A Chaud!!!!!

Humeur de Loup du Dimanche 23 Décembre 2012 : Afflelou mélange tout mais…par Bruno Bertez

Humeur de Loup du Dimanche  23 Décembre 2012 : Afflelou mélange tout mais…par Bruno Bertez

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Pour Alain Afflelou, la fiscalité qui pèse sur les entrepreneurs français est « injuste » et « confiscatoire ». Interrogé sur RTL samedi, le chef d’entreprise parle même d’une « guerre des tranchées » entre le gouvernement et les entrepreneurs. Le lunetier qui a annoncé cette semaine qu’il allait s’installer à Londres pour une durée déterminée à la demande de son nouvel actionnaire majoritaire, le fonds britannique Lion Capital, a toutefois répété « ne pas partir pour ne pas payer d’impôts »…

1789

« On est en train de faire une guerre de tranchées, on est en train de revenir en 1789, il faut arrêter de dire que les chefs d’entreprise sont des voleurs, sont des voyous, sont des gens malhonnêtes ! » a poursuivi Alain Afflelou, dénonçant « le regard » et les « jugements » portés sur « les hommes et les femmes qui réussissent ».

«Le système en France est extrêmement défavorable pour tous les gens qui entreprennent. À partir de maintenant, les gens qui sont dans la tranche d’impôt sur le revenu à 75% peuvent dépasser 90% d’imposition: alors, oui on peut parler de fiscalité confiscatoire».

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  Nous ne pensons pas, qu’en 1789, qui que ce soit traitait les chefs d’entreprise de voyous.
La référence de notre opticien national, qui nous en donne deux pour le prix d’une, est aussi stupide que celle des partisans du mariage homosexuel lorsqu’ils se réclament de la Révolution de 1789. On devrait interdire les références ou les détournements de la Révolution, mieux encore, les faire payer, cela éviterait les abus.

On se demande aussi ce que viennent faire « les tranchées » dans cette histoire. D’accord, la communication, cela ne consiste pas à produire du sens, cela consiste à mettre bout à bout des mots pour produire un effet, émotionnel bien sûr, mais quand même, il y a des limites.

Parler de nos valeureux poilus, mélanger leur sort à celui des chefs d’entreprises et plus encore à celui d’Afflelou parait singulièrement déplacé. Ils ne se sont pas battus pour les mêmes choses que Monsieur Afflelou, même si on les a envoyés au casse-pipe, comme d’habitude pour préserver les intérêts dominants, eux les dominés. Afflelou n’a pas grande légitimité à les invoquer.

Ce n’est pas parce que notre capitaliste, chef d’entreprise, lequel, nous semble-t-il, a vendu le contrôle de son affaire à des intérêts financiers, ce n’est pas parce qu’il proteste contre les impôts qu’il est de notre bord. Les ennemis de nos ennemis ne sont pas toujours nos amis.

Nous aimons bien Depardieu, beaucoup moins Afflelou .

S’il a vendu son affaire un bon prix, c’est à cause du système klepto. En effet, grâce au levier, grâce à l’argent emprunté gratuitement, les financiers s’endettent et, avec ces dettes, ils rachètent le capital des fondateurs d’entreprise. Ils le rachètent très cher, trop cher puisqu’ils le font avec de l’argent gratuit, souvent défiscalisé par les Iles Caiman. Ils transforment du vrai capital productif en un asset suspendu dans les airs, surévalué, lequel, pour maintenir sa valeur excessive, va réclamer des gains de productivité et des licenciements. Afflelou, c’est le cas d’école de la mécanique klepto qui, par le leverage, par l’anchoring sur les marchés, réussit à surévaluer le capital, faire baisser sa rentabilité et ensuite, force, pour la remonter, à des pratiques discutables. Nous n’aimons pas l’ingénierie financière lorsqu’elle ne repose que sur la captation du bien commun, la monnaie. Ce n’est pas de la création de valeur, c’est du détournement de valeur.

Ayant donc taillé deux costumes pour le prix d’un à notre ami Afflelou, passons aux choses sérieuses.

PLUS DE BERTEZ EN SUIVANT :

Dans son fatras de stupidités, notre opticien national, futur délocalisé, dit une chose qui, par association d’idées, est intéressante.

Sa référence à 1789 retient notre attention.

La Révolution française, c’est le grand mythe, construit, reconstruit par la mémoire collective des Français. Pour apprécier ce qu’était la Révolution Française, ce ne sont pas les livres d’histoire nationaux qu’il faut consulter, ce sont ceux écrits par les étrangers. Ils n’ont pas le prisme politico socialo patriotico déformant des auteurs français bien pensants.

Nous vous conseillons, dans cet ordre d’idées, de lire le monument de Burke sur la Révolution, monument de l’esprit, intitulé: « Réflexions sur la Révolution française », A Spirit of Rational Liberty. Burke démontre magistralement ce qui est au cœur du problème français: la prétention à vouloir changer, perfectionner l’Homme au nom de la Raison.

Tout est là.

 

Déjà, vouloir changer l’Homme, il faut être singulièrement prétentieux, il faut être fasciste, il faut se prendre pour Dieu. De quel droit vouloir changer ce que Dieu, si on y croit, la tradition, la culture, l’ histoire, la communauté, la famille, ont fait? De quel droit, nom de nom? Pour qui se prennent-ils ceux qui ne sont pas satisfaits de l’Homme tel qu’il est et qui veulent le modeler en fonction de leurs délires de puissance, de leurs tares et de leurs insuffisances personnelles.

Ensuite, parlons-en de la Raison! Elle a bon dos! Si on lit l’histoire de la Révolution, on s’aperçoit que, sans cesse, la Raison a changé de camp, de forme, de contenu. La seule Raison qui subsiste, c’est celle des vainqueurs, ce sont eux qui ont écrit l’histoire, qui ont écrit la Vérité. Donc, clairement, la Raison est celle du plus fort. Ensuite, on habille, on réécrit.

Enfin, que dire des fondements de cette Raison, de l’imbécilité des thèses de Rousseau et autres usurpateurs de la pensée. Rien chez ces soi-disant Lumières ne résiste à une analyse critique, rien ne résiste aux progrès du savoir tel qu’il est manifesté dans les sciences sociales, dans les connaissances de la psyché humaine, dans l’étude des structures de la pensée, de la formation du Sujet humain, rien ne résiste. C’est le pathos le plus complet… que, bien sûr, on continue d’enseigner afin de farcir la tête des pauvres victimes de l’école de la République et des Jules réunis.

Le vice français, c’est l’héritage mystifié de la Révolution, détourné, réinterprété à l’aune des intérêts dominants, ceux de la sociale démocratie de droite et de gauche. Et bien sûr mélangés avec le vieux fond de catholicisme égalitaire.

L’Homme est le produit de la tradition, de la religion, de la communauté dans laquelle
il vit, de la famille qui l’entoure, de ses racines, de sa propre histoire, de sa propre volonté si il lui en reste une, etc… On peut rajouter, de ses gènes si on veut, mais notre propos ne se situe pas à ce niveau.

La compétition au sein des groupes sociaux, l’adaptation, changent peu à peu l’homme, mais le changement est produit par la vie, par la société, pas par les démiurges apprentis sorciers, expérimentateurs sociaux.

Le changement de l’Homme est bottom-up, pas top-down. C’est à la société civile de s’adapter, d’évoluer, de progresser. C’est là que cela doit se jouer et seulement là.

La Révolution a totalement corrompu la notion de liberté. Elle autorise en quelque sorte  sa négation ! La théorie des Droits de l’Homme ôte tout droit à l’Homme… pour les donner au gouvernement, sans limite, en fonction de l’idée qu’il se fait de ces droits.

La liberté passe par la reconnaissance de la validité des intérêts personnels, celle du droit absolu de propriété. La Révolution théorise et valide le pouvoir des gouvernements qui se posent comme détenteurs, même pas simples intermédiaires, de la Raison.

Le tout dans un espace de liberté… s’il en subsiste.

Un dernier mot, peut-être le plus important. La qualité première d’un gouvernement devrait être la prudence.

Ah, si l’actuel gouvernement avait, avant de prendre ses responsabilités, écouté, lu, médité Burke. Il ne serait pas dans l’impasse actuelle.

BRUNO BERTEZ Le Dimanche 23 Décembre 2012

llustrations et mise en page by THE WOLF

EN BANDE SON :

6 réponses »

  1. Il est flou Afflelou. Comparaison n’est pas raison. Référence est tentative d’équivalence (encore !). En tout cas merci pour vos références bibliographique sur la révolution française. Les prismes extérieurs donnent souvent une meilleure lecture d’un évènement.

  2. Happy Christmas du Lundi 24 décembre 2012 : Des chiffres à vous couper le souffle et l’appétit du réveillon.

    Voici des chiffres qui ne feront ni la une des journaux papier, ni l’ouverture des journaux télévisés. Ils ont été publiés en cachette par les institutions européennes à la veille de la trêve des confiseurs.

    Ces chiffres sont fondamentaux, ce sont eux qui ont gouverné votre vie de 2008 à 2012 et surtout ce sont eux qui vont la gouverner au cours des années à venir. Déjà, on parle d’une nouvelle réforme/amputation des retraites. Et d’un nouveau tour de vis d’austérité pour 2013.

    Dans ces tours de vis /vice, on parle de milliards, mais vous noterez que les chiffres que nous vous donnons eux, sont … des trillions.

    C’est donc par un communiqué de Europa-Rapid : référence IP /12/1444, que l’on apprend que les aides nationales au secteur financier reçues par les banques -nous traduisons- se sont élevées:

    À 1,616 trillions entre 2008 et le 31 décembre 2011.

    Elles se décomposent en

    – liquidity support : 1.174 trillions
    -solvability support: 442 milliards.

    Vous noterez que:

    les chiffres ne comprennent pas les ardoises gigantesques de 2012, en particulier en Espagne

    Les soutiens ont été accordés sur la bases de comptes faux, truqués, les banques n’inventoriant pas leurs portefeuilles selon les règles anciennes, mais selon les facilités de la nouvelle comptabilité fantaisiste permise officiellement par les autorités globales.

    C’est le mark to fantasy.

    Que dire ?

    Que les pouvoirs politiques se moquent des peuples, personne n’a jamais voté pour cela.

    En revanche les kleptos font voter par les socialo-democrato-kleptos qui sont leurs alliés les mesures qui permettent de solvabiliser les Etats, lesquels solvabilisent les banques, lesquelles permettent à leurs actionnaires et obligataires de faire leur plein. Et que l’on ne vienne pas dire que c’est pour protéger les déposants, il suffit de regarder les chiffres, jamais les déposants n’ont été menacés. Les hauts de bilan des banques suffisent largement, pour faire face à une opération vérité/adossement temporaire.

    Les banques insolvables et en mismatch de liquidité permettent à leurs actionnaires et surtout à leurs obligataires de faire leur plein, grâce au soutien des Etats. Wall Street et la City en frémissent d’aise.

    Voir notre résumé de l’interview de Sinn dans ce service.

    Les Etats selon les agences de notation n’ont pas les reins assez solides pour supporter cela, que font-ils ? Ils vous tondent , vous imposent austérité et confiscations ce qui casse la machine économique et met les gens au chômage, ce qui augmente le poids relatif des dettes …Comme le dit pour une fois à peu prés justement Soros , on n’allège pas les dettes en rétrécissant les économies.

    En plus il faut rajouter les bail- out de pays entiers, pestiférés, que l’on vous fait supporter par centaines de milliards.

    En plus il faut rajouter les centaines de milliards prélevés sur l’épargne depuis 2008 par les taux zéro !

    C’est évident, ce n’est pas vous qui vivez au dessus de Vos moyens, c’est eux qui vivent au dessus des Vôtres.

  3. «  »Ayant donc taillé deux costumes pour le prix d’un à notre ami Afflelou, passons aux choses sérieuses » ».

    J’en ai arrosé de café mon écran!!

    Hors sujet: hier soir j’ai été captivé par « le dernier trappeur », paysage magnifique, mais surtout une extrême sensation de liberté…

  4. Monsieur Bertez,
    J’apprécie et partage tout à fait vos analyses sur le rousseauisme , la révolution et le bottom-up. bravo!
    Mais pourquoi s’en prendre à un entrepreneur autodidacte qui a brillament réussi? Ca sent un peu le mépris qu’ont nos haut fonctionnaires surdiplomés vis à vis des entrepreneurs autodidactes, le fameux « ca vole pas haut » dit avec un petit sourire entendu. Franchement; Afflelou a eu suffisamment à faire avec son entreprise, le foot et ses nanas pour qu on lui demande en + d’avoir des talents d’historien. Le fonds de son message me parait tout à fait clair, il vient rejoindre celui moins médiatisé de milliers d’autres en ce moment et c’est positif.
    Bonne Fetes à tous!

  5. @ Bruno Bertez. Quand vous dites qu’ils vivent « au dessus de nos moyens » vous auriez même pu préciser « sur le dos de nos moyens ».

  6. Monsieur Bertez,
    Je suis tout à fait d’accord avec le 2ème volet de votre article (comme je le suis avec la plupart de vos articles), cependant je suis d’accord avec CharlesM pour sa remarque concernant votre violente attaque contre Afflelou.
    Joyeuses fêtes à tous

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