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Eternelle opposition de doctrine par Andreas Höfert

Eternelle opposition de doctrine par Andreas Höfert

Les divergences d’opinion de Malthus et de Moore alimenteront encore longtemps les débats

J’ai eu la chance, il y a une année environ d’assister à une conférence du professeur Ian Morris qui y présentait son dernier ouvrage intitulé «Pourquoi l’Occident domine le monde… pour l’instant.» Lors de la séance questions-réponses, l’historien britannique s’aventurait sur des prévisions à plus court terme. 

Selon lui, les 25 prochaines années seront marquées par deux forces contradictoires. Faute de solutions, les pressions démographiques, conjuguées au réchauffement climatique et à la pénurie de ressources, accentueront le risque d’un effondrement écologique. En parallèle, le progrès technologique continuera d’accélérer, ce qui pourrait aboutir à la fameuse «singularité technologique» qui résoudrait d’un coup tous les problèmes de l’humanité. 

PLUS DE DIALECTIQUE EN SUIVANT :  

Ce débat entre pessimistes et optimistes extrêmes n’est pas nouveau. L’économiste anglais Thomas Robert Malthus (1766-1834) affirmait au début du XIXe siècle que la population mondiale allait augmenter de façon exponentielle et la production agricole de façon linéaire. Ceci devait entraîner des famines et maintenir une grande partie de l’humanité dans la misère. Jusqu’ici, les faits ont donné tort à Malthus. Le progrès technologique a augmenté la production agricole de manière exponentielle. De plus, les pays ont tendance à voir leur population croître plus lentement, voire diminuer, à mesure qu’ils deviennent plus riches, ce que reflètent les dernières projections démographiques de l’ONU

L’ancien président d’Intel, Gordon Moore, est le héraut de la vision optimiste de l’avenir. La «loi de Moore», formulée dans les années 1960, affirme qu’à l’ère informatique, le nombre de transistors dans les circuits intégrés double en gros tous les deux ans. En extrapolant cette loi à la technologie, cela voudrait dire que cette dernière serait en mesure de déjouer les pièges de la croissance démographique.

 Le légendaire investisseur américain Jeremy Grantham (dans le rôle de Malthus) et l’économiste de l’environnement danois Bjørn Lomborg (dans le rôle de Moore) ont relancé cet été le débat Malthus/Moore.

 

La dernière note de recherche de Jeremy Grantham, «Bienvenue à Dystopia», prend comme point de départ la flambée actuelle des cours des produits agricoles, liée à la sécheresse, pour prophétiser un futur peu réjouissant. «Si la tendance actuelle en matière de croissance démographique, d’industrialisation, de pollution, de problèmes alimentaires, et d’épuisement des ressources perdure, la croissance de cette planète atteindra ses limites dans moins d’un siècle. (…) Nous connaissons depuis cinq ans une grave crise alimentaire qui n’est pas près de disparaître. Elle se manifestera par une malnutrition accrue, des famines, voire le chaos dans les pays pauvres. Les querelles autour des ressources et les migrations liées aux famines menaceront la stabilité et la croissance mondiale.» 

Dans un article paru dans la dernière édition de Foreign Affairs intitulée «L’alarmisme environnemental, hier et aujourd’hui», Bjørn Lomborg prend le contre-pied des propos de Jeremy Grantham et se veut nettement plus optimiste. Quarante ans après les prophéties sinistres du club de Rome en 1972, il souligne à quel point elles se sont trompées. Selon lui, grâce au progrès technologique, à la substitution et au recyclage, «la quantité de ressources qui peut finalement être générée avec l’aide de l’ingéniosité humaine excède largement les besoins de l’humanité. (…) L’effondrement de l’offre alimentaire n’est pas pour demain et il y a fort à parier que les gains de productivité continueront et seront durables». 

Pour l’investisseur se pose la question: faut-il mieux suivre Malthus ou faut-il croire Moore? En fait, on peut utiliser les deux, c’est-à-dire souscrire à la thèse de Grantham, selon laquelle la croissance démographique et les menaces sur les terres arables aboutiront à la hausse des prix alimentaires tout en recherchant des opportunités offertes par le progrès technologique vanté par Lomborg. Comment cela? En s’intéressant aux entreprises qui améliorent l’efficacité et réduisent le gaspillage dans l’ensemble de la filière agroalimentaire, de la fourche à la fourchette. Et l’on constatera que, depuis le bas du marché en 2009, ces entreprises de technologie agroalimentaire ont non seulement connu une bonne performance absolue, mais qu’elles ont également surperformé significativement le reste du marché des actions. 

 Andreas Höfert /Chef économiste UBS Wealth Management/Agefi aout12

6 réponses »

  1. That agricultural potential could be in a dead end, that’s no problem,,, that’s the solution,,,,2/3 of lands are used for animals feedings(aka fish ressources) to provide the average human with undesired protéins, which are ….accelerating cancers exponential progresses, etc,,,the new generations will have to consider that their life expectancy will be reduced , or worse, be spent in bad health, supposedly to be supported by the social ststems, which are already bankrupt—look at France the OXYMORON of principles and practices and future disasters… the more it stinks, the nearer is death;;;; a kind of cheese axioma !!!
    LIFE IS A CYCLE, like abicycle, once U’ve reached yhe top of the mounatin, you have to look at the Descente, it seems easier, but only the very best survive… tha rest will be ditched in the precipice of IGNORANCE .
    Madmax,
    and i’ll be back. i know ,,,i’ve already dead. ONly the stongest, smartest,,,and sexyest,yesss, will survive. I KNOW !

  2. the spelling mistakes are just a proof of accuracy,,, to kill somebody, you might aim at the head, but get the chest instead,,,actually, it’s larger,,, better chances to succeed,
    WE ARE NOT HAIR SPLINTERS, just TAOIST ZOROASTRIANS ….

  3. Ici bas , aujourd’hui ( 25/08/2012 ) , il y a + d’obèses que de sous-alimentés . Cette constatation clôt ce débat , évite de perdre + de temps et permet de se concentrer sur les conséquences de Fukushima qui diminueront drastiquement le nombre de bouches à remplir.

    • Je ne suis pas certain que cette opposition supposée entre Malthus et Moore soit très pertinente. Moore parlait d’un sujet extrèmement circonscrit qui est la puissance des transistors. La question fondamentale posée par Malthus est beaucoup plus large, c’ est celle de la poursuite d’une croissance matérielle de façon quasi infinie dans un monde fini. Fondamentalement Malthus ne peut qu’avoir raison.
      D’ailleurs contrairement à ce que dit l’article les faits n’ont pas donné tort à Malthus, car la poursuite de la croissance de la population ne résulte pas d’une magie de la technologie qui aurait repoussé intrinsèquement les limites. La technologie au contraire nous y a précipité. La disponibilité en énergie qui a permis à la technique d’évoluer rapidement et de se généraliser à permis d’épuiser plus vite les ressources de la Terre. Ainsi dans le cas précis du pétrole nous avons pu nourrir la planète parce que nous avons extrait (grace à la technique) le pétrole plus rapidement.
      Nous avons seulement très provisoirement et en apparence repoussé les limites. En réalité nous nous y sommes précipités et demain alors que l’énergie est le moteur de la productivité agricole, cette énergie va manquer provoquant un effondrement des rendements et l’apparition de famines de grande ampleur. Dans ce cadre que la loi de Moore se poursuive encore pendant seulement 5 ans ou au contraire pendant 10 ou 20 ans relève de l’accessoire. Ces deux hommes ne se sont pas croisés sur la Terre, et leurs pensées n’ont aucune raison de se voir opposer, elles parlent en réalité de choses différentes.

  4. Malthus ne s’inquiétait que de la question alimentaire.
    Or, l’inadéquation population-ressources (relevée à l’époque) s’applique maintenant, non seulement à la nourriture (1 milliard d’êtres humains souffrent de la faim et nous serons bientôt 3 milliards de plus), mais aussi à l’eau douce qui commence déjà cruellement à manquer, ou encore aux énergies fossiles qui pour le coup seront bel et bien épuisées à la fin du siècle, sans parler des métaux, et enfin ce qui est peut-être le plus important, nous sommes en passe d’éliminer une grande partie de la biodiversité et en particulier toute la méga-faune sauvage pour nous approprier ses territoires…

  5. Ce texte semble s’appliquer à une planète unifiée, comme si tous les continents vivaient la même vie.
    Pour connaître l’Afrique, qui a triplé sa population en 30 ans, passant de 300 millions à 1 milliard, il est évident qu’à ce rythme il seront sous peu 3 milliards, ils ne pourront jamais s’auto suffire en nourriture, et n’auront pas les moyens d’acheter ce dont ils auront besoin. Des guerres sont donc à prévoir, et ça ils savent faire.
    Et même sur ce continent, les régions ne sont pas à égalité, les pays équatoriaux pourraient s’en sortir car bien arrosés, mais la corruption, les coutumes etc. va les empêcher d’évoluer. Le Nigéria, le plus peuplé, qui a des capacités réelles est totalement inapte à s’auto suffire pour les raisons précitées, actuellement le pétrole profite à une mafia bien organisée, mais le reste de la population peut crever sous leurs yeux, la mafia s’en fout royalement. Des guerres internes sont à prévoir dans les 20/30 ans suite à la chute de production pétrolière qui est inexorable et peut-être même avant.
    La technique ne servira à rien dans ces pays où les terres appartiennent à des mafias du type « communautés » « royaumes » « ethnies »., les Nigérians ne veulent pas même faire un jardin car ils se feront voler le fruit de leur travail, soit par le chef de communauté soit par le « roi » soit par les 2.
    La corruption fait fuir des entreprises comme Michelin et autres, qui exploitaient des terres, comment peut tenir un local qui voudrait produire, impossible s’il n’est pas intégré à l’une des mafias.
    Les pays tropicaux d’Est en Ouest n’ont pas d’eau, donc très peu d’agriculture, donc famine permanente et exponentielle, mais pourtant ils se reproduisent à la vitesse traditonnelle, facile de prévoir ce qui va se passer sous peu dans ces régions. A l’Est ils sont en guerre perpétuelle, ça va se répandre sur le continent, de plus les guerres tribales n’ont jamais cessé depuis la décolonisation.
    Au risque de choquer, je suis contre les campagnes de vaccination ou autres dans ces pays, la malaria était un régulateur, si on parvient à l’éliminer alors qu’ils ne changeront pas leurs habitudes, on ne fait qu’accélérer les risques de guerre.
    Lorsque j’étais là bas, lors d’une campagne Française pour recueillir des dons, ils nous montraient un africain qui avait eu 10 enfants, dont 5 étaient morts de la malaria, je vous laisse conclure.
    Avons-nous les moyens de payer en permanence des aides alimentaires à des pays qui ne font aucun effort pour se réguler en rapport de leur environnement ?. Bizarrement la population de ces pays est très bien armée…………….
    Sur la planète certains pays feront face à la nourriture, l’Europe, la France sont suffisamment agricoles et arrosées même si nous connaissons des périodes un peu sèches.
    Par contre les prix vont grimper, car les exportations rapporteront davantage que la vente interne, nous devrons payer le prix fort.
    Je ne connais pas suffisamment l’Asie et l’Amérique du sud, mais je pense qu’ils pourront s’alimenter, ils ont de la surface, tous les climats et des systèmes politiques toutefois plus sérieux qu’en Afrique, malgré quelques points faibles.
    Je pense que l’Afrique sera le problème majeur et rapidement, la vitesse des micro processeurs ne changera rien à leur avenir, ils sont totalement ancrés dans leurs coutumes et en subiront les conséquences.
    Quant à l’énergie je fais confiance à la technique pour affronter la baisse puis la fin des hydocarbures, tout est une question de prix.
    Déjà des éoliennes sont plantées en mer du Nord dans le but de produire de l’hydrogène qui sera le carburant de l’avenir, ce n’est qu’un début. La planète reçoit 15.000 fois plus d’énergie solaire que nous en avons besoin, on arrivera à en transformer une partie, l’arbitre sera le prix.
    De nos jours des milliers d’hectares sont utilisés pour faire de l’huile et la transformer en carburant, là est le danger, il faudra faire le choix entre nourriture et énergie, c’est un vrai souci actuel entre les mains des Politicards mondiaux, la vitesse des transistors ne changera pas la logique économique.

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