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Mario Draghi est une option put par Serge Laedermann

Mario Draghi est une option put par Serge Laedermann

Le grand argentier n’a pas été avare de rhétorique pour nous faire comprendre que dans le cas d’une faillite imminente, la providence, c’est lui!

LOST

Les années 2000 ont été frappées du sceau de la classe en matière de politique monétaire américaine. Le «Sphinx», comme les financiers ont fini par le surnommer, s’appelait Alan Greenspan. A chaque menace d’implosion du système (c’est à cette époque que l’expression risque systémique est née), le président de la Réserve Fédérale a fait en sorte d’abaisser les taux d’intérêts avec un sens tactique très aiguisé, voire diabolique. A tel point que les marchés ont naturellement repris confiance, puisqu’ils avaient l’assurance que le Sphinx allait de toute manière les secourir au bon moment. Ainsi, pour justifier leur optimisme renaissant, les analystes mettaient en avant le «Greenspan Put», l’assurance tous risques qui rendait toute catastrophe simplement impossible. Oh bien sûr, le bonhomme avait ses défauts, et le fait qu’il ait marié à 71 ans une journaliste de NBC démontre qu’on ne peut pas être bon sur tous les tableaux, mais il demeure, d’après le père du monétarisme Milton Friedman et bien d’autres, le meilleur gouverneur de la Fed à ce jour.

Or, devinez quoi chers spéculateurs effrénés. «Notre» Président de la Banque Centrale Européenne, celui-là même qui a étudié chez les Jésuites et aidé (contre rémunération) la Grèce à dissimuler son déficit public pour rejoindre la zone euro, ce reconverti par les poils donc, affiche depuis quelques temps des airs ostentatoires d’homme providence. Ne vous méprenez pas Chers lecteurs, je le kiffe ce mec. Il est notre sauveur et je dirais que par les temps qui courent et comme je ne feuillète pas la Bible tous les jours, s’il y a un type qui assure nous tirer de ce mauvais pas, alors je prends tout de suite et les yeux fermés.

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Mario Draghi a donc promis juré qu’il serait là, dans n’importe quelle situation, pour sauver le système et faire en sorte que la monnaie unique ne soit jamais en danger. J’ai pris note. Nous avons désormais un «Draghi’s Put» et c’est exactement ce dont nous avions besoin. Bien évidemment, notre Super Mario est actuellement dans la position du père face à son rejeton qui demande du fric. Il sait bien qu’il devra finalement les allonger ces billets, mais il sermonne, menace et conseille pour montrer qu’il n’est pas là pour signer un chèque en blanc sans contrepartie et bien faire comprendre que ce sera la dernière fois. Vous l’avez compris, l’envers du décor est tout autre. Il s’agit de refinancer tout le système en faisant mine d’avoir une poigne de fer.

Le comportement actuel des bourses est à cet égard parfaitement logique. La notion du Put Draghi est petit à petit assimilée par les marchés. La volatilité se réduit et les indices fluctuent au gré des annonces et autres effets de manche des divers acteurs politiques, sans panique toutefois.

 

Ce qu’il y a de réjouissant dans cette affaire, c’est que les analystes sont toujours prostrés dans leur retenue légendaire qui leur permet de jouer au politiquement correct face à ces incertitudes et de ne prendre de ce fait aucun risque. Comme d’habitude serait-on tenté de dire… Il est en effet de bon ton de prôner la prudence et d’affirmer que la volatilité est toujours présente (ah ah!) et qu’il est trop tôt pour mettre un doigt de pied dans l’eau. C’est probablement faux et voici pourquoi. Le marché obligataire ne rapporte plus rien et représente l’actif le moins intéressant et probablement même le plus risqué. «Parquer» des liquidités à zéro pourcent ne peut se justifier que pour des échéances très courtes permettant une mobilisation quasi immédiate des fonds. L’immobilier, dans certains cas, et les actions représentent les seuls actifs prometteurs pour les investisseurs. J’aimerais d’ailleurs apporter une correction par rapport à l’article du mois dernier où je détaillais l’ampleur de la sous-évaluation des indices boursiers, à l’exception du SMI que je considérais comme se traitant à sa juste valeur, fort des données fournies par une agence de presse spécialisée fort connue. Comme le doute m’assaillait toutes les nuits, j’ai fini par faire mes propres calculs société par société et le résultat est tout autre. La valeur théorique de notre indice national est de 7550 points, soit 15% en dessus des prix actuels. Si on va dans le détail, on s’aperçoit que Nestlé est surévaluée de 15% (l’effet «superbond»), et que nos deux banques sont (sans surprise) les plus pénalisées avec une décote dépassant 50%. Cela s’explique par les multiples épées de Damoclès suspendues sur leur tête, mais cela commence à être nettement surfait et il s’agit probablement des plus belles opportunités. Evidemment vous ne trouverez aucun analyste ou professionnel vous conseillant ce genre d’achat. Dans cette rubrique, la prudence vis-à-vis de ce secteur a clairement été affichée l’année dernière, avec pour raison première les dilutions continuelles opérées sur les actionnaires de manière à augmenter les fonds propres (elles avaient jusqu’au 30 juin pour le faire). Mais je vous connais, vous attendrez qu’elles bondissent de 25% pour en acheter!

 Serge laedermann  Associé,GFA Geneva Financial Adviser/Agefi Aout12

1 réponse »

  1. Tiens, ça me rappelle le moment où le SMI se pavanait à 9 000
    approchant même les 10 000 avec tout plein de « jovialistes »
    qui le « voyaient » (sic) à 12 000. Pas très longtemps plus tard,
    il passait SOUS … les 6 000.

    Maintenant, prendre le contre pied ? Ben si jamais ça marche,
    on passe pour un génie. Sinon ? Bah ! les marchés n’ont RIEN COMPRIS
    et puis, ÇA PEUT ARRIVER … PLUS TARD !
    C’est donc du gagnant et même du gaga gnan gnan pour l’heureux élu ! lol

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