Art de la guerre monétaire et économique

Les Clefs pour Comprendre du Mercredi 16 Janvier 2013: De quelques jalons sur la route de la crise par Bruno Bertez

 Les Clefs pour Comprendre du  Mercredi 16 Janvier 2013: De quelques jalons sur la route de la crise par Bruno Bertez 

    Nous produisons beaucoup de textes concrets par lesquels nous tentons d’apporter un éclairage radicalement diffèrent de celui projeté par le Pouvoir et ses serviteurs, passe-plats des médias. Nous ne donnons la parole à personne, pas de micro trottoirs, car nous sommes d’avis que la vérité ne se détermine pas aux voix, au hit-parade. Si cela avait été le cas, la terre serait encore plate! 

    Notre cadre analytique et notre méthode de pensée fournissent une analyse de la crise comme crise de surendettement, insolvabilité du système économique et, en même temps, cette analyse pose que les remèdes des gouvernants s’assimilent uniquement à un report d’échéance, un kick the can, grâce à la création monétaire. Les assets doivent, ont tendance, à se déprécier sous le poids de l’excès de dettes et, pour soutenir leur prix artificiellement, éviter la faillite des banques et des Etats,  on crée de la monnaie. Les économies ont tendance à s’asphyxier et, pour les maintenir à flot tant que bien que mal, on multiplie les injections de dopants.

  

    L’origine des surendettements est historique, permise par la flottaison générale des monnaies et la rupture de toute contrainte qui limiterait leur émission. L’émission sans contrôle a permis la dérive exponentielle de crédit. L’usage du surendettement est politique, il a été utilisé pour pallier les conséquences déflationnistes de la globalisation conduite par la sphère financière: la dette a compensé la perte de pouvoir d’achat du travail domestique. 

    La solidarité entre les banques et les gouvernements est organique. Les gouvernements n’ont pu s’endetter que parce que les banques leur ont fourni l’argent; les Etats étant maintenant insolvables dans les conditions de financement normales, avec des intérêts positifs, il faut mettre les taux à zéro, reculer les limites de la solvabilité pour tout le système, accepter le trucage du bilan du système financier. Les Etats ont perdu toute latitude, toute possibilité de choisir leur avenir, ils existent sous contrainte de sauver leurs créanciers, ceux qui leur prêtent l’argent. 

    D’où la formation de ce que nous appelons un couple maudit, indissociable, banques/Etats.

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    Le mal est global car, peu à peu, au fil de la création monétaire américaine, tout le système a été infecté, les excès du crédit US se sont propagés par le biais du gonflement des réserves mondiales et la création de crédit domestique. Nous voulons dire que de la même manière qu’il y a une extrême solidarité organique entre les banques et les Etats, il y a une extrême solidarité organique entre les Etats entre eux. L’Allemagne, la Russie, la Chine qui se battent pour préserver une autonomie et le choix de leur destin sont comme des mouches dans un bocal qui s’agitent, s’épuisent mais n’en sortent pas. 

  •     Il y a trois façons de traiter une crise de surendettement au niveau financier: 

–        L’austérité

–        La monétisation

–        La restructuration des dettes

  •      Un seul moyen au niveau économique : 

–         La restructuration des appareils de production vers la satisfaction de demandes moins coûteuses en crédit et plus conformes aux exigences du marché 

  •     Un seul moyen au niveau social : 

–        Accepter que l’ordre ancien, issu des années d’excès des trente dernières années, soit détruit et remplacé par un autre plus porteur d’avenir, plus adapté à la marche en avant de la société. 

    Le kick the can est une politique non seulement à courte vue qui ne traite que les symptômes en aggravant le mal, mais il est destructeur en profondeur des économies réelles, des consensus sociaux et des principes mêmes sur lesquels reposent nos civilisations. Le kick the can, avec son accompagnement de mensonges, de délitation du système en profondeur, est un crime et sera jugé comme tel par l’histoire. 

    L’histoire sera sans concession, sans indulgence. On sait que la vérité d’une époque, d’un moment, est toujours révélée par l’époque suivante, le moment suivant. 

    Ainsi, la vérité de l’époque 1971-2008 a été révélé par la crise, la logique de cette crise est révélée par les faux remèdes actuellement utilisés et la nature profonde de ces faux remèdes sera révélée par les futures crises sociales qui se produiront. Car la crise est un processus de descente de l’abstrait vers le réel, de transmission, et un processus de remontée des périphéries vers le Centre. 

    L’histoire se charge de décanter, trier, mettre à jour. On sait maintenant les mensonges de Bush sur l’Irak, ceux de Mitterrand et de Kohl sur l’Europe etc. 

    Les remèdes révèlent ce qui est caché disons-nous, comme la plaque que l’on met sur le trou pour le neutraliser, en fait, donne à voir ce trou. 

    Les remèdes, création monétaire, suppression des prix de marché, taux d’intérêt zéro, hausse des impôts, prélèvements occultes par une inflation dronesque, le contrôle des individus, les restrictions de liberté, les redomestications, reculs de la globalisation, la multiplication des guerres, tout cela révèle le mal, il n’y a plus qu’à mettre en forme, à donner cohérence.    

     Les jalons que nous posons ci-dessus et l’interprétation que nous fournissons de la situation rendent parfaitement compte de la situation politique. La situation politique se caractérise par le « bonnet blanc, blanc bonnet ». Les dirigeants, qu’ils soient de gauche ou de droite, mènent la même politique, ils ne divergent qu’à la marge. Au niveau de l’enrobage et de la cosmétique. Ainsi, en France, Hollande mène exactement la même politique que Sarkozy, austérité, hausse des impôts, régression sociale, tentative de flexibiliser les relations de travail, amputation des retraites, etc. Pourquoi ? Parce que les dirigeants ont beau être de droite ou de gauche, différence apparente, ils sont avant tout dirigeants et c’est donc une similitude, une solidarité profonde, qui les réunit. Un dirigeant a une logique de dirigeant, c’est celle-là qui s’impose à lui et donc, il est obligé de s’aligner, de renier. Il trahit les spécificités qui l’ont conduit au pouvoir. 

Ce contre quoi les peuples doivent lutter, c’est la position des dirigeants ; cette position d’alliance avec leurs créanciers et le monde de la finance. L’acte historique des peuples en cette période serait de refuser cette alliance, de la briser, afin de rendre aux dirigeants leur liberté et leurs spécificités. Ce serait remettre la démocratie sur ses pieds. 

Les ultragauches, les Chevènement, et même les Rocard ne rompent pas l’alliance avec les créanciers. Au contraire, par leurs propositions de financer directement les Etats par les Banques Centrales, ils se mettent encore plus la corde au cou. Le financement gratuit des gouvernements par les Banques Centrales serait une imbécilité suprême. Car comment obtenir dans ce cas une limite aux dépenses des gouvernements, si s’endetter ne coûte plus rien, si on peut perpétuellement rembourser en monnaie de singe. Ce que ces gens proposent, c’est la tyrannie et la disparition complète des libertés individuelles.  La Banque Centrale, c’est une banque. Elle doit se soumettre aux lois de fonctionnement des banques. D’un côté, à son actif, elle accumule des créances, de l’autre, à son passif, elle émet du papier. Si la Banque Centrale mène une politique non-orthodoxe, et finance les gouvernements, elle accumule des créances sur ces gouvernements et si ces créances sont de mauvaise qualité, alors le papier, la monnaie émise par la Banque Centrale, est progressivement refusée, dépréciée, dévaluée. La crise bancaire, au lieu de se manifester au niveau des quasi-monnaies, au lieu de se manifester par la méfiance  à l’égard des banques, se manifeste au niveau de la monnaie et du change. 

Il est évident pour vous qui nous avez suivis que tout, dans la politique des gouvernements en place, tourne le dos au social. Ainsi le but recherché, absolument fondamentalement, est de lutter contre la déflation, c’est-à-dire d’empêcher la baisse des prix et de favoriser leur hausse. Mais au même moment, on a le cynisme de vouloir supprimer les indexations qui protègent contre la hausse des prix. On fait semblant de lutter contre le chômage, on veut que la machine économique tourne, mais on casse le pouvoir d’achat ou on l’ampute. Et tout est à l’avenant.

BRUNO BERTEZ Le Mercredi 16 Janvier 2013

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8 réponses »

  1. D’accord avec tout, sauf avec ça « financer directement les Etats par les Banques Centrales, ils se mettent encore plus la corde au cou. Le financement gratuit des gouvernements par les Banques Centrales serait une imbécilité suprême.  » C’est EXACTEMENT ce qui se passe avec le bonneteau actuel. Remettre un lien direct ne permettrait plus de « cosmétiser » ou plus aussi facilement et cela rendrait l’hypocrisie plus délicate !! Un peu de vertu par le contrôle social… faute d’éthique et de sens des responsabilités, c’est déjà ça ! Et dans un lien direct, on n’est pas à l’abri (;-)) de quelqu’un de vertueux à la tête de la Banque centrale… et qui pour ce faire s’appuie sur la visibilité et les citoyens. Loin des yeux, loin du coeur !! ou les Machin de de Gaulle…

    • Le contrôle citoyen n’a pas empêché la dette publique, pourquoi il régulerait la monétisation directe du budget ? Il ne faut pas lui prêter des vertus qu’il n’a pas, préférant obtenir par l’état ce qu’il ne peut avoir par lui-même tout en méprisant le fait que l’état puisse lui prendre pour donner à un autre.
      Ce n’est pas pour rien que Bastiat a écrit l’État.
      Les kleptos sont finalement les profiteurs de nos propres vices, mais ceux-ci ont été régulés par des limites naturelles qui ont été abolies en 1971 par Nixon.
      Et plutôt que de les remettre en place, on veut supprimer ce qu’il reste de limites.

      N’oubliez pas que la monétisation aboutit à financer l’exécutif sans devoir passer par les assemblées, ce qui n’est pas vraiment ce qu’on appelle un contrôle citoyen.
      L’état est la seule organisation qui peut augmenter son budget par décret. S’il manque d’argent, il peut augmenter les impôts ou diminuer les dépenses. Pas besoin de dettes publiques — qui est incomparable avec la dette d’un particulier — aux externalités néfastes (impôt futur, éviction, finance ponzi, économie cyclique) ou à la planche à billets qui est un impôt antidémocratique.
      Tout cela ne sont rien d’autres que des astuces pour ne pas assumer une gestion rigoureuse de l’état.

  2. Vous dites le mot juste: on veut supprimer ce qui reste de limite, mais j’ajoute, pas seulement à la tyrannie monétaire mais aussi à la tyrannie tout court!

  3. je vous lis avec attention régulièrement et pourtant je n’arrive pas à vous suivre. Vous faites de nombreuses critiques justifiées des politiques actuelles mais je n’arrive toujours pas a comprendre concrètement ce que vous proposez. comme disait régulièrement le Général de Gaulle en conseil des ministres « bon! concrètement qu’est ce qu’on fait? » Merci de votre réponse par avance.

  4. Je souscrit à tout çà . Je dirai méme plus . Il n’est pas vrai que ce systéme spoliatif est insoumis à toutes contraintes . Sinon on en verrai pas le bout et à mon avis , le bout est pour dans quelques mois , au plus un an . L’avion apparemment échappe à la gravité , ce n’est qu’apparemment , c’est évident lorsqu’il est contraint d’atterrir . Pour ce qui est de la monnaie fiduciaire par excellence ,pour le $ c’est qui me semble se passer , avec le fiscall cliff , remis en mars pour cause de ravitaillement en vol .
    Plus généralement je crains que les prévisionnistes , je parle là des sincéres , pas de ceux en conflits d’intérets , comme on dit courtoisement , ou encore pas de ceux qui ont pignon sur rue , une difficulté se présente à mon avis qui n’est jamais explicitée faute de moyens .
    Les cadres analytiques non-classiques sont tous basés sur une monnaie-or , c’est une référence effectivement , mais il me semble non suffisante . On ne sait pas vraiment comment se comportent les prix en état de monnaie fiduciaire ( en état d’apesanteur pour poursuivre l’image de départ , or là il se passe des phénoménes étranges du genre où les liquides se mettent en boule , pas prévisible en état de pesanteur ) .
    Si on se fie à Mandelbrot et son pain célébre , les bifurcations sont différentes selon qu’on se situe dans la partie des imaginaires positifs ( que j’identifie à la monnaie fiduciaire ) à celle qu’on connait dans la partie imaginaires négatifs ( monnaie-or ) , en ce que les divers niveaux partant de l’axe des réels à la périphérie se suivent dans des sens opposés . Si j’ai bon , les vagues d’elliot , par exemple , serait inversées !
    D’où à mon avis la perplexité des analystes sincéres . Mais bon c’est pas grave , pour ce qui est du sens général . Et là il m’apparait que çà devrait chauffer , à partir de mars pour le $ . Les décors du dysneyland devrait s’écrouler , d’ailleurs cette reconnaissance depuis quelques temps du cinéma français et de quelques autres n’est elle pas bizarre ? Comme si la déco US avait besoin d’aide .
    Pour l’or ce pourrait étre une bifurcation notamment entre le physique et le papier . Déjà les demandes de rappatriemment d’or des BC et non des moindres , nous révéle un doute sur les stocks réels et les loans , mais surtout un doute sur la sécurité de la détention . Certes la guerre froide n’est plus , mais pourquoi ne pas laisser les stocks où ils sont ? Si la FED de New york où est censé etre le stock n’a plus suprématie en stock aux States , ni confiance dans le monde , quel est l’avenir de Wall Street ?
    Ce n’est plus pour dans des années mais pour des mois et çà commence en Mars !

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