Changes et Devises

Naples bat sa propre monnaie

Naples bat sa propre monnaie

Face à la crise et sans consulter Bruxelles, le maire de la cité parthénopéenne a décidé de créer les «napos», qui fonctionneront comme des bons de réduction

Des caisses municipales vides, une activité commerciale en berne et un pouvoir d’achat de ses concitoyens au plus bas. Face à ce constat sombre et pour sortir sa ville d’une crise économique dramatique, le nouveau maire de Naples et ancien juge anti-corruption Luigi De Magistris a décidé de battre monnaie. Sans consulter la chancelière Angela Merkel ni même le directoire de la Banque centrale européenne, l’édile parthénopéen a en effet annoncé qu’il allait faire fonctionner la planche à billets.

Rabais de 10% 

D’ici à la fin de l’année et jusqu’en 2016, des coupures de 1, 2, 5 et 10 «napos» – du nom de cette nouvelle unité monétaire – seront ainsi distribués pour une valeur totale de 70 millions d’euros. Ces billets représentant les monuments et les places de la cité ne se substitueront pas à l’euro. Mais ils devraient «fluidifier» un système économique local totalement grippé. 

«Il faut réinjecter de la confiance dans la population. C’est une initiative qui doit avoir un impact psychologique fort», explique l’adjoint au maire chargé du commerce et des activités productives, Marco Esposito, à l’origine du projet. 

Concrètement, les «napos» fonctionneront comme des bons de réduction. Les possesseurs de ces coupons devraient obtenir des rabais de 10% auprès des commerçants adhérant à l’opération, que ce soit des bouchers, des épiciers ou des salles de gym. A la pizzeria du coin, le client pourra par exemple payer son repas d’une valeur de 10 euros avec 9 euros plus un «napo». Le pizzaiolo pourra ensuite réutiliser le billet perçu pour payer à son tour le commerçant d’à côté ou ses fournisseurs ou bien encore prendre la monnaie à ses autres clients. 

«Comme toutes les communes d’Italie, nous n’avons plus les moyens financiers de relancer l’activité avec des euros» sonnants et trébuchants, détaille Marco Esposito, qui précise que les «napos» devraient avoir deux autres vertus: ramener une partie de l’activité commerciale dans le centre-ville et favoriser les citoyens les plus méritants. «Un tiers des dépenses s’effectue à l’extérieur de Naples auprès des magasins de grande distribution. Notre initiative vise à soutenir les 100 000 petits commerces qui assurent une présence essentielle sur le territoire», précise l’adjoint au maire qui ajoute que les «napos» seront offerts en priorité aux habitants qui effectuent du bénévolat. Les touristes trouveront également à leur arrivée sur place des «napos» pour les inciter à dépenser leurs devises dans les boutiques locales. 

«Faux napos»? 

A la mairie, on exclut tout risque inflationniste «vu la situation économique actuelle». De même, la crainte de faussaires est minimisée: «Pour un faux napo, il faudrait tout de même débourser 9 vrais euros pour en bénéficier.» Dans un sourire, Marco Esposito conclut: «Des faux napos seraient en tout cas la preuve de son succès.»

Par Eric Jozsef Rome/le Temps DEC12

http://www.letemps.ch/Page/Uuid/2a6c0316-3e56-11e2-b52e-3dbb2318ba59/Naples_bat_sa_propre_monnaie

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