taille significativement plus petite, et l’exploitation des informations issues du suivi du marché en temps réel. En conclusion, «les systèmes de trading algorithmique tirent bénéfice de leur capacité de traiter des flux de données à haute vitesse et réagir immédiatement à des mouvements du marché en soumettant ou modifiant les ordres correspondants». Ils se sont également révélés plus efficaces à conclure les ordres ne déclenchant pas de transaction immédiate, faute d’offre dont les termes correspondent.

A moins que des réglementations futures n’imposent des augmentations forcées du temps de latence, l’automatisation du trading semble ainsi forcément aller de pair avec une accélération. L’avantage va ainsi à ceux disposant des meilleures infrastructures tant logicielles qu’au niveau du hardware pour exploiter les flux de données en croissance constante de la manière la plus efficace pour les investisseurs.

Christian Affolter/Agefi juin12

EN COMPLEMENT :  Une spéculation anonyme sur les matières premières

Mercredi dernier, un reportage de Question à la Une revenait sur la spéculation sur les matières premières, accusée de faire flamber les prix des denrées alimentaires.

Dans le reportage, un des traders du pit du Chicago Mercantile Exchange explique que les transactions sont devenues anonymes, avec les changements de régulation, et la montée des transactions électroniques. 

Mais Bart Chilton, un des commissaires de la CFTC (l’organe de régulation des marchés de dérivés aux Etats-Unis), a récemment souligné que le troisième trader sur le CME est situé à Prague. »Nous ne parviendrons jamais à obtenir un historique des transactions de ces traders » a-t-il souligné.

Il souligne aussi que les traders à haute fréquence, responsables de la majorité des transactions sur le CME, ne sont pas enregistrés à la CFTC. Pourtant, des firmes spécialisées dans le trading de futures situées à Chicago m’ont toutes répondu qu’elles reçoivent régulièrement la visite des régulateurs, comme la FINRA et la CFTC.  « Chaque régulateur a sa propre approche, et elle peut varier du tout au tout d’un régulateur à l’autre, c »est un vrai cauchemar de se conformer à chacun d’entre eux » m’a avoué un trader.

Evidemment, les firmes étrangères ne sont pas soumises au même régime. Et puis, il y a les autres investisseurs, des particuliers, qui jouent aussi beaucoup sur les matières premières, grâce aux turbos

Ceux-ci ont vu le jour grâce à la création d’indices sur les matières premières, dont Goldman Sachs détient la paternité. Ces indices sont très controversés.

Outre-Moerdijk, ces turbos sont très, très populaires auprès des petits boursicoteurs. « Et les banques gagnent énormément d’argent grâce à la construction de ces produits » m’a confié un acteur de l’industrie. 

En Belgique, ce succès est plus confidentiel. Quoique. Quand je vois le succès des séminaires de Royal Bank of Scotland sur les turbos (ils invitent Jim Rogers ou d’autres grands noms quand même), je me dis qu’il y a aussi des fans de ces produits dans notre Royaume.

Et bien sûr, tous ces particuliers restent anonymes. 

Toutefois, comme le montre le reportage de la RTBF, le journaliste ne gagne pas sur ses paris sur le blé tendre. Les cours fluctuent à la hausse et à la baisse. Les « spéculateurs » ne font que surfer sur les tendances.

Ce qui est, à mon sens, plus critique, repose sur la détention physique des matières premières par ceux qui jouent sur le cours de ces dernières. Des hedge funds disposent de larges hangars pour stocker celles-ci, mais des banques d’investissement aussi.  Ceci leur permet de contrôler les prix.

Le plus célèbre exemple de ce genre de pratique revient à Enron. Les traders de la salle de marché de la société ont manipulé les lignes électriques alimentant la Californie pour faire monter les prix. Ces lignes appartenaient au groupe. 

Plus récemment, on a vu aussi le conflit opposant Coca-Cola à Goldman Sachs et Glencore, accusés de manipulation sur les cours de l’aluminium.

Posté le 28 mai 2012 par Jennifer Nille

SOURCE ET REMERCIEMENT : FAIR TRADE

http://blogs.lecho.be/fairtrade/2012/05/une-sp%C3%A9culation-anonyme-sur-les-mati%C3%A8res-premi%C3%A8res.html

2 réponses »

  1. Quand certains comprendront que la modélisation en sciences sociales a toutes les « chances » de produire plus ou moins rapidement des catastrophes, on aura fait un grand pas…

  2. déshumaniser le marché a été une énorme erreur. comme vous le dites seul la vitesse procure l’avantage mais où est la place de l’analyse et de la réflexion ?

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