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Facebook ou la chronique d’un certain « crony capitalism » à l’américaine

Facebook ou la chronique d’un certain « crony capitalism »  à l’américaine

L’embellie aura été de courte durée. Le 24 octobre, à la suite de résultats trimestriels meilleurs que prévu, l’action de Facebook bondissait de plus de 20% pour s’établir juste au-dessus des 24 dollars. Depuis, le titre flirte à nouveau avec les 21 dollars, une baisse de 44% par rapport au prix d’émission en mai. Mais tous les investisseurs n’ont pas eu à subir pareille perte. Plusieurs banques ayant participé à l’entrée en bourse ont, en effet, vendu très rapidement des millions d’actions, selon des chiffres de Morningstar et des documents de la SEC – le gendarme boursier américain – compilés par le Wall Street Journal cette semaine.

Les noms de trois banques sont mis en avant: Morgan Stanley, JPMorgan Chase et Wells Fargo. Ces établissements ont fait partie des trente-trois qui ont participé à l’entrée en bourse du 18 mai. Des fonds de ces trois banques ont acquis 8,4 millions de titres à cette date, pour une valeur de 319 millions de dollars. Fin mai, 3,5 millions d’actions de ce total avaient été vendues par ces fonds. Pour mémoire, le titre, pour un prix initial de 38 dollars, avait culminé à 45 dollars pour terminer, le 31 mai, à 29,60 dollars.

 Les trois fonds de ces banques ont réalisé des pertes, moins importantes que s’ils avaient conservé leurs actions – le titre «FB» ouvrait mardi à 21,22 dollars à Wall Street.

Le problème n’est donc, a priori et officiellement , pas celui d’une éventuelle – et illégale – collusion mais plutot d’un partage d’information entre ces fonds et les entités chargées, au sein de ces banques, de l’entrée en bourse. La question porte en particulier sur le timing: l’un des fonds de JPMorgan Chase, connu pour conserver des actions plusieurs années, avait en effet liquidé l’entier de ses titres Facebook fin mai.

Les régulateurs ont des règles strictes pour tenir à l’écart les banques, qui sont preneurs fermes, des équipes de gestion d’actifs de ces mèmes banques, et selon les règles en vigueur les fonds communs de placement ne peuvent pas acheter des actions de premier appel public à l’épargne directement à partir de leur entreprise, ils doivent passer par une autre firme, précise le Wall Street Journal.

Néanmoins, la vente, qui a laissé les fonds avec des pertes, est inhabituelle pour certains des investisseurs compte tenu de leur historique de transactions, et montre à quelle vitesse le manque de confiance dans Facebook s’est diffusé à travers les marchés. Le fait que les fonds puissent sortir rapidement de leurs positions illustre aussi les avantages qu’ils ont sur les investisseurs individuels. 

Beaucoup de firmes de courtage à escompte excluent d’ailleurs les investisseurs de futures introductions en bourse, temporairement ou définitivement, s’ils vendent une introduction en bourse peu de temps après l’achat des actions. En règle générale, les sanctions tombent rapidement dans le cas où un client vend dans les 15 à 30 jours. 

Le fonds de croissance grandes capitalisations de JPMorgan, qui détient de nombreuses entreprises technologiques, y compris Apple et Amazon.com, a acheté 561 400 parts de Facebook à l’introduction en bourse, mais a vendu la totalité d’ici la fin du mois de mai, selon les informations communiquées. 

Le fonds Morgan Stanley Focus croissance, qui compte environ 40 % de son portefeuille dans des valeurs technologiques et est dirigé par Dennis Lynch, a acheté 2,8 millions de parts à l’introduction en bourse, mais en a revendu 1,2 million d’ici la fin du mois de mai.

CQFD…

The Wolf Le Jeudi 8 Novembre 2012

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