Au bord de la faillite, les régions espagnoles et italiennes appellent à l’aide l’Etat central
Corruption, gaspillage, les gouvernements régionaux sont en difficulté. Même la riche Catalogne est touchée
Il n’y a pas que les Etats qui sont lourdement endettés. Les régions, notamment dans le sud de l’Europe, le sont aussi. Raffaele Lombardo, gouverneur de la Sicile depuis 2008, a été démis de ses fonctions le 31 juillet. Il laisse un gouffre dans les finances publiques. La dette se monte à 21 milliards d’euros. Les dépenses publiques ont doublé en dix ans. L’Etat italien, lui-même soumis à une cure d’austérité, vient de lui débloquer 400 millions d’euros d’urgence.
Alerté par la dérive financière sicilienne, le président du gouvernement italien, Mario Monti, a réclamé la tête du gouverneur. Son règne a été marqué par le clientélisme, le népotisme et le gaspillage de deniers publics. La région compte une pléthore de fonctionnaires (18 000) dont un sur six touche un salaire de 120 000 euros par année. Elle emploie 24 880 gardes forestiers, plus que la Colombie-Britannique, l’immense province canadienne couverte de forêts. Le Palais des Normands, siège de l’administration à Palerme, emploie 1382 fonctionnaires, plus qu’au 10 Downing Street, à Londres.
////////////////////////////////////////////////////////////////
La Sicile est une région italienne autonome et sa dette a augmenté ces dernières années, pour atteindre 5 milliards d’euros. Le gouvernement italien a en effet a réduit sa participation dans le financement des régions pour se recentrer sur la réduction de la dette nationale, qui s’élève à 1.950 milliards d’euros.
Pour le quotidien La Stampa, la situation de la Sicile s’explique largement par les prodigalités des politiciens siciliens qui l’ont utilisée « comme un distributeur de billets ». « Des dépenses follement élevées, les nominations d’officiels dépourvus de bon sens et laissés sans contrôle, le gaspillage non-stop de l’argent public (…), son statut de région autonome a servi d’écran à la Sicile qui n’en a fait qu’à sa tête », explique le quotidien.
- Entre 2004 et 2008, selon le dernier rapport de la Cour des comptes, les salaires ont augmenté de 38 % alors que le gouvernement avait imposé la croissance zéro dans les rémunérations de la fonction publique. Ces salaires atteignent en moyenne 42 756 euros par an, soit plus de 40 % de ce que gagne un employé de ministère. Quant aux effectifs, ils ont crû de 2 050 unités au cours des huit dernières années pour atteindre le chiffre record de 14 158 fonctionnaires (dont 2 110 dirigeants) et 6 700 membres permanents du corps forestier. Au cours de la seule année 2009, l’actuel gouverneur Raffaele Lombardo a procédé à deux vagues successives d’embauches d’une vingtaine de dirigeants, payés chacun 150 000 euros par an, sans compter la voiture de service avec chauffeur.
C’est cependant à son prédécesseur, Salvatore Cuffaro, aujourd’hui inculpé de connivence mafieuse, que va surtout l’opprobre des magistrats. Il lui a ainsi fallu huit ans pour faire appliquer la réforme qui indexe les retraites sur les cotisations et non plus sur les salaires. Par chance pour elle, la Sicile, région à statut autonome, n’a pas de comptes à rendre à Rome.
///////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////
La Sicile n’est qu’une de ces régions italiennes qui ont vécu au-dessus de leurs moyens. Selon La Stampa du 23 juillet, l’état des finances publiques de plusieurs régions – Calabre, Latium, Toscane, Lombardie, Ombrie, Venise, Campanie et Abruzzes – est tel qu’elles pourraient difficilement se passer d’une aide de Rome. «Palerme et Naples se trouvent tout en haut de la liste noire, écrit le grand quotidien italien. La région de Calabre s’est enfoncée dans les chiffres rouges depuis 2007-2008 et est à présent soumise à une enquête judiciaire.» Dans la province de Bolzano, le président touche 20% de plus que Barack Obama, selon l’hebdomadaire français L’Express du 4 août. Désormais, Rome envisage de réduire le nombre de provinces de 110 à une quarantaine pour réaliser des économies.
La situation est tout aussi catastrophique en Espagne où la plupart des 17 régions autonomes sont dans le rouge. Selon El Confidencial, journal en ligne édité à Madrid, la Banque d’Espagne a affirmé que le gouvernement devra leur verser des aides, cet été déjà, en puisant dans un fonds de 18 milliards d’euros voté à cet effet en juillet. Au total, le besoin de refinancement s’élève à 36 milliards pour 2012. En retour de l’aide, Madrid impose qu’elles réduisent les dépenses et ramènent leur déficit à 1,5% de leur PIB d’ici à 2013. Dans l’ensemble, la dette s’élève à 13,1% du PIB régional, soit 140 milliards d’euros.
L’Andalousie, la Murcie et la Catalogne ont déjà recouru à l’aide de l’Etat. Alors même qu’elle représente un cinquième de l’économie espagnole, la Catalogne se trouve parmi les plus endettées, avec une ardoise de 41 milliards d’euros, soit un peu plus de 20% de son PIB. En proie à des difficultés financières, le gouvernement catalan a annoncé le 31 juillet la suspension des subventions aux organismes sociaux comme les résidences pour personnes âgées ou les hôpitaux, tout en espérant un retour à la normale dès septembre. Dans le même registre, des subventions ont été supprimées aux organisations culturelles.
Par Ram Etwareea/Le Temps Aout12
“En retour de l’aide, Madrid impose qu’elles réduisent les dépenses et ramènent leur déficit à 1,5% de leur PIB d’ici à 2013″pourquoi ne pas exiger l’équilibre plutot?tout ceci n’est pas sérieux
Nous etions au bord du gouffre
et depuis nous avons fait un grand pas en avant 😉