Behaviorisme et Finance Comportementale

Les Clefs pour comprendre du Mardi 4 Septembre 2012 : La crise, 5 ans déjà Par Bruno Bertez (Actualisé le 4 Septembre 2012 à 19H15)

Les Clefs pour comprendre du Mardi 4 Septembre 2012 : La crise, 5 ans déjà Par Bruno Bertez (Actualisé le 4 Septembre 2012 à 19H15)  

   C’est en août 2007 que sont apparus les premiers symptômes de la crise pour les gouvernants et le public. Cependant,  tout était scellé dès 2006, lorsque le prix de l’immobilier a cessé de monter aux Etats-Unis. Avec l’arrêt de la hausse du prix du logement, le crédit hypothécaire est apparu pour ce qu’il était: une bulle, une masse de créances sans valeur, irrécouvrables.

Le mal vient de loin. Nous l’avons dénoncé dès le début des années 2000 lorsque, pour s’opposer à la déflation provoquée par l’éclatement de la bulle des technologiques, la Fed  de Greenspan a ouvert les vannes du crédit, substituant une bulle immobilière à une bulle telco.

Bernanke a été choisi pour succéder à Greenspan parce qu’il partageait les mêmes thèses,  à savoir que l’on ne lutte pas contre les bulles, mais on nettoie après, lorsqu’elles  ont éclaté. On nettoie par la baisse des taux d’intérêt et l’argent surabondant dispensé par les fameux hélicoptères. Il a été choisi parce qu’il considère que l’on peut toujours s’opposer à la déflation avec succès en diluant la valeur de la  monnaie. La fameuse indépendance des Banques Centrales s’arrête là; on pourrait dire que le pouvoir politique tolère une Banque Centrale libre parce que le banquier central, lui, ne l’est pas. Il a fait allégeance avant, par ses écrits, qui sont autant de professions de foi,  de promesses.

PLUS DE BERTEZ EN SUIVANT :

Dans la crise dite des subprimes, Bernanke a mis en application sa théorie et il pratique, sous des appellations et des techniques variées, la dilution monétaire.

Central bank interest rates

Cette fois, l’argent bon marché, gratuit et surabondant, se dirige vers le refuge le plus naturel, les fonds d’Etat. Il  y forme, sous prétexte et motif de recherche de sécurité, une bulle semblable à celle des telcos, puis de l’immobilier. La valeur de la masse colossale de fonds d’Etat présents dans le système dépasse largement les possibilités d’amortissement des dettes gouvernementales. Déjà, on le voit sur certains segments périphériques des Etats, singulièrement en Europe. Mais ce n’est qu’un début car deux phénomènes se conjuguent pour rendre l’amortissement des dettes impossibles : le premier est la croissance sans répit de ces dettes et le second est la difficulté de plus en plus grande à produire plus de richesses, à retrouver le chemin de la croissance. La bulle de la dette des gouvernements anticipe sur une croissance inatteignable, comme la bulle des telcos et de l’immobilier anticipaient sur des arbres qui devaient monter jusqu’au ciel.

Déjà, faute de pouvoir refinancer les dettes anciennes et en émettre de nouvelles, on est obligé de monétiser, c’est à dire de faire acheter les dettes par les Banques Centrales au prix de la création de monnaie nouvelle tombée du ciel. C’est ce que l’on appelle pudiquement les politiques monétaires non-conventionnelles.

Apres cinq années de crise financière et économique, personne ne parle plus de sortie de ces politiques non-conventionnelles, l’anormal est devenu la norme. Les habillages techniques, politiques,  varient, mais le principe reste le même,  à savoir rechercher par tous les moyens à diluer la monnaie, la rendre surabondante, pour favoriser, fabriquer de l’inflation, financer les déficits des gouvernements, refinancer les dettes des banques.

Le vocabulaire et l’opacité facilitent la tâche des gouvernants, ils réussissent à faire croire que lutter contre la déflation, ce n’est pas rechercher à faire monter les prix,  à faire croire qu’acheter des emprunts gouvernementaux, ce n’est pas faire fonctionner la planche à billets au profit des Etats.

Hélas, la manipulation des signes monétaires, des bilans,  ont beau être des  opérations magiques, ont beau tromper les peuples,  la magie s’arrête aux portes de la Réalité. L’économie réelle résiste, elle refuse de reprendre son allure normale d’avant la crise.

Personne ne s’étonne de la multiplication, dans les pays les moins atteints par le mal, des taux d’intérêt négatifs. On s’y habitue. C’est pourtant un prélèvement sur le capital, un impôt, une destruction.

Parmi les solutions étudiées par les Banques Centrales, figure cette généralisation des taux d’intérêt  négatifs, prélèvements sur les avoirs. Il faut vous habituer à cette idée, elle va se diffuser, elle apparaîtra même comme une mesure de justice. Aux Etats-Unis, c’est la grande idée de Bullard, poisson pilote de Bernanke. Bullard pense, face à l’échec réel des Quantitative Easing, que c’est cette idée que l’on doit explorer. Tant pis pour les fonds investis dans les véhicules monétaires et qui se croient à l’abri de la spoliation.

 SONE OF KEYNES CRIME FILES

BRUNO BERTEZ Le Samedi 1er Septembre 2012

llustrations et mise en page by THE WOLF

EN BANDE SON :

*************************************************

Du Mardi 4 Septembre 2012 : A Propos des Dates par Bruno Bertez

Certains d’entre vous nous interrogent sur notre datation de la crise.

Dans l’article ci dessus nous fixons comme point de part de la GFC, Grande Crise Financière, l’année 2007.

Pourquoi? Parce que c’est en 2007 que les symptômes visibles, incontestables,  sont apparus. D’abord en Février quand HSBC a révélé ses difficultés dans le secteur hypothécaire, puis en Juillet quand le système des refinancements a commencé à se bloquer, puis en Aout quand la généralisation est devenue évidente pour tout le monde.

La crise de l’automne 2008.

 Les mises sous tutelle de FANNIE, FREDDIE et toute la séquence terrible que l’on sait, ne sont que le développement de ce qui était engrangé avant.

La datation de la crise est importante car elle permet de manipuler les interprétations et les diagnostics. On peut, par exemple comme l’a fait Bernanke au début tenter de faire passer la crise pour un accident isolé, contenu. Il est clair que c’était une manipulation puisque lui même, a reconnu en 2011 que la crise des subprimes n’était qu’un symptôme.

Les Pouvoirs ont tout intérêt à falsifier l’histoire puisque cela leur permet d’exonérer leur responsabilité et surtout de continuer à faire ce qui a constitué la cause de la crise: s’endetter et se surendetter.

En fait tout dépend de l’usage que l’on veut faire de la datation.

Si on veut en faire un usage chronologique, factuel, anecdotique, ce n’est pas la même chose qu’en faire un usage objectif, scientifique. Pour autant que l’économie soit une science bien sur.

L’origine de la crise financière se trouve loin, très loin. En fait tout a commencé quand les responsables de la conduite des affaires et le capital ont pris conscience de la tendance à l’érosion du taux de profit et de sa conséquence, la tendance au ralentissement de la croissance. C’est alors que l’on a exploré les moyens de repousser les limites des économies et que l’on s’est aperçu du lien qu’il y avait entre masse totale de crédit dans un système et son taux de croissance. Le gonflement du crédit permet de reculer les limites de la croissance. Greenspan a été très clair à plusieurs reprises sur ce point.

Tout le reste a suivi, aussi bien la libérations du dollar de la contrainte de l’or, avec la possibilité de créer autant de crédit que l’on veut, la libération de la contrainte du commerce extérieur, la libération des actifs financiers de leurs attaches fondamentales, la dérégulation des systèmes bancaires pour fabriquer des fonds propres, les théories destinées à valider les pratiques nouvelles, le remplacement de l’incertitude économique réelle par la théorie du risque, la théorie des marchés efficaces etc etc .Nous survolons, nous simplifions. Il faut ajouter la découverte des possibilités quasi infinies du trucage des chiffres, du pilotage des perceptions et la capture des pouvoirs politiques.

C’est le résultat d’un cycle long, très long, produit par ce que nous appelons depuis des années. « The Great Experiment » , LA GRANDE EXPERIENCE, en souvenir de John Law.

6 réponses »

  1. Mardi 4 Septembre. A PROPOS DE DATES

    Certains d’entre vous nous interrogent sur notre datation de la crise.
    Dans l’article ci dessus nous fixons comme point de part de la GFC, Grande Crise Financière, l’année 2007.

    Pourquoi? Parce que c’est en 2007 que les symptômes visibles, incontestables, sont apparus. D’abord en Février quand HSBC a révélé ses difficultés dans le secteur hypothécaire, puis en Juillet quand le système des refinancements a commencé à se bloquer, puis en Aout quand la généralisation est devenue évidente pour tout le monde.

    La crise de l’automne 2008.

    Les mises sous tutelle de FANNIE, FREDDIE et toute la séquence terrible que l’on sait, ne sont que le développement de ce qui était engrangé avant.
    La datation de la crise est importante car elle permet de manipuler les interprétations et les diagnostics. On peut, par exemple comme l’a fait Bernanke au début tenter de faire passer la crise pour un accident isolé, contenu. Il est clair que c’était une manipulation puisque lui même, a reconnu en 2011 que la crise des subprimes n’était qu’un symptôme.
    Les Pouvoirs ont tout intérêt à falsifier l’histoire puisque cela leur permet d’exonérer leur responsabilité et surtout de continuer à faire ce qui a constitué la cause de la crise: s’endetter et se surendetter.
    En fait tout dépend de l’usage que l’on veut faire de la datation.
    Si on veut en faire un usage chronologique, factuel, anecdotique, ce n’est pas la même chose qu’en faire un usage objectif, scientifique. Pour autant que l’économie soit une science bien sur.
    L’origine de la crise financière se trouve loin, très loin. En fait tout a commencé quand les responsables de la conduite des affaires et le capital ont pris conscience de la tendance à l’érosion du taux de profit et de sa conséquence, la tendance au ralentissement de la croissance. C’est alors que l’on a exploré les moyens de repousser les limites des économies et que l’on s’est aperçu du lien qu’il y avait entre masse totale de crédit dans un système et son taux de croissance. Le gonflement du crédit permet de reculer les limites de la croissance. Greenspan a été très clair à plusieurs reprises sur ce point.
    Tout le reste a suivi, aussi bien la libérations du dollar de la contrainte de l’or, avec la possibilité de créer autant de crédit que l’on veut, la libération de la contrainte du commerce extérieur, la libération des actifs financiers de leurs attaches fondamentales, la dérégulation des systèmes bancaires pour fabriquer des fonds propres, les théories destinées à valider les pratiques nouvelles, le remplacement de l’incertitude économique réelle par la théorie du risque, la théorie des marchés efficaces etc etc .Nous survolons, nous simplifions. Il faut ajouter la découverte des possibilités quasi infinies du trucage des chiffres, du pilotage des perceptions et la capture des pouvoirs politiques.
    C’est le résultat d’un cycle long, très long, produit par ce que nous appelons depuis des années. « The Great Experiment » , LA GRANDE EXPERIENCE, en souvenir de John Law.

  2. Du Mercredi 5 septembre 2012: Draghi empereur d’Europe

    Nous avons en son temps décortiqué l’action de Draghi et ses déclarations lors de l’ouverture des Jeux Olympiques. Nous avons immédiatement compris que quelque chose d’important se passait et que cela était « game changer ». La preuve, notre titre très fort, qui détonnait avec les commentaires de la presse MSM, laquelle, dans un premier temps, a considéré que Draghi bluffait.

    Les marchés, hésitants pendant quelques jours, nous ont, par la suite, donné raison, les propos et réactions des politiciens sont ensuite venus valider l’ensemble.

    Le vrai point important, nous y insistons, c’est la prise de pouvoir de Draghi. Le patron de la BCE a décidé que l’heure était venue d’occuper une place vide.

    Draghi a pour objectif de faire évoluer la BCE vers la FED américaine. Il veut autant de latitude que Bernanke, avoir la possibilité d’être le sauveur de derniers recours.

    Mais il y a quelque chose de plus que Bernanke n’a pas, il a la possibilité de prendre le pouvoir politique.

    Draghi et ses complices de la BCE ont compris qu’ils avaient, face à un ensemble européen hétéroclite et discordant, une carte à jouer.

    Cette carte est celle que la BCE a joué avec l’Italie. En cessant d’acheter sur le marché secondaire les bonds italiens, elle a réussi à chasser Berlusconi. Avec l’aide des bien pensants pas très démocrates, il faut le dire.

    Cela lui a donné des idées. Si la BCE se donne la maîtrise des achats de bonds souverains des pestiférés, puis des autres, pourquoi pas, sur le marché secondaire, alors elle peut faire la pluie et le beau temps, dicter ses conditions, dire qui lui plait, qui ne lui plait pas.

    La BCE, si on lui donne ces droits, aura plus de pouvoir que Merkel. Cette dernière a bien essayé de dicter sa loi aux pays du sud, mais ils ont retourné le chantage et ont menacé de l’apocalypse. Merkel n’avait pas les moyens de persuasion que va avoir Draghi, la
    possibilité de manœuvrer avec doigté, de souffler le froid et le chaud.

    Merkel n’avait ni le gros bâton de Draghi, ni sa grosse carotte. Ses moyens étaient limités en souplesse et en montants. Remarquez que nous ne disons pas, en intelligence, car nous ne considérons pas que Draghi est intelligent , il est simplement malin, rusé. Il a le vice et le machiavélisme du Pouvoir.

    Par ailleurs, il y a des gens qui trouvent que la dictature de la BCE et de sa bande ne sera pas suffisante, ils veulent en plus leur donner le droit de contrôler et commander le système bancaire. Donner le droit de contrôler le système bancaire aux complices des banquiers!
    Autant donner la clef de la bergerie aux loups.

    Des indiscrétions récentes du député européen Jean Paul Gauzès suggèrent que Draghi va dans un premier temps mettre son pied dans l’entrebâillement de la porte, comme un représentant de commerce, et ne proposer que des achats de bonds sur des maturités courtes, c’est malin.

    D’une part, cela va désamorcer les critiques de ceux qui disent c’est un financement monétaire des gouvernements, cela va jeter le doute

    D’autre part , cela va affaiblir les pestiférés. Le soutien n’étant que court, ils vont être encore plus dépendants, plus soumis, plus conciliants et obéissants. Seuls des achats sur des maturités longues donnent aux pays une véritable marge de manœuvre. Sinon, c’est la précarité. Imaginez votre liberté face à un banquier qui peut vous couper les vivres tous les mois.

    Avec Draghi aux commandes, les gouvernements n’ont qu’à bien se tenir. S’ils acceptent le plan de l’homme de l’Internationale de la Banque, alors là, l’expression « la peur du Mur de l’Argent » aura un sens.

    La grave erreur de ceux qui sont contre cet abandon du pouvoir politique à la Banque est de ne pas oser déconstruire, démonter le mythe de l’impossibilité du break up, le mythe de l’impossibilité de défaire l’euro.

    Ils se laissent promener, intoxiquer. Le break up de l’euro est possible sans catastrophe. Pas sans douleur certes, mais la douleur de court terme est certainement préférable à ce qui nous attend dans le long terme. Réfléchissez à tous les mensonges accumulés depuis le début de la crise, à toutes les affirmations qui se sont trouvées démenties.

  3. « tout a commencé quand les responsables de la conduite des affaires et le capital ont pris conscience de la tendance à l’érosion du taux de profit et de sa conséquence, la tendance au ralentissement de la croissance. C’est alors que l’on a exploré les moyens de repousser les limites des économies et que l’on s’est aperçu du lien qu’il y avait entre masse totale de crédit dans un système et son taux de croissance. Le gonflement du crédit permet de reculer les limites de la croissance. Greenspan a été très clair à plusieurs reprises sur ce point ».

    Tout cela correspond EXACTEMENT à l’analyse de David Harvey, géographe marxiste, que je partage, (indépendamment de Marx).

    Et ce qui suit aussi :

    « Tout le reste a suivi, aussi bien la libérations du dollar de la contrainte de l’or, avec la possibilité de créer autant de crédit que l’on veut, la libération de la contrainte du commerce extérieur, la libération des actifs financiers de leurs attaches fondamentales, la dérégulation des systèmes bancaires pour fabriquer des fonds propres, les théories destinées à valider les pratiques nouvelles, le remplacement de l’incertitude économique réelle par la théorie du risque, la théorie des marchés efficaces etc etc .Nous survolons, nous simplifions. Il faut ajouter la découverte des possibilités quasi infinies du trucage des chiffres, du pilotage des perceptions et la capture des pouvoirs politiques ».

    On peut le vérifier par soi même sur cette vidéo que je poste à nouveau :

  4. @lucapiccin

    Si vous appreciez les travaux de David Harvey et dans la mesure ou vous semblez ètre curieux je vous invite à lire les oeuvres du philosophe francais Henry Lefèbvre , sa pensée est plus difficle à pénétrer que celle de Harvey , mais infiniment plus riche .
    Ses travaux sur l’urbanisme en particulier sont un véritable régal pour l’esprit.

    • Ah oui, j’ai lu « la production de l’espace » et je le trouve excellent et encore actuel ; par ailleurs, Lefèbvre est parfois cité par Harvey, tout comme d’autres philosophes français, qui ont influencé de nombreux auteurs anglophones.
      Les travaux de Harvey n’ont rien d’exceptionnel si ce n’est qu’ils se fondent sur des analyses d’une évidence gigantesque, tout comme celles que vous développez ici et contrairement au marasme de pseudo-informations manipulées par les partis au pouvoir et relayées par leurs pantins dans les écoles ou dans les médias.

Laisser un commentaire