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Etats-Unis : une croissance tendancielle sur le long terme réduite de manière permanente ?

Etats-Unis : une croissance tendancielle sur le long terme réduite de manière permanente ?

Le problème de la dette publique des Etats-Unis subsiste et doit être géré dans les années à venir pour éviter qu’il nuise encore davantage à l’économie. Aucun pays ne peut se permettre d’enchaîner indéfiniment les déficits publics de 5 à 10% du PIB, comme c’est le cas aux Etats-Unis depuis cinq ans. En valeur absolue, le chiffre de la dette publique américaine (mesuré à l’européenne et non pas avec toutes les ficelles comptables américaines) donne le tournis: plus de 16 000 milliards de dollars (seize suivi de douze zéros) qui, au rythme actuel, pourrait atteindre 20 000 milliards d’ici cinq ans.

Source Bloomberg Nov2011

Les Economistes Carmen Reinhart et Kenneth Rogoff se sont  concentrés sur les crises financières. Pour ce faire, ils se sont intéressés non seulement aux Etats-Unis, mais aussi à bien d’autres crises qui ont émaillé l’Histoire aux quatre coins du monde, comme le suggère le sous-titre de leur opus «Huit siècles de folie financière». Ils parviennent à la conclusion que les récessions associées à des crises bancaires systémiques ont tendance à être profondes et longues et que ce modèle se vérifie au cours de l’histoire et dans divers pays.

Dans son étude approfondie de l’expérience japonaise après sa crise financière, intitulée «The Holy Grail of Macroeconomics» (Le Saint-Graal de la macroéconomie), l’économiste japonais Richard Koo donne un cadre théorique pour conforter les observations de Carmen Reinhart et Kenneth Rogoff, qu’il définit comme des récessions de bilan. Mais bien avant cela, Irving Fisher un économiste américain de premier plan au début du XXe siècle, a publié en 1933 «The Debt-Deflation Theory of Great Depressions» (La théorie des grandes dépressions par la dette et la déflation).

Tous ces travaux suggèrent qu’étant donné la spectaculaire envolée de la dette américaine (privée et publique) depuis le milieu des années 1990 – de 240 à 360% du PIB à son apogée avant la crise financière -, il reste encore beaucoup de chemin à parcourir pour que le processus de désendettement ne cesse de peser sur la croissance. De plus  en examinant les récessions aux Etats-Unis (y compris celles de 1973 et 1981 qui n’ont pas été provoquées par une crise financière liée à un endettement excessif), Michael Bordo et Joseph Haubrich, suivis un peu plus tard par John Taylor ont observé, que, plus une récession est profonde, plus les taux de croissance sont élevés au moment de la reprise. Et puisque la dernière récession de 2008-2009 était très profonde, la reprise aurait dû être plus forte.

Voilà pourquoi et compte tenu de sa spécificité liée à un endettement excessif nous affirmons  que cette  crise financière est susceptible de réduire la croissance tendancielle sur le long terme des Etats -Unis de manière permanente.

1 réponse »

  1. Et le dollar ? C’est l’« exorbitant avantage » de l’« exceptionnalisme américain ».

    je cite, je cite…

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