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La déliquescence des Bourses

La déliquescence des Bourses

Le 18 décembre, deux jours avant l’annonce du rachat de NYSE Euronext par l’InterContinental Exchange, le sénat américain avait tenu une audition sur les dark pools.

Les patrons des Bourses (dont Duncan Niederauer) y avaient dénoncé la prolifération de ces plateformes qui siphonnent les volumes de transactions des marchés réglementés.

La plus grande de ces dark pools est celle de Credit Suisse, Crossfinder, qui traite 1,8% des volumes de transactions en actions outre-Atlantique selon Rosenblatt Securities. Sigma X, la plateforme de Goldman Sachs (l’ancien employeur de Niederauer) vient en seconde position.

Lors du flash crash du 6 mai 2010, plusieurs observateurs avaient noté que toutes ces plateformes alternatives, aussi appelées internaliseurs d’ordres, ont cessé de fonctionner et dirigé tous leurs ordres vers la seule place qui restait ouverte: le New York Stock Exchange. C’est un miracle ce jour-là que le système informatique du Big Board n’ait pas lâché face à cet afflux.

Les marchés américains ont aussi découvert que plus d’une centaine d’internaliseurs d’ordres fonctionnent.

Le problème avec ces fuites de volumes hors des Bourses repose sur la formation des prix.  Sur les dark pools, à moins de certains arrangements avec le broker, le client ne sait pas quel prix il va payer pour son ordre. Et le client n’a pas souvent le choix quant à la place d’exécution de son ordre.

En Europe, le problème est moindre, bien que les marchés d’actions subissent une montée inquiétante des volumes de transactions de gré à gré (hors marché) depuis 2007. La part de celle-ci s’élève à environ 40% des volumes de transactions sur les marchés européens. Et ces volumes sont notamment exécutés par les Crossing Networks (le petit nom donné aux dark pools des banques).

La régulation européenne veut que celles-ci rentrent dans une case régulée. Pourtant, ces crossing networks ont vu le jour avant l’entrée en vigueur de MiFID I en novembre 2007, qui prévoyait déjà des status régulés pour les plateformes concurrentes des Bourses.

La solution préconisée par les patrons de Bourse est canadienne (et on se demande pourquoi le Canadien Carney a été nommé à la tête de la Bank of England…): le trade at rule. Les Bourses canadiennes ont adopté cette règle en mai de cette année. Celle-ci oblige l’exécution des prix sur le marché réglementé sauf si le courtier peut prouver un meilleur prix ailleurs. Et bien sûr, cette mesure fait grincer des dents les associations de courtiers. Aux Etats-Unis, la SIFMA s’oppose aussi à la mise en place d’une telle réglementation.

Tous les courtiers ne s’y opposent pas. Thomas Petterfy, le père du trading à haute fréquence et fondateur d’Interactive Brokers, l’un des plus gros courtiers en ligne aux Etats-Unis, milite pour le retour des ordres sur les Bourses.

Et du côté des associations de défense des actionnaires, Euroshareholders se prononce aussi en ce sens.

Sans cela, les Bourses finiront par disparaître, au profit de places non réglementées, difficiles à contrôler pour les régulateurs car échappant à leur juridiction. Pour l’investisseur final, cela signifie un manque de transparence de ses ordres, et des coûts plus chers, sans qu’il s’en rende compte dans un premier temps.

Et quand on se rend compte qu’on s’est fait flouer, on ne recommence pas la même erreur.

Cela revient à briser le lien entre les investisseurs et les sociétés.

Posté le 24 décembre 2012 par Jennifer Nille/Fair Trade

SOURCE ET REMERCIEMENTS : FAIR TRADE

http://blogs.lecho.be/fairtrade/2012/12/la-d%C3%A9liquescence-des-bourses.html

2 réponses »

  1. L’arroseur arrosé… Les bourses traditionnelles ont favorisé l’émergence des opérateurs THF et ceux-ci l’émergence de dark pools pour pouvoir arbitrer dans la plus totale opacité… il est rare que la morale se fasse jour dans les affaires alors soulignons-le..

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